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Lun 4 Mai 2020 - 22:44

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La naine et l'archéologue
Une bonne bouteille et un bon repas ou l'art de savoir négocier

Lire la lettre de ce Crassius Servis avait eu pour Crista un merveilleux goût de réussite. N'étais-ce pas pour ce genre d'occasion qu'elle avait mené à bien son contrat avec Aesthia Amladaris ? Pour gagner en renommé. S'il y avait bien quelque chose qui motivait la naine bien plus que l'argent, c'était la réputation. Etre reconnue pour son travail, ça valait pour elle tout l'or du monde. Cet incroyable besoin de reconnaissance, c'était en partie ce qui la motivait tout les matins et ce depuis son mariage. A la demeure Foudresang, elle était juste une épouse et rien d'autre et ça l'avait tuée à petit feu. Alors aujourd'hui elle voulait être la Maître artificier, l'artisane que l'on demande, que l'on réclame pour la qualité de son travail. De ça, elle en avait terriblement besoin. Elle avait donc déjà une jolie notoriété en Férelden, le nom de son clan l'y avait aidé, mais en Orlaïs il restait encore beaucoup à faire. Mais apparemment c'était sur la bonne voie, au vue de la lettre qu'elle avait reçue. Elle ne pensait pas voir aussi rapidement les retombées de son contrat avec la mage tévintide. Alors voilà, ces derniers jours, la naine était plutôt en joie.

Un rendez-vous avait donc été convenu, au lac Celestine, près de Montsimmard où elle avait un pied-à-terre et une auberge avait été choisi par l'archéologue. Ce dernier dut d'ailleurs faire preuve de patience puisque la Maître artificier ne daignait pas encore montrer le bout de son nez. En vérité, Crista était juste bloquée aux écuries à essayer d'y faire entrer son ânesse qui comme par hasard avait choisi ce moment pour n'en faire qu'à sa tête. Et puis Maférath, son mabari, n'avait rien trouvé de mieux que d'aboyer à tout va, s'improvisant chien de berger et dérangeant ainsi n'importe qui se trouvant dans l'auberge et aux alentours. Crista Foudresand était maître dans l'art de se faire remarquer... A force de tirer sur les rênes et de rouspéter après sa monture, elle put enfin laisser son ânesse aux bons soins du palefrenier. Bon sang elle était vraiment en retard maintenant ! Elle se dépêcha de rejoindre l'entrée et pénétra à l'intérieur de l'auberge qui, à son grand étonnement, n'avait rien avoir avec les endroits qu'elle avait l'habitude de fréquenter. La petite rouquine s'avança. Merde. C'était drôlement propre et même drôlement charmant. Elle eut aussitôt le réflexe de frotter ses vêtements pour enlever la poussière du voyage jusqu'à ce qu'une jeune femme s'approche d'elle pour l'accueillir et lui indiquer d'un geste de la main la personne avec qui elle avait rendez-vous. Suivie de Maférath, elle se précipita, vers un homme installé à une table un peu plus loin. « Oui désolée pour le retard ! J'ai eu des soucis avec un âne en fait et... » La naine se stoppa l'espace d'une seconde, l'air tout d'un coup incertain. L'homme la regardait d'une drôle de manière. « Crassius Servis c'est vous hein ? » Demanda-t-elle enfin. Parce que faire les choses dans l'ordre, elle n'était visiblement pas douée pour ça. « Non, pas du tout. » La rouquine laissa échapper un petit oups et adressa un sourire désolé à l'homme qu'elle venait de déranger. Bordel, elle c'était gourée de table, et comme une chef en plus. Elle se tourna doucement l'air de rien pour tomber nez à nez avec un autre homme assis à la table juste à côté. « Crassius Servis ? » Demanda-t-elle une nouvelle fois, hésitante. « Pardon. Je suis Crista Foudresang, on avait rendez-vous. » Elle lui adressa un petit sourire. Peut-être qu'il ne l'avait pas entendu à la table d'à côté, peut-être qu'il était perdu dans ses pensés à ce moment là, peut-être même qu'il était sourd. Sauf que ce serait franchement pas pratique ça.


Crista parle en #ff6666



Mar 5 Mai 2020 - 11:45

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Une bonne bouteille et un bon repas
ou l'art de savoir négocier.


Jamais Servis n'avait autant voyagé que depuis qu'il avait accepté un poste sédentaire. Il devait bien avouer que le temps, à la Porte du Ponant, commençait à se faire long. Et les avancées et découvertes ? Plutôt rares. Ainsi lorsque les rapports, lettres et réclamations qu'il recevait à longueur de journée en tant qu'administrateur de la zone ne l'occupait plus suffisamment, lorsque ses petites magouilles ne l'amusaient plus, Crassius Servis se trouvait toujours une bonne raison pour s'enfuir quelque temps, laissant la délicate besogne à son précieux second, Octavian. L'emprise du Lion, Val Royaux, Les Terres Korcari, Dénérim et maintenant les abords du lac Célestine, tout près de la ville de Montsimmard, où Servis occupait une coquette petite chambre.

Il avait voyagé seul une bonne partie du petit jour, sur le dos inconfortable d'un Pend-dent Abyssal dont la robe fauve se confondait merveilleusement avec le sable. Dans un souci d'ordre esthétique totalement assumé, le mage avait adapté sa tenue de voyage à cette monture, se parant lui aussi d'ocre et de fauve. Sa monture sagement parquée parmi les bêtes chevaux des autres clients de l'auberge, il rejoint sa chambre, et s'y fit monter une basse d'eau claire. Deux heures plus tard, il était prêt pour son rendez-vous d'affaire. Le contacte fournie par Aesthia semblait prometteur. Quiconque parvenait à survivre à une entrevue avec l'Altus Amladaris gagnait systématiquement les respects de Servis.

Il glissa un parchemin roulé dans la poche de son veston, vérifia la tenue du trait noir dessiné sous ses yeux de glace, jeta un dernier coup d’œil à son bâton de mage posé en équilibre derrière la porte et quitta la chambre. Ses pas lents le menèrent en bas, où la salle de l'auberge grouillait d'une activité distinguée. La table de cet établissement était renommée à travers tout Orlaïs, et les odeurs s'échappant des cuisines proches semblaient tout autant prometteuses que la rencontre en elle-même. Passant une main contre son crâne récemment rasé de près, le mage de deux mètres se présenta à une employée, qui le conduit à la table qui lui était réservée. Il s'y installa, déboutonnant sa veste écrue brodée de fils d'argent. Quelques regards se tournèrent, intéressés, dans sa direction. De par son teint, sa taille et sa tenue, Servis ne pouvait éviter certains regards, ni même cacher ses origines Tevintides. Cela lui importait peu de se fondre dans les ombres. Il n'avait rien à cacher. Du moins sur ce terrain-là.

Il joua un moment avec l'argenterie dressée devant lui. Son rendez-vous était en retard, mais rien d'alarmant. La fraîcheur de Hiémarche pénétrait agréablement par les fenêtres entrouvertes de l'auberge. Une barde distillait un doux chant, égrainant une mélodie mélancolique sur son luth. À demi attentif, Servis compris certains mots de ce champ composé en Orlésien. Un chien aboya au-dehors, arrachant un sursaut au mage Tévintide. Sa récente entrevue avec la meute royale de Férelden l'avait laissé méfiant envers ces créatures. Lui restait un fidèle adorateur des chats. Ils étaient d'ailleurs bien plus discrets. Le chien, au-dehors, ne semblait pas décidé à se taire. Le braiment d'un âne s'ajouta à cette cacophonie animale, arrachant une grimace au barde de l'établissement, perturbé dans sa sérénade.

Si l'âne continua de crier, le chien en revanche finit par se taire. Une naine pressée fit alors irruption dans la salle, couverte de poussière et en tenue de voyage. Un mabari imposant se tenait à ses côtés. Servis observa la nouvelle venue, qui s'approchait d'une employée. Ce devait être son rendez-vous : Aesthia avait effectivement mentionné une membre du peuple sous-terrain. Galamment, il attendit qu'elle soit menée à sa table avant de se lever : face à une naine, sa taille imposante risquait d'être intimidante. Mais plutôt que de se diriger vers lui, l'artificière s'agita auprès de toutes les tables.
“Oui désolée pour le retard ! J'ai eu des soucis avec un âne en fait et... Crassius Servis c'est vous hein ? ... Crassius Servis ? Pardon. Je suis Crista Foudresang, on avait rendez-vous.„

Ne pouvant réprimer un rire devant cette agitation, et devant la bonhomie flagrante de cette naine, Servis se décida à se lever. En deux longs pas, il avait rejoint son rendez-vous et exécuté une petite courbette savante.
“Pardon, Mais je suis Crassius. On vous a conduit à la mauvaise table.„

Si Servis parlait avec aisance en langue commune, un fort accent Tevintide faisait tout de même traîner sa voix. Il désigna ensuite la table qu'il venait de quitter, invitant la naine à le suivre pour s'y installer. Puis faisant mine de ne pas avoir assisté à la scène précédente, il demanda poliment
“Vous devez être Crista Foudresang ? Ravi de vous rencontrer.„

Rapidement, il convia par signer un employé naviguant entre les tables : ils allaient pouvoir commander.

Sam 9 Mai 2020 - 22:46

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La naine et l'archéologue
Une bonne bouteille et un bon repas ou l'art de savoir négocier

Crista se sentit drôlement bête sur le coup. Elle était peut-être petite mais elle savait se faire remarquer. C'était même un de ses points forts. Bref, elle avait réussi à attirer l'attention de tout le monde à débouler dans l'auberge de la sorte, avec son gros mabari -qui était sans aucun doute celui qui n'avait cessé d'aboyer dehors- et en dérangeant d'honnêtes clients à leur table en les prenant pour quelqu'un d'autre. Discrétion : zéro pointé. Chapeau bas. Un homme cependant se leva pour la rejoindre et elle dut se décrocher la nuque pour pouvoir croiser son regard. Cet homme était un véritable géant. La naine entrouvrit la bouche l'espace d'une seconde tant elle se sentit impressionnée. Il se présenta, Crassius Servis c'était lui et dieu merci ce n'était pas quelqu'un chargé de la mettre dehors. Il fit même comme si rien ne s'était passé et qu'elle ne s'était jamais trompée. Roh lui elle l'aimait déjà ! « Oui c'est moi. Ravie également. » Lui répondit-elle en le suivant jusqu'à leur table. Assis il avait l'air moins grand et son cou en fut soulagé. De son côté, Maférath suivit sa maîtresse en silence et se coucha à ses pieds. « Vous auriez dû me dire dans votre dernière lettre que vos comptiez réserver une table dans un endroit... aussi chic. J'aurais mis quelque chose de plus approprié. En tout cas vous, vous êtes très élégant. » Un sourire étira ses lèvres. Elle ne le complimentait pas pour le mettre dans sa poche ou pour que cela serve ses intérêts à l'avenir. Non, Crista elle n'était pas comme ça. Elle parlait toujours sans aucun filtre, elle disait ce qui lui passait par la tête, sans aucune arrière-pensé, aucune envie de manipulation. La naine était de la sincérité à l'état pur. « Ce n'est pas comme ça que je vous imaginais. Enfin ce n'est pas comme ça que j'imaginais un archéologue. Ou alors c'est juste vous qui êtes unique en votre genre. » Elle laissa échapper un petit rire. Elle avait à l'esprit quelqu'un d'allure plus aventureuse mais en vérité elle n'en avait jamais rencontré alors c'était peut-être n'importe quoi. Un serveur s'approcha de leur table et leur tendit la carte pour qu'ils puissent choisir leur repas. « En plat du jour, le Chef vous propose un magret de canard au miel et aux fruits rouges accompagné de légumes de saison. » Annonça-t-il d'un ton solennel. « Ça a l'air très chouette ! » S'exclama d’emblée la naine avec peut-être un peu trop d'enthousiasme. Le serveur glissa un rapide regard vers elle avant de continuer. « Souhaitez-vous boire quelque chose ? » Crista se tourna alors vers Crassius. « Vous avez une préférence ? On pourrait prendre une bouteille, qu'est-ce que vous en dites ? » Une verre ? Meh. Non. Une bouteille voyons ! La naine tenait suffisamment bien l'alcool pour ne pas avoir peur. « Je dois avouer que le vin orlésien est une vraie merveille. Je ne dirais absolument pas non. » La rouquine avait toujours été une grande amatrice de bière, les brasseurs de Dénérim étaient même plutôt réputés. Mais depuis qu'elle avait acquis un pied-à-terre en Orlaïs, elle avait découvert bien d'autres mets. Féreldienne de cœur et de sang mais bordel les orlésiens avaient un goût incomparable pour la gastronomie.


Crista parle en #ff6666



Lun 11 Mai 2020 - 12:34

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Une bonne bouteille et un bon repas
ou l'art de savoir négocier.


L'imposant mabari se glissa sous la nappe et disparut sous leur table. En s'allongeant, il laissa échapper un dernier souffle chaud contre le mollet du mage tevintide. Mais l'attention de Servis n'était de toute manière plus focalisée sur le chien, mais bien sur sa maîtresse, la naine la plus Féreldienne qu'il lui fut donné de voir. Si son attitude directe, presque enfantine, l'avait d'abord amusé, il devait à présent se reconnaître un brin charmé par son discours direct, sans faux-semblant. Pour le mage, généralement incapable également du moindre filtre, une telle interlocutrice était une surprise bienvenue.
“Mon intention n'était bien sûr pas de vous piéger. Seulement je ne résiste pas à la tentation d'un bon repas, dans un joli cadre. Ma vie sur le terrain est bien plus... Rudimentaire. Néanmoins je vous rassure, votre tenue est des plus appropriées. Après tout, et même s'ils souhaitent nous le faire oublier, nous nous trouvons bien dans une auberge. Ici, nous sommes tous des voyageurs.„

Malgré ses mots sincères et détendus, Servis torsada sous la nappe sa serviette en tissu. Le compliment de l'artificière quant à sa tenue ne l'avait pas laissé indifférent. Après tout ils étaient peu, ceux à remarquer les efforts vestimentaires fournis par le mage. De plus les nains le séduisaient facilement, sans qu'il puisse complètement l'expliquer. Il aimait se trouver à leur contact. Lâchant enfin sa pauvre serviette, il s'empara de la carafe de cristal remplie d'eau tiède, qu'il versa dans le verre de l'artificière tout en l'écoutant parler.Son petit rire lui arracha un sourire franc.
“Laissez-moi deviner : vous me voyiez plus vieux c'est ça ? Ou peut-être moins... Quel était votre mot déjà ? Élégant ? Malheureusement je suis loin d'être unique en mon genre. Ma nation enfante bon nombre de jeunes archéologues aimant les beaux habits.„

Il songea à son ami Ulio Lucanus. Plus historien qu'archéologue, Ulio ne se déplaçait jamais sur le terrain sans au moins deux malles de tenues hors de prix. Les deux avaient fait leurs études ensemble, avaient fréquenté les mêmes cercles mondains. Ils s'étaient pourtant perdus de vus, puis retrouvé par hasard dans le sable de la Porte. Techniquement, Servis était le supérieur hiérarchique de son ancien mentor, une découverte qui depuis ne cessait de le faire sourire. Ulio, lui, n'avait pas aussi bien pris la nouvelle.

Servis s'arracha à cette nouvelle pensée parasite, se saisissant de la carte tendue par le serveur. Il l'ouvrit, et parcourut rapidement le menu des yeux. Il nota que la carte qui lui avait été proposée se trouvait être différente de celle Crista : plus large, les prix y figuraient, inscrits en bout de ligne. Ainsi cette Auberge assumait ses vues patriarcales : le sujet de sexe masculin se devait de tenir les cordons de la bourse. Une pratique étonnant, venant d'une auberge implanté dans un pays gouverné par une impératrice. S'il ne partageait pas nécessairement ces vues, Servis ne s'en formalisa pas : il comptait de toute manière régler la note. Il n'était point question là de genre et d'éthique, mais bien d'un simple rendez-vous d'affaire. Néanmoins plaisant.
“En plat du jour, le Chef vous propose un magret de canard au miel et aux fruits rouges accompagné de légumes de saison.„
“Ça a l'air très chouette !„
“Je vais vous suivre dans ce choix. Deux plats du jour alors!„

Assura Servis, tout en refermant le menu, sans même avoir terminé sa lecture. N'importe quel plat conviendrait très bien à son estomac, tant qu'il ne s'agissait ni de courge, de viande filandreuse et empoisonnée, comme on pouvait en trouver dans le désert de la Porte.
Le bal des questions n'en était pas pour autant terminé : tout en notant sur un petit calepin leur commande, le serveur poursuivit d'une voix mécanique :
“Souhaitez-vous boire quelque chose ?„
“Vous avez une préférence ? On pourrait prendre une bouteille, qu'est-ce que vous en dites ? Je dois avouer que le vin orlésien est une vraie merveille. Je ne dirais absolument pas non. „
“Apportez-nous une bouteille de Rosée de Rowan. Ainsi que deux verres de Cognac des Collines occidentales. Merci.„

Leur commande ainsi complété, le serveur disparut d'un pas pressé, slalomant entre les tables. Le Tévintide se laissa aller au fond de son siège, maintenant rassuré. Quelque soit l'Issus de ce rendez-vous, il était à présent certain de repartir l'estomac plein, et les tripes réchauffées par le plus doux des alcools. Il connaissait la réputation des nains, et n'avait donc pas hésité longuement sur les quantités à commander. Ni même sur le bien-fondé d'un mélange. Si, à la fin du repas, la tête lui tournait, il pourrait toujours retourner s'allonger un moment dans la chambre au premier étage. Au pire, son dracolisks connaissait le chemin, il pourrait rentrer les yeux fermés, comme s'il se conduisait tout seul. Quoique, ce n'était peut-être pas une si bonne idée que cela : un mauvais geste et ces animaux pouvaient vous arracher un bras, par pures représailles. Servis tenait assez à ses bras. Il en avait besoin, pour le travail.
Il but son verre d'eau, fermant un moment ses étroits yeux bleus. Puis il reposa son verre avec précaution sur la table, et demanda :
“Bien, comment souhaitez-vous procéder ? Nous pouvons attendre le dessert avant de discuter d'un éventuel contrat, où nous pouvons deviser tout en mangeant. Les deux options me sont égales : votre compagnie me sied assez pour repousser à plus tard toute discussion technique.„

Le serviteur réapparut, déposant sur la table deux verres ronds emplis d'un liquide brun à l'odeur douce. Le vin serait certainement servi à table, en même temps que les plats. Servis s'empara alors de ce verre, et le porta à son nez. il huma un instant ce Cognac des collines occidentales, aux arômes de cassis et de chèvrefeuille. Ce verre en main, il porta un toast :
“A ce repas, qui promet d'être exquis. Et à la bonne compagnie !„


Jeu 21 Mai 2020 - 11:57

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La naine et l'archéologue
Une bonne bouteille et un bon repas ou l'art de savoir négocier

Sans l'ombre d'un doute, ce premier échange avec l'archéologue plut à Crista. Servis semblait être un homme tout à fait charmant, cela s'entendait dans sa voix et se voyait dans ses gestes. Ce rendez-vous d'affaire, parce que c'en était bien un, promettait d'être tout à fait mémorable. La naine ne put réprimer un sourire en coin lorsqu'il commanda leurs boissons. C'est qu'il savait ce qu'il choisissait celui-là ! Elle était tout à fait ravie d'avoir à faire à un connaisseur des bonnes choses. Et d'autant plus enchantée de goûter enfin au fameux Rosée du Rowan. Jusqu'à aujourd'hui, elle n'en avait pas encore eu l'occasion mais en mourrait d'envie après avoir entendu tant d'éloges au sujet de ce vin. Elle fouilla un instant dans sa mémoire et ne se rappela pas avoir déjà débuter des négociations de la sorte, et c'était bien dommage ! D'un signe de la tête Crista remercia le serveur qui ne s'attarda pas plus, tandis que Servis entra dans le vif du sujet en la questionnant quant à la manière de mener ces négociations. L'artificier avait l'habitude de mêler discussion privée et professionnelle, elle mélangeait sans peine les torchons et les serviettes et sans s'en rendre vraiment compte. Elle laissait toujours la conversation dériver, sans aucune barrière ni restriction. Elle pouvait même parfois passer du coq à l'âne sans que ça ne la dérange. En fait, la naine exerçait une certaine liberté dans sa manière de mener une conversation. Mais de toute façon, comme son plus grand plaisir était de parler de son travail, au final, elle et ses clients en revenaient toujours à leurs affaires à un moment ou un autre.

A nouveau un sourire étira ses lèvres. La petite rouquine n'était absolument pas passée à côté du fait que Servis trouvait déjà sa compagnie agréable. « C'est votre manière à vous de négocier ça ? » Demanda-t-elle en riant. « Non mais changez rien, c'est parfait ! Ahah ! » Elle n'allait pas s'en plaindre, bien au contraire, elle avait toujours était très avare en compliments. « Lancer les négociations dès maintenant ou plus tard, j'avoue ne pas avoir vraiment de préférence. Mais si ma compagnie vous sied tant que ça, attendons jusqu'au dessert, je peux vous en faire profiter un peu. Promit je ne vous la facturerai pas. Ahah ! » Toute malicieuse, elle s'était alors penchée légèrement vers l'archéologue en riant une fois encore. Rire c'était quelque chose d’inné chez elle, elle ne pouvait pas s'en empêcher, même devant un client, même devant un parfait inconnu. Ça la rendait familière et désinvolte pour certain, pour d'autre, avenante et joyeuse. Quoi qu'on en dise, son rire faisait partie de son charme de jeune naine.

Au même moment, le serveur réapparut pour déposer sur leur table les deux verres de Cognac qu'ils avaient commandés. Crista observa Servis faire son petit rituel, tourner son verre puis sentir l'alcool. Elle leva un sourcil perplexe avant de l'imiter quand même. D'accord ça sentait très bon mais un cognac ça se mettait dans la bouche, pas dans le pif. La naine ne voyait pas vraiment l'intérêt de faire ça, elle faisait partie de ceux qui ne faisaient aucune cérémonie et qui n'attendait pas pour se rincer le gosier. Elle leva son verre tout en croisant le regard de l'archéologue. « Et à vos choix plus qu'appréciable en matière d'alcool. » La naine porta le liquide ambré à ses lèvres et en fut tout à fait satisfaite. Quoi de mieux pour commencer un repas ? Cette auberge avait vraiment de très belles références dans sa cave. Elle laissa le cognac lui brûler légèrement la langue avant d'avaler sa nouvelle gorgée et de reporter son attention sur Servis. Elle mit ses coudes sur la table et déposa son menton dans la paume de sa main droite. « Alors, vous venez souvent en Orlaïs ? Vous n'êtes pas orlésien je me trompe ? Vous n'avez pas le même accent que les gens du coin. En fait vous avez plus celui de Dame Aesthia, vous êtes tévintide vous aussi ? » Demanda-t-elle, un brin curieuse. La curiosité faisait partie intégrante de la jeune artificier, elle aimait s'intéresser aux gens et aux choses. Cependant il y avait une chose pour laquelle elle ne posait aucune question : le but et le dessein de ses clients. "Les affaires sont les affaires" c'est ce que son père lui avait toujours inculqué dès son plus jeune âge et clairement sa famille n'aurait pas fait fortune dans le commerce des arts de la guerre s'ils avaient demandé à chaque clients s'ils comptaient faire le mal avec leurs marchandises. Pour Crista c'était la même philosophie. « Vous faisiez peut-être des fouilles par ici ? Est-ce que Tévinter n'est pas suffisamment vaste pour vous ? J'avoue moi-même avoir beaucoup de mal à rester cloîtrée à Dénérim et à ne pas franchir les frontières de Férelden. Ça doit être l'appel de la route. Ou celui de l'aventure, je ne sais pas. C'est aussi votre cas ? » Crista se répétait souvent que c'était à cause de son mariage raté qu'elle était partie sur les routes mais en vérité, mariée ou non, elle aurait quand même fini par quitter Dénérim un jour ou l'autre car son envie de voyage était depuis toujours ancré en elle. C'était une chose que l'on ne pouvait ignorer longtemps.


Crista parle en #ff6666



Jeu 21 Mai 2020 - 22:31

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Une bonne bouteille et un bon repas
ou l'art de savoir négocier.


Le rire de Crista était presque communicatif. Un large sourire installé sur ses lèvres épaisses, Servis s'était détendu sur son siège. Il but une première gorgée de ce cognac, avant de sagement reposer le verre. La naine semblait moins timorée en matière d'alcool, et consommait déjà avec engouement une belle partie de son breuvage. La main toujours autour de son verre, il plongea son regard dans celui de la naine. Qu'elle désire attendre le désert avant de parler affaires ne le dérangeait pas du tout. Une fois débarrassé de ces verres et de ces assiettes, il pourrait enfin dérouler sa carte. De son ongle, il tapota le verre.
“Je n'ai malheureusement pas l'habitude de négocier. Généralement c'est moi que l'on vient chercher pour mes talents.„

Oui, il était rare pour Servis d'avoir besoin de démarcher qui que ce soit. Qu'il se présente en tant qu'archéologue ou en tant que contrebandier n'y changeait pas grand-chose : les gens venaient à lui en connaissance de cause. Et depuis qu'il était devenue l'administrateur des Venatori de la Porte du Ponant, les choses étaient encore plus simples : nul besoin de négocier lorsque l'argent en jeu n'est pas le vôtre...
Il but une autre gorgée.
“Quelle était la formule déjà ? “Le travail est la plaie des classes qui boivent.” Grâce à mes voyages, j'ai eu à la chance de m'essayer à de nombreuses boissons. Et sur le terrain, un petit remontant est parfois nécessaire.„

Servis n'ajouta rien d'autre. Il n'était à ses yeux pas nécessaire de parler de son origine. On pouvait dire que les Tévintides consommaient beaucoup d'alcool. On pouvait également dire qu'ils organisaient de nombreuses fêtes. En réalité, cette constatation pouvait être étendue à tous les plaisirs, si l'on se contentait d'observer les classes les plus aisées. Lors des soirées mondaines, il n'était pas rare qu'une pièce tout entière soit réservée pour les orgies. Mais ne pouvait-on pas dire la même chose des Orlésiens ? N'avaient-ils pas la réputation d'aimer les excès, et de tenir à leurs vins ? Oui, cette remarque aurait été bien inutile.
“Évidemment certains sont meilleurs que d'autres. Comme ce cognac.„

Crista déposa son verre. Les deux coudes sur la table elle sembla l'observer avec plus d'attention encore. Légèrement troublé, Servis fixa son verre. Plus jeune, il aurait certainement profité de la situation, se lançant dans un jeu de séduction stérile. Mais à présent le mage Tevintide était plus sage. Il s'était habitué à sa solitude. Il n'avait tout bonnement plus la patience de jouer. Alors, lorsqu'elle l'interrogea concrètement sur ses origines, dévoilant ainsi le but de son analyse poussée, Servis en fut soulagé.
“Aesthia et moi avons fait notre formation dans le même cercle. Celui de Minrathie. Nos chemins se sont ensuite séparés lorsqu'elle s'est lancé dans ses recherches alors que j'intégrais le collège des antiquités.„

Les recherches d'Aesthia... Servis eut un frisson rien qu'en y songeant. Il préféra changer rapidement de sujet.
“Un grand nombre de mes concitoyens rêve de venir visiter Val Royaux, c'est par chez nous une destination assez populaire. Mais la route est longue, et le voyage finalement coûte assez cher. Pour ma part j'ai la chance de voyager grâce à mon travail. Comme vous devez le savoir, l'ancien Empire Tevintide recouvrait une belle partie de Thédas. Nous y avons laissé bon nombre de ruines. Du pain béni pour l'archéologue que je suis.„

Il ne s'étonna pas des nombreuses questions de la naine. Après tout, la curiosité était un trait qui se mêlait plutôt bien au reste de sa personnalité. En un sens, Servis n'avait rien à cacher. Il souhaitait travailler avec Crista, et s'il voulait que leur coopération se passe sans accroc il devait se montrer transparent. Sans le vouloir, Servis oubliait parfois la véritable raison de sa présence dans le désert de la Porte. Lui organisait, gérait et fouillait. Que les venatori parviennent à semer le chaos ne l'intéressait pas vraiment. Qu'ils suivent un homme prétendument une ancienne engeance prétendument Dieu ? Ce n'était pas son affaire. Lui gérait, organisait et fouillait tout en étant payé largement. C'était tout ce qui l'intéressait.

Deux serveurs se présentèrent ensuite, munis de leur commande. D'un seul geste synchronisé et presque chorégraphié, ils déposèrent les assiettes devant eux. Comme ils portaient le même uniforme sobre, il était facile de ne pas les regarder, ils pouvaient disparaître dans le décor, être invisibles. Le véritable clou du spectacle résidait dans leurs assiettes : la viande, rosée, était coupé finement et déposée sur un lit de fleurs comestibles. Les légumes étaient quant à eux empilés comme les branches d'un petit feu de camp. L'ensemble, très coloré, dégageait une délicieuse odeur sucrée.
Servis fini son cognac, et tendit son verre au serveur s'occupant de son assiette. Il versa ensuite un verre d'eau à Crista, puis un second pour lui-même, qu'il but avec empressement, afin de se laver le palais. Il effleura du doigt sa fourchette, mais attendit que Crista commence à manger la première. Le vin avait été amené à leur table. La bouteille, laissée volontairement poussiéreuse, avait été tourné de manière à ce qu'il puisse en lire l'étiquette. Il la pivota en direction de la naine.
“L'appel de la route... Je ne saurais pas l'expliquer. Il m'a saisit toute ma vie. Au début il s'agissait de découvrir le quartier voisin, puis la ville la plus proche. Et très vite Thédas me semblait un terrain de jeu minuscule. Qu'est-ce qui vous a poussé à quitter Férelden pour la première fois ?„

Servis leur servit leurs deux premiers verres de vin et s'autorisa enfin une première bouchée de son plat.

Lun 1 Juin 2020 - 22:04

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La naine et l'archéologue
Une bonne bouteille et un bon repas ou l'art de savoir négocier

Gardant ses coudes sur la table et son menton dans sa paume, les lèvres de la naine s'étirèrent quelques fois. Servis semblait être un homme passionné, elle le devinait déjà avec les quelques d'informations qu'il venait de lui donner. Elle connaissait très bien cette impression, ce sentiment et cette lueur dans le regard... Elle-même était une véritable passionnée. Son travail c'était sa vie et ça avait l'air d'être le cas également pour le tévintide. Ils avaient beau paraître complètement différent au premier abord, dans le fond, ils ne l'étaient peut-être pas tant que ça. Crista laissa l'archéologue parler, sans le couper une seule fois. Il est vrai que des ruines tévintides elle en avait croisées lors de ses voyages et pas qu'un peu, il y en avait même jusqu'en Férelden, c'est dire. Elle comprenait alors le besoin que Servis avait, en tant qu’archéologue, de partir si loin de chez lui. C'était tout à fait logique.

En une gorgée, Crista termina la première son verre de Cognac. Ça l'avait drôlement mise en appétit et fort heureusement leur plat fut servi peu de temps après. Leurs assiettes étaient très belles et bien présentées, ça avait l'air si délicieux qu'on pouvait presque voir les yeux de la petite rouquine briller. Elle avait toujours privilégié le goût à l'apparence des aliments dans son assiette. Tant que c'était bon... C'était ce qui lui semblait être le plus important. Peut-être qu'à force de passer autant de temps sur les routes, elle avait appris à ne pas être difficile, enfin, elle avait surtout appris à se passer d'un tel luxe. Mais aujourd'hui, cette jolie assiette lui faisait très plaisir, elle ne pouvait le nier. On leur apporta ensuite le vin, la fameuse bouteille de Rosé du Rowan. « Superbe. » Souffla-t-elle juste avant de prendre une bouchée de son canard, sans même se rendre compte que Servis attendait patiemment qu'elle commence, tel un véritable gentilhomme. Le vin fut servi, Crista s'en délecta volontiers puis elle releva les yeux vers son interlocuteur lorsque celui-ci la questionna sur son envie de quitter sa terre natale. La naine reposa son verre et soupira presque. « Comme vous, les quartiers autour de chez moi m'ont jamais vraiment suffit. Je viens de Dénérim, c'est une très grande ville pourtant... » Elle lâcha un petit rire en se grattant la joue. « Malgré ça, l'appel de la route, le véritable, je l'ai ressenti que récemment. J'ai voyagé un peu avec mon oncle quand j'étais plus jeune, mais ça n'avait rien à voir avec aujourd'hui. ... Je crois... Je crois que j'ai besoin de nouveauté pour me sentir, disons, vivante. » Oui, voir du pays c'est ce qui l'avait finalement empêchée de mourir à petit feu dans la grande demeure des Foudresang. Est-ce qu'à sa manière Servis ressentait ça aussi ? Ce besoin de se nourrir de n'importe quelle découverte ? Crista eut un bref instant d'hésitation à poursuivre, à lui parler de ce qui l'avait réellement pousser à passer les portes de Dénérim : son mariage. Elle évitait d'en parler. Si elle était partie loin de Krogan, ce n'était pas pour parler de lui à tout le monde. Elle ne portait même pas sa jolie alliance. Lorsqu'elle rencontrait des inconnus sur la route, elle se présentait généralement comme étant Crista, juste Crista la Maître artificier des Haut-Roc, c'est tout. Vis-à-vis de ses différents amants, ça rendait les choses plus simples aussi. Mais Servis elle n'avait pas l'intention d'en faire son amant. Alors elle pouvait bien lui en parler. Et puis de toute façon, il devait bien se douter, non ? Puisque Aesthia lui avait donné son nom d'épouse et que la naine, dans un élan de fierté, avait également rajouté son nom de jeune fille dans la lettre qu'elle lui avait envoyée. « Mais si vous voulez connaître la véritable raison de mon départ, c'est une chose terrible qu'on appelle... le mariage. » Dit-elle avec un brin d'amertume qu'elle chassa vite avec un rire. « Vous êtes marié vous ? Personnellement je ne vous le souhaite pas ahah ! » S'il l'était ou s'il comptait le faire prochainement, sa remarque paraîtrait certainement déplacée mais tant pis c'était sorti tout seul et en plus ça venait du cœur. Elle reprit une gorgée de vin. « En tout cas, ça m'a donné des ailes ! Et me voilà devant vous, à manger ce délicieux canard et à boire ce sublime Rosé du Rowan. Avouez qu'on est bien là. » Plaisanta-t-elle en s'emparant de la bouteille de vin et en resservant le verre de Servis puis le sien, tout en laissant quelques gouttes tomber sur la nappe.


Crista parle en #ff6666



Ven 5 Juin 2020 - 11:10

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Une bonne bouteille et un bon repas
ou l'art de savoir négocier.


Servis mangeait lentement, tâchant de profiter au mieux des mets délicats qui occupaient son assiette. Car une fois terminée, il devrait attendre encore longtemps avant de goûter de nouveau à de la bonne cuisine. Aucun art de ce genre n'était possible dans le désert, sur leur simple feu de camp. Dans une grosse marmite, ils faisaient bouillir viande et courges, les assonant d'épices pour donner l'illusion d'une cuisine recherchée. Mais leurs efforts étaient toujours gâchés au moindre coup de vent : le sable du désert s'invité dans leur marmite, dans leurs assiettes, ou directement dans leurs yeux et dans leur bouche. Le plus désagréable restait d'en avoir dans les oreilles. Cela n'était arrivé qu'en de rares occasions à Servis : la plupart du temps le casque de son armure de mage le protégeait contre de tel désagrément.

Il tendit la main et se saisit de son verre de vin. Si la bonne cuisine lui manquait terriblement lorsqu'il se trouvait au cœur du désert, Servis ne manquait en revanche jamais de bons vins ou des meilleures liqueurs produits sur le continent, et parfois en dessous. C'était un plaisir qu'il s'offrait, et qu'il accordait à ses hommes, grâce à ses connexions de contrebandier. Son plus gros poste de dépenses personnelles en vérité. Un reliquat de son adolescence et de ses premières années d'hommes, qu'il avait passé en voguant de soirées en soirées, de bars en tavernes. Minrathie ne dormait jamais. Pas plus que son groupe d'amis. Pour voyager, pour explorer l'Histoire, être capable de remonter le temps, il avait depuis longtemps abandonné cette vie-là. Elle ne le comblait pas, et Crista semblait-être du même acabit que lui.
“Vivant ou utile.„

Ponctua Servis en reposant son verre. Oui, il aimait son métier plus que tout, il respirait même pour la poussière, cependant il se devait d'admettre que ses nombreux voyages lui permettaient d'échapper aux pressions de son rang, celui de Laetan. Des pressions qui, d'un côté, voudraient le forcer à se montrer arriviste et ambitieux, tandis que de l'autre veillaient à ce qu'ils n'oublient jamais son rang inférieur aux Altus. Servis, lui n'aspirait qu'à être libre. Il avait très vite appris à naviguer dans les espaces délaissés par les autres. C'était cet instinct presque naturel qui avait fait de lui un excellent contrebandier. Certains jours, il se sentait capable de subtiliser des artefacts directement sous le nez des gens...
Le mage remarqua la légère hésitation qui interrompit Crista. Il en profita pour se découper une nouvelle bouchée dans son assiette, lui laissant le loisir de poursuivre ou non sur la voie qu'elle avait envisagée. Visiblement, cette hésitation lui fut profitable, car elle ajouta :
“Mais si vous voulez connaître la véritable raison de mon départ, c'est une chose terrible qu'on appelle... le mariage. Vous êtes marié vous ? Personnellement je ne vous le souhaite pas ahah !„

Surpris, le mage Tévintide faillit en laisser tomber sa fourchette. Il ne s'était pas attendu à ce que la conversation prenne aussi rapidement ce genre de tournant très personnel. Une nouvelle fois, l'attitude directe de Crista lui plut. Il mâcha avec attention cette nouvelle bouchée, avant de reposer doucement sa fourchette sur le bord de son assiette. La naine, Féreldienne de surcroît, semblait enfermée dans un mariage semblable à ceux pratiqués en Tevinter : peu satisfaisant et privés d'amour. Exactement le type de mariage que Servis tentait d'éviter au maximum. Pour cela, sa stratégie était simple : éviter de croiser ses parents, coûte que coûte, au point de rentrer clandestinement à Minrathie, le moins souvent possible.
“Je suis désolé d'apprendre que ce mariage ne vous comble pas. Heureusement, vous me semblez toujours libre ! C'est un mal pour un bien !„

Cette fois, ce fut à son tour de douter. Devait-il continuer ? À quoi bon entrer dans le sujet car sans connaître les enjeux de leurs sociétés, la naine risquait de ne pas comprendre le mal-être de Servis vis-à-vis du mariage. Le passé même de la famille Servis relevait l'épreuve la plus complexe dans la recherche d'une partenaire légale intéressante. Et ce passé, Servis ne se voyait pas l'évoquer ici, autour de ce bon repas, dans cette auberge Orlésienne. Le décor était loin d'y être adéquat.
“Malheureusement il n'existe que très peu de mariages d'amour en Tevinter. Du moins chez les mages. Nous ne nous lions pas à une personne et à sa famille à la légère, mais dans l'unique but de produire l'héritier le plus légitime possible. Si je ne suis pas encore marié à l'heure actuelle, c'est simplement parce que je ne constitue pas le prétendant idéal. Et heureusement pour moi !„

Pourtant, bien malgré lui, Servis ne pouvait s'empêcher de croire en l'amour. Il avait, d'ailleurs, déjà été éperdument épris d'une femme, et ceux pendant toute son adolescence. Mais la belle Hécate l'avait finalement éconduit, une blessure qui avait mis du temps à cicatriser. Hécate était aujourd'hui mariée, mère et incroyablement libre, à l'image de Crista. Depuis, il était extrêmement difficile pour le mage de baisser sentimentalement la garde, suffisamment pour s'imaginer avec quelqu'un. Il ne l'avait fait qu'en une unique occasion, pour une fugitive Marchéenne du nom de Lynne. Mais ils avaient manqué de temps, et aujourd'hui ils ne se voyaient plus que comme des amis. Un autre visage de femme s'afficha un instant dans ses pensées. Celui de Staska. Mal à l'aise, Servis préféra quitter ses songes pour se concentrer sur la naine assise en face de lui.
Servis trouvait Crista mignonne, belle même, et follement touchante. Ses pensées s'arrêtaient là, à de simples constatations. Il était bien incapable d'envisager Crista comme une amante de passage, même en pensée. Pour céder à ce types de pulsions, Servis avait besoin de se sentir proche de ses partenaires. Il devait leur faire confiance, et les connaitre tout à fait. Cela ne lui laissait alors qu'assez peu d'opportunités.
“Avouez qu'on est bien là.„
“Je le reconnais sans peines !„

Admis Servis dans un sourire, mâchant une nouvelle bouchée de ce plat délicieux. Son assiette se vidait rapidement, à son plus grand regret. Il poursuivit leur conversation, relançant un nouveau sujet :
“Dites-moi, comment en être arrivé à devenir artificière ?„



Sam 20 Juin 2020 - 15:08

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La naine et l'archéologue
Une bonne bouteille et un bon repas ou l'art de savoir négocier

Crista avait toujours eu un peu de mal à discerner la limite entre ce qui relevait du professionnel et du privé. Ou plutôt elle n'y faisait pas spécialement attention. Ça ne la gênait absolument pas d'aborder des sujets très personnel avec de parfait inconnu, même lors de rendez-vous d'affaire. Elle était du genre ouverte, peut-être un peu trop du goût de certain. Seulement, elle avait grandit dans une famille qui passait son temps à mélanger les deux. Le meilleur exemple était son mariage. Alors dans sa tête, elle voyait ça comme étant presque... normal. Fort heureusement Servis ne le prit pas mal lorsqu'elle lui demanda s'il était lui aussi marié, il en fut juste décontenancé l'espace d'un instant. La naine apprécia même le petit brin d'empathie qu'il eu à son attention. « Un mal pour un bien… Oui… » Murmura-t-elle doucement. C'était hélas la pure vérité. Elle n'aimait pas son mari, il la rendait malheureuse sans même réellement le vouloir mais grâce à ça, sa famille avait évité la faillite. Et quoi qu'on en dise, son époux lui avait quand même accordé la liberté de partir. Crista se sentait chanceuse dans son malheur.

Elle écouta Servis lui expliquer la situation à Tévinter. La petite rouquine ne s'était jamais posé la question de comment ça pouvait être ailleurs. Dans sa tête, elle imaginait un peu naïvement que les autres avaient plus de chance qu'elle et tous ceux appartenant à ce milieu très particulier qu'est la Guilde des Marchands. Chez eux, il était plutôt courant de marier son enfant à un membre influent de la Guilde, pour créer des alliances, pour renforcer son statut, pour s'enrichir d'avantage... Mais malheureusement, l'amour semblait être un privilège, même à Tévinter. « Je ne savais pas que ça se passait comme ça à Tévinter. ...Je trouve ça dommage dans le fond. » Après ses quelques années de mariage, Crista restait une jeune naine pleine de candeur. Elle aurait tellement aimé prendre le temps de rencontrer quelqu'un, de tomber amoureuse et de se marier par amour et rien d'autre. Aucun de ses amants n'avait pu et ne pourrait remplacer ça. « Et c'est un peu triste pour vous quand même, que l'on vous fasse comprendre ainsi que vous n'en valait pas la peine. Non, c'est vraiment ridicule. Et injuste ! Je ne vous connais pas Servis mais je suis sûre que c'est faux ! » Encore une preuve de sa naïveté sans limite, convaincue de la bonne foi de n'importe qui. Elle regardait le mage avec conviction, ses mots sonnaient presque comme si elle essayait de le persuader lui-même. Elle lui adressa un sourire avant de baisser les yeux sur son assiette et de prendre une bouchée.

Les lèvres de la naine s'étirèrent bien plus encore en entendant la dernière question du tévintide. Elle aimait qu'on s'intéresse à elle, être le centre de l'attention et davantage lorsqu'il s'agissait de son travail. « Je suis née avec ça dans le sang ahah. » Rigola-t-elle. « J’ai commencé enfant et j’ai jamais arrêté depuis. En faire mon métier c’était comme une évidence à partir du moment où j’ai fait péter mon premier pétard. J’ai pas eu à chercher ma voie bien loin. J’ai de la chance non ? » Elle soupira doucement et pencha légèrement la tête pour la poser dans sa main. « Des flammes qui s'envolent, un nuage de poussière qui se dissipe peu à peu, l'odeur de la poudre, le sol qui tremble l'espace d'un instant... Est-ce que vous avez déjà vu ou ressenti quelque chose de plus beau que ça ? » Crista était sérieuse en disant ça, parce que pour elle, il n'y avait réellement pas plus beau spectacle qu'une explosion. Les gens la trouvaient un poil inquiétante, lorsqu'ils se rendaient compte qu'elle ne blaguait pas. Elle se pencha ensuite vers Servis. « Souvent les gens disent que je suis un peu... Vous savez... Un peu cinglée. Mais c'est pas vrai ! C'est juste qu'ils ne comprennent pas ou qu'ils ne voient pas... Comment dire ? ... » Elle se redressa vivement. « Ça y est vous aussi vous allez croire que je suis pas nette ?! » S'inquiéta-t-elle à force. Elle n'aimait pas qu'on la prenne pour une folle juste parce qu'elle était trop passionnée par quelque chose et qu'elle se laissait parfois submergée par cette passion.


Crista parle en #ff6666



Lun 22 Juin 2020 - 20:21

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Une bonne bouteille et un bon repas
ou l'art de savoir négocier.


Un sourire béat aux lèvres, Crista se laissa transporter par ses souvenirs, laissant véritablement éclater sa passion au grand jour. Elle ponctua sa tirade d'éclats de rire, de soupirs, de mouvements de la main, ... Elle semblait s'exprimer sans la moindre retenue, et ses mots se changeaient en images. En l'écoutant parler, Servis voyait se former devant ses yeux de vives flammes dévorantes. Ses narines s'emplirent de l'odeur de la poudre, ses tympans vibrèrent au rythme des déflagrations. Quelle puissance devait-on ressentir en maniant un tel pouvoir de destruction ? En tant que Mage de feu, Servis appréhendait sans aucune difficulté le pouvoir des flammes et de leurs souffles chauds. Mais les explosifs étaient d'une tout autre nature. En pensant aux explosifs, Servis ne pouvait s'empêcher de songer en premier lieu au Gaatlok, cette poudre noire, secret des Qunari, mortelle et destructrice. Pourtant les cornus n'étaient pas les seuls à user des explosifs. Les nains possédaient eux aussi une certaine réputation dans ce domaine.
“J'apprécie particulièrement le moment où la poussière retombe, permettant enfin d'admirer les ravages causés par ces explosions. Ou bien leurs miracles. J'aime particulièrement l'idée qu'une telle force chaotique puisse être maîtrisée, usée à bon escient. Il faut une finesse particulière pour parvenir à de tels résultats.„

Se saisissant de son verre, il but lentement tout en songeant à la poussière. Celle recouvrant tous les trésors endormis depuis des siècles au cœur des ruines les plus profondes. Celle se déposant lentement sur les oubliés, gommant momentanément leur beauté, ou tout au contraire les sublimant. Son verre, finement ouvragé, était immaculé. La bouteille de vin, pourtant formée de la même matière, était elle recouverte d'une poussière savamment étudiée. Il ne suffisait que d'un regard pour identifier la valeur de ces deux objets. La poussière marquant la bouteille la rendait inestimable. La poussière, comme les explosions, pouvait être merveilleusement belle.
Il aurait souhaité lui dire qu'il la comprenait parfaitement. Qu'il lui arrivait lui aussi de penser que sa profession l'avait choisi plus qu'il ne l'avait fait. Mais il n'en eut pas le temps : Crista se pencha vers lui, avouant parfois ne pas être comprise par son entourage.
“Souvent les gens disent que je suis un peu... Vous savez... Un peu cinglée. Mais c'est pas vrai ! C'est juste qu'ils ne comprennent pas ou qu'ils ne voient pas... Comment dire ? ... Ça y est vous aussi vous allez croire que je suis pas nette ?!„

Le mage cette fois-ci ne put contenir un éclat de rire, brusque et bruyant. Assez bref, mais suffisant pour attirer quelques regards curieux, depuis les tables voisines de l'auberge, jusque-là relativement silencieuse. Il se baissa précipitamment, pour récupérer sa serviette tombée à terre, et faillit se cogner la tête en se relevant. La peau légèrement rosie, les yeux un peu humides, il sourit gentiment à Crista.
“Mais pas du tout voyons ! Peut-être un peu fantasque, et encore. Seulement, les passionnés sont rarement compris vous savez ?

C'était une formulation plutôt idiote : bien sûr qu'elle le savait, elle venait elle-même de l'exprimer plutôt clairement. En secouant la tête, Servis poursuivit :
“Je me cache derrière un certain académisme en citant le plus souvent possible le nom du collège des antiquités, auquel j'appartiens, mais la vérité est que je ne suis pas si différent de vous, et pas vraiment mieux compris. La passion est ce qui nous détourne de nos devoirs.„

Il tordit sa serviette entre ses doigts tout en continuant, le regard légèrement dans le vide.
“Comme vous, cela m'a pris très tôt. Le jour, je crois où mon frère plus âgé m'avait enfermé à dessein dans les catacombes courant sous notre ville. Je devais avoir quoi... Cinq ans tout au plus. N'importe quel autre enfant aurait dû supplier son frère de le laisser sortir. J'aurais certainement dû pleurer, hurler, ou je ne sais quoi d'autre. Mais je me suis simplement enfoncé, seul, plus en avant sous terre.„

Son frère, en n'entendant pas sa victime supplier depuis l'autre côté de la porte, avait fini par lui ouvrir. Mais le petit Crassius s'était déjà aventuré plus au loin. Marcius, qui sur bien des aspects restait un enfant banal, n'osa pas lui s'introduire dans le noir, à la poursuite de son cadet. Il se contenta de rentrer chez eux, n'osant pas avouer à leurs parents avoir perdu le petit Crassius, dont il avait pourtant la garde. Il ne fut retrouvé qu'une dizaine d'heures plus tard, endormis dans les replis d'une statue d'Urthëmiel. Servis n'avait depuis jamais perdu le gout de l'exploration et du mystère.
“J'aime enfreindre les règles en violant l'intimité d'un lieu endormi. J'aime contempler la ruine d'une culture, la déchéance d'un peuple. J'aime couler mes pas dans ceux d'autres, morts depuis longtemps. Car elle est là la véritable nature de mon métier. Alors non, je ne pense pas que vous n'êtes pas nette. Je pense surtout que je ne suis pas le mieux placé pour juger. Vous détruisez, j'aime contempler la mort.„


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