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Sam 5 Déc 2020 - 22:16

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

Messages : 322

Le chemin du paradoxe est le chemin du vrai



9:42 du Dragon
Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀ ☀


Le sourire que m’adressa Servis me ravit au plus haut point. Au moins, cela se ressentait qu’il avait bien profité de son séjour dans le sud, ce qui était une bonne chose.

Je n'ai rencontré Staska qu'à la fin de mon périple, mais je te pris de me croire : le reste fut tout autant surprenant.
Ooh, mais encore ?

Le ton utilisé appuyait mon désir d’en savoir plus. Après tout, Servis qui vivait des aventures, cela était tout sauf surprenant : s’il fallait rédiger sa biographie un jour, je ne serais pas surpris que l’ouvrage puisse contenir des milliers de pages remplies d’anecdotes en tout genre.

Comme je te l'avais annoncé dans l'une de mes dernières lettres, le point de départ de tout ceci fut mon invitation à la soirée des savoir dispensée annuellement par l'Université de Val Royaux. Étant le seul érudit Tévintide, Mage de surcroit, tu te doutes certainement de la tournure que prirent les évènements ? Si je me tiens aujourd'hui devant toi, en relativement bonne forme, c'est uniquement grâce à l'intervention d'un professeur assez influent venu interrompre le passage à tabac infligé par les gardes, ainsi qu'au travail correct mais véritablement onéreux de mages de soin de la capitale.

Ah oui, je voyais totalement de quoi il voulait parler. S’il me voyait à Fort-Céleste, naviguant entre les ragots en tout genre et les insultes .. Heureusement pour moi, les choses changeaient gentiment, ce qui était tant mieux. Mais heureusement pour mes oreilles, Servis était loin d’avoir fini son incroyable récit.

À Val Royaux toujours, j'ai perdu une belle somme d'argent aux cartes contre un jeune maitre d'armes, j'ai malmené quelque peu le directeur d'un musée d'artisanat nain, avant finalement de me fracturer le nez en assistant à une pièce dans le Grand Théâtre. Après avoir payé une nouvelle fois le même mage de soin en moins d'une semaine, je me suis dit qu'il était temps pour moi de quitter la capitale.

Je ne pus m’empêcher de rire : Servis, le grand Servis au nez imposant, qui s’était cassé cet atout qui le rendait si fier.

Mais non, toi ? Te faire casser un si beau nez ?? Quelle bande de rustres seraient capables d’une telle atrocité ?

Je savais que mon petit sarcasme ne le dérangerait pas. On se connaissait depuis longtemps, on savait très bien comment l’autre fonctionnait. C’était une bonne chose en soi, il me manquait d’interagir avec mes amis de longues dates autrement que par voie épistolaire. Mais tant de choses s’étaient passées, c’était hallucinant tout de même.

Vraiment, tes capacités à te mettre naturellement dans le pétrin m’impressionneront toujours autant, Servis. Il faudra un jour que tu me files ta recette.

Mar 8 Déc 2020 - 10:22

Anonymous
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Le chemin du paradoxe est le chemin du vrai.

Dorian semblait amusé par les aventures rocambolesques contés par son ami. Légèrement piqué, Crassius eut un rictus. Certes, il pouvait entendre au fil de ses propres explications le côté risible de toutes ces péripéties, mais tout de même, c'est lui qui avait souffert lors de leurs résolutions. Ses côtes avaient été cassées, son nez fracturé, ses poches allégées et son estomac vidé. Il avait été menacé par des templiers, un assassin, des démons, et dans une moindre mesure, par une Chassind trahie. Bien que dans ce cas-ci, il ne pouvait se défendre : il l'avait bien mérité. Si l'accumulation de ces coups du sort pouvait faire rire Dorian, elle peinait tout au contraire Servis. Il était solide, résilient même, il le fallait aux vues de ses activités, mais tout de même, il aurait préféré des vacances plus paisibles.
“Et oui, mon nez. Au final il n'y a rien de surprenant là-dedans : plus quelque chose est gros, plus il est facile à atteindre, non ?„

Il soupira de nouveau, profondément soulagé de ne pas porter de séquelles visibles de cet incident là. Au final, il s'en sortait plutôt bien. Il lui faudrait juste couper les boucles lui ayant de nouveau poussé sur le crâne et ce semblant de barbe décousue qui venait brouiller ses mâchoires. Il lui faudrait aussi reprendre le poids perdu lors de son errance accompagnée de Staska, mais il s'y attendait déjà, fourrant une nouvelle cuillère de nourriture Féreldienne dans sa bouche avant de poursuivre :
“Quant au coupable, je n'ai pas eu le temps de le questionner. Mais j'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'un professionnel. De la maison du repos. Donc j'imagine que les choses auraient pu être bien pires, non ?„

Il rit, cette fois-ci de bon coeur. Dans son malheur, il avait eu de la chance : cet assassin appartenant à cette confrérie bien connue n'avait pas eu de raison de l'éliminer, lui. La maison du repos avait en quelque sorte pignon sur rue. Ils étaient de vrais professionnels, liés par des contrats légaux à leur commentaire. Et des procéduriers, a en croire les rumeurs, rien à voir avec les Corbeaux Antivan et leurs petites querelles internes. Quel dommage que de tels assassins ne puissent être engagés par des citoyens extérieurs à l'empire Orlesien !
“Vraiment, tes capacités à te mettre naturellement dans le pétrin m’impressionneront toujours autant, Servis. Il faudra un jour que tu me files ta recette.„
“Tu n'en veux pas, de cette recette, nous le savons très bien tout les deux !„

Servis avait presque craché ses mots, en proie à une brusque colère. Mais cette colère n'était pas tournée en direction de Dorian, mais bien envers ses propres choix. Il était là tout le secret de sa recette : faire les mauvais choix. S'associer au plus offrant pour obtenir l'objet de ses convoitises. De l'amusement, du travail, de l'argent ou des opportunités. Au début, ses choix ne lui semblaient pas si graves, mais à présent... N'était-il pas allé trop loin ? Ce qu'il avait appris lors de la réunion des troupes venatori l'avait légèrement troublé. Ses fouilles à la porte du Ponant méritaient-elles qu'il associa à jamais son noms aux sombres événements se profilant devant eux ? Oui. Oui, car il n'y associrait pas son nom. Sa présence à cette grotesque rencontre avait été une erreur. Il ne faisait rien de mal, seulement son métier. Il devait simplement trouver le moyen de poursuivre ses recherches en s'affiliant à d'autres commentaires.
Plus doucement, il poursuivit :
“De plus je suis convaincu que tu te débrouilles très bien de ton côté, seulement comme toujours tu gardes tes secrets !„

Ce n'était pas un reproche, non, mais simplement une constatation nimbée d'une certaine nostalgie. Depuis leur première rencontre, Dorian semblait ployer sous le poids des secrets. Ils formaient autour de lui une sorte de couverture qui le protégeait face au monde, lui conférant du même coup un aura mystérieux assez efficace. Il avait livré certains de ses secrets à Servis, toujours lorsqu'il était au plus bas, et toujours par dépit plus que par réel choix. Mais Servis ne lui en tenait pas rigueur : il ne s'attendait pas à ce que son ami change maintenant. Il lui tapota amicalement l'épaule, se levant pour ça légèrement de son siège.
“Allons ! Mangeons pendant que nous le pouvons encore ! Ce monde devient fou Dorian, et cela m'inquiète.„


Sam 6 Fév 2021 - 16:07

Dorian Pavus
Dorian Pavus

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9:42 du Dragon
Feat. Crassius Servis
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Décidément, il avait le chic de toujours me surprendre davantage au fil de ses mots. Se faire casser le nez dans un théâtre ? Déjà ce point était saugrenu, mais maintenant le voilà à parler de la Maison du Repos. Mes sourcils montèrent, avant de redescendre pour accompagner le petit rire qui franchit le souffle de mon nez.

Tu t’en sors si bien, c’en est presque effrayant ..

Servis pourrait survivre à la fin du monde, et sans le vouloir en plus !

Demandant ironiquement la recette sur sa malchance légendaire – ironiquement une chance légendaire, surtout –, le rire de mon compagnon d’infortune se mua en quelque chose de plus agressif, pestant sa propre malchance d’être autant chanceux.

Tu n'en veux pas, de cette recette, nous le savons très bien tout les deux !

Cette soudaine colère chez lui me surprit. Lui, qui relativisait toujours, qui tâchait de rester un minimum optimiste, visionnaire, cela surprenait toujours un peu de le voir cracher ainsi ses paroles.

Ce n’était pourtant pas la première fois, loin de là. Nous avions tous deux connus nos plus sombres moments, et nous étions relativement ensemble lors de ces périodes complexes. Je l’avais connu dans ses moments les plus bas, et pourtant cela me surprenait toujours un peu. Je gardai le silence, attendant qu’il se reprennent de lui-même – ce qu’il fit.

De plus je suis convaincu que tu te débrouilles très bien de ton côté, seulement comme toujours tu gardes tes secrets !

Ah, la curiosité trop aiguisée de Servis. Elle avait toujours été là, et non sans raison. Servis voulait connaître, découvrir, assembler les pièces du puzzle. Il vivait sans réel tabou, ce qui était fort rafraîchissant. Et moi, héritier de ce fardeau noble, je ne vivais que dans les secrets et les coins d’ombre. Quelque part, depuis le scandale familial, je vivais moins dans ces recoins, mais perdre ses bonnes vieilles habitudes de survies étaient difficiles, n’est-ce pas ?

Lui adressant un sourire soudainement poli plutôt qu’honnête, je penchai un peu la tête sur le côté.

Voyons, tu te lasserais de moi si tu avais déjà pu me dépouiller de toutes mes petites magouilles, tu le sais bien.

J’ajoutai un rire par après, mais il me fallait être honnête : je ne savais pas comment prendre cette remarque. On dirait un reproche.

Fort heureusement pour nous deux, Servis eut la lucidité de changer de sujet. Il me tapota amicalement l’épaule, avant de reprendre son repas.

Allons ! Mangeons pendant que nous le pouvons encore ! Ce monde devient fou Dorian, et cela m'inquiète.

Créateur, s’il savait.

Tu as raison, profitons de ce repas tant que nous le pouvons.

J’approchai de moi une assiette à moitié remplie de poulet, puis en détachai une cuisse que je mordis à pleines dents. Quelque part, il avait raison : le monde devenait fou. J’avalai ma morce avant de répondre, le ton léger, mais aux ombres graves, voire inquiètes.

Le monde devient fou, Crass.

Je soupirai à ces propos, revoyant tout ce qui m’était arrivé depuis mon arrivée dans le sud. Alexius, sa folie. La mort de Félix, de Wulf, rien que son retour dans ma vie de base, même. Les nombreuses rondes menées par les côtes orageuses, l’arrivée d’Aldiun. La mort, puis le retour de Tullia. Les choses se passaient si vite.

J’ai pu retrouver Alexius à Golefalois, il était encore plus dérangé et au fond du trou que je ne me l’étais imaginé.

Rien que d’y penser, je pouvais revoir la silhouette désarticulée du pantin qu’était devenu Félix dans ce futur apocalyptique. La mine grave, je tentai sûrement vainement de cacher mon état derrière une autre morce.

Si seulement il n’avait pas rejoint cette foutue secte par désespoir, basée sur des fausses promesses et des mensonges, les choses auraient sûrement été très différentes.

Je n’avais pas encore digéré cette histoire, cette folie et cette stupidité. D’un autre côté, si j’étais resté avec lui ..

Lun 8 Fév 2021 - 23:19

Anonymous
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Ils commencèrent réellement à manger, baissant enfin leurs gardes le temps de remplir leurs assiettes, de mordre dans les plus gros bouts de viandes. Alors qu'il avait jusque-là usé de la nourriture pour ponctuer son malaise, Servis laissa les victuailles combler sa faim, prenant coup sur coup plusieurs grosses portions de plusieurs assiettes au hasard. Après toutes ces mésaventures il lui restait encore à dissimuler ses côtes sous un confortable manteau de couenne avant de prendre la direction de son désert inhospitalier. Ces plats, tout rustiques qu'ils étaient, restaient bien plus élaborés que les cargaisons de courges et les marmites de viandes bouillies qu'il allait de nouveau devoir ingurgiter une fois de retour à son campement d'étude.

Mais alors qu'i mastiquait avec bonheur, Dorian choisit de relancer la conversation, réaffirmant dans un premier temps la constatation lancée par Servis quelques instants auparavant. Oui, le monde devenait fou, et il n'y avait rien d'autre à ajouter à cela. Pourtant l'Altus enchaîna, prononçant le nom d'Alexius. De surprise, Servis faillit s'étouffer et dû tendre la main en direction de sa choppe de bière, cherchant à faire passer la gêne qu'il sentait croissante au travers de sa gorge.

Alexius, ancien mentor de Dorian, avait rejoint les rangs des venatoris. Servis l'avait découvert en parcourant le rapport invraisemblable de ses activités. La ville de Golefalois avait été le théâtre de ses prouesses, puis de sa chute. Cela encore Servis le découvrit dans un rapport, apporté en main propre par un Erimond aux anges devant l'échec de ce rival. Heureusement lui aussi était tombé aux mains de l'inquisition, permettant à l'Administrateur de la Porte d'oublier ses plans délusionnels pour se reconcentrer sur les fouilles.

Si Servis ne s'étonnait pas face aux paroles de Dorian, son attitude aurait constitué un aveu criant de sa duplicité. Alors il tenta :
“Alexius avait rejoint les venatori, c'est ça ? Depuis que je suis en Férelden j'entends parler d'eux, j'ai cru comprendre qu'ils avaient causé bien des dégâts. Ce n'est pas exactement le souvenir de chez nous que j'aurais souhaité retrouver en voyageant si loin.„

Il soupira honnêtement, luttant contre l'absorption de nouvelles denrées. Il ne pouvait pas s'offrir le luxe de s'arrêter-là, il devait mener la conversation plus loin.
“Au moins as-tu eu l'occasion de revoir un visage familier. À dire vrai les nôtres me manquent. Lorsque je me sens seul je me surprends à imaginer leurs occupations. Fabius et Hécate par exemple doivent s'affronter dans des débats sans fin au sujet de la situation diplomatique du pays, et des moyens en leur possession pour y remédier.„

Même en voulant poursuivre, sa voix se brisa, se noua dans sa gorge. Les vies de son frère, de ses parents, de Galla ou d'Iovita ne devaient pas avoir changé d'un iota. Et quant à Ulio et Cassius, ... Servis ne souhaitait pas s'aventurer sur cette voie mensongère qui à termes l'aurait forcément mis en danger. Il devait feindre ne plus d'avoir aucun contact avec le premier et croire le second toujours sur le front de l'armée Tévintide à Par Vollen. Des mensonges complexes qu'il préférait s'éviter.

Sam 13 Fév 2021 - 2:24

Dorian Pavus
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Le repas se déroulait tranquillement, sans folies certes, mais sans tension non plus. Seuls les sujets laissaient cette empreinte grave sur nos visages.

Alexius avait rejoint les venatori, c'est ça ? Depuis que je suis en Férelden j'entends parler d'eux, j'ai cru comprendre qu'ils avaient causé bien des dégâts. Ce n'est pas exactement le souvenir de chez nous que j'aurais souhaité retrouver en voyageant si loin.
A qui le dis-tu ..

J’avais espoir en venant au Sud, et je me mangeais une fois de plus un gros mur de réalité. Même après son procès, même après son intégration à la tour des mages, même avec les rumeurs comme quoi finalement il n’est pas si mal, je n’arrivais pas à ôter de ma tête les images de Golefalois. La pure folie, le pur effroi qui l’avait frappé. Et Félix ..

Malheureusement pour mon bavard ami, je n’avais pas eu le temps d’écouter ses propos, perdu dans mes songes : à vrai dire, ce fut son silence qui me ramena dans la taverne, un silence étrange. Je levai une fois de plus le regard vers lui, et le voilà muet, interdit. Il me fallut un temps avant de me rappeler de comment on parlait.

Allons, ne tire pas cette tête.

Ce fut à mon tour de me pencher vers la table, pour lui lancer une tape amicale. Connaissant le bougre, si follement amoureux de son travail et de Minrathie, il devait s’ennuyer de l’un ou de l’autre. Je lui adressai un sourire hélas faux, luttant pour ne pas parler de la mort de Félix en plein repas.

De toute façon, tu m’as dit que tu rentrais bientôt, non ? Sais-tu déjà dans combien de temps tu retrouveras la fougueuse Minrathie ?

Autant parler de choses qui remontaient les cœurs, quelque part. Nous ne nous étions pas vus depuis si longtemps, et notre premier réflexe était d’être morose ? Oh non, ça jamais. Je tentai de relancer la conversation dans cette direction, tentant difficilement de me convaincre au passage.

Ah, Minrathie, ça fait si longtemps .. L’académie, les bals, .. Créateur, les bals ! Si tu savais de quel ennui se parent les Sudistes en comparaison ! Ils sont si sages .. bon, peut-être moins en Orlaïs, mais les duels flamboyants à mort ne courent pas les salles. Dommage de rater de telles opportunités de spectacles.

Je repris l’ingestion de mon repas droit après, avant de rire un peu pour moi. Il n’y avait jamais de mal à un peu de nostalgie, pour retrouver un peu de vigueur. Je relevai la tête dans la direction de mon ami.

De toute façon, rien ne vaudra jamais nos petites soirées cocasses improvisées. Elles me manquent tellement .. Nous devrions remettre ça une fois tous deux revenus à Minrathie, cher ami !

Ven 19 Fév 2021 - 17:30

Anonymous
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La poussée d'optimisme que manifestait Dorian arracha un sourire à Servis, qu'il dissimula bien vite en avalant une énième cuillère de nourriture. Son ventre eut alors une complainte particulièrement bruyante, et de surprise il lâcha son couvert qui chuta jusqu'au sol. Une main plaquée contre son ventre dérangé, il se pencha en direction du sol et récupéra la cuillère avant de la porter devant ses yeux. De minuscules saletés s'étaient collées au reste de sauce, formant une couche diverse mais peu ragoutante. Dans une grimace, Servis la reposa entre les différentes assiettes. Son sourire s'était totalement évanoui.
“Je me demande ce qui restera de Minrathie lorsqu'il sera l'heure pour moi de rentrer. Ou si je le pourrai toujours. Tu sais j'ai parfois l'impression que chaque choix pris ces derniers temps pèse lourd dans la balance de mon destin. C'est peut-être cette ambiance omniprésente de guerre qui sait ? La joie s'échappe de nos vies Dorian, à tel point que lorsque je regarde mon reflet, j'ai l'impression d'y voir mon père.„

Il avait conscience de s'engager sur un terrain miné, Dorian n'ayant pas exactement une relation sereine avec son magister de père. Mais sa conscience du problème ne déclencha aucunement son intention de changer de sujet, ni même de s'excuser de son indélicatesse. À la place il partit à la recherche du couvert abandonné par Staska qui se trouvait peut-être quelque part entre les assiettes. Mais rien, à croire qu'elle avait grignoté ses plats à la main. Ce qui finalement n'aurait rien de si surprenant.

À défaut de cuillère, il mit la main sur une épaisse tranche de pain sombre et approcha également le fromage de son assiette. C'était un fromage à pâte dur d'un blanc immaculé, peut-être un peu trop ferme à son goût. Après un regard en coin en direction des autres occupants de la salle, Servis se connecta à l'immatériel et en puisa assez d'énergie pour faire rougit le bout de ses doigts du feu de sa magie. Tenant le fromage bien au-dessus de sa tranche de pain, il le regarda fondre lentement, relaguant d'abord doucement son huile. Amusé par sa propre audace, il sourit à Dorian. Depuis combien de temps n'avait-il pas usé de sa magie pour s'amuser simplement ? N'était-il pas plus que temps d'y remédier ?



Mer 24 Fév 2021 - 17:13

Dorian Pavus
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9:42 du Dragon
Feat. Crassius Servis
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Malgré mes tentatives pour rehausser notre bonne humeur, Servis était déjà coincé dans ce cercle vicieux des sombres songes. Son sourire s’était évanoui, lui jadis si espiègle et bon vivant. Quelque chose avait changé, et ce n’était pas que le temps qui passait. J’écoutai mon ami avec la plus grande des attentions.

Je me demande ce qui restera de Minrathie lorsqu'il sera l'heure pour moi de rentrer. Ou si je le pourrai toujours. Tu sais j'ai parfois l'impression que chaque choix pris ces derniers temps pèse lourd dans la balance de mon destin. C'est peut-être cette ambiance omniprésente de guerre qui sait ? La joie s'échappe de nos vies Dorian, à tel point que lorsque je regarde mon reflet, j'ai l'impression d'y voir mon père.

Quelle conversation des plus étranges.

Jadis, c’était moi qui étais dans le mal, décadent, à traîner ce corps pénible dans une bonne partie des vices de cette cité mémorable. C’était moi qui avais perdu espoir l’espace d’un changement radical de vie. C’était moi qui buvais à n’en plus finir, qui fuyais sans arrêt les brigands que mon père envoyait à mes trousses. C’était moi, le révolté, le frustré, le désespéré qui ne croyait plus en rien, ni même en ses propres valeurs.

En surprenant contraste, Crassius était l’optimiste. C’était lui qui m’aidait à me lever après une nuit pleine de combats de rue et avec une immense gueule de bois, parfois pire. C’était lui qui m’aidait à marcher, qui me montrait les bonnes choses de la vie, ses bons côtés. C’était lui qui veillait sur moi malgré mes crises de nerfs, mes soirées trop arrosées auxquelles il ne participait pas, malgré nos disputes et malgré nos désaccords de plus en plus divers.

Même, en dehors de cette période tumultueuse que furent ces dernières terribles années, Servis avait toujours été le plus enjoué. Il s’émerveillait si aisément, se déplaçait avec souplesse au cœur des foules quand il repérait la belle fiancée d’une connaissance à lui, m’entraînait dans ces petites soirées Laetans mais pourtant tout aussi sympathiques.

Et maintenant, les rôles semblaient s’inverser.

Tandis que je voulais tout laisser mes problèmes et préoccupations de côté dans l’espoir de passer un bon moment avec un ami de longues dates que je n’avais pas revu depuis longtemps, le voilà à jouer les moroses. Le voilà à mettre sur la tables ses doutes, ses insécurités, comme s’il avait attendu ce moment, ce seul moment où nous nous reverrions pour tout déballer. Lui jadis si entouré, était-il si seul que ça, finalement ? En y réfléchissant bien, peut-être : à voyager seul dans le sud, loin des autres .. Ce n’était clairement pas la première fois qu’il quittait en solitaire Minrathie pour l’amour de son travail, mais tout de même, ces longs trajets isolés avaient un impact sur l’être social et fêtard qu’il était à l’origine.

Tant de choses à déballer, mais je savais avec pertinence que je n’aurais pas le luxe de le baigner dans un silence inconfortable pour analyser chaque aspect : je savais seulement qu’il avait besoin de s’exprimer et de quelqu’un pour écouter, quoi que ce fût, quoi qu’il décidait de confier – l’entièreté de l’histoire ou non.

Minrathie existe depuis plus de mille ans Crass, elle ne va pas disparaître en notre absence.

Car je comptais bien y revenir. Une fois cette guerre contre Corypheus terminée et les choses plus stabilisées dans le Sud, je comptais faire mon grand retour chez moi. M’y imposer, mettre de l’ordre, Magister ou non. Les Venatoris étaient une menace, et pas seulement pour le Sud, hélas. Et encore, si les Venatoris étaient notre seul problème ..

Mais j’avais décidé d’être optimiste sur l’avenir de l’Empire. Seules des ruines persistaient de notre Histoire, mais pas tout avait été balayé par le vent de la décadence. Nous pouvions encore reconstruire et nous ressourcer pour redevenir puissants, il faudrait sûrement des générations, mais quelqu’un devait bien donner l’impulsion, n’est-ce pas ? J’avais décidé d’être optimiste, et ce fut ce sourire déterminé que j’offris à mon ami.

Quant aux choix que nous faisons .. il faut déjà un certain courage pour oser en faire, alors imagine combien il en faut pour admettre que ces choix ne sont pas les bons.

Je marquai une pause, savourant une crevette avant de reprendre la parole.

Pour avoir étudié la magie temporelle, Crass, je peux t’assurer qu’il faut très rapidement oublier ce mythe du « si » : « et si j’avais fait ci », « et si j’avais fait ça ». Car en plus de mener nulle part et de détruire son propre moral en se berçant d’illusions, même avec les connaissances magiques que je possède, je sais que je ne peux de toute façon pas revenir en arrière.

J’eus un tremblement de dégoût en repensant à Golefalois. Créateur, quelle atroce instant dans les méandres de mes souvenirs.

Alexius a essayé, j’eus un aperçu des résultats, et ils étaient bien loin d’être réjouissants, crois-moi. C’est pourquoi il ne faut jamais focaliser sur le passé.

Ironique quelque part de dire cela à un archéologue. Ah, ces individus qui fouillaient sans relâche dans la terre et la boue afin de comprendre leur passé, leurs origines les plus obscures. Je me courbai quelque peu pour attraper amicalement son épaule, plantant mes yeux dans les siens.

Je me fiche des décisions que tu as pu prendre, Crassius. L’essentiel est de savoir quoi faire maintenant : prendre conscience de ses erreurs est une première étape. Mais au lieu de se morfondre et de regretter, il te faut garder la tête haute et te demander ce que tu peux changer pour retrouver la voie qui te semble être la bonne.

Puis, avec souplesse, je lâchai son épaule pour me rasseoir convenablement.

Si tu te morfonds sur tes erreurs et es bien trop effrayé par le changement, ou par la rédemption si tu dois passer par cette case, au point de bêtement rester immobile dans le moment présent, pour ainsi regretter davantage et foutre en l’air ton avenir, alors là oui, tu deviendras comme ton père, comme le mien.

Nonchalamment, je m’adossai à ma chaise et attrapai une autre crevette, que je dégustai tranquillement. Je ne quittai pas Servis des yeux, le laissant procéder. Nous avions toujours été durs l’un envers l’autre dans les moments forts, ou difficiles : c’était notre façon de nous raffermir, de nous prendre une bonne claque de réalité pour ainsi nous reprendre progressivement en main. Je repris mon sourire, toujours autant déterminé qu’avant.

Si tu as besoin de quelqu’un pour te botter les fesses, tu sais que je suis toujours là. Le monde devient fou autour de nous, ce n’est pas le moment de perdre pied, l’ami.

Jeu 25 Fév 2021 - 16:37

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Le fromage figeait déjà sur la tranche de pain  en suspend entre la table et ses lèvres entre-ouvertes. Combien de temps avait duré l'impressionnant monologue de Dorian ? Deux minutes, peut-être trois, durant lesquelles le pauvre archéologue s'était ratatiné tout au fond de sa chaise. Était-ce donc là l'image qu'il s'était donné ? Celle d'un homme nostalgique, en quête de rédemption ?
Au fond de lui quelque chose se brisa, se morcella dans un tintement de glas. Oui, il était épuisé. Oui, il lui tardait de rejoindre la Porte du Ponant. Quoi de plus normal après ces semaines de cauchemars intolérables et inconfortables ? Peut-être se plaignait-il trop. Peut-être était-il devenu aigris ? Pourtant, le seul regret qu'il parvenait à formuler avec précision était celui de ne pas être parvenu à retenir la femme. Laquelle ? Aujourd'hui son identité paraissait plus floue encore qu'avant, sans que Servis ne parvienne à comprendre pourquoi. Hécate parvenait même à s'échapper de ses rêves, preuve qu'il commençait enfin à tourner la page.

Alors qu'il s'apprêtait à répondre à son ami, le tenancier de la taverne s'approcha, désireux de connaître leur progression vis-à-vis de ses plats. D'instinct Servis voulu les protéger en se jetant en avant pour les couvrir des vils regards de cet homme de petite moralité. Il n'y avait pas à douter : le moindre reste ne serait pas perdu, et serait même proposé au prochain affamé. Un tel acte reviendrait à nier l'existence du premier mangeur, chose intolérable. Mais plutôt que de se jeter réellement en avant pour protéger les assiettes débordant toujours de diverses victuailles, Servis pour une toute autre stratégie : celle consistant à éviter consciencieusement le regard implorant du tenancier. Technique efficace car, après quelques secondes, il  s'en retourna derrière son comptoir. Cet interlude épique ayant cristallisé un moment toute l'attention du mage, il ne sut plus exactement comment répondre à son ami. Puisqu'il avait perdu le fil, par quel bout commencer ?
“Excuse-moi Dorian, tu as raison. Je ne sais pas ce qui m'a pris à me laisser aller de la sorte.„

Sage décision, brosser son vieil ami dans le sens de l'ego ne pouvait pas faire de mal.
“Je ne souhaite pas revenir en arrière et ne regrette aucun de mes choix. Ce qui est fait est fait, et ne saurait être défait. Il faut être fou pour croire qu'il puisse en être autrement. En revanche, ...„

Il marqua une pause, engloutissant finalement sa tartine de fromage fondu solidifié.
“En revanche, tu te fourvois : d'avenir, il n'existe pas ! Rien n'existe sauf le présent, tout le reste n'est qu'espoirs. Qui oserait prédire de quoi demain sera fait ? Démons, engeances, anciens dieux, sans parler d'un mauvais champignon ou que sais-je encore... Les menaces nous noient sous leurs ombres de toute part si l'on y réfléchit, et au milieu de ces nombreuses menaces seule la seconde vécue permet de se sentir véritablement vivant.„

Son regard s'était embrasé au fil de ses mots, ses épaules redressées. Sa voix dans son tévène brûlant s'était mise à porter plus loin, attirant les regards sur leur table. Les sueurs froides qu'il ressentait en pensant à Corypheus s'effacèrent, tout comme l'aigreur de savoir son plus vieil ami appartenir au clan adverse. Rien de tout cela ne comptait : pour preuve, il était si facile de ne pas y songer... Avec un peu de distraction.
“En vérité je crois que le sud m'ennuie Dorian. Tout y est si prévisible, si terre à terre. Si je me sens si vieux, c'est aussi parce que je ne me souviens pas de ma dernière soirée de décadence complète. Mais puisque tu es là, une solution est peut-être envisageable !„





Jeu 25 Fév 2021 - 21:29

Dorian Pavus
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Le chemin du paradoxe est le chemin du vrai



9:42 du Dragon
Feat. Crassius Servis
Comme un frère - ☀ ☀ ☀ ☀ ☀


Peut-être y étais-je allé un peu trop fort.

Servis ne bougea pas d’un poil pendant ma tirade. Il semblait paralysé, bloqué dans le temps, mais pourtant, je savais que mes propos le touchaient. Je savais que sous cette carapace de nonchalance, j’avais touché son être de plein fouet. Comme toujours ; depuis le temps que nous nous fréquentions, je le connaissais fort bien malgré ses petits élans opportunistes si caractéristiques.

Une présence s’approcha alors de nous, mais c’était temporaire : je ne voulais pas être dérangé par un étranger de l’extérieur de cette tablée. Il n’y avait que Servis et moi dans cette conversation, et j’avais nulle envie d’être dérangé. Voyant que mon ami détournait la tête pour ne pas y prêter attention, je décidai de faire de même, reprenant silencieusement mon repas. Décortiquant une crevette avec soin, je pus entendre Servis reprendre la parole.

Excuse-moi Dorian, tu as raison. Je ne sais pas ce qui m'a pris à me laisser aller de la sorte.

Ma foi, cela pouvait arriver à n’importe qui, même à ma personne : il fallait dire que la mort de Félix était encore récente, et même si je m’y étais préparé depuis des années, sa disparition piquait au cœur malgré tout.


Je ne souhaite pas revenir en arrière et ne regrette aucun de mes choix. Ce qui est fait est fait, et ne saurait être défait. Il faut être fou pour croire qu'il puisse en être autrement. En revanche, ...
En revanche ?

Au moins, Crassius ne ferait pas de folies, et une fois encore, je pressentais qu’il était sur le point de déposer sur la table un propos sur lequel je ne serais pas d’accord. J’attendis, savourant ma crevette.

En revanche, tu te fourvois : d'avenir, il n'existe pas ! Rien n'existe sauf le présent, tout le reste n'est qu'espoirs. Qui oserait prédire de quoi demain sera fait ? Démons, engeances, anciens dieux, sans parler d'un mauvais champignon ou que sais-je encore... Les menaces nous noient sous leurs ombres de toute part si l'on y réfléchit, et au milieu de ces nombreuses menaces seule la seconde vécue permet de se sentir véritablement vivant.

Au fil de ses mots et de son air toujours plus théâtral, je ne pus me retenir de glousser, avant de réellement rire. Ah, Crassius. Comment lui expliquer que le flot temporel était composé d’infinités de possibilités, selon tous les choix que nous effectuions tout au long de notre vie, et qu’en réalité, nos choix nous propulsaient seulement sur une certaine fin, ou une autre. Toutes ces années d’études qui voulaient sincèrement s’immoler au feu divin pour avoir entendu de tels propos, mais tout dans cette scène ne pouvait que me rendre hilare : et puis, je n’étais pas assez saoul pour en débattre des heures avec passion.

Cela dit, le revoir d’aplomb me fit bien plus de bien que je ne pouvais l’imaginer. Revoir un visage familier, avec une humeur familière, il n’y avait rien de meilleur. Cependant, une chose manquait pour compléter ce tableau de nostalgie : un contexte familier. Si Minrathie manquait à l’appel, nous pourrions improviser dans le Sud, n’est-ce pas ?

En vérité je crois que le sud m'ennuie Dorian. Tout y est si prévisible, si terre à terre. Si je me sens si vieux, c'est aussi parce que je ne me souviens pas de ma dernière soirée de décadence complète. Mais puisque tu es là, une solution est peut-être envisageable !
Bah voyons, une solution ?

Je le taquinais, évidemment. Lui aussi avait senti que quelque chose manquait. Grand sourire aux lèvres, je me penchai vers lui, cette étincelle de malice dans le regard.

Tu sais que j’ai toujours des solutions, Crass.

Et alors, je me levai avec souplesse, avant d’appuyer une main contre la table, bloquant mon regard dans celui de mon ami.

Et pourquoi ne pas profiter pour aller faire un tour dans cette charmante cité ? La journée est loin d’être finie, après tout. Et puis, on m’a également vanté quelques endroits fort sympathiques, comme la Perle .. un chouette bordel avec bon service, m’a-t-on dit.

Sans trop perdre de temps, voyant ce brave Servis qui commençait tout juste à retrouver ses couleurs, j’effectuai le tour de la table pour l’attraper par le bras et l’inciter à se lever.

Allez viens vil paresseux, le reste de Dénérim nous attend !

Et puis, il fallait se dire qu’avec la guerre actuelle, nous n’aurions plus trop d’occasions autant en or que celle qui se présentait à nous. Alors, autant en profiter pleinement, sans réelle retenue : de quoi garder un souvenir mémorable de cette ville, de cette journée, et de cette âme qui vieillissait en même temps que moi.

Merci pour le service mes braves !

Et sans traîner le moins du monde, j’entraînai Crass hors de l’auberge.

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