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Jeu 21 Mai 2020 - 17:02

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Le chemin du paradoxe est le chemin du vrai.

De mémoire, jamais Servis n'avait vu quelqu'un lui hurler dessus à ce point. Pourtant, les Tévintides n'étaient pas du genre à mâcher leurs émotions. L'alcool aidant, ils pouvaient se montrer capable de hausser le ton. Dorian par exemple avait parfois eu des mots durs envers lui. Mais jamais son ami n'avait atteint un tel niveau de colère.

Staska, de ce point de vue-là, semblait imbattable.
Mais Servis ne pouvait pas s'en plaindre : la chasind avait toutes les raisons d'être en colère.

Le mage s'était arrangé pour leur faire discrètement dévier de la route menant à Golefalois. Pour cela, il leur avait principalement fait emprunter des carrioles ou des charrettes, quitte à graisser discrètement la pâte des commerçants et fermiers sur les routes pour les aider à accepter ces deux étrangers dans leurs bagages. Ainsi ballotté par les cahots de la route, il était plus facile de perdre toute notion du temps, ou même des distances. Mais cette stratégie n'avait pas été suffisante. Staska avait fini par se rendre compte qu'ils ne se dirigeaient pas vers Golefalois. Et là... Une pluie de noms d'oiseau se déferla sur le Tévintide. Mais enfin... De là à le traiter de gros con.... L'insulte manquait cruellement de finesse.

Foutue pour foutue, Staska avait finalement accepté de suivre Servis jusqu'à Dénérim, plutôt que de leur faire immédiatement rebrousser chemin. Plus d'une fois, le mage faillit se trahir, expliquer une fois pour toutes qu'il avait volontairement changé leur itinéraire. Il ne supportait plus les regards sombres de Staska, son refus glaçant de discuter et ses sifflements à chaque fois qu'il s'approchait d'elle. L'idée même que la Chasind puisse le prendre pour un attardé ne sachant lire correctement une carte lui glaçait le sang. Pourquoi l'avis de la jeune femme à son sujet lui tenait tant à cœur ? Il n'aurait su le dire.

Staska ne se radoucit que lorsque l'air se chargea d'embruns marins. Ils approchaient de Denerim, et de l'océan Nocen. Servis avait alors profité de cette accalmie pour offrir à la jeune chasind la dague sacrificielle qu'il portait dissimulé dans son dos. Il avait remarqué à plusieurs occasions les gestes esquissés par Staska en direction de sa ceinture. Il était évident que la perte de son couteau rituel lui pesait lourdement. Lui faire don de sa propre lame était le moins qu'il puisse faire pour se faire pardonner.

Assis dans une charrette à foin, dans un silence d'outre-tombe, Servis et Staska arrivèrent enfin devant les portes de la ville de Dénérim. Le mage s'extirpa du ventre de la charrette en premier et proposa son aide à Staska, sans grands espoirs qu'elle ne l'accepte. Du foin s'était piqué dans ses boucles rousses et épaisses. Son nez était quelque peu rougi par le soleil.
Mondainement, Servis s'adressa au paysan conduisant les deux lourds chevaux de traits tirants la charrettes :
“Vous continuez vers la place du marché?„
“Exactement. Et vous même ?„
“Un ami nous attends. Merci beaucoup en tout cas, et bonne journée.„

La charrette disparue, passant devant les gardes. Servis se retourna en direction de Staska. Il tenta de lui sourire une nouvelle fois, de regagner petit à petit sa confiance.
“Bien, quitte à être venu jusqu'ici, laisse moi au moins te payer un bon repas, tu veux bien?„



Mar 16 Juin 2020 - 13:28

Anonymous
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Le Chemin des Paradoxes est le Chemin du Vrai


Intérieurement, Staska fulminait. Envers Servis, certes, mais tout autant envers elle-même. Comment, pourquoi, par quel diantre moyen avait-elle pu laisser passer ça ?! Elle était beaucoup plus attentive que cela habituellement, elle se montrait méfiante, parfois jusqu’à l’excès. C’était le mieux qu’elle pouvait faire dans son milieu, combien de fois avait-on voulu profiter de sa faiblesse, son “innocence de sauvage” ? Elle avait bien finit par comprendre, en deux ans, à quel point les hommes des villes n’avaient pas d’honneur. Pas plus que n’importe qui d’ailleurs, humain, elfe, nain… Tout était pareil dans ces lieux de pierre, où la nature n’était seulement que dominée. On mentait, trichait, tant que c’était pour son intérêt. Alors elle avait finit par s’adapter, apprendre la dissimulation pour plus facilement dominer, et surtout, ne jamais faire confiance… Jusqu’à Servis.

Qu’est-ce qui avait pu la faire changer d’avis avec lui ? Pourquoi avait-elle rendu les armes aussi vite ? Elle n’en savait rien, tout comme pourquoi elle continuait à l’accompagner jusqu’à Denerim. Elle avait remué ça un bon moment dans sa tête, tot en broyant du noir, installée dans le mutisme. Au final, elle en était arrivée à une simple conclusion : il était mage, bien loin de toute cette marmaille inculte qui poussait des hurlements de terreur et n’avaient but que d’enchainer les êtres de leur espèce. Il venait d’un lieu où on usait de magie, jusqu’à créer des colosses de métal animés pour garder les villes. Il était comme elle, libre, et sûr de cette liberté acquise. Lui, pouvait la comprendre, et surtout il voulait la comprendre… Alors pourquoi une telle erreur ?!

C’en était à se demander s’il n’avait pas fait exprès… De l’autre elle ne voulait pas l’entendre, ça, non. Surtout à la manière dont il se montrait penaud, essayait de se faire pardonner… Et pourquoi l’aurait-il fait exprès ? De l’autre… Il était un voyageur, comme elle, comment avait-il pu se tromper ?!

Toute à ses réflexions, elle tiqua presque trop tard quand elle vu l’horizon se charger d’une autre couleur, une couleur oscillant entre le vert et le bleu, brillant de reflets solaires tout animés. L’océan… C’était l’océan. Elle ne l’avait jamais vu auparavant, seulement le grand lac à l’ouest de Ferelden. Mais c’était très différent. L’air avait une autre odeur, indescriptible, et le vent semblait le charger avec davantage de force. Même les oiseaux avaient un autre cri, alors qu’elle les voyaient sillonner le ciel, dans toute la pureté de leur plumage de craie. Oui, rien n’était pareil à tout ce qu’elle avait pu voir. Elle se demandait alors quels dieux avaient bien pu créer cette beauté là, quelle divinité régnait sur ce royaume si différent des toundras et marais de son enfance. Une force puissante, certainement, elle le sentait dans ses tripes, ses poumons qui se gonflaient de cette odeur à nulle autre pareille…

Elle sentit alors autre chose, un mouvement de Servis qui se rapprochait d’elle, à petits pas chaotiques au milieu des soubresauts de la charrette qui les menait vers la ville, seule véritable ombre au tableau idyllique de la côte. Le tevintide esquissa quelques mots, elle ne répondit pas, jusqu’à ce qu’il ne lui tende un couteau. Elle l’avait vu le brandir, celui là, pour répandre son propre sang, dans le sanctuaire. Il avait remarqué ses gestes alors… Elle murmura un bref “Merci…” avant de chiper l’arme d’un geste rapide, la plaçant à la ceinture. C’était loin de l’arme si particulière qu’elle avait récupérée sur le cadavre de Grazyna, laquelle était irremplaçable, mais… Elle appréciait le geste, à défaut de le montrer.

Les murailles de la ville se rapprochèrent bientôt, jetant comme une ombre sur eux. Il y avait pas mal de passage, tant de chariots comme eux que de cavaliers ou voyageurs à pieds, lesquels empruntaient l’entrée faite de lourdes portes en bois. Dès que leur véhicule se stoppa, le tévintide fut le premier à mettre pied à terre, suivit par la chasind, qui refusa son aide, s’extirpant d’elle même. Ses jambes étaient encore un peu engourdis par le voyage, elle se résolu aussi à les agiter, son regard s’orientant vers l’intérieur des murailles, curieuse malgré elle. Elle percevait l’incroyable agitation qui les attendait et grinçait des dents d’avance. Il y avait bien une raison pour laquelle elle évitait les grandes villes, préférant les fermes isolées et les villages : le bruit. Elle qui avait l’habitude des méditations, rituels silencieux et le calme sous le couvert des arbres… Quelle plaie…

Servis revint vers elle peu après, adoptant un sourire face à sa mine renfrognée. Pour autant, il trouva le bon mot, celui qui capta son attention : “repas”. Elle aurait pu tout aussi bien refuser net, faire sa mauvaise tête, mais son estomac produisit un bruit caractéristique à cette parole, la prenant de cours. Elle eu un bref grognement en sa langue, quelque chose qui aurait pu se traduire par “Traitre d’organe bedonnant”, mais qu’elle était bien la seule à pouvoir comprendre. Après un temps, elle finit par accepter, ses longues jambes à la démarche vive et agile la portant vers les portes de la cité.

Comme un instinct venant lui piquer l’échine, elle sentit un regard, celui d’un garde dont les yeux insistaient sur ses breloques et le sceptre orné passé à la ceinture. Va savoir s’il pouvait seulement comprendre ce que ça pouvait être, s’il devinait ce qu’était la fille perchées sur ses grandes gigues, mais la rousse ne voulu pas lui laisser seulement le temps d’être juge. Elle fit volte face, ses grands yeux pétants d’un bleu orageux, ouvrant la bouche, prête à laisser éclater son courroux d’un sec “Qu’est-ce qu’tu regardes ?!”. Elle n’en fit rien, ou commença seulement. Va savoir ce qui l’avait arrêtée, Servis qui l’avait tirée, ou la foule qui l’avait entrainée, mais elle se retrouvait bientôt éloignée de plusieurs pas de la menace.

Denerim se retrouvait bientôt à devenir aussi tumultueux que l’océan qu’il bordait, sa foule venant noyer son corps comme son esprit soudainement emporté par le fourmillement, à s’en rendre malade. Ca gueulait, ça jacquetait, des badauds qui trainent, des marchands qui hèlent, des enfants qui courent, des animaux en cage qui couinent, caquètent, meuglent, ou autre cris indescriptibles… Sans parler du bruit de ce qui ne vivait pas, les chariots qui grincent, les hachoirs qui s’abattent, le linge qu’on frappe, les seau qu’on remplit ou qu’on verse… La nausée lui montait de voir tout ce remue ménage de couleurs, de mouvement, de bruits… Sans ménagement, bousculée par la foule, elle attrapait le col de Servis pour le tirer vers un mur contre lequel elle s’écrasait en feulant, un bras venant protéger son visage. Elle se laissait un temps pour reprendre son souffle, ou plutôt évacuer la sensation de malaise extrême qu’était la compacte forme que créait la rue encombrée. A côté d’eux, une commerçante bienheureuse de voir ce duo s’écarter pour la rejoindre, leur dévoilait son étal de poissons d’un bras généreux.
“Anguilles, anguilles ! J’ai de superbes anguilles, fraîches, tout juste sorties de l’eau !.„

La poissonnière brandissait ainsi fièrement une de ces fameuses bêtes, luisantes et ruisselante encore du bac d’eau où elle était encore plongée pour la garder au frais, quand bien même la dite anguille semblait décidée à lui glisser inexorablement entre les doigts. Il y eu bien un temps où la femme voulu insister, flairant la bonne poire en la personne de l’avenant Servis, agitant sa bête devant son nez en lui clamant haut et fort “Vous verrez, c’est délicieux l’anguille, bon pour de grands garçons comme vous !”, mais Staska finit par réemerger, tirant la manche du tévintide.  
“ Mène moi à ton lieu de repas. Loin de ces gens. „

Elle avait parlé plutôt doucement, mais les intonations sonnaient comme un ordre, alors qu’elle se faufilait derrière l’étal, le tirant avec elle en empoignant son poignet. Dès que proche d’une ruelle menant à quelques rues adjacentes, loin de la folie de cette grande avenue, elle le laissait alors tranquille, prête vraisemblablement à le suivre à son tour.

Sam 20 Juin 2020 - 11:38

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Si le grognement que produit Staska en réponse à son offre, à moins qu'il ne s'agisse en réalité de paroles dans sa langue d'origine, ne semblait pas engageant elle partit néanmoins en direction de la ville à grandes enjambées volontaires. Servis n'eut aucun mal à rattraper la Chasind : lui aussi possédait de longues jambes, et après ce voyage en charrette, les agiter lui faisait un bien fou. Néanmoins, les traits du Tévintide se brouillèrent à l'approche des portes de la ville. De ses gardes qui filtraient les entrées. Son bâton de mage, bien visible dans son dos, était difficilement dissimulable. Il en allait de même pour l'attitude renfrognée de la Chasind. Après ses récents déboires à Val Royeaux, Servis ne pouvait retenir sa méfiance, d'autant plus qu'il ne connaissait finalement qu'assez peu les réactions possibles de sa compagne de voyage. Le poing serré, il adressa un signe de tête aux gardes en passant devant eux. Ils ne l’arrêtèrent pas.

Un instinct lui fit passer le bras autour de la taille de Staska, la poussant discrètement vers l'avant, avant de finalement la relâcher une fois les gardes passés. Mêlés à une foule étonnamment dense, Staska et Servis avancèrent dans les rues de Dénérim. La ville, bien que d'un style architectural diamétralement opposé à celui de Minrathie, dévoilait avec elle de nombreux points communs qui troublèrent un instant le mage, l'émouvant presque. Était-ce toute cette agitation de foule ? L'air chargé d'embruns marins ? Ou encore ces bâtiments en ruine, marqués par la dernière guerre de l'Enclin, qui faisaient écho aux constructions Tévintides anciennes, maintenues en un seul morceau par magie. La gorge serrée, Servis s'avança, prêtant distraitement attention aux crieurs de rues tentant de vendre leurs marchandises aux premiers passants venus.

Il repéra un cochard en cage et, intrigué par le joli nœud de soie qui lui décorait le cou, il tenta de naviguer dans la foule pour s'en approcher. Mais avant qu'il n'ait pu esquisser plus de trois pas en direction de cet objectif, les longs doigts agiles de Staska s'étaient saisis de son col, qu'elle tirait à présent dans la direction opposée avec une force surprenante. Déconcerté, le mage se laissa traîner jusqu'à ce que l'ombre du mur le plus proche finisse par l'engloutir complètement. Son dos contre les briques poussiéreuses, il massa un instant sa gorge légèrement endolorie tout en observant la Chasind. Sa maigre poitrine se soulevait et s'abaissait avec une cadence trop soutenue, trahissant un début de panique. Le visage caché derrière un de ses bras, elle fêlait comme un chat agressif. *Trop de monde.* Pensa sereinement Servis, tout plaçant son corps en barrière, entre la rue agitée et une Staska encore secouée. Une forte odeur de marée émergea sur sa droite, alors qu'une marchande fière lui présenta un long poisson visqueux, à l’œil encore vif.
“Anguilles, anguilles ! J’ai de superbes anguilles, fraîches, tout juste sorties de l’eau !„
“Elles sont effectivement bien fraîches.„

Répondit poliment le mage dans un sourire avenant, avant de réaliser son erreur : la marchande lui brandit l'anguille sous le nez, aggravant d'autant plus cette déplaisante odeur si particulière.
“Je suis désolé, mais je les préfère préparées.„

Affirma-t-il tout en abaissant doucement le bras de la commerçante, alors qu'elle continuait d'insister. Cela n'avait rien de surprenant : les techniques commerciales des marchands ambulants, surtout ceux placés dans les coins les plus fréquentés où la concurrence se faisait rude, étaient toujours les mêmes. Il fallait acheter leur produit ou presser le pas si l'on voulait avoir la paix. Mais en l'occurrence, Servis ne souhaité pas s'encombrer d'une anguille dont il n'aurait que faire, et abandonner Staska à son sort n'était pas une option, pas après qu'il l'ait ainsi détourné volontairement de son but.

Il sentit sa main se diriger en direction de son bâton lorsqu'elle le traita de "garçon". Peut-être qu'une simple menace suffirait pour l'éloigner, ainsi qu'à ameuter les gardes. Alors que sa main avait parcouru la moitié de la distance la séparant de son bâton, les doigts de Staska se saisirent de sa manche, attirant son attention. Elle pouvait de nouveau bouger, au grand soulagement de Servis : la fuite était de nouveau envisageable. Ils s'éloignèrent rapidement, toujours en longeant le mur, Servis marchant légèrement en biais, protégeant Staska discrètement des nombreux mouvements de foule. Il avait passé un bras doucement sous celui de la Chasind, cherchant à la rassurer, à lui offrir une certaine sécurité tant qu'elle en ressentirait le besoin. Pour autant, ce contact ne lui était pas désagréable, loin de là. Une nouvelle fois, il s'en étonna, cherchant des réponses sur les traits encore brouillés du visage de la jeune Staska.

Ils progressèrent rapidement, cherchant à s'extirper des quartiers les plus animés. Il restait suffisamment de pièces au Tévintide pour ne pas l'inquiéter quant aux prix pratiqués par l'établissement dans lequel ils s'arrêteraient finalement. Servis cherchait un établissement calme et discret, et ils finirent par le trouver dans une petite rue un brin sombre, jouxtant le palais de Dénérim. Le mage lâcha finalement le bras de la Chasind, l'abandonnant un moment alors qu'il pénétrait seul dans la minuscule auberge décorée avec goût et sans aucune prétention. Il attendit qu'un serviteur vienne se présenter devant lui.
“Bonjour, nous souhaiterions manger, si celà vous est possible. Une table pour deux ? Celle-là par exemple me semble idéale !„

Il désigna le coin le plus sombre de la pièce, un petit renfoncement loin des fenêtres qui ne devait pas souvent être convoité par le moindre client. Le serviteur haussa un sourcil, mais finit par accepter, rassuré par la seconde demande du Tévintide :
“Apportez-nous un peu de tout ce que vous avez, ainsi que deux choppes de bières fraîche.„

Il glissa dans la main du serveur une première pièce d'or, un avant-goût du trésor dissimulé dans les poches ce client si particulier. Dans bien des villes afficher ainsi sa richesse n'était jamais une bonne idée. On se faisait facilement suivre, dépouiller voir tué dans la première ruelle sombre venue. Mais Servis avait suffisamment confiance en son bâton de mage bien visible, ainsi qu'en sa stature imposante, qu'il pensait suffisante pour dissuader ce type d'initiative. Il sortit alors chercher Staska, l'invitant à le suivre et l'installant dans leur petit cocon protecteur. Ils attendirent ensuite en silence que leurs plats leur soient servis. Un léger temps d'attente, que le mage occupa en détaillant une nouvelle fois la Chasind à la dérobée, tentant de décrypter ce léger pincement qu'il commençait à percevoir dans son ventre.

Dim 19 Juil 2020 - 11:33

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Le Chemin des Paradoxes est le Chemin du Vrai


Autour de Staska, le monde semblait toujours vouloir tourner. Trop vite à son goût. L’avalanche d’informations que devaient gérer ses sens était trop importante pour elle. Le bruit, le mouvement… Elle avait bien trop l’habitude du silence, de la solitude, des grands espaces, pour apprécier cette marée humaine qui essayait de la faire étouffer. Au moins avait-elle un radeau auquel s’accrocher.

Elle n’aimait pas habituellement qu’on la touche, elle l’avait montré plus d’une fois à Servis. Le mage s’était incliné face à cette volonté qui était la sienne, et n’avait plus tenté quoi que cela soit depuis. Mais pour cette fois, ce moment, elle l’acceptait. Le contact lui permettait de garder comme un pied dans cette réalité trop complexe à appréhender, activer son corps, lui offrir un guide. Elle marchait d’un bon pas pressé, et sa masse longue lui offrait une protection contre la vue nauséeuse des vifs mouvements de la foule. Le bruit était toujours présent, mais lui semblait moins lourd à supporter.

Les rues et ruelles défilèrent, ainsi que les étals. Au fur et à mesure de l’avancée, le brouhaha s’estompait, le passage se fit plus rare, et les lieux vinrent s’assombrir alors que les étages des demeures venaient empiéter au dessus de l’espace public. Les personnes qui se pressaient là n’étaient plus que des riverains rentrant ou allant au marché, si ce n’était des enfants joueurs regroupés contre un mur, à lancer quelques dés. Staska respirait un peu mieux dans cette atmosphère. Quand bien même le ciel n’était que peu discernable, elle pouvait voir plus loin se distinguer la lumière de places plus encombrées et colorées, ainsi que le passage de chevaux magnifiquement apprêtés. Elle supposait qu’il s’agissait de ces dirigeants des villes, les nobles.

Servis s’arrêta devant ce qui semblait être une auberge, à peine discernable au milieu des maisons en rangs serrés, si ce n’était par un écriteau en fonte dont la forme de lit était sans équivoque. Staska n’était guère spécialiste, mais d’apparence, le lieu n’avait rien de malfamé, on avait même disposé des grands bacs à l’avant, visiblement pour y cultiver quelques légumes. Le manque de lumière ne devait pas rendre la tâche bien simple, mais elle présumait pour autant que c’était possible, du fait des quelques pousses qui avaient émergé hors de terre.

Le tévintide vint en premier pousser la porte de l’établissement, laissant la jeune femme dans la rue, l’espace de quelques instants. Elle présumait que c’était pour demander s’il y avait de la place pour eux, ce dont elle ne doutait guère, malgré la proximité de beaux quartiers qui auraient pu peut-être attirer du monde. Enfin, tout n’était que supposition, elle ne s’y connaissait pour ainsi dire aucunement. C’était bien la première fois qu’elle arrivait en des lieux aussi immenses et peuplés. Elle ne se sentait aucunement à son aise, se faisant l’effet d’un renard placé au milieu d’une meute de chiens. Des chiens tous bien brossés, au poil blanc et lustré, attendant sagement les restes apportés par leur maitre.

Erk…

Tout à ses réflexions, moue bien en avant, bras croisés, ses cheveux rebelles balayés par une légère brise qui s’infiltrait entre les demeures, elle sentit qu’après coup un mouvement venant tirer un des pans de sa tunique. Elle eu un sursaut qui la propulsa vivement vers l’arrière, non sans une exclamation, ses mains aux longs doigts fins se projetant vers l’avant, prête à lancer elle ne savait trop quoi pour sa survie. Elle n’en fit finalement rien, prise de nouveau de court, mais cette fois par une voix cristalline :
“Wah, j’vais dis, c’t’une salt’banque !.„

Devant ses yeux médusés, les mômes qui étaient à l’instant même près du mur à jouer, vinrent l’entourer avec un ravissement tout entier, frappant dans leurs mains.
“Fais un tour, fais un tour !.„

La chasind se sentit soudainement dépassée par la situation, ne comprenant pas ce qu’il venait d’advenir. Elle posa une main sur son oreille, ses dents crissant un peu avec le bruit environnant., un sifflement s’échappant entre ses lèvres. Elle eu un mouvement de recul, se mouvant vers l’auberge en position de replis, se collant contre un mur. Les gamins cessèrent de scander, leurs cris se muant en protestations, lesquels ne firent que bouillir davantage le sang de Staska.

Pendant un instant, son esprit le plus mauvais se voyait étrangler leurs geignements dans leur gorge d’un mouvement de main, mais elle fut vite rattrapée par des pensées plus lumineuses, qui lui présentèrent avec raison un fait claire et simple : quoi qu’ils puissent dire, faire, comprendre, exprimer… Ils étaient des enfants, plongés dans cet état de grâce de l’innocence et de l’incompréhension, tant que la violente nature de l’existence ne venaient pas les perturber. Ils n’étaient pas conscients de ce qu’ils faisaient, aussi, elle devait se montrer calme et patiente. Comme Grazyna l’aurait fait certainement, même si un bon coup de baton dans les genoux de temps en temps, c’était toujours bon pour dresser le cuir des marmots.

Voyant que leur nouvelle attraction n’était pas décidée à en être une, les enfants finirent vite par se disperser, cherchant une nouvelle cible pour leurs singeries. Servis finit par ouvrir à nouveau la porte, invitant sa compagne de voyage à le suivre à l’intérieur. Le lieu sentait la vie, une vie propre et rangée, mais la vie tout de même. Avec des fleurs, de la cuisine, des bruits de pas qui faisaient grincer le parquet,  des vêtements placés à sécher sur les cordes à linge, et des discussions légères, loin du vacarme au dehors. Elle se sentit un peu mieux, d’autant plus quand ils se placèrent à une table à l’écart, adoptant un complet silence. Le temps s’écoulant, son oreille fine perçue le tapotement régulier de l’eau contre les tuiles. La pluie s’était mise à tomber au dehors.
 
“ Merci. „

Ce fut le premier mot qui troubla le silence, soufflé par Staska qui gardait la tête baissée vers ses mains accrochées à la table. Elle laissait encore un temps de silence, comme pour réfléchir à ce qu’elle pourrait dire ensuite, puis reprit la parole :
 
“ Tu avais quelqu’un à voir… Ici ? Quelque chose à faire ? „

Le tenancier les interrompit un instant, présentant deux chopes mousseuses. La jeune femme s’employait à venir tremper les lèvres dans le mélange, puis laissa retomber sa chope.
 
“ Je vais chercher un travail ici, je pense… Puis je retournerai vers l’ouest.„

Sa conversation était décousue, mais les mots avaient du mal à lui venir. Plus le temps avançait, plus leurs rapports devenaient, elle le trouvait, étranges. Elle n’arrivait pas à l’expliquer, même si elle avait des débuts de réponses, mais au milieu des choses déplaisantes, de leurs échanges qui lui semblaient tantôt sincères et véritables, tantôt tatonnements masqués, il y avait comme un pincement, un chuchotement qui laissait son instinct en alerte, et lui disait : “Reste assise et écoute.”

Mar 21 Juil 2020 - 17:55

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Le chemin du paradoxe est le chemin du vrai.

Dehors, une fine averse devait avoir éclatée. Un léger tapotement se laissait percevoir en direction des vitres : de petites gouttelettes certainement. Rien de fâcheux, puisqu'ils se trouvaient à présent à l'abri. Sous ses peintures légèrement effacées par la route, la Chasind semblait quelque peu pâle et toujours perturbée par les bruits provoqués par l'activité régnant dans la petite auberge. Des bruits que Servis trouvait rassurant : le murmure étouffé de la rue, le bourdonnement des cuisines, les souffles délicats des conversations intimes et le bruissement des pas invisibles. Le monde, autour d'eux, continuait sa course effrénée, le temps s'égrainait à toute vitesse, et ces bruits ambiants en étaient la preuve indiscutable. Sans ces bruits, comment alors être assurés de la bonne marche du temps ? Servis avait toujours trouvé le silence oppressant.

Face à face, c'était d'ailleurs dans le silence le plus total que le mage et sa compagne de voyage s'observaient mutuellement. Loin d'être un silence confortable, témoin d'une belle intimité entre deux individus, ce silence semblait forcé, gêné. Servis se racla la gorge, bien décidé à noyer ce silence sous une avalanche de commentaires. Sa langue trouverait bien de quoi meubler : des commentaires sur la décoration du lieu ? De la pluie au-dehors ? Sur l'ambiance qu'il trouvait déjà si particulière à Dénérim ? Il n'eut le temps de rien, devancé par Staska.
“ Merci.„

Légèrement surpris par cette prise de parole, Servis se recula sur sa chaise. Il remarqua alors les mains de Staska, accrochées au rebord de la table comme si elle craignait de couler à travers le sol. Il ne l'aurait jamais imaginé si mal à l'aise au milieu d'une ville, elle qui débordait d'assurance au milieu de l'agitation sauvage des terres de Korcari. Il sourit, se voulant rassurant :
“Il n'y a pas de quoi. Après tout c'est de ma faute si tu te retrouves ici.„

La rousse ne rebondit pas sur ces mots. Les avait-elle au moins entendu ? Servis ne pouvait en être certain. S'était-il produit quelque chose, alors qu'il l'avait laissé seule devant l'auberge ? Elle lui semblait à présent encore plus pâle que lors de leur traversée des rues commerçantes. Les mains toujours agrippées aux rebords de la table, au point de s'en blanchir les jointures, Staska laissa de nouveau un silence gêné les entourer de ses bras lourds. Ses yeux s'agitaient, preuve qu'elle réfléchissait activement. Alors Servis lui laissa le temps, accommodant de cette absence de sons. N'importe quelle parole lui aurait suffi. un grognement même. Il devait même s'avouer assez attaché à cette manière si particulière qu'avait Staska de s'exprimer. Tout en regard noir, en haussements d'épaules et en feulements.
De véritables phrases franchirent ensuite la barrière de ses lèvres. Décousues et hésitantes, mais complètes.
“Tu avais quelqu’un à voir… Ici ? Quelque chose à faire ? „

Avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, le tenancier s’immisça entre eux, déposant sur leur table deux larges choppes de bières. Après un bref signe de tête en signe de remerciement, le mage imita Staska, se saisissant également de sa chope pour la porter à ses lèvres. Le liquide était tout juste tiédi, juste assez pour ne permettre aucune réclamation l'accusant d'être chaude. Après une courte gorgée, Servis reposa sa bière. Il n'avait jamais apprécié ce breuvage, trop amère à son goût. Généralement, il était plus amateur d'alcools forts, mais toujours fruité. Et s'il fallait le préciser, de bons vins. En Tévinter, le vin coulait plus facilement que l'eau, égalant presque le sang sur ce point. Soucieux d'éduquer son palais à ce goût si ingrat, Servis prit une nouvelle gorgée alors que Staska parla de nouveau. Cette fois, il faillit s'étouffer, avalant de travers sa nouvelle gorgée.
“Te trouver du travail ? Ici ?! Mais, que fais-tu de la faille et des démons ?! „

Servis se maudit instantanément, mordant sa lèvre épaisse. Ses mots avaient précédé sa pensée, sinon il aurait préféré les retenir. Quel était l'intérêt de rappeler à sa compagne d'infortune ce triste événement après l'avoir volontairement détournée de son but initial ? Il secoua la tête : le mal était fait, alors à quoi bon retenir sa langue et ses mots ?
Il fronça les sourcils, se concentrant sur le nœud qu'il sentait grandir encore et toujours en son ventre. S'il était causé par la faim, son calvaire était bientôt terminé : leurs plats n'allaient pas tarder à arriver. Mains il se devait d'être réaliste. Ce nœud n'était pas de la faim, mais bien de la culpabilité. Un sentiment assez nouveau pour celui qui avait maintes fois trompé, mentit et floués, jusqu'à ses amis les plus proches, sans jamais s'en relever la nuit. Il but encore, ne sentant déjà plus l'amertume de sa boisson : qu'était-elle par rapport à cette culpabilité qui le tiraillait à présent ?
* Mon bon Crassius, tu deviens faible. *
Du coin de l’œil, il aperçut le tenancier sortir des cuisines, plusieurs assiettes adroitement empilées sur ses bras. À sa suite, un second employé, chargé de la même façon. Ils s'approchèrent de leur table, et commencèrent à la tapisser de nombreux mets. Les plats n'étaient pas entièrement remplis, mais la variété des mets restait satisfaisante. Devant cette avalanche de nourriture, Servis ne peut retenir un rire sonore :
Je commence à me dire que j'en ai trop fait ! C'est tout moi ça.

Il se saisit d'une fourchette et piocha dans l’assiette immédiatement à sa droite, un plat lui étant inconnu, mais incontestablement Féreldien ! Tout en le portant à sa bouche, Servis ne quitta pas Staska des yeux, veillant à ce qu'elle aussi commence à attaquer ces plats. Elle avait bien besoin de manger, elle qui était toute mince.Servis mastiqua un moment une viande qu'il ne parvint pas immédiatement à identifier. Pourtant, son goût lui était étrangement familier.
*De la grenouille !*


Ven 24 Juil 2020 - 22:28

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Le Chemin des Paradoxes est le Chemin du Vrai


La pluie avait toujours eu quelque chose d’apaisant pour Staska. Elle avait tant souvenir de soirées au coin du feu de la chaumière de Grazyna, et du son de la pluie qui tapotait l’eau des mares et toits en bois. Il y avait aussi les odeurs du feu, de la cuisine, les pas qui grincent, les grenouilles et crapauds chantant dans les marais… Il ne manquait que peu de choses pour lui rappeler tout ça, en ce lieu, qui ne faisait, encore et toujours, que lui laisser l’amertume d’un souvenir chéri, désormais mort et enterré, en ce lieu loin de tout… Enfin, loin de tout ce qui pour elle, était son tout.

A croire qu’il fallait toujours peu pour qu’elle devienne rabat-joie… Ou peut-être que cela fut les mots de Crassius qui vinrent ternir ce qui était auparavant une agréable pause, lui rappelant tout d’abord le pourquoi de sa venue en cette auberge. Pour autant, elle ne pipa mot, même si, derrière le voile de ses boucles rousses, son regard bleu s’était assombrit. Malgré la présence du couteau que lui avait donné le tévène, il lui manquait toujours ce poids familier à tête de corbeau, preuve de ce qu’il lui restait à faire en sa terre. Terre qu’elle abandonnait en se trouvant là…

Pour autant, si les dieux l’avaient mené en ces lieux, il devait y avoir une raison, il y avait forcément une raison.

S’il y avait bien quelque chose que Grazyna lui avait enseigné, c’était de croire dans les signes que les esprits et les divinités laissaient autour d’elle. Ils étaient là, dans le moindre bruissement de l’air, la moindre parole, le moindre acte. Son rôle consistait à les saisir à la volée et venir les décrypter, pour ensuite en transmettre le sens, la sagesse, aux hommes. Une direction à prendre pour la chasse, un évènement important à venir, une naissance miraculeuse… Elle-même avait été perçue comme un signe divin quand on l’avait trouvé, toute jeune et braillarde. Ses dons pour la magie, il n’y avait pas de hasard. Les dieux l’avaient posée là pour être l’apprentie de Grazyna. Ils l’avaient posée là pour que les demeures de bois de son enfance partent en flammes, et pour qu’elle finisse ici, en face de ce mage de Minrathie. Son maigre sac contenant le baluchon de Grazyna et son inconnu contenu lui paraissait soudainement bien plus lourd de cette impénétrable destinée. Elle joua des jambes pour qu’il vienne se placer entre celles-ci, comme pour le protéger.

Alors qu’ils buvaient et parlaient, elle vit Servis sursauter à une de ses répliques, jusqu’à tousser. Elle eu un froncement de sourcils, mais ne pu lui octroyer aucune parole réconfortante. Les mots que le tévène prononça suffirent pour lui faire voir rouge.
 
“ Tu ne manques pas d’air, de m’avoir trainé ici, et d’oser me dire ça ! „

Si certains décrivent la colère à la manière d’un incontrôlable feu, Staska tenait davantage de l’orage. Comme un éclair qui sans crier gare, jaillit du ciel pour fendre la terre, la jeune femme s’était levée fougueusement, ses yeux illuminés de rage, renversant sa chaise dans le mouvement, ses mains se plaquant contre la table avec une force peu commune. Totalement hermétique aux regards soudains qui pouvaient se braquer sur elle, la chasind continua ses dires, son visage s’avançant comme un fauve vers Servis, ses traits ne décrivant que l’assurance d’une juste émotion.
 
“ Tu ne manques pas d’air, de m’empêcher d’accomplir mon devoir, par ta stupidité, ta maladresse, ou, j’ose espérer que ce n’est pas le cas, par un dessein vil de ta part ! J’aurais pu partir en arrière, te laisser aller à Denerim, mais j’ai décidé de faire de ce maudit contre temps, quelque chose de profitable, au lieu de me lamenter sur mon sort ! Ose alors encore me dire quoi que cela soit sur cette décision, si tu souhaites ne plus profiter de ma présence ! Je t’en prie, fais !  „

Elle relâcha alors la pression sur la table, la pointe de son nez ayant manqué de toucher celui de Servis. L’exercice avait dangereusement manqué de renverser sa propre chope de bière, mais l’ayant à peine bu, celle-ci n’avait que raclé le bois. La jeune femme se recula, pliant souplement les genoux pour récupérer d’un bras tendu vers l’arrière, sa chaise qu’elle replaça pour ensuite s’y assoir. Elle reprit alors, prenant un ton sec, mais bien plus apaisé qu’à l’instant même, comme si les nuages noirs s’écartaient pour laisser quelques timides rayons solaires.
 
“ « Ce sera bref. Je ne travaille jamais longtemps en général, je rends juste un service ou deux, puis je m’envole. Tu n’auras plus à supporter ma présence et je pourrai faire ce que j’ai à faire.  „

Elle ponctua sa phrase d’un léger sifflement, qui semblait se muer en soupir alors qu’elle replaçait ses cheveux roux vers l’arrière, sa tête suivant le mouvement. Les yeux levés vers le ciel, elle ne perçu pas de suite le ballet des plats qui s’en venaient, et ne fut que mise devant le fait accompli, lequel la fit tiquer. Incrédule, elle découvrit devant elle une profusion comme elle n’en avait jamais vu auparavant, l’équivalent d’un banquet de fête, ou plutôt, de deux banquets de fête chez les siens.
 
“ Par les dieux... „

La réplique de son comparse acheva ses réflexions, la laissant un moment pantoise, alors que lui laissait éclater un rire sonore qui écarta la tension précédente. La jeune femme reposa les mains sur la table, ses yeux allant entre chaque plat. Elle avait certes faim, et la gourmandise était assurément un trait de son caractère, mais une partie d’elle-même était un peu écœurée par l’amas de nourriture que constituait cette tablée.
 
“ Rassure moi, Crassius, il n’y a pas que nous qui allons manger tout ça.. ? Tu as invité un ou deux compagnons… ? Voir trois ? „

Elle eu une grimace, avant, de mauvaise grâce, venir piocher un peu de ce qui semblait être un plat de ragoût et une ou deux cuisses de grenouilles. Le reste… Il y avait des choses exotiques disons. Elle ne savait ce qu’étaient ces choses rosatres et longues qui étaient présentées, ainsi que d’autres choses du même rose, mais de différentes formes. Elle présumait qu’il s’agissait de petits animaux de la région. Il y avait aussi du poisson, des viandes… Dieux, vraiment beaucoup trop de choses…
 
“ Et tu dois faire quelque chose ici ? Tu ne m’as toujours pas répondu…  „


Dim 26 Juil 2020 - 22:38

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En portant une nouvelle fourchette à ses lèvres, Servis sentit enfin son cœur reprendre son rythme naturel, et cette étrange sueur froide sécher entre ses omoplates. La colère de Staska semblait être retombée rapidement, peut-être grâce à la plaisanterie qu'il s'était forcé à lancer ou à l'apparition des trop nombreux plats. Il osa enfin regarder de nouveau en direction de la chasind, un geste qu'il s'était pudiquement interdit tout au long de sa colère, et des répercussions que cette dernière avait eu sur lui. Staska paraissait si calme à présent, loin d'être heureuse, certes, mais calme. Une étrange bouffée de chaleur le submergea en l'observant, alors il baissa de nouveau les yeux et se concentra sur les divers plats dressés devant lui, remuant artificiellement leurs composants de sa fourchette. Il n'osait pourtant plus manger.

L'espace d'un instant, alors que Staska s'était presque jeté sur lui, alors que leurs visages menaçaient de se toucher au moindre geste involontaire, et alors qu'elle déversait sur lui toute sa colère et son ressentiment, Servis s'était étrangement senti... fiévreux. Staska était pourtant loin d'être la première femme à diriger contre lui une telle rage. Son amie Galla avait même développé un certain gout pour cet exercice, même si dans son cas ses mots n'étaient qu'apparats. Un simple jeu entre eux, uniquement destiné à ... *Oh* pensa alors Servis, comprenant finalement d'où lui provenait cet étrange mélange de sensations. Décidément, il n'avait plus connu de femmes depuis trop longtemps, si son corps finissait par méprendre à ce point des signaux pourtant limpides. Il lui faudrait penser à remédier à ce problème s'il voulait, à l'avenir, garder la tête froide.

Il entendit la fourchette de Staska heurter avec une certaine véhémence le fond d'une assiette.
“Rassure-moi, Crassius, il n’y a pas que nous qui allons manger tout ça.. ? Tu as invité un ou deux compagnons… ? Voir trois ?„

Suite à cette interpellation, il osa finalement relever la tête, adoptant un sourire assez franc. Il se gratta un instant le menton, réalisant que cette problématique ne l'avait pas un instant effleuré. Tevinter restait une terre de banquet, qui ne connaissait que peu les problèmes de faim malgré son climat de guerre quasi imminente.
“Nous pouvons faire emballer ce qui est transportable. Quant au reste, nous pourrions en faire don, tu ne penses pas ? Cette ville ne doit pas manquer de miséreux.„

Satisfait de sa proposition, il s'attaqua véritablement au repas, coupant de temps en temps le tout par une désagréable gorgée de bière amère. Staska lui adressa une nouvelle question, ou plutôt se répéta. Confus, Servis se tapota un instant les lèvres avec la serviette en tissu mise à sa disposition, preuve flagrante du haut standing de cette auberge d'apparence rustique.
“Avant de venir explorer les terres sauvages, j'avais déclaré cette ville comme mon pied à terre temporaire. Je suis donc ici pour vérifier si je n'ai reçu aucun courrier urgent de la part de mes subordonnés. Je suis partis depuis si longtemps maintenant.„

Dans un sourire, Servis pensa à son second, Octavian. Il savait ses hommes placés entre les meilleures mains pendant que lui serait en déplacement. L'absence totale de convictions politiques ou religieuses de ce dernier assurait à Servis la loyauté des décisions qu'il prendrait à sa place. Ainsi, ces lettres n'étaient pas la réelle motivation qui avait conduit le mage à choisir cette cité. Il l'explicita ensuite à Staska :
“Mais si je voulais venir ici, c'est avant tout dans l'espoir de pouvoir rencontrer un très bon ami à moi, venu s'installer dans le sud. Nous avons étudié la magie ensemble, dans notre ville d'origine. C'est un mage extrêmement talentueux, d'ailleurs, s'il existait quelqu'un capable de trouver une solution contre ces maudites brèches et ces invasions de démons, je je ne serais pas surpris s'il s'agissait de lui.„

Il reposa sa fourchette et se bascula légèrement en arrière. Sa voix s'était animée au moment d'évoquer son ami Dorian. Servis l'admirait sans pour autant l'envier. Mais à présent, son visage apparaissait plus triste.
“Seulement, à ce que j'en sache, Dorian n'a jamais spécifiquement étudié les démons..„

Seule l'inquisition possédait le pouvoir de refermer les brèches, et cela grâce au reliquat d'un ancien artefact elfique, perdu par l'Ancien. Servis suspectait de plus en plus son ami de toujours d'avoir rejoint les rangs de l'inquisition. Il l'imaginait bien justifier sa prise de position politique par une quelconque volonté de laver l'image publique de son pays. Un nain se bâtant contre un moulin à vent. Une pure perte de temps. Dans l'imagerie collective, Tévinter était perdue depuis bien longtemps. Et à raison. Mais s'il y voyait juste, alors Dorian et lui se verrait opposés dans la guerre faisant rage en Thédas. Une idée qui ne lui plaisait guère. C'était en un sens pour s'en assurer qu'il avait souhaité le rencontrer.
“Je pense qu'il te plairait : il est infiniment plus philosophe que moi !„


Du coin de l'oeil, Servis observa la porte de l'auberge s'ouvrir, et un groupe d'hommes y pénétrer. S'il n'y avait point eu de bruits de fer accompagnant leur démarche, il n'y aurait certainement pas prêté la moindre attention. Pourtant le bruit des armes était facilement identifiable. il se retourna complètement, observant les quatre gardes de la ville avancer dans la salle. Ils s'adressèrent au tenancier, qui avait accouru dans leur direction :
“On nous a signalé qu'une possible saltimbanque agressive pouvait sévir dans les parages, tout va bien ici ?„

Servis leva les yeux au ciel. Décidément, il leur était impossible de manger en paix.

Sam 1 Aoû 2020 - 21:55

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La réponse de Crassius parut satisfaire Staska. En tout cas, il y avait une logique qui lui paraissait plus que valable : légitime. Là où elle vivait, si la propriété existait et que chacun pouvait construire sa cahute, non sans aide du reste du village, bien sûr, la plupart des ressources étaient mises en commun. Il aurait été absurde que quelqu’un s’accapare plus qu’il n’en aurait eu le besoin, et le gachis de nourriture aurait été un drame. Aussi, généralement, une chasse, une pêche, ou une cueillette, était accompagnée d’un grand repas, présidé généralement par le ou la chamane. A savoir Grazyna, à l’époque. Une fois le moment venu, cela aurait été son tour. Une de ses tâches parmi toutes les autres, afin de guider les siens. Encore une bizarrerie, certainement, pour les gens de Ferelden…

La chasind repoussa un peu de nourriture avec sa fourchette, semblant comme créer un motif de tourbillon au milieu de l’assiette, venant commenter ensuite la proposition de Crassius  de manière plus intelligible.
 
“ Cela me va, mais… J’aurais toujours du mal à comprendre ce qu’il y a de logique à avoir des « miséreux » pour ces gens… Ceux qui mendient et n’ont rien ne peuvent pas accomplir de travaux de la meilleure manière, et vivent dans la jalousie d’autrui…  „

Elle s’arrêta un instant dans son dessin, semblant comme pensive. Sa réflexion à haute voix n’avait certainement pas de sens, en tout cas aucun pour des gens qui vivaient avec le souci du commerce, le souci des rapports de domination. Et sans doute que Crassius pouvait le lui rappeler, lui qui connaissait tout de ce monde-là, celui des villes et de la pierre… Enfin, elle n’allait pas refaire le monde.

Reprenant ses manigances avec son plat, elle écoutait attentivement Servis lui expliquer ses projets. Le calme était bel et bien de retour entre eux, puisque la jeune femme venait s’exprimer à nouveau de manière bien plus loquace, piquée qu’elle était par la curiosité.
 
“ Subordonnés pour tes choses d’arc… D’archéologue … ? Tu as des personnes sous ta responsabilité, alors ?  „

Elle pouvait présumer que son comparse pouvait avoir une certaine autorité, mais certainement différente de celle qu’on demandait par chez elle. L’autorité, d’où elle venait, était quelque chose qui se faisait tant par les paroles que les agissements. Celui qui savait parler avec franchise, force, et savait prendre les bonnes décisions, avait naturelle autorité. Cela venait souvent avec l’âge, mais aussi le statut, puisque les chamans étaient censés détenir cette autorité. Parmi les gens des villes, visiblement, tout était surtout affaire de jeux de manipulation, d’argent, de naissance, mais aussi d’obéissance, ou comme on disait, de mérite. Tout devenait vite beaucoup plus complexe.

Elle restait de nouveau silencieuse, ne se manifestant que par de petits gestes des doigts au-dessus de son assiette, avant de venir prendre en bouche une cuillerée de ragout. Quand Servis évoqua de nouveau les brèches, elle paru bien plus attentive encore, quand bien même son comparse ne semblait savoir si l’homme évoqué pouvait les aider. Elle reposa sans douceur sa fourchette sur la table, imperméable au fait qu’elle était encore pleine de la sauce du ragout.
 
“ Il y a des gens des terres sauvages qui s’y connaissent beaucoup… Des chamans, des sorcières… Mais de ma connaissance, le voile ne s’était jamais fendu comme cela. Ce n’est pas du tout naturel, en tout cas, le voile est stable le plus souvent. Les esprits ne peuvent nous atteindre que par les songes ou la transe… Et les chamans n’attirent pas les démons dans notre monde de cette manière… De toute manière, j’ai entendu les rumeurs, la Messagère d’Andrastée peut les refermer, alors l’Inquisition est la meilleure chance. Même si ton ami est doué, sûrement.  „

Elle replaça ses cheveux vers l’arrière, et un sourire en coin, railleur, apparu brièvement à la remarque de Crassius. Avant qu’elle ne puisse commenter, elle saisit le mouvement, bien qu’un peu tard, des gardes qui entraient. Leur présence lui fit froncer les traits, et leurs morts, hérisser le poil. Le mot inconnu prononcé par les gamins était dans leur bouche, et elle comprit aisément qu’ils parlaient d’elle. Elle claqua de la langue, sa main se posant en réflexe sur le petit couteau que lui avait passé Servis.

Les hommes d’armes parlèrent à mi-voix au tenancier, puis s’avancèrent, comme elle l’escomptait, vers eux d’eux. L’un, sans doute un chef quelconque, s’avança vers les deux clients, son regard torve se posant sur la tablée pleine. Un rictus fit frissonner sa moustache.
 
“ Le maître d’établissement m’a dit que vous étiez agitée. Vous savez qu’on ne tolère pas le grabuge ici, hein ?„

Staska fronça du nez, sentant parfaitement que les mots lui étaient davantage adressés qu’à Servis. Pour tout dire, l’homme d’armes n’avait de cesse de la jauger de haut en bas, non sans une forme de dégout méprisant.
 
“ C’est vous qu’êtes saltimbanque, pas vrai ? Vous venez d’où, comme ça ? Vous venez faire quoi ici ? „

La chasind pinça les lèvres, son expression n’affichant qu’une mine égale à celle qui lui faisait face. Pour autant, elle n’essayait pas de répondre, comme si la précédente tentative de débordement, empêchée, elle présumait, par Crassius, lui était restée en mémoire.

Sam 8 Aoû 2020 - 12:49

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Staska avait semblé étonnée d'apprendre l'existence d'hommes placés sous les ordres de Servis. Il ne lui en tint pas rigueur : le jour sous lequel il s'était présenté à elle n'était pas son plus glorieux. Elle avait dû lui venir en aide contre les démons, lui trouver de la nourriture dans les terres sauvages puis l'y guider. Et ce n'était pas tout : elle avait également dû lui pardonner sa "mauvaise orientation". À cette idée, Servis sourit. Oui, la facette sous laquelle il s'était montré n'était pas vraiment flatteuse. Comme si, une fois sorti de son domaine d'expertise, l'aventurier se retrouvait étrangement inadapté. Évidemment, cette idée était également fausse : Staska avait juste eu le malheur de le rencontrer au mauvais moment, alors qu'il faisait face à l'une de ses pires craintes. Servis n'avait que peu de peurs en vérité, seulement deux : le lyrium et les démons. L'un comme l'autre possédant un terrible point commun : celui d'être capable de priver un individu de son libre arbitre. Le trésor le plus précieux détenu par Servis. Sa liberté.
“Il est naturel, lorsque l'on pratique une activité depuis fort longtemps avec succès, de se retrouver avec des gens sous ses ordres. C'est ce que l'on appelle une ascension sociale par le travail.„

Il songea un instant à chercher une analogie cohérente afin de se faire mieux comprendre, mais il se révisa, pariant sur l'intelligence flagrante de la jeune Chasind. Il ne souhaitait pas non plus s'étendre trop longtemps sur le sujet car si l'on se tenait strictement à la partie concernant les fouilles de son poste actuel, les seuls hommes qu'il avait sous ses ordres étaient des esclaves. Ce n'était pas le sujet de conversation mondaine rêvé dans cette partie-là du monde, et pas celui avec lequel il était le plus à l'aise non plus, ses vues n'étant que rarement partagées.
Heureusement, la conversation dévia vite, et Staska confirma sa volonté de s'en retourner vers l'inquisition. Il n'en fut pas surpris : quel autre choix pouvait-elle exprimer ?
“Je n'ai jamais été témoin personnellement des prouesses de l'inquisition, mais j'ai entendu les mêmes rumeurs. Je crois comme toi qu'elle sera ta meilleure chance.„

La conversation dévia de nouveau, pour évoquer Dorian. C'était le sujet parfait : léger, spéculatif et parfaitement inoffensif. Alors, lorsque les gardes firent irruption dans leur petit monde, et après avoir levé les yeux au ciel, Servis jura dans sa barbe naissante, et dans sa langue. Les gardes s'avancèrent dans leur direction, brisant les frêles espoirs de Servis.
“Le maître d’établissement m’a dit que vous étiez agitée. Vous savez qu’on ne tolère pas le grabuge ici, hein ?„

La Chasind restait la cible exclusive de l'animosité du garde. Une animosité que le mage considéra immédiatement comme exagérée et sans fondement : n'était-ce pas la première fois que Staska franchissait les portes fortifiées de la cité de Dénérim ? Elle s'était tenue implacablement dans les rues, ne grognant qu'en de rares occasions. Et si elle s'était montrée un moment agitée, son agressivité n'avait été dirigée qu'en son encontre, et contre rien ni personne d'autre. Lui, qui l'avait bien cherché. Pourtant Servis hésita à prendre sa défense : les relations entre les Citadins et les peuples des terres sauvages ne le regardaient pas. Et à quoi bon attirer l'attention sur lui, le mage tévintide ? Ce garde ne semblait pas avoir besoin d'une autre cible pour y déverser sa rage et son racisme latent. Racisme qu'il continuait d'ailleurs d'exprimer avec insistance et méfiance, en s'adressant toujours exclusivement à Staska :
“C’est vous qu’êtes saltimbanque, pas vrai ? Vous venez d’où, comme ça ? Vous venez faire quoi ici ?„
“Excusez-moi, mais vous devez faire erreur. Comme vous pouvez le voir, ma compagne et moi partageons simplement un repas sans déranger personne.„

De l'une de ses longues mains, Servis désigna la suite toujours aussi impressionnante des plats disposés devant eux sur la table. Une profusion qui, il ne pouvait que l'espérer, soulignerait leur statut d'invité de marque au sein de cette ville, et non de mendiants, comme le garde semblait vouloir l'insinuer. Saltimbanque, était-ce une insulte d'ailleurs ? Il ne pouvait en être certain.
“Dénérim n'est qu'une étape sur notre route, et nous aurons bien vite quitté les lieux, si cela peut vous rassurer.„

Les mots étaient choisis avec soin. Pourtant, son ton était glacial, tout comme son regard.

Jeu 13 Aoû 2020 - 4:07

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

Messages : 322

Le chemin du paradoxe est le chemin du vrai

9:42 du Dragon
Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀ ☀
Feat. Staska
Amie de Crassius - ■ ■


Ce fut la tête lourde de réflexions que j’arrivais à Dénérim. Le simple fait de penser à ce nom me rappelait que la stèle de Wulf n’était pas loin – et par grosse erreur, si je pouvais ajouter. Sa place, tout comme sa mémoire, était à la côte orageuse, après tout. Mais bon, ce n’était pas le moment pour de tels drames. La fine pluie n’aidait en rien mon humeur.

Selon les missives, je le trouverais dans une auberge. Je l’imaginais déjà, les cernes jusqu’en bas aux pieds, le crâne reluisant de poussière, se plaignant juste pour le petit côté dramatique que cela ajoutait à la conversation. Crassius, quel personnage haut en couleur. Il fallait dire qu’il m’avait manqué ; je comptais quelque part sur sa présence pour me faire penser à autre chose.

Alors que j’arrivais non loin de l’auberge, j’aperçus des gardes y pénétrant : je fronçai des sourcils, avant d’avoir un rictus incontrôlé à l’idée que Crass puisse s’être potentiellement mis dans de beaux draps. Certains passants regardaient quelque peu dans l’auberge. Je m’approchai de l’un d’eux, un vieil homme avec une canne, pour me renseigner.

Dénérim semble bien agité aujourd’hui, que se passe-t-il ?

Le vieillard me jaugea de haut en bas, appuyé fermement sur sa vieille canne, avant de regarder de nouveau à l’intérieur.

Une sauvage est en train d’y mettre le désordre. Heureusement que la garde fait son boulot dans cette ville.
C’est vrai que ça a du bon. Merci pour votre réponse.

J’avais haussé des épaules à ma réponse, avant de pénétrer dans l’auberge. Là, au fond de la salle, alors que la majorité des regards pointaient vers la scène dramatique, je reconnus sans mal Crassius à cette fameuse table. Je retins un rire si fortement : il fallait toujours le retrouver dans ce genre de pétrin. Toujours.

Je n’avais pas forcément entendu ce qui se disait, mais Crass tentait de calmer le jeu, de par sa gestuelle et son air sans doute faussement assuré. La si joliment dénommée « sauvage » restait ferme. Alors, sentant que je devais leur sauver la mise, je pris mon timbre le plus portant et appelai Servis à vive voix.

Crass !!

Je m’approchai de la tablée, les bras ouverts devant moi, dans une posture droite et digne, le tout avant de lui attraper la main et de la serrer chaleureusement.

Toujours à débuter les banquets sans moi, hein l’ami !

Je saluai d’un hochement de tête la jeune inconnue, sans doute d’une peuplade féreldienne du fin fond du sud.

Et vous devez être son amie, il m’a parlé de vous dans une de ses lettres. Je m’appelle Dorian Pavus, enchanté de faire votre connaissance.

Et puis, de façon théâtrale – ou tévintide –, je me tournai vers le garde, qui s’était simplement interrompu entre temps. Je l’observai dramatiquement de la tête aux pieds, le dépassant légèrement en taille, comme si j’examinai une statue de boue séchée au soleil.

Je m’excuse, mais à en juger du calme soudain de l’endroit et de l’attention malsaine portée sur nous, j’ai le profond et tragique sentiment que votre présence dérange. Et je suppose que vous avez mieux à faire que de déranger un repas riche en émotion, comme je ne sais pas .. agresser une pauvre femme dans la rue ? Ou un elfe dans le bas-cloître, peut-être .. ou alors agresser une pauvre femme elfe ? Sacré combo, je vous l’accorde.

Ma voix portait toujours volontairement, comme dans une tentative de le déstabiliser – et de faire changer de direction aux regards. Je lui lançai alors mon plus beau sourire.

Loin de moi l’envie de vous rappeler votre boulot, messerah, mais je vois très bien votre excuse pour embêter mes amis ici présents. Mes amis savourant un dernier bon repas avant de quitter Férelden, si je puis ajouter. Donc, si vous pouviez nous laisser à notre repas amical, ce serait fort aimable de votre part.

Le garde semblait apprécier mon éloquence, car il se mit à ricaner. Mais je ne perdis pas espoir, j’avais encore des cartes dans ma manche : je gardai mon sourire le plus poli et le plus éclatant.

Ou alors je pourrais enfermer une sauvage et deux Venatori.
Oh, Créateur ! je comprends mieux pourquoi votre travail se limite à patrouiller à Dénérim et à malmener les opprimés !

Je croisai les bras, face à lui, avant de poursuivre.

Je suis Dorian Pavus, et je sauve le monde aux côtés de l’Inquisition. Mais je comprends la confusion, ça arrive malheureusement tout le temps, ne vous en faites pas. Vous avez dû entendre parler des patrouilles ayant disparus du côté des côtes orageuses, ou alors de l’attaque de villages par des templiers rouges dans cette même région : j’ai contribué à y remettre de l’ordre.

Le garde en face de moi arqua un sourcil, perplexe, mais un des autres présents avait écouté, et s’approcha de nous.

J’ai entendu parler de cette histoire, chef, tout comme de son nom. On devrait les laisser tranquille.

L’interlocuteur haussa des épaules, tourné vers son collègue, avant de jeter un dernier regard vers moi.

Ça passe pour cette fois, Tévintard. Profitez bien de votre repas.
Je vous remercie chaleureusement, passez donc une bonne fin de journée !

Un bruit de fond reprit une fois le petit groupe de gardes parti. Je guettais encore la porte, les sourcils froncés, avant de prendre une chaise et de m’asseoir avec eux. Je parlais désormais d’une voix moins portante.

Eh bien eh bien Crassius, je te reconnais bien, avec tes grands repas et tes grands problèmes. Ça faisait longtemps ! Comment vas-tu ?

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