Dompter la beauté - Mission [Tullia]

Je ne répondis pas à sa boutade, souriant simplement et laissant les autres serviteurs ranger le tout. Quand elle me demanda ce que j'étais et ce que je faisais ici, je ne pouvais m'empêcher d'hausser les sourcils de surprise.

"Ce que je suis ? Ma foi, j'aurai crû que le seigneur de Val Forêt vous fasse une première description de ma personne... Mais il est vrai que rien ne vaut une présentation en direct."

Je me mis à sourire, commençant ma "présentation".

"Je suis une Garde des Ombres spécialisée dans la confection de poisons ainsi que de leur antidote. Mais contre les engeances cela reste limité, et je recherche à gagner en compétence pour mieux protéger mes hommes et les gens de Thedas. L'alchimie m'a semblé une très belle corde à ajouter à mon arc, et l'on m'a dit que vous étiez une artiste à part entière en la matière. C'est donc pour cela que je suis venue vous voir, pour apprendre."

Etait ce qu'elle voulait savoir ? Ou voulait elle dire autre chose ?

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Sa réaction à la mention d'Arthur semblait montrer que j'avais visé juste sans le savoir, et bien que me parlant toujours d'une façon sèche et impatiente, elle avait mieux disposée à mon encontre. Je l'observais se "changer" de la façon la plus extravagante qui soit, ne pouvant m'empêcher d'observer avec autant de surprise que d'admiration. Elle était vraiment amusante cette noble orlésienne. Dépensière à outrance vu comment cette jupe en verre devait couter une fortune à faire faire, mais clairement elle avait un style digne des Merveilleuses. Une fois changée je la suivais d'un bon pas pour descendre de la tour, faisant attention cependant à ne pas manger se perruque interminable ni lui foncer dedans par inadvertance.

Nous arrivions enfin dans un endroit qui ressemblait à un petit jardin, avec un épouvantail dressé un peu plus loin. Je remarquais sur celui-ci des habits semblables à une armure orlésienne, et quelques traces de brûlures dessus même. Je fronçais des sourcils. Une cible ? Quand elle débâcha tout un ensemble de fioles et de flasques, je compris enfin. Mes yeux brillaient, comme si on venait de me faire un présent des plus intéressant. Elle m'encourageant (toujours sèchement et avec impatience) et prendre une flasque et de tester. Je souriais, m'approchant de l'ensemble avec enthousiasme.

"Avec autant de choix, il va falloir que je fasse vite !"

Je regardais les différents objets, de taille et couleurs différentes. Mon choix se porta sur une fiole ronde en verre contenant un liquide bleu foncé. Je m'approchais de l'endroit où il fallait jeter la fiole, à une quinzaine de mètres de l'épouvantail, et me mettais en position. Je ne jetais pas de suite la fiole, prenant soin de la jauger avant. Travaillant déjà avec mes fameuses fioles de brume au piment, j'avais l'habitude de jeter des flasques pour qu'elles se brisent sur l'ennemi. Cependant le poids, la forme et l'épaisseur du verre étaient à prendre en compte. Je soupesais la fiole dans ma main, la faisant sauter une ou deux fois dans ma main pour sentir son équilibre, tapais même avec l'ongle le verre pour estimer la force avec laquelle je devais la jeter pour qu'elle se brise. Puis je me mettais enfin action, jetant la fiole sur la cible. Celle ci ne rata pas, se brisant en plein sur le plastron. Le liquide bleu explosa et s'étala dessus, mais rapidement le liquide s'éclaircissait et augmentait de volume, comme s'il prenait en masse. Ha, voilà qui est intéressant... Je me tournais vers la comtesse.

"Une fiole de gel ? Intéressant, cela pourrait ralentir les engeances, ou alors faire trébucher et tomber un ogre s'il est lancé sur ses jambes..."

C'était clairement utile, que ce soit contre des vivants, des morts ou des corrompus. J'avais également entendu parlé du feu antivan et son effet dévastateur. Est ce qu'une de ces recettes serait dans le lot ?

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Je semblait enfin gagner des points auprès de la Comtesse qui appréciait ma dextérité. Pour une fois que je peux lui prouver que je ne suis pas juste maladroite... Je la regardais avec des yeux brillants d'impatience et elle me tendit enfin une autre fiole. Du feu antivan, enfin quelque chose d'encore plus prometteur ! Je me préparais à la lancer quand d'une exclamation elle m'arrêta, voulant pimenter un peu le ... jeu ? Je la regardais avec surprise, mais en même temps je souriais. Qu'allait elle me préparer ? Je n'eus pas beaucoup le temps de réfléchir qu'elle entassa dans mes bras de nombreuses fioles, me demandant de les jeter rapidement les unes après les autres. Je n'avais aucune idée de ce qu'il y avait dans ces fioles, mais n'est ce pas là la surprise ? Avec un grand sourire je lui répondis, ma voix cachant nullement mon enthousiasme.

"Voilà qui va s'annoncer intéressant !"

Je me remettais en position, impatiente de recommencer. En tant que joueuse de Grâce Perfide j'étais du genre parieuse et j'avais hâte de voir ce que ces fioles me réservaient. Concentrée, j'enchainais les premiers jets, toujours aussi bien ajusté que le premier. La première éclata dans de grandes volutes enflammées sur le plastron, du feu antivan on dirait bien, puis la suivante étala un liquide jaunâtre sur le plastron. Les flammes s'éteignirent un peu, laissant le liquide fumant se mettre à... ronger le tissu et le métal ? Ca doit vraiment faire mal, dommage que ça ne soit pas un venatori sur cette pique. La fiole suivante éclata en projetant des projectiles de partout, manquant même de nous en envoyer dessus. Intéressant, mais mieux vaut éviter de se trouver directement autour. Mes coups suivants montrèrent de nouveau du givre puis de l'acide, celui ci semblant ronger encore plus fort le métal grâce au froid. Mais au coup suivant, trop emballée par les effets des projectiles, je manquais mon coup et la flasque ricocha sur le bord du plastron pour aller s'écraser au sol juste à côté. Le sol se gela instantanément en une grosse flaque de verglas, promettant un piège dangereux pour tout passant innattentionné. Je tiquais, fronçant légèrement de sourcils et me replaçant.

"Oups ! Il faut que je me reconcentre..."

Je visais un peu plus, devenant moins exaltée pour mes autres tirs qui firent tout autant mouche. Des flammes, de l'électricité qui noircit encore plus le plastron, une liquide étrange qui brillait et semblait coller au métal, puis de nouveau du feu antivan. Mais l'huile avait amplifiée l'effet de cette dernière, provoquant une explosion plus virulente encore, les flammes montrant très haut vers le ciel. La chaleur des flammes étaient perceptibles même jusqu'à cette distance, réchauffant nos visages comme le ferait un bon feu de joie. Admirative, je ne pouvais m'empêcher de m'exclamer de joie face à tout cette destruction.

"Ha ha ha ha ha !! C'est magnifique !!"

Je regardais la comtesse avec admiration, trouvant son travail impressionnant. Mais est ce qu'elle arriverait à m'enseigner à faire toute ces choses ? Et surtout, serais je capable de me montrer à la hauteur de ses enseignements ?

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L dernière fiole lancée eut un effet spectaculaire. Une explosion, des flammes, de cendres, des couinements de bête qu'on égorge... Non vraiment ce pantin est plus que réaliste, on pourrait presque croire qu'une personne est réellement en train d'hurler à la mort comme un petit porcinet. Mais quand la Comtesse se mit à appeler un certain "Emile" et qu'un cochon apparut tout paniqué, je ne saurait dire si je devais être impressionnée ou bien dépitée. Je manquais d'exploser de rire, autant par l'apparence du cochon que par l'attitude de la Comtesse. Je me retenais, me tournant un moment pour pas qu'elle ne voit le grand sourire sur mon visage. Sérieuse, il faut que je reste sérieuse... Je me reprenais un peu quand elle me demanda de l'aide, bien que là dessus j'étais loin d'être une experte. Je regardais cette scène avec un... scepticisme certain.

"Mhhh....."

Elle voulait que je l'aide, cependant j'étais loin d'être une spécialiste pour calmer les bêtes. Je n'avais pas de tranquillisant, et que doute qu'elle soit satisfaite si je faisait une entaille au cochon avec ma dague enduite de poison paralysant. Et puis les cochons c'est bigrement résistant, surtout vu cette taille. Mes mains fouillèrent mes poches de ceinture, essayant de trouver quelque chose d'utile. Quand elles tombèrent sur des petite billes. Ha oui... ça.... Je fronçais des sourcils, étant dans un certain dilemme. Ces billes étaient des bonbons que j'avais acheté avant de partir, et il n'y en avait qu'en Orlaïs. Donner ça à un cochon me semblait.... un terrible sacrifice. Mais bon, je ne suis pas obligée de tout lui donner, non ? Et un bonbon au miel ça ne fait de mal à personne. Je m'approchais du cochon et de sa maitresse, m'accroupissant devant lui en tendant de ma min la bille orangée.

"Est ce que... ça l'intéresserait, mh ?"

Les cochons ont un bon flair, s'il apprécie il ne devrait pas tarder à le gober. Sinon... Ben il me mord la main ou me charge. Charmante perspective.

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