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Mar 29 Sep 2020 - 10:57

Ashleigh
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Il était une bière




9:42 du Dragon
Feat. Dam Thor'njall
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Une soirée battant son plein dans la meilleure taverne de Val Royeaux. Assis seul à ma table, une chope de bière dans la main, je buvais en attendant un collègue. Il me devait des informations vis-à-vis une histoire de trafic d’enfants. Rien que d’y penser, j’avais envie de gerber. Du trafic de mômes, bordel.

Mais en attendant son arrivée, les buveurs buvaient, chantaient, parfois les tensions montaient d’un cran, .. Une taverne, en somme. J’avais également sorti mon carnet, dans l’espoir d’y gratter quelques vers. Je devais finir ce recueil, après tout. Je soupirai, la tête un peu lourde, tandis que pas grand-chose me venait à l’esprit. Pour être honnête, toute cette histoire avec dame de Chalons me préoccupait.

C’était clairement une pente glissante, cette histoire de Corypheus. J’avais du travail, donc ce n’était pas vraiment mon problème, mais je n’avais pas l’impression que c’étaient de bonnes affaires. Bon, après, je ne les avais encore jamais réellement côtoyés, donc je demandais à voir. Mais toute cette étrange préoccupation ne m’aidait pas à écrire.

Je terminai ma chope avec un soupir. Parfois, je me demandais ce que je faisais de mon existence. L’époque de l’insouciance était désormais si loin, si difforme .. L’avais-je seulement connu dans ma vie ?

Un sourire déforma mes lèvres. Il n’était pas particulièrement triste, ni parfaitement joyeux. Ce n’était qu’un sourire, un bête plissement des muscles faciaux. Mon regard scrutait le fond de mon verre.

Était-ce l’alcool qui me rendait si morose ? Me rappelait avec son amère douceur que finalement, la vie n’était qu’une belle merde ? J’appelai une serveuse, lui demandant une autre bière, tandis que je glissai une pièce dans sa main. Elle me sourit, avant de repartir vers le comptoir.

Une nouvelle chope arriva, bien remplie. Je la remerciai à demi-mot, avant d’attraper ma chope, le regard vaguement plongé dans cette dernière. Intriguée ou simplement amusée, la serveuse s’assit en face de moi.

J’en connais un qui a eu une journée difficile.

Avalant une autre gorgée, je reposai ma bière sur la table, avant de lever le regard sur ma nouvelle interlocutrice. Je soupirai, forçant sur mes lèvres une espèce de sourire.

J’aurais plutôt dit « productive ».

La serveuse s’appuya davantage sur la table qui nous séparait, un brin de malice passant dans ses yeux. Je sentais venir la curiosité mal placée.

Ah oui ? Quel genre de productivité peut à ce point assombrir le regard d’un homme tel que vous ?

Je ne répondis pas immédiatement. Quelque chose dans la tournure de ses phrases ne me disait rien qui vaille. Et puis, je me souvins de pourquoi j’étais en ces lieux : je croisai à nouveau son regard.

Oh, vous savez, les mômes.

Je haussai des épaules, comme un père en ayant raz l’os de ses progénitures, mais qui faisait comme si tout allait merveilleusement bien. La serveuse émit un rire décalé vis-à-vis du sujet, avant de sortir un billet, plié avec soin, de sa poitrine. Je ne quittai nullement son regard amusé.

Moi qui pensais que seules les femmes s’en occupaient.
Les femmes et les dévots.
Et vous êtes un dévot ?

Un rire s’envola de mes lèvres, tandis que je reprenais ma boisson. Moi, un dévot.

Non, je suis plutôt du genre à leur pisser au cul, aux dévots.
Je n’en doute pas, H.

Je ne m’attendais nullement à tomber sur une femme. Pas que les informatrices et espionnes n’existaient pas, loin de là : il fallait croire que de prendre un pseudonyme masculin était plus efficace et discret pour une dame. Je souris, attrapant le billet.

Merci pour vos conseilles, P.
Aucun problème.

A ces mots elle se leva, pour glisser dans mon oreille une dernière mise en garde.

Bonne chance, ça grouille par là-bas.
Je n’en doute pas, mais merci.

J’avais entendu parler de la fondation d’un nouvel Ordre de templiers. Cette information m’avait fait grincer des dents, dans la mesure où je ne connaissais le moindre nom pour le moment dans les hauts de cette fragile hiérarchie. Cela pouvait être n’importe qui, quelqu’un avec les plus nobles intentions, comme les plus néfastes. Voire pire : un Trevelyan.

La vivacité de l’échange précédent quitta mon espace, pour replonger dans la solitude. Pour replonger dans ma bière. J’enfouis le billet dans une poche interne de mon palto, avant de revenir à ma blonde. J’avais ce dont j’avais besoin, je pouvais sans aucun souci partir une fois ma chope à nouveau vide.

Jeu 1 Oct 2020 - 17:19

Dam Thor'Njall
Dam Thor'Njall

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Ce fut à l’heure où le jour n’était point devenu nuit noire, qu’une étrangère posa pied à terre dans l’imposante et élégante ville nommée Val Royeaux. Emmitouflée sous une épaisse cape obscure, le visage dissimulée sous une longue capuche, la jeune femme au teint sombre se permit un soupir épuisé, harassée par son dernier voyage. Fuir sa vie d’avant ne ressemblait, en rien, à une promenade, ni une partie de plaisir dont elle sortirait indemne. Chaque jour, elle hésitait à rebrousser chemin, faire demi-tour et abandonner ses projets pour recouvrer sa vie confortable d’autrefois. Celle qui n’exigeait rien de spécial de sa part, ni ingéniosité, ni flexibilité sociale. Demain, les questionnements se répéteraient, comme le refrain d’une entêtante chanson, et après une longue minute d’hésitation, elle y répondrait sans mot.

Sa monture, aux muscles puissants et à la taille impressionnante, claqua le pavé de ses immenses sabots ferrés. Des passants la dévisagèrent, s’attardant sur sa robe claire ou son harnachement. L’étrangère les ignorait, flattant l’encolure de son ami sans se soucier des murmures indiscrets. Le cheval avançait d’un pas tranquille, aussi éreinté que sa maîtresse. Il secoua d’ailleurs sa grande tête, permit à sa longue crinière de goûter la fraicheur d’une brise, puis s’arrêta lorsque la taverne fut en vue. L’un de ses sabots gratta le pavé, tandis qu’un son échappait à sa bouche. La femme sur son dos passa une nouvelle fois sa main contre son cou, y apposant des caresses soigneuses et attentives. Lorsqu’Andrasté se comportait ainsi, elle savait qu’une pause s’imposait. Ainsi, loin de discuter le comportement de sa monture, elle bondit hors de la selle pour rencontrer les pavés blancs et étrangement trop propres de la ville orlésienne.

Son regard noir se balada d’un bâtiment à l’autre, scrutant parfois l’architecture minutieuse, la grandeur des courbes ou les statues qui s’étendaient à perte de vue. Le goût des orlésiens pour le luxe ne faisait plus doute à ses yeux. Elle reconnaissait les angles, les couleurs et les mêmes arabesques des cités précédemment visitées. Orlaïs était un bel Empire, il fallait bien l’admettre. Toutefois cette propreté, et cet éclat de la pierre blanche lui paraissait de plus en plus oppressante.  Pour elle, qui avait vécu la majeure partie de son enfance et de son adolescente dans une cité au décor sombre, toute cette lumière brûlait la rétine. Au-milieu de cette pâle richesse, l’étrangère se sentait comme un cadavre entouré de palpitants, un élément de trop, mal-placé dans un décor qui se voulait absolument parfait.

D’un geste, Andrasté le tira de ses écrasantes pensées. La monture, qui accompagnait ses pérégrinations depuis un mois et demi, lui administra un coup de tête contre l’épaule, le hennissement au bord de la bouche. Sa maîtresse se laissa aller à un sourire, puis glissa une main contre le front de l’animal pour le détendre et s’excuser.

— Tu as raison, nous avons bien d’autres choses à faire que d’admirer le décor.

Cela dura un temps, peut-être deux minutes, avant que la jeune femme ne s’écartât de l’imposant équidé. Elle attacha la bride devant l’auberge, et sécurisa le tout à l’aide d’un nœud extrêmement complexe, héritage transmis par Vesta, l’assistant de son mentor. Au début, la névarrane s’était abstenue d’un tel geste,  trop naïve pour croire qu’un inconnu tenterait de subtiliser sa monture. Toutefois, les âmes errantes de Thédas se montraient bien plus désespérées qu’elle ne l’aurait imaginé. Une fois, un homme avait profité de son absence pour grimper sur la selle d’Andrasté afin de le dérober. Par chance, ou par punition du Créateur, le cheval avait fait payer l’impertinent en l’envoyant valser par-dessus sa tête. Le voleur s’était cassé une ou deux dents, puis conscient de son échec, s’en était allé bredouiller tandis que les hennissements hargneux de l’animal avait rameuté sa maîtresse. À présent, le petit malin ayant l’intention de kidnapper Andrasté, s’en mordrait les doigts.

Fière de son œuvre, pour laquelle Vesta l’aurait certainement félicité, la mage à la peau mate embrassa le front de sa monture. C’était devenu son petit rituel, un moyen pour elle de puiser le courage nécessaire afin d’échanger des paroles avec des palpitants.

— Sois sage en mon absence, je te promets de revenir très vite.

Le cheval remua sa longue queue, soigneusement brossée, puis congédia sa maîtresse d’un signe de tête. Cette dernière lui lança un dernier signe, avant de s’engouffrer dans la petite taverne de Val Royeaux, prête à affronter ses semblables à la peau bien plus pâle.

Son arrivée fit redresser quelques têtes, mais les âmes vagabondes se perdirent à nouveau dans les boissons ou les repas siégeant sous leurs nez. Pour l’instant, nul ne lui accordait la moindre importance, mais Dam Thor’Njall savait que cette accalmie ne s’éterniserait point. Lorsque la capuche tomberait, son teint sombre et le bleu de son accoutrement attirerait fatalement les regards intrigués des uns, comme des autres. Une névarrane mage ne passait guère inaperçue dans une foule bien vêtue, très « collet monté ».

« Tu peux le faire. Toi aussi tu palpites, toi aussi tu as besoin de boire, de manger et de raconter des histoires pour gagner ta croûte. »

Cette litanie en tête, la mage abaissa sa capuche et se dirigea aussitôt vers le comptoir, d’une démarche souple et presque acrobatique. Elle se faufila aisément au milieu des tables et des hommes aux mille visages, peu enivrés pour l’heure.  

Dam s’accrocha au regard clair et hypnotisant d’une serveuse, soulagée de ne pas devoir chercher un interlocuteur pendant de longues et gênantes minutes. Elle s’installa en face d’elle, lui offrit un sourire à demi-nerveux tandis que son regard s’égarait sur sa poitrine généreuse et sa peau laiteuse. Par politesse, la mage s’en détourna rapidement et plongea à nouveau ses orbes sombres dans ceux de son interlocutrice à la longue chevelure rousse.

— Proposez-moi quelque chose de fort et d’exotique.

La névarrane n’était guère à son aise, en témoignait sa tentative un peu pitoyable de courtiser ainsi la serveuse. Cette dernière gloussa, bien aimable puisqu’elle ne se moqua pas de sa cliente à la chevelure électrique. La rouquine s’exécuta sans discuter, roulant des hanches sans se soucier des convenances. Dam l’observa sans gêne, un drôle de rictus plaqué sur le recoin des lèvres. À défaut de connaître les us et coutumes d’Orlaïs sur le bout des doigts, la mage avait tout de même le don de plaire aux jolies filles.

Une chope bien remplie atterrit soudain sous son nez, la serveuse arborant son sempiternel sourire amusé.

— Fort et exotique, tout comme vous.

Dam sentit ses joues s’empourprer, signe que le charme de la rouquine faisait son effet. Ses mains devenues moites, se saisirent de la chope pour qu’elle pût y tremper ses lèvres, toutefois la curiosité de la serveuse l’arrêta dans son geste.

— Laissez-moi deviner… Vous venez d’Antiva ? Ou peut-être du Rïvain ?
— Non, pas du tout.

Les sourcils de la jeune serveuse se plissèrent de contrariété, néanmoins cela ne la rendit pas moins bavarde.

— Vous n’avez pas l’accent d’ici pourtant, alors d’où venez-vous, Dame exotique ?
— De partout et de nulle part à la fois. Je ne reste jamais longtemps au même endroit.
— Ah bon ?
— Je voyage, j’explore et puis je raconte mes histoires dans les tavernes pour gagner un peu d’argent.
— Et… quel genre d’histoires pourriez-vous me conter, Dame exploratrice ?

Une flamme de curiosité s’alluma dans le regard bleuté de la rouquine. Avec la grâce d’un félin, la jeune femme s’appuya contre le bar en bois, faisant ainsi ressortir ses seins ronds. La névarrane avala difficilement sa salive, pas certaine de résister à une femme aussi audacieuse et charmante. Elle s’arma de courage, gonfla sa poitrine d’air et de fierté, et se lança dans l’un de ses nombreux récits :

— Lorsque je visitais le Névarra, j’ai rencontré un homme à l’apparence squelettique, très pâle mais dont l’œil et l’intelligence étaient plus vifs que ceux de ses confrères. Je lui ai demandé ce qu’il avait vu, au cours de sa longue vie que je devinais bien remplie, et il m’a parlé d’un cheval exceptionnel. D’une monture appelée la Licorne des Marais, qui fut autrefois la propriété d’un horrible et terrifiant maraudeur.
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Lun 5 Oct 2020 - 11:23

Ashleigh
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Je la terminai d’une traite, il ne restait pas grand-chose. Je me redressai, ne manquant nullement de m’étirer au passage, avant d’opter pour la sortie.

Cela dit, une ribambelle de mots attirèrent l’attention de l’enfant encore en moi. Je m’arrêtai net. En me retournant, je réalisai que ces mots venaient d’une femme au comptoir, qui conversait avec la tenancière.

.. Je lui ai demandé ce qu’il avait vu, au cours de sa longue vie que je devinais bien remplie, et il m’a parlé d’un cheval exceptionnel. D’une monture appelée la Licorne des Marais, qui fut autrefois la propriété d’un horrible et terrifiant maraudeur.

Une conteuse. Je rebroussai chemin pour atteindre avec prudence le bar. Je pris grand soin de m’asseoir en laissant un siège d’écart entre la conteuse et moi, pour ne pas paraître oppressant.

Une jeune femme, dont le teint et l’accent n’étaient clairement pas d’ici .. Tevinter ? Névarra ? Ce devait être de par là-haut. Il semblait qu’elle en avait fait, des voyages, et entendu mille choses. J’adorais et admirais les conteurs depuis tout petit déjà : lorsque je faisais le mur, il me plaisait de me perdre dans les tavernes alentours pour écouter leurs histoires. Alors oui, une fois rentré je rencontrai la pire terreur de la part de mon détestable paternel, mais ces histoires m’avaient bercé et éduqué, et jamais de toute mon existence je n’ai regretté ces petites escapades.

Comme cela ravivait mes souvenirs .. C’était si rare, les occasions de la sorte. Bien vite, d’humeur généreuse et nostalgique, je déposai un souverain sur le comptoir, en la direction de la jeune femme, le sourire léger.

A se demander qui donc était ce terrifiant maraudeur. Surprenez-moi, conteuse.

Sans doute l’empêchai-je de roucouler, mais je me disais qu’elle ne serait pas contre de l’argent non plus : être conteur, c’était complexe de vivre. Rarement, les conteurs se contentaient de cette passion, la bonne plupart d’entre eux étaient marins en général. A croire que cette labeur payait bien, ou un minimum.

Lun 5 Oct 2020 - 14:54

Dam Thor'Njall
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Penchée sur son comptoir, la serveuse semblait pendue aux lèvres de la mage névarrane. Loin de s’en vexer, la bouche de la conteuse se déforma en un mystérieux rictus.

C’était Vesta, assistant de son mentor depuis une vingtaine d’années, qui lui avait appris à manier les mots comme le soldat aguerri manipulait sa lame. Au cœur des nuits sombres et solitaires, l’homme au regard étrangement brillant lui avait enseigné l’art et la manière de raconter les histoires. Dam se souvenait encore de sa voix, de son ton à la fois solennelle et lyrique. Elle se remémorait les cours et les conseils, qui se résumaient bien souvent en deux petits mots, la passion. Les meilleurs conteurs n’étaient ni les intéressants, ni les plus empressés de déballer leurs anecdotes grotesques, seules les âmes réellement investies par leurs récits captivaient leur auditoire. Lorsque Vesta se lançait dans l’une de ses interminables tirades sur le véritable amour de la langue, la mage oubliait le temps et la solitude qui régnait dans les cryptes.

Se souvenir l’arracha à l’instant présent, toutefois le bruit distinct et clair d’une pièce déposée sur le comptoir la catapulta à nouveau dans la taverne. Les morts se dissipèrent, tout comme leurs dépouilles à l’odeur nauséabonde et leurs paupières closes à jamais. La serveuse disparue, malheureusement rappelée à l’ordre par la clientèle de l’établissement. Sa chevelure rousse à l’hypnotisant parfum de rose fut balayée par la fraîcheur du soir, et la transpiration des voyageurs échoués sur leur table. Son regard croisa une dernière fois celui de la névarrane et, à son tour, la promesse d’une nuit en charmante compagnie se volatilisa.

À la place, un homme, d’âge plutôt mûr, s’installa aux côtés de la mage. Le souverain semblait être son œuvre, sa contribution généreuse afin de pousser la jeune femme à délier sa langue. Malgré le départ de la serveuse à la poitrine pulpeuse, Dam ne pouvait décemment pas abandonner son spectateur attentif. Vesta désapprouverait ses insultes et son comportement égoïste, chose que la névarrane ne supporterait guère. Ainsi, au lieu de se courroucer, la métisse s’arma de son plus beau sourire et reprit, tranquillement, mystérieusement :

— Loin d’être un monstre de naissance, le maraudeur sans nom tomba un jour amoureux d’une magnifique princesse. Sa beauté n’avait d’égale que sa cruauté, mais le maraudeur, aveuglé par son affection profonde, ne devina pas la méchanceté dissimulée sous la peau laiteuse de sa bien-aimée.

Emballée par son récit, la jeune femme bondit de son siège pour grimper sur le comptoir, agile comme un chat des rues. Pas un instant, elle ne détacha son regard bleu de l’inconnu à la chevelure platine, lui dédiant entièrement son histoire.

— Chaque soir, il se présentait sous son balcon, et lui demandait doucement : « Soleil de mes nuits, Lune de mes jours, dites-moi quoi faire pour gagner votre attention ? Quoique vous me demandiez, je le ferai ». Et la princesse, ennuyée par sa vie morne dans son beau palais, lui ordonna alors de ramener les bois du plus beau Hahl de la forêt voisine.


Combien de fois Vesta lui avait-il conté cette histoire tragique ? Cet amour impossible entre un homme déterminé à se damner et cette femme lasse de ses prétendants trop lâches et innocents. Dam avait perdu le compte, des années auparavant, ce conte était sans doute son préféré. Celui dans lequel elle insufflait toute la passion dont elle disposait.

— Le lendemain soir, le maraudeur se présenta sous le balcon de la princesse avec les bois du Hahl, et murmura ces mots : « Soleil de mes nuits, Lune de mes jours, dites-moi quoi faire pour gagner votre respect ? Quoique vous me demandiez, je le ferai ». Et la princesse, intriguée par cet homme qui ne s’effrayait pas de ses demandes, lui ordonna de ramener le cœur de la plus dangereuse wyverne qu’il pût trouver.

La mage se glissa sur le comptoir, tel un serpent se coulant lentement en direction de sa proie. Elle se rapprocha de l’inconnu aux cheveux clairs, ses yeux bleus plongés dans les siens.

— Deux mois plus tard, le maraudeur se présenta sous le balcon de la princesse, couvert de blessures, et dans ses mains se trouvaient le cœur encore chaud d’une gigantesque wyverne. Il susurra, noyé dans les ténèbres : « Soleil de mes nuits, Lune de mes jours, dites-moi quoi faire pour gagner votre affection ? Quoique vous me demandiez, je le ferai ». Et savez-vous ce que la princesse lui a demandé ?

Un étrange rictus illumina le visage sombre de la névarrane. Vesta racontait toujours cette histoire ainsi, laissant traîner le suspense, la première chute dans la tragédie du maraudeur.
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Lun 12 Oct 2020 - 0:27

Ashleigh
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Conteuse - ■ ■ ■


Mon clair regard ne quittait pas un seul instant la conteuse, qui reprit son histoire de plus belle.

Loin d’être un monstre de naissance, le maraudeur sans nom tomba un jour amoureux d’une magnifique princesse. Sa beauté n’avait d’égale que sa cruauté, mais le maraudeur, aveuglé par son affection profonde, ne devina pas la méchanceté dissimulée sous la peau laiteuse de sa bien-aimée.

Et sans crier gare, la voilà qui prenait son envol, foulant à peine du pied le bar. Fasciné comme un gosse, je relevai la tête, les yeux remplis d’étoiles et de nostalgie. Et elle se mouvait comme un poisson dans l’eau, ne quittant nullement mes pupilles un seul instant. Un sourire léger se dressa malgré moi sur mon visage.

Chaque soir, il se présentait sous son balcon, et lui demandait doucement : « Soleil de mes nuits, Lune de mes jours, dites-moi quoi faire pour gagner votre attention ? Quoique vous me demandiez, je le ferai ». Et la princesse, ennuyée par sa vie morne dans son beau palais, lui ordonna alors de ramener les bois du plus beau Hahl de la forêt voisine.

J’avais toujours adoré ce genre d’histoires. Elles ne semblaient que niaises ou trop chevaleresques, surréalistes au possible, mais ce n’était pas la dévotion des chevaliers qui me captivait, non ; la beauté de la dame penchée à son balcon ? Encore moins.

Le lendemain soir, le maraudeur se présenta sous le balcon de la princesse avec les bois du Hahl, et murmura ces mots : « Soleil de mes nuits, Lune de mes jours, dites-moi quoi faire pour gagner votre respect ? Quoique vous me demandiez, je le ferai ». Et la princesse, intriguée par cet homme qui ne s’effrayait pas de ses demandes, lui ordonna de ramener le cœur de la plus dangereuse wyverne qu’il pût trouver.

Ce qui me fascinait le plus était toujours le drame qui attendait dans l’angle mort, la fatalité, l’impossibilité d’un tel amour. Chacun venait d’un monde bien distinct, et tous deux étaient conscients qu’ils ne se mélangeraient jamais. Si ce désespoir amoureux me fascinait étant plus jeune, désormais il me giflait avec vigueur. Tristement, cette règle s’appliquait, à ce moment-là, pour les mages et les templiers. Particulièrement dans les familles extrémistes.

La voir redescendre avec aisance du comptoir me ramena dans la taverne, et me fit à nouveau quitter Ostwick pour revenir à Val Royeaux. Vingt-six ans. Vingt-six ans avaient passé, et pourtant ..

Deux mois plus tard, le maraudeur se présenta sous le balcon de la princesse, couvert de blessures, et dans ses mains se trouvaient le cœur encore chaud d’une gigantesque wyverne. Il susurra, noyé dans les ténèbres : « Soleil de mes nuits, Lune de mes jours, dites-moi quoi faire pour gagner votre affection ? Quoique vous me demandiez, je le ferai ». Et savez-vous ce que la princesse lui a demandé ?

Soleil de mes nuits .. Ces seuls mots racontaient toute l’histoire à eux quatre, soulignait tragiquement qu’en effet, ils apparaissaient à deux mondes bien distincts, et qu’ils ne se mélangeraient jamais, si ce n’était dans la douleur.

Il me fallut cependant un certain temps avant de répondre, perdu dans le brouillard de souvenirs que rapportait cette histoire à mon esprit. Mon regard se plissa, tandis que je réfléchissais. Puis, un rictus se dressa sur mon visage, tandis que je croisai une fois de plus son regard mystérieux.

Est-ce à ce moment-là qu’elle demande ce cheval exceptionnel qu’est la Licorne des Marais ?

A se demander comment le Maraudeur était devenu terrifiant. Tout au long du récit, j’essayais de ne pas faire trop de parallèles avec ma propre histoire, mais il me fallait admettre que cela me semblait toujours plus difficile. Il y avait certes des différences entre mon histoire et celle du maraudeur, mais la morale demeurait la même, et je craignais presque d’entendre la suite.

Mer 14 Oct 2020 - 14:35

Dam Thor'Njall
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« 9:42 || PV. Fabien Sourceclaire »

Si Vesta la voyait ainsi, à se donner en spectacle sans peur pour attiser la curiosité de son auditoire, il serait fier d’elle. Il sourirait en coin, un rictus qu’elle seule apercevrait car l’assistant squelettique le dissimulerait sous son épaisse barbe grisâtre. Il l’écouterait attentivement, observerait sa démarche et le moindre de ses gestes, épierait son visage pour ne point manquer ses subtils changements d’expression. L’histoire du maraudeur et de sa Licorne monstrueuse restait toujours sa préférée, celle pour laquelle il se consumait silencieusement dans l’obscurité de la Nécropole. Vesta aimait trop ce conte, cette légende pour ne pas scrupuleusement en écouter les différentes versions.

Dam se fendit d’un sourire énigmatique lorsque l’inconnu à la chevelure platine crut deviner la suite de son récit. Autrefois, son mentor avait eu la même réaction. La névarrane se pencha sur le quarantenaire, jouant avec le mystère et le suspense de son récit. Puis, en temps voulu, elle abandonna le silence et sa délicieuse frustration afin de répondre :

— La jeune et manipulatrice princesse, réfléchit longuement, toujours penchée sur son balcon. Et lorsqu’elle comprit que cet homme noyé dans l’obscurité serait prêt à lui rapporter tout ce qu’elle désirait ardemment, un étrange sourire illumina son beau visage, puis elle demanda : « Je veux que vous m’offriez le plus étincelant collier du Nord. Et si vous parvenez à me le ramener, je vous le jure sur la parole du Créateur, que je vous épouserai. »

Cette histoire aurait pu se terminer ainsi, toutefois les contes n’appréciaient guère la simplicité des dénouements heureux et des histoires d’amour sans complexes. Le maraudeur n’épouserait pas sa princesse, pas plus qu’elle ne sortirait vainqueur de son petit jeu égoïste. Aucun d’eux n’obtiendrait le fruit de leur plus profond désir, car la vie était bien trop cruelle pour leur accorder.

D’un mouvement agile, Dam s’écarta de son interlocuteur sans pour autant le quitter des yeux.

— Alors le maraudeur et sa monture parcoururent le monde, explorèrent les forêts les plus denses et les grottes les plus sombres, traversèrent les plaines les plus calmes et les déserts les plus arides, affrontèrent les elfes les plus réticents aux hommes et les tévintides les plus esclavagistes, tout cela pour rapporter un cadeau sublime à la sublime princesse.

Le maraudeur élimina tous les obstacles sur son chemin, tout être qui osa le défier ou tenta de lui dérober son cadeau une fois qu’il l’obtînt. Nombre de cadavres parsemèrent sa route, car le désir de sa Dame primait sur les vies et les envies des autres palpitants.

— Un an plus tard, il se présenta à nouveau au balcon de sa bien-aimée. Entre ses mains se trouvait le collier le plus magnifique qui fut créé, une pièce exceptionnelle destinée à la promise d’un Prince Marchand d’Antiva. Le maraudeur avait arraché le précieux bijou aux mains froides du cadavre de ce même Prince. Sa lourde tâche accomplie, il demanda la main de la princesse, mais la capricieuse refusa de lui accorder. Elle se para d'un sourire faussement gêné et elle lui répondit plutôt : « Je vais garder ce collier, mais le Créateur pense que ce cadeau n’est pas suffisant pour bénir notre union ». Ainsi, la jeune femme insatisfaite demanda milles et une chose au maraudeur. Chaque fois, il lui rapportait ce qu’elle désirait, peu importe la nature de l’objet. Il trouvait toujours la chose la plus exceptionnelle, la plus incroyable afin de ravir la princesse. Quant à elle, elle se parait toujours de la même excuse : « Cette chose est magnifique, je vais la garder, mais le Créateur ne pense que ce cadeau n’est pas suffisant pour bénir notre union », et lui donnait une nouvelle tâche.

Le regard clair de la mage scruta la taverne, et ses clients plus ou moins éméchés. Certains l’écoutaient avec attention, captivés par son récit, tandis que d’autres poursuivaient leurs activités dans un vague brouhaha. La serveuse rousse, dont Dam ignorait toujours le nom, voguait d’une table à l’autre, sans plus se soucier de la mystérieuse névarrane. Cette dernière contint sa déception, puis se jeta à corps perdu dans la suite de son histoire. L’auditeur avait payé pour connaître la vie du maraudeur et de sa monture, elle ne pouvait point la décevoir pour une vulgaire recherche d’amour.

— Cela dura longtemps, une dizaine d’années pendant lesquelles la princesse remplit son gigantesque palais d’objets et de possessions en tout genre. Et lorsque le monde entier se mit à jalouser toute sa richesse et son faste, la princesse décida qu’il était temps de se débarrasser du maraudeur aux mains noircies par le sang. Alors, un soir, elle se pencha sur son balcon, et murmura à l’oreille de son serviteur aux milles cicatrices : « Soleil de mes nuits, Lune de mes jours, le Créateur veut vous confier une ultime tâche afin que vous vous montriez digne de moi, après quoi je vous épouserai… »

Dam saisit le souverain que son auditeur lui lançât auparavant, puis elle le fit tourner entre ses doigts nonchalamment, tandis qu’elle entamait le dernier acte de cette tragique histoire :

« Je veux que vous me rameniez le plus terrible des démons, que vous le soumettiez et que vous me l’offriez en cadeau. Et si vous y parvenez, nous nous unirons sous l’œil bienveillant du Créateur ». Et le maraudeur, accompagné de sa monture, disparut dans la nuit noire sans sourciller. Seul un cœur amoureux, un cœur de fou, accepterait de fouler l’Immatériel afin de dompter le plus féroce des démons pour plaire à une femme sans âme.
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Dam parle en #6666cc

Dim 1 Nov 2020 - 23:29

Ashleigh
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Il était une bière




9:42 du Dragon
Feat. Dam Thor'njall
Conteuse - ■ ■ ■


Il était toujours difficile de percer à jour le réel jeu d’un excellent conteur. Alors que l’on s’attendait à l’évidence, il vous narguait, fier de son piège si subtilement installé, avant de vous surprendre davantage. J’étais heureux de savoir que cet art impressionnant était loin de mourir en Thédas, bien au contraire. En voilà une chose rassurante.

La jeune femme poursuivit donc son récit, toujours avec cette même flamme, cette même vivacité d’esprit. Elle mentionna alors un collier qui provenait du nord, et qui était là la nouvelle quête illusoire du Maraudeur. S’écartant une fois de plus de moi, elle poursuivit son histoire, racontant avec fluidité le voyage du maraudeur, les divers obstacles et la longueur de son périple. Une année. Une année pour trouver ce qu’on lui demanda, et qu’il ramena fidèlement. Mais bien évidemment, la dame du balcon n’allait pas lui accorder sa main aussi facilement, et en demanda toujours plus. L’aveuglement et la dévotion constituaient un mélange bien cruel, il fallait l’admettre, et je n’avais pas besoin de mes activités illégales envers la Chantrie pour m’en apercevoir.

L’égoïsme de la dame de son récit me rappelait même bien trop la Chantrie, il fallait être honnête. Toujours à en demander plus, à exploiter ses fidèles, à les dépouiller, à en abuser d’eux, et ce afin de commettre des atrocités sans nom. Bien sûr, lorsque quelqu’un s’en apercevait, voire pire ! en parlait, il était le terroriste. L’Histoire était hélas injustement écrite par les vainqueurs.

La conteuse malicieuse poursuivit une fois de plus son récit, jusqu’à arriver ce qui semblait être la dernière ligne droite : le maraudeur devait désormais capturer et soumettre un démon pour sa dame, chose qu’il ne serait sûrement pas en mesure de faire, et qui devrait le tuer au passage. Et en soi, même s’il y arrivait, que serait la réaction de la princesse ? Elle n’allait pas bêtement l’envoyer paître ailleurs, elle voulait initialement s’en débarrasser car sa trop grande puissance devenait désormais encombrante pour elle.

Les yeux plissés dans ma propre réflexion, je ne quittai pas la jeune femme du regard, me frottant le menton en quête du possible dénouement. Cela dit, j’avais malgré moi un grand sourire étendu sur mon visage, pour le simple fait d’avoir entendu cette histoire captivante.

Un homme est-il vraiment capable de tout une fois aveuglé par ses sentiments ?

Tristement, je pensais que oui. Pas tout le monde réagissait de la même façon, mais dans une telle relation destructrice, il n’y avait pas d’autre échappatoire. Le maraudeur était pris dans ses filets et n’y pouvait pas grand-chose. Il était bien souvent très difficile de se réveiller d’une telle ivresse, et le Créateur savait ô combien ce devait être une des choses que je redoutais le plus au monde : être dépendant de quelqu’un au point d’être dans ce cercle vicieux d’abus et d’esclavage morbide.

Sam 6 Fév 2021 - 17:47

Dam Thor'Njall
Dam Thor'Njall

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Il était une bière
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« 9:42 || PV. Fabien Sourcelaine »

Son auditoire captivé par l’histoire du maraudeur encourageait la jeune femme à poursuivre son récit. Elle laissa planer le doute un instant, lui servit un sourire énigmatique pour répondre à sa question, puis reprit l’histoire tragique et malheureuse de cet amour impossible et toxique.

— Cinq années s’écoulèrent. Cinq longues années durant lesquelles la princesse épousa bien des hommes, et gagna bien des cadeaux. Certaine d’avoir mené le maraudeur à sa fin, elle profitait pleinement de la vie et de ses incroyables richesses. Le monde enviait ses possessions, et se pliait à ses quatre volontés afin d’obtenir son attention.

Si seulement le maraudeur n’avait pas réussi, l’égoïste princesse aurait vécu longtemps, heureuse d’être devenue la plus grande fortune de Thédas. Malheureusement pour elle et ses rêves illusoires, l’histoire ne se terminait guère ainsi, avec sa victoire et la disparition de son serviteur dévoué.

Dam se pencha à nouveau sur le quarantenaire, puis elle plaça son index contre son front tandis qu’elle ajoutait :

— Un soir, alors qu’elle dormait aux côtés de ses nombreux amants, une figure fantomatique, presque monstrueuse se présenta à son balcon. Après cinq ans de silence, le maraudeur et sa monture étaient de retour. La princesse se réveilla en sursaut, hurla d’horreur lorsqu’elle vit le cheval métamorphosé de l’homme qui jadis lui obéissait aveuglément. Le corps de l’animal était décharné, sa crinière s’était teintée d’un rouge sanglant et une épée enfoncée sous sa tête, se dressait fièrement sur le front de l’animal maudit.  

À cet instant, la pauvre princesse regrettait sans doute sa demande et son égoïsme. D’après Vesta, de nombreuses versions de l’histoire la dépeignait suppliante afin que le maraudeur épargnât sa vie. Malgré ses suppliques, la femme vieillissante ne ressortait jamais de cette ultime confrontation.

« Soleil de nuits, Lune de mes jours, j’ai sacrifié ma plus grande possession afin de satisfaire votre vœu. Maintenant, vous devez m’épousez ». À la vue de l’animal démoniaque, les amants de la princesse saisirent leurs armes et se jetèrent sur lui pour l’éliminer, en vain. Tous les hommes furent tués par le maraudeur et sa monture. Lorsque le cheval frappait du sabot sur le sol, sa victime s’abrasait, d’autres finirent empalés sur l’épée qui lui servait de corne. L’effroi s’empara du palais, tout comme les flammes enragées du maraudeur trahi.  

La jeune conteuse plaça ses mains devant les yeux de l’homme aux cheveux clairs, puis elle mit enfin un terme à son histoire macabre.

— D’après les témoins de la scène, la princesse aurait préféré se jeter du haut de son balcon plutôt que d’épouser cet homme monstrueux. Et tandis que le feu se répandait dans toute la cité, le maraudeur rejoignit le corps de son aimée pour mourir à ses côtés. Seule la monture échappa à l’horreur, car la ville et ses habitants disparurent dans le brasier cette nuit-là. Des cendres, la licorne émergea, abandonnée par son maître mais trop brûlante de colère pour accepter la mort.  

La main de Dam libéra son auditoire, avant de faire danser la pièce offerte entre ses doigts graciles.

— Dénuée de but, la licorne gagna le marais le plus proche pour s’y cacher. Et l’on raconte que son hennissement, le seul qu’elle poussa à la lisière du marais, résonna dans tout Thèdas et provoqua de nombreux incendies dans les maisons des infidèles.  
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Dam parle en #6666cc ; La serveuse parle en #993333

Lun 8 Fév 2021 - 12:01

Ashleigh
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Il était une bière




9:42 du Dragon
Feat. Dam Thor'njall
Conteuse - ■ ■ ■


Un sourire, que je devinais entendu, fut servi comme réponse. Evidemment qu’il était capable de tout par amour, par passion plutôt. Était-ce une question nécessaire ? Non, mais renforcer la confiance de la conteuse me semblait essentiel, même si elle n’en avait nul besoin : j’avais connu des conteurs battus ou moqués car ils ne disaient pas le dénouement que voulaient les plus idéalistes, ou les plus paresseux. La réelle question ici était plutôt : que se passerait-il une fois devant la princesse à nouveau ?

Cinq ans s’écoulèrent donc. Cinq ans durant lesquelles la princesse se prélassa dans ses excès. Ne quittant pas la narratrice du regard, je remarquai un temps trop tard qu’une fois de plus, la voilà proche de moi, osant même me toucher le front d’un doigt ferme, comme quand l’on se moquait de ses cadets pour leur stupidité.

Elle poursuivit sa narration, racontant comment le Maraudeur était revenu au palais avec ce qu’elle avait demandé. La princesse hurla d’horreur, tandis que ses amants attaquèrent la créature en vain. Bientôt, les flammes se répandirent, avant de tout emporter. Tout, sauf la licorne.

Dénuée de but, la licorne gagna le marais le plus proche pour s’y cacher. Et l’on raconte que son hennissement, le seul qu’elle poussa à la lisière du marais, résonna dans tout Thèdas et provoqua de nombreux incendies dans les maisons des infidèles.

Intéressant dénouement. Je pouvais entendre des murmures dans l’auberge, pensifs et interrogateurs. Chacun percevait le message à sa façon, même si dans le fond il était clair. Du moins, je le pensais.

Tss jamais je laisserai une femme me rendre cocu !

Si beaucoup pensaient à l’adultère derrière cette histoire, ce qui était bien un point non-négligeable, à mes yeux ce qui me frappait le plus était ailleurs. La dévotion. Il n’y avait rien de plus infernal que la dévotion.

Beaucoup pensaient au comportement des autres vis-à-vis de soi, mais personne ne se demandait pourquoi les autres avaient ce comportement. La dévotion brisait les rêves et les buts. La dévotion n’apportait que la dépendance et l’étroitesse d’esprit et d’opinion. Possédait-on réellement une opinion à soi, en vrai ?

Ces seules pensées firent trembler mon esprit de dégoût, mais aussi quelque part d’effroi.

La conteuse était encore là, savourant sans doute la vague de réflexion et d’émois provoquée par ses paroles. Je lui adressai un regard, après une longue contemplation de la taverne dans sa globalité.

Tragique d’entendre à quel point la dévotion peut détruire quelqu’un. Ses rêves, ses buts dans la vie, tout ce beau monde resserré dans un étroit couloir, où l’on nous empêche de voir.

Je soupirai, appuyé contre le comptoir, le regard balayant une fois de plus la salle à nouveau bruyante comme avant.

Ou alors, ne choisissent-ils pas de s’ôter la vue, de par leur conviction ?

Il était fascinant d’observer le comportement humain parfois, surtout poussé dans ses plus extrêmes retranchements. Nombres d’histoires s’amusaient à explorer ces comportements, de façon réaliste ou non. Mais chacun était finalement fasciné par ce qui lui était étranger, inconnu, pour finalement se rassurer, se dire qu’on était chanceux de ne pas avoir réellement ça dans nos vies.

En tout cas bravo, vous êtes vraiment talentueuse. Moi qui croyais que cet art nomade était à l'agonie, me voilà surpris en bien.

Sam 6 Mar 2021 - 21:22

Dam Thor'Njall
Dam Thor'Njall

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« 9:42 || PV. Fabien Sourceclaire »

Soudain perdue dans ses souvenirs, la conteuse se remémorait l’histoire originelle, celle que lui racontait autrefois Vesta au coin d’un feu mourant. En dépit de son âge avancé, l’homme paraissait rajeunir lorsqu’il contait moultes aventures à l’oreille de la petite mage. Dam se souvenait de ses sourires à peine dissimulés sous sa barbe mal-taillée, ou de ses yeux brillants sous l’excitation. Encore aujourd’hui, elle s’inspirait de ses mimiques pour captiver l’attention de son auditoire.

L’affaire semblait concluante, puisque le principal concerné poursuivait la discussion. Il posait beaucoup de questions, donnait de la voix et rendait la soirée de la névarrane plus intéressante. Elle ne prétendait pas connaître le cœur des hommes dans leur ensemble, mais peut-être pouvait-elle donner à débattre.

— Peut-être que ces deux raisons coexistent. Parfois, ce sont les autres qui nous empêchent de voir les choses telles qu’elles sont, et parfois nous n’avons pas besoin d’eux pour plier la vérité selon notre commodité.  

Heureusement, Vesta lui avait appris à répondre intelligemment pour ne pas paraître trop sotte. Elle se félicitait d’ailleurs de ne pas avoir oublié ses précieux conseils, même si l’échec la guettait au tournant. Dam se savait faillible, un peu niaise par moments et inconsciente par d’autres.

— Malheureusement ce n’est point une chose que l’on contrôle, et l’on s’y perd bien souvent.

Elle descendit du comptoir, passa une main sur ce dernier afin de le nettoyer sommairement puis offrit un grand sourire au quarantenaire. Ses compliments lui allaient droit au cœur, même s’il fallait avant tout remercier Vesta pour ses talents. Sans lui, Dam ne saurait guère raconter de pareilles histoires.

— J’ai eu un excellent professeur.

Elle avouait sans honte, reconnaissante pour toutes les soirées passées en compagnie de ce vieil homme énigmatique.

— Sans lui, je ne raconterai rien.

Vesta n’apprécierait pas ses compliments, il détestait l’attention en particulier depuis l’adolescence de la jeune mage. Il préférait l’obscurité des bibliothèques, le silence des morts et la présence fantomatique d’Astrid Thor’Njall. Parfois, Dam le comprenait mais elle ne regrettait pas son départ du Névarra. Elle était partie pour une grande cause, pour retrouver sa dernière famille.

— Mais sans vous, cher auditeur, les conteurs tels que moi ne seraient rien. Il faut donc vous remercier pour votre attention et votre patience.  

Elle s’inclina légèrement, remerciant à son tour l’homme pour son écoute.

— Je suis certaine que d’autres conteurs et conteuses raviront vos oreilles.
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