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Même les hyènes avaient besoin de repos. Même les vautours avaient besoin de se percher pour la nuit. De la même manière les Templiers Rouges, eux aussi, avaient besoin d’une retraite où ils pourraient dormir sur leurs deux oreilles. Si l’Inquisition avait Fort Céleste, les Adeptes avaient Therinfal. Une forteresse perchée sur une montagne, longtemps délaissée par les Chercheurs de Vérité avant qu’elle ne soit reprit par les soldats du nouveau dieu. Une belle ironie qui ne manquait pas de faire sourire Raleigh quand il y repensait.
En cette nuit froide de Hiémarche, Samson s’était affublé d’une chaude cape en complément de sa fidèle armure. Comme chaque soir, le soleil se couchait pour laisser place à la lune. Comme chaque soir, Raleigh sortait de son bureau pour faire le tour de ses hommes. Il fallait vérifier que tout était en ordre, que les patrouilles étaient bien en marche en temps et en heure. Mais aussi, il voulait inspecter l’état de ses troupes, mesurer le moral du fort. Il prenait ainsi le temps d’échanger quelques paroles avec l’un ou l’autre. Si on l’interpelait, il s’arrêtait et écoutait. Parfois, il traînait autour d’un feu ou l’autre pour partager un moment avec ses soldats.
C’était un rituel qu’il essayait d’observer autant que possible. Cela lui rappelait la valeur qu’il y avait derrière chaque vie de perdu pour la guerre qu’ils menaient. Un général qui oubliait qu’il y avait une vie derrière chacun des casques à son commandement, il n’y avait pour Raleigh rien de pire. Surtout lorsque ces casques-ci avaient fait l’ultime sacrifice de s’abandonner à la merci du Lyrium Rouge, promesse d’un esprit qui se perdait petit à petit à mesure que le cristal s’emparait de leur corps et d’une vie de douleur. Il leur devait bien d’être attentif à leurs besoins. Ils n’avaient ni besoin de souffrir inutilement, ni de malgré eux blesser leurs compagnons d’arme.
Après être sorti d’une discussion avec une poignée de jeunes Templiers, le commandant resta un bref instant au milieu de la cour à contempler l’activité autour de lui. Certains étaient partis se coucher dans les dortoirs à l’intérieur ou bien des tentes. D’autres discutaient autour du feu, à boire entre eux dans une joyeuse animation. Quelqu’un jouait un petit air de luth, redonnant chaleur à cette atmosphère grave et froide d’un temps de guerre en plein hiver. Les soucis s’envolaient, on buvait un peu.
Mais, dans un coin un peu plus reculé, Samson observa une silhouette solitaire sans aucune compagnie, non loin des remparts. Il s’agissait d’un homme dont il avait croisé la route plusieurs fois déjà et qu’il ne connaissait que de nom. Il allait et venait au gré de ses affectations ; peut-être était-ce pour cela que personne ne se joignait à lui, par manque de familiarité.
Peu importait la raison, la curiosité du Templier Rouge le poussa à se rapprocher de l’agent.
« Bonsoir monsieur Cide. Belle soirée, n'est-ce pas ? » le salua t’il une fois suffisamment proche, dans une politesse volontairement exagérée. « Ça fait un moment que je ne vous avais pas revu. Que nous vaut cette visite ? »
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S’il m’avait été donné un jour où je foulerais à nouveau le sol sous Thérinfal .. Déjà que de l’avoir foulé une première fois me faisait drôle, mais alors une deuxième ?
Les consignes de la Patronne étaient claires : je devais la représenter lors de cette réunion. Drôle d’idée, mais il fallait croire qu’elle me faisait suffisamment confiance pour cette tâche. Mais tout de même, quelle drôle d’idée ..
Cela dit, le fait de ne pas trop connaître les gens ici faisait que je pouvais rester en paix dans mon coin. Elfidée en bouche, le visage paré du célèbre et meurtrier masque blanc et neutre, mon regard se perdait dans la braise. Tant de choses étaient en train de se passer dans le monde, tant de changements si soudainement et si brutalement, et me voilà auprès d’un feu à attendre une réunion qui ne me concernait nullement. Mais bon, les ordres étant les ordres ..
Une silhouette s’approcha de moi. Je ravalai un soupir, particulièrement lorsque je reconnus le visage du nouvel arrivant.
◊ Bonsoir monsieur Cide. Belle soirée, n'est-ce pas ?
◊ Bonsoir, commandant Samson.
Je ne savais vraiment comment le qualifier au sein de cette organisation, mais j’avais jugé « commandant » être le terme le plus adéquat. Au pire, il me corrigerait. Mon regard glissa à nouveau vers la braise ; le voyage fut long, j’étais lessivé, mais pour m’éviter les regards noirs de la mauvaise personne, je tâcherai de faire un effort.
◊ Je vous en prie, asseyez-vous donc ..
◊ Ça fait un moment que je ne vous avais pas revu. Que nous vaut cette visite ?
◊ Oh vous savez, l’incapacité pour dame de Chalons de venir en ces lieux sans s’attirer des soupçons .. je la représenterai lors de la réunion.
Que cela m’enchante, ou non. Mais bon, elle me payait bien pour une raison, ma foi.
◊ J’ose espérer que tout se passe bien de votre côté, commandant ?
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L’appellation de « commandant » lui semblait encore suffisamment nouvelle pour que, de temps à autre, il se sente étonné qu’on le qualifie de la sorte. Les jours où il errait dans la basse ville de Kirkwall ne lui paraissait encore que trop récents et lui imposaient l’humilité. Il n’était après tout qu’un homme. Un homme qui, cependant, était conscient de ses propres capacités ; son esprit n’avait jamais été aussi clair et prompt à affronter tout ce que le monde pourrait lui lancer à la face. La surprise passait donc rapidement, telle une petite brise froide dont il ne prêtait plus qu’une vague attention, jusqu’à ne plus la sentir. Les temps changeaient.
Il remercia Cide lorsque celui-ci lui offrit de s’asseoir auprès du feu, ne tardant pas à s’installer. Entre eux, le feu crépitait joyeusement, apportant une chaleur réconfortante. Plus loin, le petit groupe de templiers rouges s’esclaffa en concert ; mais Raleigh n’y prêta pas plus attention que cela, son attention focalisée sur l’espion.
« Naturellement. Et bien, vous transmettrez mes amitiés à madame de Châlons. » déclara t’il à son adresse en apprenant les raisons de sa venue ici. Il ne pouvait se vanter de bien connaître la cousine de l’Impératrice et, à vrai dire, il s’en moquait un peu. Seul comptait leur intérêt mutuel ; de plus, elle prouvait être une alliée de choix avec nombre de ressources.
Un sourire fendit les lèvres de Samson à la question de Cide à son adresse, teinté d’une légère amertume.
« Heh. Comme une guerre, si on veut. » répondit-il avec une sorte d’amusement avant de reprendre, un peu plus sérieux. « Mais n’y a pas que les combats. Y’a aussi les hommes derrière. Je suis fier d’eux et ils font un excellent travail, mais on ne va pas se mentir … chaque jour est une épreuve, surtout pour les plus anciens. »
Il se demandait si les personnes comme Cide se rendaient compte du prix à payer pour autant de puissance. Le Lyrium Rouge était feu et douleur. Un mal pour un bien. L’Ancien en était conscient, tout comme lui-même l’était. La victoire ne pouvait s’emporter sans sacrifice.
A peine avait-il fini se phrase qu’il se rendit compte que quelqu’un s’approchait d’eux. Il releva la tête vers la source des pas ; c’est là qu’il fut accueillir par un visage familier. Todd, une nouvelle recrue qui s’était rapidement intégrée à leurs troupes. Un peu trop bien, semblerait-il, car ses joues étaient pourpres et son expression fort joyeuse.
« Hé, commandant ! Moi et les autres, on voulait vous donner ça … Ça serait pas juste que vous soyez laissez seul. »
A sa main, il y avait une bouteille d’alcool dont Samson n’était pas certain du contenu exact. Sûrement de la Coulée de lave d’Hirol ; il était plutôt populaire ici. Il arqua légèrement un sourcil en observant la bouteille, pesant rapidement le pour et le contre, avant de hausser les épaules.
« Ouais, pourquoi pas ? Merci fiston. Par contre j’espère bien que c’est ton dernier verre. »
Son ton était calme, mais il y avait une fermeté suffisante pour que le jeune homme en face de lui se raidisse un peu, se rendant compte des implications cachées derrière ses paroles.
« O-oui commandant ! Derien commandant ! »
Sur ces mots, il se dépêcha de quitter le duo pour disparaître dans l’obscurité du camp seulement illuminé par quelques torches. Samson eut un sourire amusé avant d’observer la bouteille qu’il tenait de sa main gantée. Elle était encore pleine ; ce n’était pas un mauvais cadeau. Il pourrait en profiter un petit peu, se permettre un petit écart tant qu’il faisait attention. Il avait beau être commandant, il était également humain.
Il tourna son visage vers l’agent de Florianne, levant légèrement le généreux don de la recrue pour qu'il puisse le voir.
« Bon … Ça vous dit un petit verre ? »
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◊ Naturellement. Et bien, vous transmettrez mes amitiés à madame de Châlons.
◊ Je n’y manquerai pas, commandant.
Le sourire qu’il m’adressa droit derrière me fit froncer des sourcils derrière mon masque blanc. Mais je ne fis aucun commentaire, bien évidemment.
◊ Heh. Comme une guerre, si on veut. Mais n’y a pas que les combats. Y’a aussi les hommes derrière. Je suis fier d’eux et ils font un excellent travail, mais on ne va pas se mentir … chaque jour est une épreuve, surtout pour les plus anciens.
◊ Je comprends.
Un hochement de tête accompagna ma réponse. Envoyer ses hommes la tête la première dans quelque chose d’autant dangereux que le lyrium rouge ne devait pas être évident tous les jours. A se demander sérieusement pourquoi il prenait un tel risque sans leur réel consentement, la puissance ? La folie ? Mais je ne jugeai pas, ce n’était pas mon travail.
Coupant le fil de mes pensées, un jeune homme s’approcha de nous, quelque peu éméché. Je ravalai un soupir, tandis qu’il tenta de nous parler.
◊ Hé, commandant ! Moi et les autres, on voulait vous donner ça … Ça serait pas juste que vous soyez laissez seul.
Cela m’épatait de constater de mes propres yeux à quel point Samson n’était qu’un commandant qui entretenait un bon lien avec ses recrues. A en écouter les rumeurs seulement, tout était si différent, si décalé .. Peut-être à cause du lyrium rouge, à diaboliser pour de bonnes raisons. En soi, cela allait de pair avec le lyrium classique.
Il fallut cependant un petit temps au commandant avant d’accepter son présent. Rien de bien surprenant.
◊ Ouais, pourquoi pas ? Merci fiston. Par contre j’espère bien que c’est ton dernier verre.
◊ O-oui commandant ! Derien commandant !
On aurait dit un père qui parlait à son gosse, juste ce qu’il fallait de tendre, juste ce qu’il fallait d’autoritaire. C’était rassurant de voir qu’au moins, les partisans de Corypheus n’avaient pas choisi leur commandant des forces armées au hasard : il savait parfaitement ce qu’il faisait.
A ma grande surprise, alors que le jeune soldat détalait, Samson se tourna vers moi, la bouteille en main.
◊ Bon … Ça vous dit un petit verre ?
◊ Mince, un seul ?
Une simple taquinerie, j’espérai qu’il ne le prendrait pas trop mal. Je lui adressai un sourire, la tête tournée dans sa direction. En réalité, je ne comptais pas trop boire, je devais rester maître de mes actions, surtout en considérant que je représentais techniquement quelqu’un en ce moment même. J'émis un léger ricanement, puis je complétai tout de même, un brin plus sérieux.
◊ Soit, un petit verre, alors.
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La petite plaisanterie que Cide délivra resta aux yeux de Samson ce qu’elle demeurait fondamentalement : une taquinerie sans importance et qui ne ferait de mal à personne. Il en ricana doucement, un sourire moqueur s’étirant sur ses lèvres.
« Ça ne dépend que de vous. C’est plutôt fort, je n’aurai pas envie que vous tombiez dans les pommes. »
Bien qu’il blaguait, pour une raison qu’il lui était obscure – peut être son apparence ou l’aura qu’il dégageait ?-, Samson prit le parti pris que son interlocuteur était sensible à l’alcool. Quant à lui-même, il n’avait que peu de doutes sur ses capacités. Toutes ces années passées à consommer une quantité peu raisonnable d’alcool bas de gamme, si elles n’avaient pas trompé sa soif de lyrium, avaient cependant réussi à lui forger une bonne résistance à la boisson dont il ne se vantait que rarement. Ce genre de proclamations, dans la position où il était, n’était peut-être pas des plus sages en particulier lorsqu’il y avait autant de regards sur lui. Qu’il était parfois difficile d’être commandant !
En se rendant compte que leur duo manquait cruellement de verres, Samson se leva pour aller en cueillir deux chez leurs voisins de camp à quelques pas de là avant de revenir s’installer à sa place. D’un geste sec, il déboucha la bouteille dans un « pop » sonore avant de déverser son contenu dans un premier verre qu’il tendit à son invité avant de se servir lui-même.
Le liquide, fidèle à son nom, était d’un rouge profond tendant légèrement vers l’orange. D’ailleurs une forte odeur épicée s’en dégageait pour venir piquer le nez des buveurs.
« Aller, santé. » lança t’il, levant son verre en direction de l’homme. Leurs verres claquèrent entre eux et, ceci étant fait, le templier rouge bu une gorgée de l’alcool.
Il sentit la familière sensation de brûlure que laissait l’alcool dans son sillage alors que celui-ci se déversait dans sa gorge. D’un seul coup, il eut l’impression d’être plus réveillé.
« J’me rend compte qu’on ne se connaît pas tant que ça, vous et moi. » déclara t’il finalement, lorsque Cide eut terminé sa propre gorgée. « Je pose toujours cette question à mes nouveaux gars - vous n’êtes pas obligé d’y répondre bien sûr, mais je suis curieux : qu’est-ce qui vous a poussé à nous rejoindre ? »
Certains avaient un but. Beaucoup voulaient plus de pouvoir, comme Calpernia ou Florianne. Il savait suffisamment d’elles pour se rendre compte qu’il ne s’agissait en rien d’une histoire de conviction. Lui-même, à leur opposé, croyait que Corypheus était la clé d’un changement sans demi-mesure qui viendrait renverser l’ordre établi. D’autres profitaient simplement de la situation pour amasser des richesses, plus sans doute qu’il ne voulait l’admettre.
Cide était-il l’un d’entre eux ?
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Par chance, le commandant ne prit pas mal ma petite boutade : un ricanement franchit ses lèvres, qui s’étirèrent en un rictus que j’interprétai tel un sourire de défi, de malice.
◊ Ça ne dépend que de vous. C’est plutôt fort, je n’aurai pas envie que vous tombiez dans les pommes.
J’arquai un sourcil faussement outré sous mon masque, le rictus toujours présent, et cependant visible. Je ricanai à mon tour, incertain de savoir sur quel pied danser : j’étais un représentant diplomatique, je ne pouvais pas trop me laisser aller non plus, aussi tentant cela était-ce. Ça, sans parler des risques éventuels à finir complètement caisse et à dire les mauvais mots, les fatals, ceux qui plaçaient la lame sous la glotte. Nous verrions bien : il m’était rare de boire avec un homme d’à peu près mon âge, j’avais l’impression. Que des jeunes dans ces guerres incessantes.
◊ Les incidents diplomatiques ne vous font pas peur à vous, j’aime ça.
Samson se leva alors, et revint quelques instants plus tard avec deux verres. Ah, les choses devenaient enfin sérieuses. Il ouvrit la bouteille avec aisance, comme s’il faisait ça tous les jours à plusieurs reprises – aucun jugement ici –, puis le commandant servit un verre qu’il me tendit. Je l’attrapai en le remerciant d’un hochement de tête, avant de le regarder se servir lui-même. Mon œil se porta alors sur le contenu de mon récipient : l’odeur était forte, le rouge vif et sombre. Plus l’observation durait, et plus je me disais que ce serait une grossière erreur que de se laisser aller. La voix rauque du commandant me sortit de mes réflexions.
◊ Aller, santé.
◊ Santé, commandant.
Je levai alors mon verre en sa direction, avant de trinquer avec lui. Puis, je portai le verre à mes lèvres avant d’avaler une gorgée modérée de cette substance. La force avec laquelle elle me brûla la gorge, combinée à son état déplorable dû à l’elfidée, me fit grimacer. On aurait dit qu’elle désinfectait des plaies internes dans la gorge, c’était une drôle de sensation. D’une voix crispée, j’ajoutai un commentaire qui allait sûrement faire rire mon interlocuteur.
◊ Décidément, ça change du vin orlésien ..
Mais ce n’était pas mauvais en soi. Il me fallait seulement un poil d’habitude. Ma consommation en alcool se constituait essentiellement de vin et de bière, je n’allais jamais vraiment dans les alcools forts. Autre raison pour boire avec modération, je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller et de faire un faux pas.
Samson poursuivit la conversation, soudainement plus détendu.
◊ J’me rend compte qu’on ne se connaît pas tant que ça, vous et moi. Je pose toujours cette question à mes nouveaux gars - vous n’êtes pas obligé d’y répondre bien sûr, mais je suis curieux : qu’est-ce qui vous a poussé à nous rejoindre ?
Un interrogatoire à un moment pareil ? Intéressant, que ce fût volontaire ou non. C’était mon moment pour me faire une meilleure place que « c’est le travail », qui serait, malheureusement, insuffisant en matière de confiance.
◊ Ça ne me dérange pas d’y répondre, ne vous en faites pas. Mmh .. Je dirais que la principale raison est la nécessité pour ce monde de mourir, afin qu’un meilleur puisse arriver. Tous les recoins sont corrompus jusqu’à la moelle, et la meilleure solution à mes yeux reste de tout faire sauter.
Je pris une autre maigre gorgée, avant de lever la tête au ciel. En soi, ce n’était pas si faux. Après, je trouvais les méthodes utilisées assez douteuses, mais mes idéaux restaient les mêmes.
◊ Et vous ? Une raison en particulier ? Ou peut-être vous préférez simplement voir le monde brûler .. Je suis aussi de ce genre-là, pour être honnête.
Le monde était si ironiquement injuste, autant en rire, ou agir de façon incohérente. Tout n’était que circonstances, qu’hasards, et qu’illogismes. Quand on se débarrassait d’un rat, une quinzaine plus gros arrivaient. Alors à quoi bon, finalement ?
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Cide ne paru pas particulièrement désarçonné par sa soudaine question, bien au contraire. Cela signifiait qu’il avait des convictions, une flamme qui le poussait dans la même direction que celle de l’Ancien – et par conséquent, la sienne. Un petit sourire franc et amusé s’étira sur les lèvres de Raleigh alors que son compagnon mettait de la lumière sur les origines profondes de sa présence ici, dans le camp du changement.
Le commandant marqua la conclusion de son interlocuteur d’un bref mouvement de tête pour manifester à la fois sa compréhension et son approbation. Ses aspirations ressemblaient aux siennes ; peut-être étaient-ils faits pour s’entendre.
Puis la question se retourna contre lui. Le templier rouge n’en sembla pas particulièrement étonné, et répondit avec son honnêteté habituelle.
« Mh … Oui et non. Je suis plus du coté de ce que vous disiez avant. J’aimerai que les choses changent, moi aussi. Mais ça ne pourra pas se faire sans qu’on détruise la source du problème. J’espère qu’on pourra casser les dents à la Chantrie et la remplacer par quelque chose de meilleur. »
Comme la grande majorité de ses Templiers Rouges, en vérité. C’était justement parce qu’ils remettaient en cause le système qu’ils l’avaient suivis jusque ici et sacrifiés leurs corps pour une cause plus haute, plus juste, qui dépassaient leurs vies.
Le regard de Samson s’anima, ses yeux rubis s’illuminant d’un éclat plus intense qui contrastait avec le calme qu’il exprimait dans son expression et son ton alors qu’il poursuivait ses explications.
« J’étais Templier avant, vous savez. J’ai vu la manière dont les choses fonctionnaient, et je peux vous dire qu’il n’y a pas grand-chose de moral dans cette fonction. Ce n’est pas tant couper un temps soit peu les mages du monde extérieur – cela peut s’entendre, on ne va pas se mentir, quand on voit comment les choses étaient à Kirkwall. C’est limite si on trouvait pas un mage de sang en soulevant un tapis. » ricana t’il entre l’enjouement et le sarcasme. « Non, c’est plus la mise en application de cet ordre tout simple. Vous trouvez ça normal vous, d’enfermer quelqu’un dans une tour toute sa vie tout en étant traité pire qu’un criminel ? Et puis merde, le Cercle de Kirkwall était une ancienne prison, tu parles d’une ironie ! »
Son visage paru rieur malgré l’étincelle de colère qui se reformait dans son cœur. Il avait vu et fait des choses dont il n’était pas particulièrement fier ; dommage qu’il ne se soit réveillé que trop tard. Il soupira silencieusement, reprenant :
« Pour ma part, le problème principal c’était le lyrium. Ce truc, on ne vous le dit pas au début, mais ça vous consume à petit feu. J’en ai déjà bavé à cause de ça, mais vous devriez voir ce que ça donne sur les vétérans qui en ont pris pendant des années et des années …Sauf que ça, on ne vous le dit pas quand vous entrez dans l’Ordre et le jour où la démence vous prend, on vous met à la porte. Quoi qu’il en soit, à la fin de la journée, tout ça n’est qu’une vaste manipulation. Mages ou Templiers, on se fait tous avoir. »
Pour marquer la fin de ses éclaircissements, il replongea ses lèvres dans son verre.
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Ma surprise fut assez grande de réaliser que le commandant au service de l’Ancien s’ouvrirait autant aisément au premier inconnu qui buvait un verre avec lui. Je ne fis pas trop de commentaires, conscient que la chose allait jouer en ma faveur. J’écoutai donc ce qu’il avait à me répondre, hochant de la tête de temps en temps pour montrer que j’écoutais avec attention.
◊ Mh … Oui et non. Je suis plus du coté de ce que vous disiez avant. J’aimerai que les choses changent, moi aussi. Mais ça ne pourra pas se faire sans qu’on détruise la source du problème. J’espère qu’on pourra casser les dents à la Chantrie et la remplacer par quelque chose de meilleur.
Oh. Mon regard masqué s’illumina d’une bien belle lumière. Oh, raser la Chantrie, quel rêve. Enfin quelqu’un qui avait les idées au clair – et vu où je me trouvais, c’était dire. Mais Samson semblait lui aussi enjoué par le sujet qu’il posait sur la table, comme s’il attendait cette ouverture depuis fort longtemps.
◊ J’étais Templier avant, vous savez. J’ai vu la manière dont les choses fonctionnaient, et je peux vous dire qu’il n’y a pas grand-chose de moral de cette fonction. Ce n’est pas tant couper un temps soit peu les mages du monde extérieur – cela peut s’entendre, on ne va pas se mentir, quand on voit comment les choses étaient à Kirkwall. C’est limite si on trouvait pas un mage de sang en soulevant un tapis.
Ah, je me souviens de mon arrêt temporaire à Kirkwall. C’était peu de temps avant l’explosion de sa Chantrie. La nouvelle avait été des plus choquantes, quand je la découvris au bon port de Dénérim. Les choses avaient pris tant d’ampleur en si peu de temps, toute la poudre qui traînait s’était embrasée, et une guerre se déclencha complètement entre les mages et les templiers. Les temps avaient été durs à ce moment-là, c’était vrai. Pour y avoir participé un minimum, ça l’avait été.
◊ Non, c’est plus la mise en application de cet ordre tout simple. Vous trouvez ça normal vous, d’enfermer quelqu’un dans une tour toute sa vie tout en étant traité pire qu’un criminel ? Et puis merde, le Cercle de Kirkwall était une ancienne prison, tu parles d’une ironie !
Mais enfin !! ENFIN ! Enfin quelqu’un qui faisait preuve de bon sens. Il dut percevoir mon très grand intérêt en ses propos, car je m’étais redressé dans ma posture, m’étais penché un peu plus vers lui, buvant ses paroles comme le meilleur des vins. Pour la première fois de sa vie, je rencontrais une personne d’à peu près mon âge et qui possédait à peu près mon vécu : cela me faisait drôle, vraiment drôle, mais je n’allais pas simplement laisser la chose partir.
◊ Wow, templier à Kirkwall, vous parlez d’un changement de carrière. Ce n’est pas trop difficile comme transition ?
◊ Pour ma part, le problème principal c’était le lyrium. Ce truc, on ne vous le dit pas au début, mais ça vous consume à petit feu. J’en ai déjà bavé à cause de ça, mais vous devriez voir ce que ça donne sur les vétérans qui en ont pris pendant des années et des années …Sauf que ça, on ne vous le dit pas quand vous entrez dans l’Ordre et le jour où la démence vous prend, on vous met à la porte. Quoi qu’il en soit, à la fin de la journée, tout ça n’est qu’une vaste manipulation. Mages ou Templiers, on se fait tous avoir.
Et complètement désillusionné par tout ce qui touchait de près ou de loin la Chantrie. Comme moi. C’était tellement drôle et fascinant à la fois. J’avalai une petite gorgée de mon breuvage, avant d’étaler finalement ma vie à mon tour.
◊ Vous êtes-vous demandé pourquoi ici on m’appelait « Cide » ? C’est une correction de mon réel pseudonyme, on m’avait recommandé de le faire pour ne pas laisser paraître de quiproquos au sein de cette organisation.
Je me penchai alors un peu plus vers lui, le regard luisant, le ton plus bas pour éviter de trop attirer l’attention.
◊ Le nom complet est Déicide, et le dieu que je cherche à tuer, c’est la Chantrie. Cette Chantrie corrompue jusqu’à la moelle, qui se sert de nous tous comme de simples pions, et qui a entaché sévèrement l’héritage du Créateur et d’Andrasté, au point de créer son propre culte. La Chantrie n’est plus un messager de la parole divine, elle est devenu cette divinité à vénérer, et cette hérésie doit s’arrêter.
Je me reculai un peu, savourant une autre maigre gorgée. Ma gorge commençait à s’y faire, à cette forte et amère boisson. J’inspirai un bon coup, reprenant une position plus avachie, impatient de raconter mon vécu vis-à-vis de cette Chantrie de merde.
◊ Je n’en ai pas l’air, mais je comprends presque parfaitement ce par quoi vous êtes passé. Voyez-vous, j’étais destiné à devenir templier, dans mon cas à Ostwick. Je n’ai jamais touché au lyrium, et je remercie le Créateur de m’avoir épargné cette merde. Et je peux vous dire que le Cercle d’Ostwick était pourri jusqu’à la moelle.
Je ricanai d’amertume, reportant le breuvage à mes lèvres. Une fois ma gorge hydratée, je repris mon propos.
◊ Mon père, un noble assez influent d’Ostwick, avait une espèce de main mise sur ce qui s’y passait. Un jour, il apprit que j’avais des amourettes avec une mage de là-bas, et il l’a fait apaiser devant moi. J’étais un gosse à cette époque, autant dire que ça m’avait pas mal .. forgé.
Je haussai des épaules, soupirant. Cela me faisait bizarre d’être autant intime avec quelqu’un. Surtout que ce quelqu’un, en y réfléchissant, n’était pas n’importe qui.
◊ Depuis, j’étais bien déterminé à remettre de l’ordre dans ce monde, à lutter contre eux avec tous les moyens que je possédais. Mon père voulait que cela me serve de leçon, et que je reprenne son « droit chemin ». Il a vu que ça n’allait jamais plus être le cas, alors il m’a foutu dehors. Pouf ! comme si je n’avais jamais existé à leurs yeux.
Je marquai une petite pause, observant le fond de mon gobelet, comme perdu dans mes pensées. Cela me faisait bizarre d’en parler comme ça, mais je savais qu’il pourrait comprendre. Je me sentais un peu plus léger, tout à coup.
◊ Mais rassurez-vous : je suis revenu il y a quelques années pour le tuer, ce salopard. Je n’allais tout de même pas le laisser s’en tirer comme ça, le bougre !
Puis, un autre ricanement franchit mes lèvres. Je me souvenais encore de son regard effrayé de voir un démon revenir dans sa vie, de sa tignasse tachée de sang, de cette satisfaction qui suivit le tout. Sourire aux lèvres, j’observai le campement où nous nous trouvions.
◊ Je suis content de voir que le monde commence enfin à se réveiller, commandant Samson.
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Le goût fort et prenant de l’alcool diluait l’amertume de ses souvenirs sans pour autant l’effacer complètement. Raleigh resta silencieux, contemplant pensivement la couleur écarlate de la boisson, agréable distraction mais qui était finalement inutile. Il releva toutefois bientôt son regard vers l’agent qui avait décidé de prendre la parole à son tour. La question qu’il amena était assez intrigante, mais le commandant n’afficha pas son inclination et n’y répondit pas car, évidemment, il n’en connaissait pas la réponse. Il se pencha toutefois lorsque Cid poursuivit ses paroles à demi-voix, attentif à ses explications, avant de se redresser pour l’observer.
Ils n’avaient pas la même façon de dire les choses, mais il voyait en ses paroles une vérité à laquelle il adhérait. C’était une réalité assez étonnante, mais il s’avérait qu’ils se ressemblaient bien plus qu’il ne le pensait.
« Je n’aurais pas dis mieux. » sourit-il avec cette même expression mi-sérieuse, mi-amusée. « Mais d'où vient cette opinion ? »
Et c’est là qu’il l’apprit. Cid était de ceux dont la famille servait le Créateur. Souvent, c’était une pratique qui se passait de génération en génération ; lorsqu’il était entré dans l’Ordre, Raleigh avait connu ce genre de personne. Une partie d’entre eux étaient fiers de cette docile servitude décidée à leur place, voyant de l’honneur en ce sacrifice qui était le leur. D’autres, au contraire, le portaient comme un fardeau. A en croire ses dires, Cid faisait partie de cette catégorie.
« Qu’est-ce qu’ils vous ont fait, à vous ? »
Sa main libre était à présent posée sur son genoux, son regard calme mais grave demeurant accroché au visage de Cid pendant que ce dernier racontait son histoire. Bien que brève, celle-ci ne manqua pas de lui rappeler la sévérité avec laquelle on punissait la fraternisation. Ainsi, le châtiment des deux tourteraux lui sembla exceptionnellement cruel, mais ne le surprit malheureusement pas.
« Je suis désolé pour tout ça. Quel connard.» déclara t’il abruptement, mais non sans honnête sincérité. Pour avoir vécu un scénario presque similaire avec Maddox et sa compagne, il pouvait comprendre un tant soit peu ce qu’il avait traversé.
La suite des péripéties de son compagnon amenait logiquement les raisons pour lesquelles il avait rejoint l’armée de l’Ancien. Les blessures de la jeunesse expliquaient souvent bien des choses, et celles de Cid ne faisaient pas exception à ce sujet. Excepté que contrairement à certains, il avait osé mener sa vengeance jusqu’au bout. Son bourreau était mort, et le voilà qu’il agissait de manière concrète en aidant l’armée des justes.
Samson ricana doucement avec lui, levant légèrement son verre comme pour lui porter un bref toast à sa victoire face à son père, avant de reprendre une gorgée d’alcool. Il opina brièvement du chef à la dernière remarque de son compagnon tout en lâchant un sourire satisfait.
« Et il était bien temps. Ce genre d’injustice, on ne peut pas l’endurer éternellement sans conséquences. »
Il fit doucement tourner l'alcool dans le fond de son verre avant de poursuivre.
« Mais ça, tout le monde ne le comprend pas. Il y a encore des cons pour les défendre, vous l’avez vu vous-même. » haussa t’il doucement des épaules. « Quand j’y repense, le meilleur dans tout ça, c’est qu’avec le chaos qu’on a semé, la Chantrie a tout de même trouvé le moyen de tourner le dos à la Brèche plutôt que d’agir pour ses fidèles. Pendant qu’on semait la mort parmi eux, ils ont préféré s’enfermer pour élire une nouvelle Divine. Si ce n’est pas une belle illustration de leur hypocrisie … »
Il sourit pensivement, amusé.
« Ah, que j’ai hâte qu’ils élisent une nouvelle Divine, d’ailleurs … Histoire qu’on rigole un peu. Je lui donne un mois maximum avant qu’on répète exactement le même scénario. »
Un verre autour de nos peines
9:42 du Dragon
Feat. Raleigh Samson
Puissant commandant des Adeptes - ■ ■ ■
J’avais toute son attention, tandis que je réalisai qu’en effet, nous nous comprendrions. Rares étaient les viocs de ma trempe à être passés par mon sentier, cela faisait du bien, quelque part. Ainsi, me voilà à déballer ma vie, avec cet espoir de tenir quelque chose à la clé, n’importe quoi. De la sympathie, de la confiance au pire. N’importe quoi qui pourrait me servir au sein de cette organisation. Après tout, je n’étais pas dupe : nous vivons en des temps compliqués et sanglants, où il n’y a aucune place pour les instants réellement bénins ou joyeux. L’alcool fort se buvait froid, voire avec de la glace selon les régions, ce n’était pas pour rien : la réalité était bien moins chaleureuse que ce que laissaient croire les propagandes. S’il n’y a pas le temps de pleurer, il n’y a certainement pas le temps de rire.
Et j’ai grandi comme ça. Comment aller à l’encontre de ma personne ? de mes valeurs, de mes habitudes ? La vie m’avait poussé dans une vie glaciale et solitaire, et n’avait pas le temps de faire ami-ami. Le monde n’était qu’une masse d’étrangers dans mon regard, même si j’aurais aimé avoir un minimum d’espace pour me poser.
Samson s’excusa cependant au sujet de ce qui m’était arrivé. Je haussai des épaules, sortant de mes réflexions.
◊ Ma foi, c’est le monde qui l’a fait comme ça. C’est la Chantrie qui l’a fait comme ça. Et ce sont pas des choses qui vont disparaître, loin de là.
Monde de merde.
Le commandant de l’Ancien lâcha cependant un rire en écho au mien, non sans ajouter quelques mots après.
◊ Et il était bien temps. Ce genre d’injustice, on ne peut pas l’endurer éternellement sans conséquences.
Je lui souris, avant d’avaler un peu de mon breuvage. Evidemment qu’il n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Il le fallait.
◊ Malgré tout on peut dire ce qu’on veut, être le plus solide gaillard de Thédas, .. mais il faut une sacrée paire de couilles pour se faire justice soi-même.
◊ Mais ça, tout le monde ne le comprend pas. Il y a encore des cons pour les défendre, vous l’avez vu vous-même.
◊ Ah, ça ..
Mon regard se perdait dans la teinte rougeâtre de ma boisson. Je sentais une fatigue poindre à l’horizon, comme si elle m’invitait à me détendre. Mais je ne pouvais pas me le permettre. Je n’étais pas en danger à proprement parlé, mais je n’étais pas non plus en sécurité, ici.
◊ Quand j’y repense, le meilleur dans tout ça, c’est qu’avec le chaos qu’on a semé, la Chantrie a tout de même trouvé le moyen de tourner le dos à la Brèche plutôt que d’agir pour ses fidèles. Pendant qu’on semait la mort parmi eux, ils ont préféré s’enfermer pour élire une nouvelle Divine. Si ce n’est pas une belle illustration de leur hypocrisie …
Je hochai de la tête lentement, avant de rire brièvement.
◊ A se demander s’ils ont un seul jour dans leur vie été logique, surtout. Ils ont tourné le dos à l’Inquisition alors que c’est de leurs seuls espoirs pour stabiliser Thédas. Quelle blague.
Je ne savais pas dans quelle mesure parler de l’Inquisition en un tel lieu était une bonne idée ou non. Après, j’en parlais de façon assez neutre : après tout, le but principal de Corypheus était en ce moment de semer le chaos, donc parler de remettre de l’ordre n’était pas non plus une sorte de parti pris. Je n’avais de toute façon pas d’avis particulier sur cette institution naissante. Souriant de façon plus carnassière, je complétais mes propos précédents.
◊ C’est sûrement l’appellation « Messagère d’Andrasté » qui fait grincer des dents. Pourquoi s’allier à de la potentielle hérésie pour sauver le monde, après tout.
Et je repris une autre gorgée. A mes yeux, la Chantrie n’avait jamais fait sens, ou vivait sur une autre planète. L’idéal qu’elle proposait ne correspondait jamais à la réalité de Thédas. Ce serait la meilleure des choses si cette merde ambulante pouvait simplement disparaître d’elle-même.
◊ Ah, que j’ai hâte qu’ils élisent une nouvelle Divine, d’ailleurs … Histoire qu’on rigole un peu. Je lui donne un mois maximum avant qu’on répète exactement le même scénario.
◊ Je lui donne un mois ou deux à vivre, j’ai décidé d’être aimable.
Tuer la prochaine Divine, voilà qui faisait rêver. Je ricanai pour moi, pensif, imaginant les regards et la scène en avance. Et puis je soupirai, me rappelant de mes prochains voyages.
◊ Il me tarde de reprendre la route.
Du trafic d’enfants. Ils ne savaient plus comment se renouveler, décidément .. Et il fallait bien que quelqu’un s’en occupe. J’observai le campement, les troupes qui gambadaient joyeusement en chantant à moitié faux, le visage cependant tendu. Ce job-là allait être tout sauf facile : j’avais ce regroupement de templiers dans la même zone, après tout. Il allait falloir bosser sur un bon plan, revoir les plans de la ville, étudier le terrain davantage. Beaucoup de préparations pour un tas de merde autant insignifiant à première vue.
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