Elémentaire mon cher Stein (PV Sénéchal)

Je fus assez surprise par la réponse de Stein. Il était... compatissant ? Je fronçais légèrement des sourcils, me demandant ou était le piège. Avait il vraiment tout compris ? Je ne pouvais facilement me faire à l'idée qu'une personne de Weisshaupt soit aussi souple d'esprit et ouverte à la compréhension. Mais en même temps, cela me donnait de l'espoir, et me donnait encore plus envie de mieux comprendre cet homme. Je l'écoutais, voyant qu'il comprenait des choses mais une fois de plus pas exactement la vérité. Enfin, celle que je concevais.

" Vous vous trompez, Stein. Je ne suis pas un soldat, je n'obéis pas aveuglément. Je n'accepte les ordres que de personnes dont j'ai reconnu la valeur et les compétences, et si ces ordres me paraissent cohérents. Wulf m'avait donné des objectifs, mais la façon dont ils étaient remplis m'étaient toujours échus. Et je ne parle pas que de m'occuper d'Orlaïs. "

En Férelden j'avais du gérer bien des choses, et notamment certains aspect dont wulf lui même n'avait pas connaissance. Un réseau d'information et de surveillance ne s'improvise pas, et même si je peux agir dans l'improvisation, cela ne veut pas dire que certains aspects ne sont pas calculés ou un minimum préparé. Je pensais que lui expliquer toute l'action des bandits aiderait à le lui faire comprendre...

" Si vous pensez que j'improvise tout, vous avez tord. La Providence m'a d'une certaine façon en sa faveur, mais rien ne peut marcher sans préparation. Je ne pense simplement pas de la même façon que les autres, ce qui fait ma force autant que ma faiblesse pour être comprise des autres. "

Je souriais légèrement, mais c'était un sourire un peu froid. Maintenant que mon esprit était plus clair sans le démon, je voyais les choses différemment et me rendais compte du préjudice des gens envers moi. Avant je n'en avais rien à faire, mais maintenant je sentais les choses de façon différente. Cela m'importait, car je voyais en quoi cela pouvait empêcher mes actions ou les diminuer pour le future. Je voyais plus loin, plus largement. C'était autant grisant qu'effrayant. Quoi qu'il en soit, j'écoutais le gouverneur, appréciant qu'il m'explique les choses. Et il y en avait des choses à comprendre, surtout entre les lignes. Il semblait en différent avec le Premier Garde, preuve donc qu'il y avait des fractionnement en leur sein. Stein semblait de la branche flexible et tolérante, et le Premier Garde plus infléchis et directif. Je voyais à présent tout l'intérêt et la chance d'avoir Stein en face de moi. Si ça se trouve.... je pourrais l'utiliser pour le bien de la garde. Pour le bien des garnisons du sud. Cela ne sera pas facile, mais il y avait de l'espoir et il semblait plutôt favorable à ma situation. Assez contradictoire avec son comportement juste après l'attaque, mais il était alors sans doute sous le choc. Quand il annonça que je ne pouvais pas rester à Térébinthe, vu ma "faute", je sentais que c'était surtout pour complaire à son supérieur plus que sa décision. Loin de vouloir réfuter cette option, j'haussais simplement des épaules.

" Je ne compte pas rester ici de toute manière, je vous l'ais déjà dit. Le dernier test est réussi, ma mission ici est accomplie. Être Garde-Commandeur ça va un moment, mais c'est barbant et y'a trop de paperasse. Je suis plus quelqu'un de... terrain. "

Il raconta ensuite un peu plus ses actions et ses tentatives pour mieux comprendre le sud. Et quand il parla de comment il avait été mis à mal par Finduilas et demandait de l'aide, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire.

" Bha ha ha ha ha !!! Converser avec la Grincheuse ?! Elle est bien bonne celle-là !! Ha ha ha ha !! "

Le pauvre... il ne connaissait vraiment pas l'animal. C'est déjà assez surprenant qu'elle ne lui ait pas envoyé un oiseau mort ou une carcasse en retour. Je le regardais avec amusement mais surtout compassion. Il essayait, mais s'était retrouvé face à un obstacle des plus tenaces. Je devais saluer son courage et son abnégation sur ce coup là. Et vraiment, ce n'était pas de sa faute. Je calmais mes rires, poussant un soupire et le fixant avec toujours plus d'empathie. Cet homme était peut être la clé, et indéniablement un outil qui serait utile pour tous. Il prenait des risques à se confronter à son supérieur pour des gens qui ne sont pas de sa garnison, et cela montre d'autant plus son amour pour la Garde.

"Haaa.... déjà, je suis bien aise que vous soyez du genre à avoir compris le danger des agissements de Weisshaupt envers les autres garnisons. Comme vous avez pu vous même le voir ici, votre simple présence met tout le monde sur les nerfs. "

Ce n'était pas de ses actions je le savais, mais la maladresse des procédures pouvait être impitoyables. Surtout pour les gens du sud qui ne sont pas tendre avec ceux qu'ils considèrent comme des "envahisseurs". Je lui souriais avec douceur, faisant alors un geste qui en surprendrait plus d'un. Main sur le coeur, j'inclinais légèrement la tête, le saluant avec respect.

"Mais vous essayez tout de même de comprendre, de communiquer et de ne pas imposer. Pour cela, je crois, je puis vous remercier au nom de toutes les autres garnisons de Thedas. Vous avez encore du chemin à faire avant d'y arriver, mais au moins vous essayez, non ?"

Je souriais un peu plus, voyant en lui un comparse avec qui communiquer plus facilement et avec qui il pouvait y avoir un terrain d'entente. Il m'avait demandé de l'aide ? Soit, cela je peux lui procurer, du moins quelques ficelles.

"Pour la Grincheuse, malheureusement à moins de devenir un elfe vous n'avez aucune chance de l'emporter. Mais c'est aussi là que vous vous trompez de cible. Elle n'est qu'une arme factice, non pas parce qu'elle ne sait pas se battre, mais parce que son titre est vide. Pour toucher le véritable centre de commandement de Fort Bastel, il faut chercher ailleurs."

Je me mis à sourire un peu plus, mon regard pétillant de nouveau de malice. Il veut des conseils... toute chose se monnaye mon garçon ~ ...

"Cependant, avant de vous donner une information siiiiii précieuse, il faut que je sois certaine de vous. Car vous avez également des intentions louables, mais vos méthodes ne sont pas adaptées pour vous gagner les faveurs des autres garnisons. Si vous doutez de mes paroles, rappelez vous donc le comportement des gardes orlésiens face aux votre, comment Eurydice n'arrive pas à s'intégrer juste parce qu'elle vient de chez vous, ou alors pourquoi Karlan a fui plutôt que se montrer à vous...."

C'était sans doute pour lui une chose amère à digérer, mais ça restait un fait. Et il était hors de question de lui donner les contacts à Fort Bastel s'il ne comprenait pas qu'il devait changer son approche avant. Pour cela, il faut déjà que je comprenne son approche et son objectif.

"Dites moi... que comprenez vous du fonctionnement des garnisons du sud ? Et quel est votre objectif à vouloir "mieux" nous cerner ?"

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Stein retint les éléments importants de la réponse de Tullia : elle était en effet quelqu’un de bien plus à l’aise sur le terrain, mais n’était pas pour autant quelqu’un qui suivait tout au doigt et à l’œil, particulièrement de n’importe qui. Si Wulf avait eu toute son estime, c’était à se demander comment la gagner.

Plus intéressant encore : elle était loin de tout improviser. Cela, quelque part après analyse, se reflétait dans l’attaque « maîtrisée » de Térébinthe : elle avait calculé les trajets, le temps de combat, les directives. Elle était imprévisible, mais pas improviste. Une nuance que nota Stein avec attention.

Au moment d’évoquer ses tentatives de communication auprès de Finduilas, Tullia éclata de rire, ce qui crispa légèrement Stein. Oui, il était conscient que l’Héroïne était quelqu’un de difficile, de très difficile même. Mais par chance, elle ne s’attarda pas tant que ça sur la chose.

- « Haaa.... déjà, je suis bien aise que vous soyez du genre à avoir compris le danger des agissements de Weisshaupt envers les autres garnisons. Comme vous avez pu vous même le voir ici, votre simple présence met tout le monde sur les nerfs. » 

Un semblant de sourire naquit sur les lèvres du Gouverneur, comme pour signifier qu’hélas, il le savait, pour en faire les frais tous les jours. Cela dit, cette mention de « danger des agissements de Weisshaupt » l’intrigua malgré tout. Ainsi donc, ils étaient réellement perçus comme des menaces pour le Sud. Comment leurs relations avaient-elles pu autant se dégrader ?

Mais elle n’en resta pas là : main sur le cœur, elle lui adressa une légère courbette, ce qui agrandit le regard de Stein.

- « Mais vous essayez tout de même de comprendre, de communiquer et de ne pas imposer. Pour cela, je crois, je puis vous remercier au nom de toutes les autres garnisons de Thedas. Vous avez encore du chemin à faire avant d'y arriver, mais au moins vous essayez, non ? »

Un sourire plus franc et chaleureux prit place sur son propre visage. Cela lui faisait drôle, d’avoir un minimum de reconnaissance. Pour le moment, il ne voyait l’entier que comme un vulgaire échec, et cette amertume ne faisait que le ronger depuis plusieurs jours, voire des semaines ? Cela en devenait au point où il hésitait à abandonner, à retourner à Weisshaupt bredouille, et à subir le constat moqueur de son supérieur. Mais quelque part, les paroles de Tullia lui redonnèrent un brin d’espoir, en une garnison qui ne le voyait que d’un mauvais œil, partout, tous les jours.

Mais elle poursuivit sur Finduilas une fois de plus, ce qui atténua le sourire de Stein, retrouvant son sérieux.

- « Pour la Grincheuse, malheureusement à moins de devenir un elfe vous n'avez aucune chance de l'emporter. Mais c'est aussi là que vous vous trompez de cible. Elle n'est qu'une arme factice, non pas parce qu'elle ne sait pas se battre, mais parce que son titre est vide. Pour toucher le véritable centre de commandement de Fort Bastel, il faut chercher ailleurs. »
- « Ailleurs ? »

Il fronça des sourcils. Si Wulf avait été la clé de voûte de la garnison féreldienne, mais qu’il avait suivi l’Appel dernièrement, alors de qui pouvait-elle bien parler ? La réflexion évidente sur son visage dut amuser la captive, qui se permit de compléter ses propos.

- « Cependant, avant de vous donner une information siiiiii précieuse, il faut que je sois certaine de vous. Car vous avez également des intentions louables, mais vos méthodes ne sont pas adaptées pour vous gagner les faveurs des autres garnisons. Si vous doutez de mes paroles, rappelez vous donc le comportement des gardes orlésiens face aux votre, comment Eurydice n'arrive pas à s'intégrer juste parce qu'elle vient de chez vous, ou alors pourquoi Karlan a fui plutôt que se montrer à vous.... »

Stein se frotta le menton. De bonnes intentions, de mauvaises méthodes. Il avait également reproché cela à son interlocutrice, et pourtant .. Dans ce cas, malgré ses tentatives, que devait-il faire ? Il ne pouvait pas se rendre en Férelden, car il n’avait pas envie que l’Héroïne le chasse à coup de fourche ; il devait s’occuper d’Orlaïs en attendant le retour de son Commandeur ; mais pour autant, il ne pouvait pas se permettre de retourner à Weisshaupt, car la distance ne l’aiderait pas à les comprendre, à réfléchir en leur sens.

- « Dites moi... que comprenez vous du fonctionnement des garnisons du sud ? Et quel est votre objectif à vouloir "mieux" nous cerner ? »

Il sortit alors de sa réflexion, plantant son regard surpris dans le sien. Elle essayait réellement de l’aider ? Mais il prit cette question très au sérieux : il prit le temps de réfléchir à ses méthodes.

- « Mon but et celui du Premier Garde sont similaires : rétablir la connexion entre les diverses garnisons de Thédas. Elle s’est perdue depuis bien trop longtemps, et il serait temps que les choses changent. »

Marquant une pause, il humidifia ses lèvres, le regard porté vers l’eau calme du lac.

- « Mais comme je vous l’ai dit toute à l’heure, nos méthodes diffèrent. Le Premier Garde a pour objectif de « reprendre » – quelque part – le contrôle des garnisons du Sud, d’assimiler ces garnisons à celle de Weisshaupt. A l’origine, il voulait mettre à la tête de ces garnisons des Gardes entraînés de Weisshaupt. Maintenant, il veut se contenter de les former à Weisshaupt, pour qu’ils puissent être au meilleur de leurs capacités en occupant cette place. C’est dans cette optique que le Commandeur de Haute Tour est parti à Weisshaupt. »

Puis, il soupira. Evidemment, les choses étaient loin d’être faciles. Il restait au service du Premier Garde, et ne pouvait pas simplement rejeter ses ordres sans conséquences derrière.

- « Après, ce qu’il y apprendra, ce n’est pas quelque chose que je peux vous dire facilement, ni même anticiper. Si j’en crois votre description de Léopold, il est bien parti pour lui servir de pion malheureusement. Et en soi, c’est tout sauf bon signe. Le Premier Garde gagne du terrain. »

Stein sentait qu’il pouvait parler librement de ce genre de craintes avec elle, car les craintes étaient sans doute partagées. Il croisa à nouveau le regard de Tullia, l’œil inquiet.

- « Si ça continue sur cette lancée, le Premier Garde va s’imposer, ce qui n’est pas mon objectif. Mon objectif est de reforger les alliances entre les garnisons, pas d’assimiler ces dernières à Weisshaupt. Mais je ne peux pas non plus officiellement ignorer les ordres que me laisse le Premier Garde. La situation est délicate pour moi : soit je m’oppose au Premier Garde à nouveau pour défendre votre intérêt, avec les conséquences qui seront derrière, soit je fais tout de même ce qu’il m’ordonne de faire, et nous perdrons progressivement l’autonomie et l’identité des garnisons du Sud. Ça a déjà commencé, et vous le savez. »

Eurydice n’était pas une mauvaise personne : à vrai dire, Stein avait appuyé sa candidature car il trouvait qu’elle était la moins pire parmi les candidats volontaires. Mais les faits restaient les mêmes : Orlaïs avait à sa tête une sénéchale de Weisshaupt, et un Commandeur sous leur influence. Stein soupira, comme au bout du rouleau, s’accoudant à la table improvisée.

- « Je ne veux pas abandonner cette bataille, Tullia, mais je crois bien que je n’y arriverais pas. Du moins, je n’y arriverais pas seul, mais vous les voyez bien, mes « alliés » du Sud. Je suis seul, présentement. Et je ne peux pas prendre le risque de parler de ces thématiques avec trop de voix, sous peine de tout faire capoter et de me retrouver rapatrié de force à Weisshaupt, et enfermé je-ne-sais-où pour tentative de corruption, trahison, ou allez savoir. »

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Stein expliqua les plans du Premier Garde, et je devais dire que cela faisait froid dans le dos. Pas étonnant que je sois pour eux une épine dans le pied... loin d'être un pion facilement manipulable, avoir Léopold tout formaté à ma place leur serait des plus utile. On pourrait presque penser qu'Orlaïs était déjà perdue pour la cause... Mais il restait encore Combrelande, Ansburg, Férelden, et ce qu'il pouvait y avoir comme gardes dans les Tréfonds. Férelden était stratégique de part sa population de Garde, mais Finduilas était un parfait garde-fou. Comme quoi elle finit par se rendre utile... J'écoutais attentivement les explications du gouverneur, qui me firent comprendre que ce n'était rien d'autre qu'un genre de coup d'état par remplacement des personnes à la tête des garnisons. L'intention de vouloir rassembler était louable, mais on sentait trop la puanteur aigre de l'Avidité et du besoin de pouvoir. Pensive, je me disais qu'il allait droit dans le mur.

"Si je comprends bien, le Premier Garde souhaite unifier en mettant ses hommes, ou des gens formés à ses méthodes sur place... Si cela continue, cela risque sans aucun doute de finir en guerre civile au sein même de la Garde. Les garnisons du sud tiennent à leur indépendance, et pour cause..."

Je poussais un léger soupire, me disant que c'était comme si un orlésien et un féreldien devaient s'entendre et coopérer. Trop de différence culturelle, chacun voulant conserver sa façon de faire et l'imposer à l'autre. Mais comprenait il pourquoi nous étions si différend d'eux, et pourquoi il était important de le rester ?

"A Weisshaupt votre principal souci ce sont les engeances. Pour nous dans le sud, ce sont les autres humains et elfes. Nous avons plus à craindre en défendant nos positions face à ceux que nous devons protéger plus que de devoir repousser bêtement des engeances. Non pas que les engeances ne sont rien face aux civils, loin de là. Mais gouverner dans un tel contexte demande une flexibilité et des méthodes bien différentes que celles que Weisshaupt souhaite imposer. Et c'est pour cela que vous êtes mal vu dans le Sud. Vous prenez sans rendre, tentez d'enlever ce qui fait les garnisons du sud. Il court vert l'échec."

Je l'observais, ayant intérieurement pitié de lui. Il semblait désespéré, au pied du mur et prit au piège. En état de faiblesse, sans doute à raison pour que justement je le prenne en pitié pour l'aider et lui donner les informations voulues. Mais il n'était pas le seul pour qui c'était une opportunité. Je souriais légèrement, avec malice.

"Vous semblez fatigué et à court d'options.... Isolé, sans alliés et incompris des deux côtés... Voilà qui rend la chose d'autant plus intéressante, j'aime les cas désespérés fu fu fu fu ~...."

Je riais légèrement, posant sur lui mon regard brillant et calculateur. Je savais que je m'engageais dans quelque chose de risqué et de gros, concernant toute la Garde. Plus dangereux sans doute que de simplement diriger une garnison et la remettre sur pied. Dangereux, incertain, tout à construire en discrétion. Ma spécialité et mon plaisir de vivre en soit. J'arborais soudainement un plus grand sourire, presque féroce.

"Dites moi, Gouverneur Stein... seriez-vous prêt à passer un pacte avec le 6e Enclin juste devant vous ?"

Pour certains c'était comme faire un pacte avec un démon, sauf qu'à défaut de magie j'utilisais d'autres méthodes pour arriver à mes fins. Je ne comptais pas me mettre à son service de façon aveugle comme avec Wulf, car je ne le connaissais pas assez. Mais s'il pouvait m'aider à protéger les autres, à me laisser la bride libre et à faire ce que je sais le mieux faire, alors j'avais tout à gagner. L'excitation de faire quelque chose dans l'ombre, je ne pouvais renier mes origines antivanes et de Corbeau. Bien entendu, il fallait tout de même être d'accord sur le pourquoi du comment, et je préférais d'ors et déjà lui donner mes raisons. Je ne fais jamais dans la charité sans avoir un certain intérêt dans l'affaire.

"Que l'on soit clair, je vous propose mon aide parce que votre objectif va à mon avis empêcher la division de la Garde et sera bénéfique pour tout le monde. Et aussi parce que je sais que pour y arriver, vous aurez besoin d'informations et de méthodes que le Premier Garde n'est pas capable de prévoir. Ou alors, quand il sera trop tard. Cela rend la chose encore plus amusante et distrayante ha ha ha ha !"

Je riais d'autant plus que cela m'amusait au plus haut point de pouvoir faire un pied de nez au Premier Garde, que Wulf ne tenait pas vraiment en odeur de sainteté non plus. Mais Stein avait l'air différent, et pour atteindre son objectif j'allais utiliser mes propres méthodes. Protéger les garnisons du sud n'allait pas être simple, mais ça valait le coup d'essayer. Et plus on est de fous plus on rit, non ?

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Tullia avait écouté attentivement, et se permit de résumer à voix haute pour voir si elle avait tout compris.

- « Si je comprends bien, le Premier Garde souhaite unifier en mettant ses hommes, ou des gens formés à ses méthodes sur place... Si cela continue, cela risque sans aucun doute de finir en guerre civile au sein même de la Garde. Les garnisons du sud tiennent à leur indépendance, et pour cause... »

Stein hocha de la tête à cette affirmation. De ce qu’il avait pu observer dernièrement, il y avait plus préoccupant dans l’immédiat que l’Engeance : les gouvernements locaux. Cela semblait bête, mais il dut user de pas mal de force mentale face à l’arrivée d’Arthur de Val Forêt, qu’il n’avait jusque lors jamais rencontré. A y repenser, il se massa les tempes, heureux d’avoir pu sauver les meubles la fois-là. Décidément, la politique n’était pas sa tasse de thé.

- « A Weisshaupt votre principal souci ce sont les engeances. Pour nous dans le sud, ce sont les autres humains et elfes. Nous avons plus à craindre en défendant nos positions face à ceux que nous devons protéger plus que de devoir repousser bêtement des engeances. Non pas que les engeances ne sont rien face aux civils, loin de là. Mais gouverner dans un tel contexte demande une flexibilité et des méthodes bien différentes que celles que Weisshaupt souhaite imposer. Et c'est pour cela que vous êtes mal vu dans le Sud. Vous prenez sans rendre, tentez d'enlever ce qui fait les garnisons du sud. Il court vert l'échec. »
- « C’est exact. »

Le fait sonnait lourd à ses oreilles, mais c’était un fait. Les méthodes et plans du Premier Garde n’étaient pas les bonnes, et l’Archiviste le savait. Stein soupira, et ce fut à cet exact instant qu’il décela dans le regard de Tullia une lueur bien particulière.

- « Vous semblez fatigué et à court d'options.... Isolé, sans alliés et incompris des deux côtés... Voilà qui rend la chose d'autant plus intéressante, j'aime les cas désespérés fu fu fu fu ~.... »

Son premier réflexe fut de froncer les sourcils : comment ça, elle « aimait les cas désespérés » ? Son second réflexe fut d’avaler sa salive, comme si un cataclysme était sur le point de se déclencher. Enfin, son regard s’illumina à son tour, comprenant où elle voulait en venir.

- « Vous n’allez pas .. »
- « Dites moi, Gouverneur Stein... seriez-vous prêt à passer un pacte avec le 6e Enclin juste devant vous ? »

Se servir de Tullia pour parvenir à ses fins. D’une survivante des Tréfonds, d’une forte présence du sud, d’une personne imprévisible, mais pas improviste. Qu’y gagnerait-elle ?

- « Que l'on soit clair, je vous propose mon aide parce que votre objectif va à mon avis empêcher la division de la Garde et sera bénéfique pour tout le monde. Et aussi parce que je sais que pour y arriver, vous aurez besoin d'informations et de méthodes que le Premier Garde n'est pas capable de prévoir. Ou alors, quand il sera trop tard. Cela rend la chose encore plus amusante et distrayante ha ha ha ha ! »

A la dernière phrase, Stein se pinça l’arête et souffla du nez. Mais il avait écouté attentivement cette espèce de proposition. Il réfléchissait, posait le pour et le contre. Il était parfaitement conscient qu’elle ne faisait pas ce genre de proposition à n’importe qui, mais aussi, cela lui servirait de prétexte pour échapper à ses actions récentes .. ou alors justement pas. Le visage de Stein s’illumina tout entier, alors qu’il retrouva les yeux de son interlocutrice. Ses lèvres se muèrent en un sourire.

- « Je fais le point pour éviter tout quiproquo : notre but serait donc d’empêcher la division complète entre les garnisons, d’améliorer leurs relations, et d’éviter l’implantation forcée de Weisshaupt dans le Sud. Bon, à voir ce qui pourrait se faire pour Orlaïs, je pense avoir quelques idées.  »

Après tout, en l’absence de Léopold, il occupait toujours sa place encore un peu. Il avait du pain sur la planche, c’était indéniable, mais les morceaux de plans s’assemblaient dans sa tête, le rendant toujours plus lumineux et sûr de lui.

- « Donc, si nous faisions alliance sous le nez de Weisshaupt .. Nous aurions un moyen de tourner la situation à notre avantage, tout en consolidant les liens entre les diverses garnisons. »

Cependant, même si l’idée faisait réellement envie, il était perplexe. Perplexe quant à cette proposition, quant au contexte, quant à la réaction du Premier Garde s’il l’apprenait. Son regard se plissa légèrement, tandis que le Gouverneur se frotta le menton.

- « Qu’y gagneriez-vous à m’aider ? A part un amortissement certain de votre sentence finale .. Devrais-je vous faire confiance ? Devriez-vous me faire confiance ? Ce sont des questions légitimes, vous ne trouvez pas ? »

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L'offre semblait lui plaire, car son regard brilla et son expression s'ouvrit un peu plus. Je le laissais tranquillement peser le pour et le contre, reformulant notre objectif commun pour plus de clarification.

"Tout à fait. Pour Orlaïs je vous laisse gérer, car maintenant il faut que je disparaisse pour que la garnison puisse reprendre ses esprits. Mon rôle ici est terminé, du moins pour l'instant."

Pour Orlaïs je lui laissais se débrouiller comme il le souhaitait. Il semblait déjà avoir une idée, et moi j'avais assez soupé de la région. De plus, le retour imminent de Léopold n'allait qu'apporter plus de chaos et de discorde si je restais. Mettre les voiles était ce qu'il restait de mieux à faire pour tout le monde. Quant à l'idée de jouer double jeu avec Weisshaupt, cela semblait autant l'intéresser que l'inquiéter. Il n'avait pas l'air certain, mais je lui remettais en avant la bonne méthode qui, au final, restait tout de même une  passe de Grâce Perfide.

"C'est à peu près ça. Weisshaupt compte diviser pour régner, mais ce qu'il ne sait pas c'est que Weisshaupt est plus ou moins considéré avec amertume et méfiance par toutes les garnisons sur sud et de l'est. L'union fait la force, encore plus quand c'est pour faire face à un ennemi commun. La réussite va principalement tenir du fait que les garnisons soient soudées entre elle et puissent plus facilement faire front à Weisshaupt. Ca, c'est la première phase et ce n'est pas non plus gagné d'avance."

Rallier les garnisons n'était pas aisé. Même si j'avais quelques contacts, je n'étais plus Garde-Commandeur et mon autorité était donc sapée. Mais si je gérais bien cette histoire de Weisshaupt qui manipule Léopold à la tête d'Orlaïs et me punis, je pouvais tourner cela à mon avantage. Une preuve que Weisshaupt veut placer ses pions à la tête des garnisons... Cette méfiance accrue les rendra plus prudent pour sûr. Pour le reste niveau rassemblement des garnisons, j'avais quelques idées mais il était trop tôt pour statuer. Stein me sorti de mes pensés en me demandant de nouveau pourquoi nous devions nous faire confiance, et ce que j'avais à y gagner au final. Je souriais, amusée qu'il faille le redire mais également heureuse de pouvoir appuyer sur le fait que je n'étais pas non plus dupe.

"La confiance ne s'obtiendra qu'avec le temps et les actions, Gouverneur. Si je vous ais choisis, c'est pour les même raisons que j'ai choisi Léopold. Parce qu'il y a du potentiel, comme une gemme brute qui ne demande qu'à être taillée. Ce que je fais là en vous promettant mes services, c'est un pari, un risque à prendre qui me ravit au plus haut point car je suis plutôt du genre joueuse. Mais je vois où vous voulez en venir pour le reste.... Peut être que si je vous donne mes conditions à notre pacte, les choses seront plus claires pour vous."

C'était un fait, même moi je ne pouvais m'engager sans quelques garanties. Si d'apparence j'étais celle qui avait le plus à perdre dans la sentence, Stein restait le plus vulnérable. Les chances qu'on me condamne à mort étaient presque nulles, sans quoi weisshaupt risquait un soulèvement. Et même si on me bannit, je suis tout à fait capable de vivre toute seule et de jouer mon propre jeu, l'honneur n'ayant aucun impact sur moi. Mais Stein lui avait plus à perdre si jamais je décidais de le trahir. Plus on est haut dans la hiérarchie, plus dure est la chute après tout. De mon côté, mes prétentions étaient fort simples.

"Premièrement, comme je l'ai dit plus tôt, c'est donnant-donnant. Je ne fais pas cela gratuitement vous vous en doutez. J'ai conscience que vous devez me punir pour au moins faire illusion à Weisshaupt et vous mettre certains gardes orlésiens dans la poche. Mais il ne faut pas que cette punition m'empêche d'agir comme il se doit pour que notre plan réussisse. Et tenter également de m'enchainer à vous d'une quelconque manière sera contre-productif, vu que je vous détesterais pour ça, aussi charmant que vous puissiez être."

Je souriais, ne pouvant m'empêcher de flirter un peu. Je n'y peux rien si mon bourreau est bel homme, je suis une femme faible après tout. Faible, mais avec cependant mon propre concept de l'obéissance, qui rendait sans aucun doute la part la plus difficile pour toute personne qui avait eu le malheur de devenir mon supérieur.

"Deuxièmement, l'allégeance. Je n'obéis qu'à ceux que j'estime et que je considère comme compétent. La confiance est encore à construire de part et d'autre, alors ne vous attendez pas à ce que je vous obéisse comme un bon petit mabari, au doigt et à l'oeil. Ce genre d'obéissance, ça se gagne au prix fort. Je dois pouvoir garder mon libre arbitre, et avoir le droit d'objecter vos ordres s'ils ne me paraissent pas cohérents ni productifs. De même que les méthodes à employer, je reste juge des actions à prendre."

Il me semblait normal de pouvoir agir selon ce qui me semblait le plus utile et pertinent, vu qu'au final c'est pour cela que je suis engagée. Mais cela ne fait pas de mal de faire une petite choppe de rappel. Pour le reste, mais non moins important, l'objectif devait rester clair.

"Ensuite, il est impératif ne pas s'en prendre à l'une des garnisons ou de ses Garde-Commandeur pour saper leur autorité. Protéger les garnisons et leur indépendance est le plus important, et si jamais vous me manipulez pour arriver à cela, je ne réponds plus grand chose de votre vie. J'ai la rancune tenace, une très bonne imagination et de multiples moyens pour parvenir à mes fins."

Je lui souriais, l'ayant ouvertement menacé et mis en garde de ma voix chantante. Je n'avais aucune honte à le faire et préférais nettement être claire là-dessus. J'avais certes une réputation à tenir, mais qu'il puisse croire qu'il pourra facilement m'abuser sans avoir de conséquences, il se fourre le doigt dans l'oeil. Les Venatoris à la Porte du Ponant pouvaient facilement en témoigner, et sans hésitation je recommencerais. J'haussais des épaules, ayant fini d'énoncer mes exigences.

"Voici mes conditions. Plutôt facile, non ?"

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Tullia confirma ses propos. Donc, ils étaient bel et bien sur la même longueur d’onde, tous les deux. Et même si le « pour l’instant » était moyennement rassurant, il prenait bonne note qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas rester à Orlaïs. Elle confirma également l’hypothèse de Stein concernant les garnisons et leur allégeance. Comme elle le disait si bien :

- « La réussite va principalement tenir du fait que les garnisons soient soudées entre elle et puissent plus facilement faire front à Weisshaupt. Ca, c'est la première phase et ce n'est pas non plus gagné d'avance. »

La première phase. Et elle n’était pas gagnée d’avance. Stein le savait, rien qu’en constatant la situation en Orlaïs, qui lui glissait des mains bon gré ou malgré lui. Il soupira intérieurement, sans manquer une bribe de parole de son interlocutrice. Là se posait un sujet bien plus préoccupant sur le court-terme : les conditions de cette supposée alliance.

- « La confiance ne s'obtiendra qu'avec le temps et les actions, Gouverneur. Si je vous ais choisis, c'est pour les même raisons que j'ai choisi Léopold. Parce qu'il y a du potentiel, comme une gemme brute qui ne demande qu'à être taillée. Ce que je fais là en vous promettant mes services, c'est un pari, un risque à prendre qui me ravit au plus haut point car je suis plutôt du genre joueuse. Mais je vois où vous voulez en venir pour le reste.... Peut être que si je vous donne mes conditions à notre pacte, les choses seront plus claires pour vous. »
- « Vos conditions ? »

Elle se savait en meilleure position que lui sur ce sujet, ironiquement. Après tout, il n’était pas captif sur un bateau. Mais il avait plus besoin d’elle qu’elle n’avait besoin de lui, et il le savait. Ce genre d’opportunité ne lui sourirait pas deux fois, et il fallait réfléchir à tout ça avec grande précaution. Tullia poursuivit donc sur ses « conditions ».

- « Premièrement, comme je l'ai dit plus tôt, c'est donnant-donnant. Je ne fais pas cela gratuitement vous vous en doutez. J'ai conscience que vous devez me punir pour au moins faire illusion à Weisshaupt et vous mettre certains gardes orlésiens dans la poche. Mais il ne faut pas que cette punition m'empêche d'agir comme il se doit pour que notre plan réussisse. Et tenter également de m'enchainer à vous d'une quelconque manière sera contre-productif, vu que je vous détesterais pour ça, aussi charmant que vous puissiez être. »

Stein ravala une certaine grimace à la dernière phrase. Il n’était jamais à l’aise avec ce genre de sujet .. A la place, il focalisa sur sa première condition : trouver le juste milieu entre ce qu’il pouvait lui imposer et ce qu’elle voulait faire. Cela allait de soi, elle ne serait pas son sous-fifre après tout, mais davantage une collaboratrice. Il hocha de la tête, prenant bonne note.

- « Deuxièmement, l'allégeance. Je n'obéis qu'à ceux que j'estime et que je considère comme compétent. La confiance est encore à construire de part et d'autre, alors ne vous attendez pas à ce que je vous obéisse comme un bon petit mabari, au doigt et à l'oeil. Ce genre d'obéissance, ça se gagne au prix fort. Je dois pouvoir garder mon libre arbitre, et avoir le droit d'objecter vos ordres s'ils ne me paraissent pas cohérents ni productifs. De même que les méthodes à employer, je reste juge des actions à prendre. »

Ça, il l’avait assez bien compris à l’évocation de Wulf. Elle pouvait mourir pour lui, cela en disait long sur le lien qu’elle partageait avec lui. Sa deuxième condition était donc de garder son libre-arbitre si les plans contredisaient ses valeurs. Le tout, en lui laissant une certaint liberté dans la façon de mener à bien ses tâches.

- « Ensuite, il est impératif ne pas s'en prendre à l'une des garnisons ou de ses Garde-Commandeur pour saper leur autorité. Protéger les garnisons et leur indépendance est le plus important, et si jamais vous me manipulez pour arriver à cela, je ne réponds plus grand chose de votre vie. J'ai la rancune tenace, une très bonne imagination et de multiples moyens pour parvenir à mes fins. »

Et en conclusion, une menace. Cela allait de soi, quelque part. Protéger les garnisons et leur indépendance, prendre en meilleure considération ce que veulent les Gardes locaux, le tout en produisant l’illusion d’agir pour Weisshaupt pour que le Premier Garde ne se doute de rien. Un jeu risqué, mais qui serait sans doute nécessaire pour l’arrêter dans ses plans.

- « Voici mes conditions. Plutôt facile, non ? »

Facile n’était pas le mot. Ses conditions étaient claires, pas forcément faciles. Mais Stein ne pouvait nier l’occasion en or de pareille alliance, d’avoir une Ombre dans le Sud pour l’aider à maintenir les garnisons, le tout en rétablissant les relations entre Weisshaupt et les autres garnisons. Il y avait beaucoup à réfléchir, c’était vrai. Mais Stein n’oubliait pas les raisons qui faisaient que Tullia vivait pour le moment sur ce navire. Ses sourcils froncés étaient tournés une fois de plus vers l’eau du lac. Il ne pourrait pas prendre pareille décision autant rapidement, mais l’occasion était rêvée, miraculeuse à ses yeux. Si cela se passait bien.

- « J’ai bien peur de ne pas pouvoir donner de verdict autant rapidement. Cependant .. »

Il croisa des bras, redressant sa posture et croisant une fois de plus le regard de la captive.

- « Cependant, je vais y réfléchir. Mais sachez que dans l’éventualité où j’accepterais, j’aurais moi aussi quelques conditions, pour que les choses se passent bien.  »

Marquant une pause, Stein réfléchit à la tournure de ses phrases, pour transmettre le bon message.

- « Si je comprends bien, vous me seriez une sorte d’Ombre. Par conséquent, si j’en venais à accepter votre offre, je voudrais que tous les rapports que vous ferez à ce sujet n’atteignent que moi. Cela va de soi, mais je préfère le préciser : la fuite d’information nous sera fatal à tous les deux, alors tâchons de les éviter au maximum. Ah, et je préférerais que vous me parliez de vos plans avant de les exécuter, je ne tiendrais pas à être pris au dépourvu, ou à voir se reproduire le récent .. incident, ici à Térébinthe. Pas forcément d’avoir mon mot à dire, simplement de m’en faire part, pour que j’en sois informé. »

Il s’arrêta à simplement ces deux choses. C’était tout autant clair pour lui, et ça laissait de quoi réfléchir pour au moins une bonne soirée, voire plusieurs jours.

- « Je ne pourrai pas vous fournir de réponse maintenant. En revanche, je vous écrirai, autant pour vous faire parvenir votre sentence que ma décision vis-à-vis de votre offre. J’essaierai de vous faire parvenir cette missive rapidement, sans éveiller non plus les soupçons.  »

Son regard se porta derrière lui. Presque à l’opposé du navire se trouvait un Garde de Weisshaupt, qui gardait une porte. Il se tourna à nouveau vers Tullia, parlant d’une voix mesurée.

- « Ces Gardes sont des infiltrés à la solde du Premier Garde. Par conséquent, si je ne vous remets pas cette missive en mains propres, il y a de fortes chances pour qu’ils lisent ma missive, et fassent un rapport au Premier Garde. Je me déplacerai donc avec la missive jusqu’ici, ce serait plus prudent. »

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Quand il voulut me faire la leçon sur l'importance du secret des informations, je me retenais de rire mais esquissais un grand sourire. Vraiment, il veut m'apprendre mon métier ? Si je ne pouvais rire ouvertement, je ne pus m'empêcher de le railler un peu sur un ton amusé et nonchalant.

"Cher gouverneur, le traffic d'informations c'est mon domaine d'expertise. Il faudra d'ailleurs que je vous apprenne quelques petites choses concernant mes messages codés, mais nous pourrons voir cela plus tard, si vous acceptez l'offre."

Car oui, la réponse de cette offre ne pouvait être de suite. Il y avait un risque qu'il se retourne contre moi et aille en parler aux autres Gardes de Weisshaupt, ou pire qu'il m'utilise comme agent double pour le Premier Garde. Mais mon instinct me disait que je pouvais lui faire confiance. Après tout, c'est moi qui avait amené le sujet sur la table. Et même si on m'accusait, j'avais de quoi déclencher une bombe d'indignation dans toutes les garnisons du sud. Sous le postulat que nous acceptions de part et d'autre le pacte, il me donna ses propres conditions. Il voulait des rapports, ce que je pouvais comprendre, mais je restai sceptique quand même si le temps perdu.

"Pour ce qui est de vous prévenir en avance de mes actions, autant que je le peux je le ferais. Mais vu le temps que les messages mettent à arriver, il faudra parfois que j'agisse avant de pouvoir vous envoyer la nouvelle. La rapidité d'action est clé, d'où ma demande de pouvoir être indépendante dans mes prises de décisions. A part ça, cela me convient."

Qu'il soit au courant pour éviter les mauvaises surprise de son côté ou les qui-proquo était important, surtout pour une action aussi délicate que celle que nous devions mettre en place. Tout comme la délicatesse de l'offre que je lui faisais. Il demanda de nouveau un temps de réflexion, ne pouvant décider de suite.

"Je comprends le temps de réflexion. Pour l'instant nous avons ce luxe tant que Léopold n'est pas de retour. Mais le Sablier du Temps ne s'arrêtera pas pour autant."

Je le regardais ensuite avec une certaine surprise se retourner pour regarder les autres gardes. Quand il me dit ensuite qu'ils étaient à la botte du Premier Garde, je fus à peine étonné.

"Ca, je m'en doutais un peu... Vous pourrez sinon utiliser en attendant Donovan. C'est un bon garçon, il faut que je lui explique un peu la situation mais il est vif d'esprit et saura au pire faire diversion. Mais il serait temps à présent de vous constituer vos propres hommes de confiance, ne croyez vous pas ? Sans ça, vous ne serez que du gibier prêt à être abattu."

Enfin, c'est comme ça que je le voyais. La raison pour laquelle j'étais aussi détendue alors que je suis sensée être prisonnière c'est que je sais que j'ai des hommes en dehors qui, en cas de problèmes, pourraient m'aider à me tirer de cette impasse. Car il faut toujours avoir un plan de secours et un moyen de s'échapper. Qu'il souhaite être prudent pour ne pas éveiller les soupçons du Premier Garde est une chose, mais se laisser être pieds et poings liés en était une autre. Sur ce je poussais un soupire, m'accoudant sur la table et me rapprochant un peu de lui.

"Bien ! Ceci étant dit, avez vous peut être d'autres questions ? C'est le moment après tout, c'est pour cela que je vous ais fais venir ici. Et si cela peut vous aider à mieux me comprendre et à me faire confiance, je me ferais un plaisir de répondre."

Je souriais, maintenant bien curieuse de ce qui pourrait l'interroger à mon sujet. Il était à l'écoute de mes explications et semblait souple d'esprit. Ou du moins, il savait où voir ses intérêts. Si nous pouvions continuer à mieux nous comprendre, cela ne pouvait être que bénéfique. Qui sait, il pourrait être un deuxième Wulf avec le temps ?

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Stein fut rassuré malgré l’air un tantinet condescendant de son interlocutrice. Il hocha de la tête à la mention de ses messages codés, dissimulant pour l’instant sa curiosité sur le sujet. Elle enchaîna sans trop s’attarder sur sa petite moquerie.

- « Pour ce qui est de vous prévenir en avance de mes actions, autant que je le peux je le ferais. Mais vu le temps que les messages mettent à arriver, il faudra parfois que j'agisse avant de pouvoir vous envoyer la nouvelle. La rapidité d'action est clé, d'où ma demande de pouvoir être indépendante dans mes prises de décisions. A part ça, cela me convient. »
- « Tant que je connais les agissements. Comme je vous l’ai dit, il ne s’agit pas d’avoir mon mot à dire, mais plus de savoir ce que vous faites, et dans quel but. »

Sans doute l’avait-il mal formulé avant, tant mieux qu’elle le reprenne sur le sujet. Tullia poursuivit en évoquant le retour de Léopold, et Stein fronça ses sourcils de sérieux.

- « Je comprends le temps de réflexion. Pour l'instant nous avons ce luxe tant que Léopold n'est pas de retour. Mais le Sablier du Temps ne s'arrêtera pas pour autant. »
- « J’en suis conscient, rassurez-vous. Il ne va pas tarder à rentrer. »

Il en avait eu vent dans un rapport de Weisshaupt. Léopold était en chemin de rentrer, donc en effet, il n’aurait pas tout le temps du monde pour décider. Et si Léopold prenait la décision sur sa sentence à sa place, cette porte d’ouverture pourrait complètement disparaître.

- « Ca, je m'en doutais un peu... Vous pourrez sinon utiliser en attendant Donovan. C'est un bon garçon, il faut que je lui explique un peu la situation mais il est vif d'esprit et saura au pire faire diversion. Mais il serait temps à présent de vous constituer vos propres hommes de confiance, ne croyez vous pas ? Sans ça, vous ne serez que du gibier prêt à être abattu. »

Stein réfléchit un instant, avant de hausser des épaules.

- « Je ne pense pas que ce sera nécessaire de faire appel à lui : je dois de toute façon vous communiquer officiellement votre sentence Tullia, je ferai le déplacement. »

Le sujet semblait se clore, pour son plus grand bonheur. Il prendrait le temps d’analyser son offre, mais pas trop non plus, de peur de laisser filer cette opportunité. Tullia changea alors de sujet, revenant sur l’origine de cette entrevue.

- « Bien ! Ceci étant dit, avez vous peut être d'autres questions ? C'est le moment après tout, c'est pour cela que je vous ais fais venir ici. Et si cela peut vous aider à mieux me comprendre et à me faire confiance, je me ferais un plaisir de répondre. »
- « A vrai dire .. »

Il réfléchit encore. Il reposa son attention sur Tullia après un petit silence.

- « Vous avez évoqué le fait d’être douée en ce qui touchait le domaine de l’information. Vous n’êtes pas obligée de me répondre, mais je serais curieux de savoir ce que vous faisiez avant de devenir Garde. »

Il marqua une brève pause, avant de poursuivre. Il était vrai qu’entre ça et l’étrange mixture posée sur la table, Tullia ne pouvait pas tenir tout ça simplement de la garde. Elle devait avoir un passé dense.

- « Ensuite, je pense que j’aurai fait le tour des questions, et que je m’en irai pour réfléchir à votre offre. La nouvelle devrait vous parvenir prochainement, dans quelques jours au grand maximum. »

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Mon invitation à répondre à ses questions semblait l'intéresser, bien que ce qu'il me demanda ne fut malheureusement pas dans ses cordes. Mon passé... rares étaient ceux qui étaient au courant que j'étais une ancienne corbeau, et cela se comptait sur les doigts d'une seule main. Moins maintenant, vu que Wulf était mort. C'était une information à double tranchant, car certes cela donnait plus de crédit à mon expérience et à mes compétences, mais cela les mettait également en danger. Je souriais légèrement, posant sur lui un regard plus perçant et légèrement froid.

"Des choses et d'autres ~... C'est un sujet sur lequel je ne peux pas vraiment vous répondre, car malheureusement mes souvenirs sont flous avant de devenir Gardes des Ombres. Et de toute façon, je ne pense pas que vous soyez encore prêt à en savoir plus sur cet aspect là."

Il n'était pas prêt dans le sens ou je ne lui faisais pas encore confiance. Cette information pouvait changer beaucoup d'éléments et se trouver être un vrai problème. Si par accident il relayait l'information à la mauvaise personne, je pouvais de nouveau me retrouver avec les Corbeaux sur le dos, alors que j'avais réussi avec beaucoup de difficulté à les maintenir à distance, en leur faisant comprendre qu'ils n'avaient rien à craindre de moi vu que j'étais comme morte. C'est ça d'être Garde des Ombres au final, un cadavre ambulant. Mais si Stein était assez intelligent et qu'il recoupait bien les informations, il serait tout à fait en mesure de savoir que je trempais dans l'assassin et le traffic d'informations. Mais bon, ça c'est à lui de le découvrir. J'haussais des épaules, essayant tout de même de le satisfaire d'une autre façon.

"Mais vous pouvez faire confiance à mon savoir-faire dans de multiples domaines. Informations, traque, contacts aussi surprenant que clé, j'ai plus d'une corde à mon arc, surtout pour tout ce qui n'est pas dans le domaine officiel."

Les contacts étaient importants, autant comme petites mains que comme personne d'importance. C'était étrange en y pensant, j'étais amie avec la Championne de Célène, avec le roi de Férelden avec le mage compagnon de balade de l'Inquisitrice, le Garde-Commandeur d'Ansburg... Et pourtant je ne pensais que rarement à les utiliser. Après tout, je préfère largement juste boire une chope avec eux. Le monde était petit, étrange et surprenant. Je souriais légèrement à cette pensé, me disant que maintenant il allait falloir que je me bouge les fesses vu que cette conversation était sur le point de se terminer. Il n'avait pas d'autres questions à poser, alors autant aller faire une sieste... Je commençais à peine à me lever pour donner la touche finale nécessaire à cette conversation, quand des éclats de voix se firent entendre au loin, et que l'agitation des gardes sur le pont se percevait.

"Hey là ! Stop, qu'est ce que... reviens ici !!"

Ils semblaient vouloir attraper quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Petit, agile, qui leur filait entre les doigts, ce n'était rien d'autre que Donovan, le jeune garçon d'une dizaine d'année qui se jouait d'eux tout en courant dans notre direction. Je fronçais des sourcils, surprise de le voir ainsi venir sur le bateau. Ce n'était pas l'heure de manger pourtant.

"Dum-dum ?"

Il était à présent à notre niveau, et je le regardais avec surprise continuer à courir vers moi. Il avait l'air de pleurer, me criant dessus d'une voix chouineuse.

"Tullia !!! Ils sont méchants avec moi !!!"

J'eus à peine le temps de dire quoi que ce soit qu'il s'était rué sur moi pour m'enlacer, enfonçant sa tête juste sous ma poitrine et me serrant fort. Comme un enfant apeuré qui cherchait protection. Je le laissais faire, le prenant dans mes bras et jetant un coup d'oeil aux gardes qui venaient de nous rejoindre, apparemment furieux. Bien, s'il fallait la jouer comme ça... D'une main je caressais la tête de Donovan pour le consoler et essayais de calmer la situation.

"Doucement, tout va bien ... du calme messieurs, ce n'est qu'un gamin."
"Hey !!"

Il avait relevé la tête pour me lancer un regard courroucé et protester, mais il se reçu assez rapidement une pichenette sur le nez et un sermon de ma part.

"Donovan, t'es pas pour autant sorti de l'auberge. Gouverneur, cela ne prendra que quelques minutes. Et vous retournez à votre poste, vous voyez bien que vous lui faites peur !"

Je m'étais tournée vers Stein, le suppliant du regard et regardant de temps en temps les gardes, comme pour leur demander de partir. Vu ce que j'avais dit plus tôt, Stein devrait comprendre ce que je voulais dire. Enfin, il fallait l'espérer.

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Une question évidemment complexe, qui n’eut finalement pas tant de réponses. Il s’y attendait quelque part : son passé était donc complexe. Mais que craignait-elle, d’être retrouvée ? de retrouver cette partie de son histoire ? Les deux se comprenaient.

Voyant que la conversation touchait à sa fin, Tullia commença à se lever. Naturellement, Stein allait en faire de même, jusqu’à entendre le même brouhaha qui attira l’attention de son interlocutrice. L’Archiviste se leva d’un bond et tourna la tête, pour n’apercevoir qu’un mouvement qui se rua sur Tullia. Ce mouvement, c’était un enfant, Donovan. Quelle coïncidence, elle avait justement parlé de lui toute à l’heure. Mais il ne s’attarda nullement sur ce détail, car il y avait plus pressant : les deux gardes se tenait face à eux, une ombre de colère traversant leur visage. D’un geste souple, Stein leva les mains dans un signe de calme.

- « Allons, allons, du calme messieurs. »

L’enfant dans les bras de Tullia était dans tous ses états, ce qui arracha un soupir à Stein. Les enfants .. Mais il ne dit rien de plus. Particulièrement car Tullia prit les devants.

- « Donovan, t'es pas pour autant sorti de l'auberge. Gouverneur, cela ne prendra que quelques minutes. Et vous retournez à votre poste, vous voyez bien que vous lui faites peur ! »

Mais bien entendu, les deux gardes ne bougèrent pas d’un pouce. Stein redressa un peu sa posture et les regarda droit dans les yeux.

- « Retournez à votre poste. Si quelque chose d’anormal se passe ici, je vous appellerai. »

Les deux gardes se regardèrent, puis hochèrent de la tête avant de repartir. Stein souffla du nez, fermant brièvement les yeux. Les choses étaient sous contrôle. Du moins, il l’espérait.

- « Ne prenez pas trop votre temps pour autant, Tullia. »

A ces mots, Stein prit une légère distance, perdant son regarde sur le calme de l’eau.

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