[+18 (sexxx) FLASHBACK | Chavandes 9:41] Mal de mer et mal du pays [Pv. Toubib]

Ma proposition ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Moustachu s’en empare aussitôt, le regard intéressé, et accepte sans même poser de questions. Sa réaction ne m’étonne guère, même si je la juge imprudente. Toute mon attitude pourrait être un coup monté afin de briser sa garde. Après l’avoir séduit, je tire les ficelles afin de parvenir à mes fins, et il se jette dans ma toile sans l’ombre d’une hésitation. Si j’étais animé de mauvaises attentions, qui sait ce qui pourrait lui arriver, une fois à quai ? Il a même accepté de boire à la gourde que je lui ai tendue, un peu plus tôt. Certaines professions ouvrent de nombreuses portes, et cloisonnent la méfiance. Personne ne se méfie d’un herboriste aux airs bienveillants. Pourtant, tout ceci ne pourrait être qu’un masque que j’arbore avant de poignarder mes cibles en plein cœur.

J’entends déjà Archer me dire que je vois le mal partout, que je vire paranoïaque.
A-t-il raison de vouloir dédramatiser mes suspicions ? Ou manque-t-il de prudence pour faire face à la réalité ? Mon avis est tranché sur la question. Au fil des rencontres diverses qui pavent mon chemin, j’envisage les pires scénarios possibles, que j’affine selon mes différentes observations. Je connais mes capacités, et jusqu’à présent, elles ne m’ont jamais fait défaut. Succomber à l’appel de la chair avec Moustachu n’a pas représenté un calcul risqué, et la réalité s’est conformée à mes suppositions. Mais si les signes m’avaient montré des raisons de rester sur mes gardes, j’aurais plutôt glissé ma dague contre sa gorge gracile.

Qu’Archer continue de me croire paranoïaque si cela lui plaît. Je sais où se dresse la vérité. Un sourire amical peut cacher une lame affûtée prête à fondre dans la chair pour la taillader. Je connais ces techniques d’amadouement et de manipulation. Je les ai pratiquées, dans une autre vie.

Mais que Moustachu dorme sur ses deux oreilles. Je ne compte pas le lacérer de mes dagues pendant son sommeil, ou lui extorquer je ne sais trop quoi à notre arrivée. La gourde ne contient que du jus de gingembre. Je ne me suis pas amusé à glisser d’autres herbes pour l’endormir.

— Je connais assez le capitaine pour savoir qu’il ne refusera pas une paire de bras supplémentaire.

Le capitaine ne lésine pas sur la prudence. Il sait que les routes de Férelden sont loin d’être sûres, alors que la guerre entre les templiers et les mages fait rage. Les conflits armés surviennent un peu partout, et même si la Compagnie n’a pas à rougir de ses compétences martiales, il convient de ne pas se précipiter. Une erreur est vite arrivée. Notre groupe hétéroclite attire parfois un peu trop l’attention, et les ennuis surgissent presque dans la foulée.

— Mais je demanderai, et vous transmettrai la réponse définitive. Ne vous inquiétez pas à ce sujet.

Un sourire mutin sur les lèvres, je me redresse et délaisse le bastingage. J’hoche la tête. Même si Pilier dort, j’ai tout intérêt de me trouver à ses côtés à son réveil pour éviter toute imbécilité de sa part. A tous les coups, il se croira guéri au lieu de ménager son corps. Devoir le gérer m’insupporte déjà, mais je ne renierai pas ma vocation d’herboriste. Tant pis si je dois l’assommer pour le contraindre à l’immobilité. Il me connaît, il sait que j’en suis capable. Et dans le pire des cas, je demanderai un coup de main à Mystique. Une menace de sa dulcinée suffira à calmer ses ardeurs les plus véhémentes.

Finalement, je tends à nouveau ma gourde à Moustachu. Il reste du jus de gingembre qui saura le soulager de la naupathie. Je lui offre un sourire compatissant.

— Mais pensez donc à moi, je vous en prie. L’absence et la frustration accentueront la force de nos retrouvailles.

Charmeur, je m’éclipse sur ces dernières paroles afin de rejoindre la Compagnie.