[FB] Fantôme du passé Feat Tullia

Le soleil était levé  depuis peu, beaucoup dormaient encore et notre héros en faisait parti. Comme à son habitude depuis un moment, déjà, il s'était laissé perdre dans ses songes, il n'y avait que là qu'il se sentait heureux, car il n'y avait que là qu'il pouvait espérer la voir encore une fois, entendre sa voix, sentir son odeur, caresser sa peau et toucher ses cheveux. Aerin n'était plus depuis quelques mois, mais la douleur était toujours présente, une plaie qui ne voulait pas se refermer. L'attitude globale d'Aedan s'était considérablement dégradée depuis l'Union, si bien que pour lui redonner de la force, il avait été décidé que le garçon allait intégrer une escouade de jeune garde prometteur. Là-bas, il avait retrouvé Dagnir, son meilleur ennemi de toujours, malheureusement rien n'aidait à faire sortir notre héros de cette spirale négative. Aedan était dissipé, distant, froid, il n'avait plus rien du jeune chien fou qu'il avait été en arrivant à Bastel. Ce fort lui avait tout prit et le retenait prisonnier, son rêve s'était transformé en cauchemar en quelques secondes, mais chaque fois qu'il arrivait à trouver le sommeil, notre héros pouvait s'évader, oublier ce fardeau et retrouver le sourire.

Alors qu'il était perdu dans ses rêves, un léger sourire sur ses lèvres, un seau d'eau glacé réveilla le jeune homme en une fraction de seconde. Immédiatement, le sourire se changea et le visage apaisé de Drake se transformer en un visage énervé.

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“ Putain c'est quoi ton problème Dagnir ! „

L'elfe se mit à sourire avant de jeter son sceau par terre quand rentra Oriana dans le dortoir pour fixer notre héros avec un regard froid.

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“ C'est moi qui lui ai dit de faire ça, tu as trente minutes de retard à l'entraînement et on découvre que tu dormais encore ? Tu devrais t'estimer heureux que j'ai demandé à ce qu'on te jette que de l'eau ... Une longue journée nous attend aujourd'hui, debout jeune garde Drake ! Rends honneur à ta faction.. „

Oriana tourna le dos à notre héros et sorti du dortoir accompagner de Dagnir, de son coté, Aedan se secoua la tête puis il se recoucha sur son lit, mais après quelques secondes, un petit mabari attrapa la main de son maître pour le pousser à se lever. Aedan soupira quelques instants avant de finir par céder, il était maintenant le maître d'un Mabari, un cadeau posthume que lui avait léguer une personne très importante à son cœur. Sa professeur, celle qui lui avait tout appris, celle qui avait réussit à canaliser le trop-plein d'énergie de notre héros ... Elle aussi était morte maintenant, le coup avait été rude à encaisser pour Drake.

Après plusieurs minutes pour se préparer, Aedan sorti enfin du dortoir cependant, adosser contre le bâtiment Oriana l'attendait de pied ferme. Elle le poussa contre le mur avant de s'approcher de lui.

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“ Écoute Aedan, je sais que ça a été dur pour toi, Aerin est morte, Tullia aussi ... Mais tu es un Garde des Ombres ! Tu savais que la vie ne te ferait aucun cadeau, alors maintenant rentre toi ça dans la tête. Jusqu'à aujourd'hui, j'ai été sympa avec toi, je t'ai laissé le temps de te remettre, mais la méthode douce ne marche visiblement pas pour toi ... Je vais appliquer la même technique que Tullia faisait, je vais te frapper, frapper fort, vite et souvent ! Visiblement, il n'y a que ça qui marche avec toi. On est une équipe et je suis ta chef, je fais ce qu'il y a de mieux pour le groupe ... Ne l'oublie jamais .... „

Le regard dans le vide, Aedan ne riposta pas, il ne prit même pas la peine de parler. Oriana lui tourna le dos avant de repartir vers le terrain d'entraînement.

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“ Dépêche toi de nous rejoindre, les vacances sont terminés pour toi .... Franchement ... Si elles te voyaient aujourd'hui, je suis sûr qu'elles auraient honte de ce que tu es devenu. Tu peux continuer de te laisser aller et devenir un déchet inutile ou alors tu décides de te reprendre et de montrer qu'elles vivent encore à travers toi. On a tous perdu des êtres chers ici .... T'es pas le seul. „

La journée passa rapidement, entre les entraînements d'Oriana et les différentes rondes à effectuer, l'escouade de l''Aube Écarlate n'avait pas vraiment le temps de s'ennuyer. Les journées étaient intenses et ce n'était pas rare qu'ils finissaient tous à dormir très rapidement, mais ce soir-là, Aedan était perdu dans ses pensées, pour la première fois depuis longtemps, il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il avait le regard perdu, il fixait le plafond du dortoir tandis que Grunt grattait à la porte. Soupirant une première fois, Aedan fini par se lever pour lui ouvrir la porte. Vêtu d'une chemise de nuit, d'un pantalon léger et de chaussure, le garçon décida de marcher un peu pour se vider la tête. Aedan se retrouva après de longues minutes sur les remparts du fort. Il était seul, il fixait le bas avant de s'asseoir sur ses remparts. Les jambes dans le vide, il fixait le sol, sans rien dire, soupirant chaque fois un peu plus. Soudain, le silence fut rompu par un petit Grunt de plus en plus excité, il se mit à aboyer et à tourner autour de lui tout heureux comme rarement, il ne l'avait été. Immédiatement, Aedan se recula et fixa le coin sombre.

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“ Grunt, reste près de moi ... Je ne sais pas s'il y a quelqu'un, mais si une personne est là alors elle ferait mieux de vite s'identifier avant que je ne décide de lui botter le cul ... „

L'air humide et froid de cet après-midi avait une saveur toute particulière. Etait ce parce que mon chemin passait par celui des chenils de mabari, ou bien les cargaisons entières de poissons qui repartaient vers le sud et l'ouest après des pêches fructueuses à Amaranthine ? Séparément on pourrait dire que non, loin de tout cela. Cependant, combinez toutes ces odeurs de chien, de fientes et de marée et vous trouverez une odeur nostalgique à la saveur d'un chez soi paisible. C'était l'odeur de l'air dans lequel baignait au loin Fort Bastel, alors que j'étais sur le chemin du retour. ayant traversé tout Férelden depuis les Dorsales de Givres en passant par Godefalois et les ruines de Lothering, je me rapprochais petit à petit de mon but, et toujours sous anonymat.

Mes habits n'étaient pas ceux d'une garde des ombres, car après tout Tullia était morte. J'étais morte, officiellement pour tout Thédas et officieusement pour une poignée de personnes qui savaient que j'étais en vie. Mais pour le commun des mortels qui croise ma route présentement, il n'y avait aucun signe de ma véritable identité, celle d'une revenante que les Tréfonds ne voulaient pas. Mes habits n'étaient pas ceux de la garde des ombres, simplement d'une voyageuse préparée pour un trajet difficile avec des habits renforcés pour le froids, solides et de couleurs ternes pour se fondre dans la masse. Quelques plaques de métal de ci et de là pour se protéger à quelques endroits stratégiques comme une mercenaire qui aime harceler rapidement à coup de dagues par derrière. Mes cheveux étaient eux même dissimulés, nattés et maintenu grâce à un bandeau pour qu'aucun cheveux ne puisse dépasser et caché sous la capuche de ma cape. Le bas de mon visage était recouvert par un foulard qui me tenait autant chaud qu'il ne dissimulait mon identité. Seuls mes yeux, redevenus normaux, et mes pommettes rougissantes sous le froid étaient visibles.

Il faut dire que dans le coin je connaissais des gens que je pouvais croiser par inadvertance et je n'étais pas une inconnue dans la région. Une personne avec des cheveux blancs et se comportant comme une folle, se dirigeant vers le bastion des Gardes, cela ne pouvait être que le 6e Enclin. Voulant faire la surprise à tout le monde, ou plutôt ne révéler mon existence qu'à certains, j'avais pris toutes les précautions pour dissimuler mon apparence. Je voulais faire la surprise aux gardes de Fort Bastel, mais je voulais aussi étudier leur comportement. En quittant Fort Céleste il y avait une bonne semaine de cela j'avais appris la disparition de Wulf, et je m'étais préparée à l'idée que ce serait la première fois que je reviendrais en ces lieux alors qu'il n'y est plus. Plus de 8 ans d'existence avec lui, et puis plus rien. Aurais je pu éviter cela si j'étais restée à Fort Bastel au lieu d'aller aider les gardes d'Orlaïs en devenant leur Garde-Commandeur ? Sans doute pas. Et que me restait il là bas ? Il y avait bien entendu la Grincheuse, sans doute fidèle au poste à ne pas faire son travail, accrochée à son titre comme une moule vaseuse à son rocher. Il y avait les anciens comme Oghren et Nath, ou alors Bethany. Eux regretterons sans doute aussi Wulf, mais pourront au moins tenir un peu la barque. Et puis il y avait les nouveaux, comme Aedan et sa troupe. En pensant à lui je souriais, me demandant si la disparition du Sénéchal lui avait fait croire qu'il pouvait tout se permettre maintenant. Une belle hypocrite que je suis en y pensant, car au final c'est exactement ce que je faisais à Wulf quand il était encore là et moi en Férelden. Sauf que lui et moi avions un entendement et il restait le seul capable de me faire entendre un temps soit peu raison.

Ce qui m'inquiétait le plus au final, et la raison de ma visite en toute discrétion, c'était comment les Gardes s'étaient organisés depuis la disparition de Wulf. Est ce que tout sera comme d'habitude, est ce qu'ils auront pris de nouvelles décisions ? Cela faisait un moment qu'il avait disparu, bien que je sois sans doute la dernière à l'avoir appris. Si tout se passe bien, les gardes de férelden ont leur nouveau Sénéchal et leur nouvelle routine. Et quoi de mieux qu'une petite inspection de mon crû, mh ? Je m'en amusais d'avance, réfléchissant aux différents chemins que je pouvais utiliser pour m'introduire en toute discrétion dans le fort. Non pas que c'était un moulin ouvert facilement pour qui que ce soit, mais connaissant bien les routines des patrouilles et ses points faibles, ce n'était pas la première fois que je m'infiltrais ou m'exfiltrais de l'endroit ou nez et à la barbe de ceux en place. D'ailleurs, parfois cela faisait partie des épreuves pour les entrainements. J'arrivais donc près de Fort Bastel en milieu d'après-midi et commençait mes recherches. Je me renseignais discrètement sur ce qu'il y avait de nouveau ou de changé chez les gardes, si les elfes étaient toujours chouchoutés de façon ostentatoire avec les moyens des Gardes, si leur moral était toujours bons, ce qu'ils avaient fait pour honorer la mort de Wulf etc... Je savais à qui m'adresser, du moins quelles étaient les meilleurs pipelettes autour. Faisant attention à parler en modifiant ma voix, j'arrivais à extraire quelques informations.

Les Gardes avaient en effet honoré sa disparition et la nouvelle sénéchale était bien Bethany. Ils remarquaient cependant que comme elle ne semblait pas être là les gardes étaient plus laxistes et qu'il y avait une espèce de... langueur ou de manque de cohésion. Je fronçais des sourcils, me gardant de faire des remarques à voix haute sans pour autant oublier de les faire dans ma tête.

"Rien n'a vraiment changé au final, hein ? Quelle bande de flémard..."

Je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient encore désorganisés même maintenant. Cependant, si Bethany n'était pas sur place pour tenir la barque et que la Grincheuse restait ce qu'elle était, une incompétente en tant que Commandante, alors il n'y avait peut être pas tant de surprise que cela. Bien, il ne me restait plus qu'à vérifier par moi même. Je passais le reste du temps à me balader de ça et de là, faisant semblant de m'intéresser à certaines marchandises, achetant de quoi manger et boire, observant d'un oeil discret et rapide les allers et venues des gardes. Parfois je levais les yeux vers les remparts à des moments précis, vérifiant si le roulement des patrouilles était toujours la même. D'une certaine manière rien n'avait changé et la possibilité de pouvoir m'introduire chez eux restait tout à fait envisageable. Par contre, en observant les gardes qui entraient et sortaient je pouvais comprendre ce que les marchands voulaient dire par plus de laxisme. Il y avait, du moins de mémoire, plus de gardes qui s'en allaient au champs et moins en uniformes pour aller s'entrainer à l'extérieur ou partir en patrouille. Etait ce juste aujourd'hui qui était particulier ? En tout cas, cela méritait d'être creusé plus tard.

Le soir venant, j'allais me réfugier dans une taverne pour boire un coup et manger. J'avais choisi un endroit moins fréquentés par les Gardes, m'assurant ainsi une certaine tranquillité et moins de chance d'être reconnue. Et quand la nuit tomba enfin, je me mis en route. Non pas directement vers le Fort, mais en faisant un détour par les collines qui l'entouraient. Il y avait un petit passage, pas très facile d'accès à moins d'avoir une certaine dextérité et l'habitude. De jour il était facile de le voir des remparts, mais de nuit le relief pouvait dissimuler une personne plus facilement. C'était bien plus dangereux d'escalader sans visuel, mais je connaissais par coeur ce passage qu'il n'était presque plus nécessaire de regarder où je mettais mes mains ou mes pieds. J'avais avec prudence cependant, écoutant ce que le vent m'apportait. A un moment je devrais dévaler la pente jusqu'à la muraille qu'il me faudra ensuite escalader sur trois mètres avant d'atteindre les remparts. C'était cette partie la plus risquée car directement visible depuis la patrouille qui circulait sur ce rempart. Mais je connaissais les roulements et pour avoir observé l'après-midi ils n'avaient pas changé. Je restais donc cachée sur la crête, observant et attendant patiemment le roulement. J'avais une fenêtre d'une dizaine de minutes grand maximum, après quoi je devrais attendre une bonne heure. Quand les gardes disparurent de mon champs de vision, je me lançais.

Je dévalais la pente en faisant attention pour faire le moins de bruit possible et arrivais à l'endroit voulu juste sous le mur. Restant silencieuse, je gardais l'oreille prête à entendre le moindre souffle suspect ou la moindre voix qui pourrait m'indiquer que les gardes étaient revenus. Rien. Je sortais un petit couteau et repérais les quelques endroits dans le mur où il y avait des interstices. Ils étaient fin, mais assez large pour que je puisse y enfoncer la lame et m'aider à grimper. Il y avait quelques aspérités dans le mur pour escalader, mais à moins d'avoir ce petit tour de passe passe avec le couteau il est presque impossible de gravir ces 3 mètres. J'arrivais alors enfin en haut du mur, observant le chemin de ronde avant de grimper. Il n'y avait personne de directement présent, à par des gardes sur les remparts mais bien plus et qui me tournaient le dos. Je grimpais avec agilité sur le rempart pour arriver sur le chemin de ronde et bondissais tel un chat vers un endroit sombre ou me cacher. Parfait, le plus dur a été fait. Maintenant, il ne me restait plus qu'à choisir où aller. Le bureau de Wulf peut être ? Bethany étant à Fort Céleste il sera sans doute libre et je pourrais y fouiller comme bon me semble... Ou alors l'armurerie pour me trouver un uniforme de garde, c'était aussi une bonne option pour continuer à rester discrète. Au final, tant que je ne parle pas et que je dissimule le bas e mon visage ainsi que mes cheveux, je pourrais sans doute continuer la supercherie pendant quelques heures.

Il y avait tant de possibilités amusantes que je me perdais un moment dans mes pensés. Beaucoup de choses, trop de choses en fait. Mais soudain le bruit de pas et de halètement me firent revenir à la réalité. Quelqu'un venait, et sans doute accompagné par un chien. Vite, il fallait mieux me cacher. Je n'eu pas trop le temps de choisir que je du me recroqueviller dans mon coin sombre sans respirer pour voir passer une personne en habits simples passer juste devant moi, accompagné par un chiot. Il ne m'avait pas vu et me montrait son dos, mais il était encore trop proche pour que je puisse bouger. J'étais juste à côté de la porte menant au bâtiment principal, c'était bête. Mais patience, patience... Il n'alla pas très loin, se posant contre le rempart en poussant des soupires. Maintenant qu'il était de profil, je pus bien plus facilement le reconnaitre. C'était Aedan. Facilement reconnaissable avec ses cicatrices, sa petite queue de cheval et surtout le chiot qui l'accompagnait (mon cadeau que Léopold lui a sans doute envoyé après ma "mort"). Le voir flâner pensivement sur les remparts m'étonnait un peu, à moins qu'il soit juste là pour faire pisser le chien. Fort probable. Je ne disais toujours rien, l'observant. Il avait l'air fatigué, songeur et préoccupé. Trois états qui en temps normal lui étaient étrangers, à moins qu'il soit en pleine réflexion sur comment réussir à battre Oghren dans une compétition de beuverie. Je me demandais ce qui pouvait bien le préoccuper. Bha, je lui poserais la question plus tard, en attendant ce serait bien qu'il s'en aille.

J'attendais un instant, encore et toujours, quand un coup de vent par derrière me fit craindre le pire. Non pas je sentais le rat mort, mais le chiot me connaissait et pouvait me sentir. Ma crainte fut confirmée quand d'un coup le chiot s'agita, sautant joyeusement autour de son maitre en remuant son petit derrière et en regardant dans ma direction. Sale clebs... Aedan sortit de sa rêverie et semblait comprendre qu'il y avait quelque chose. Il se mit à parler à voix haute, regardant dans ma direction mais sans vraiment me voir. Clairement il me sommait de sortir et de me révéler. Mais... devais je jouer le jeu ? Ou plutôt... son jeu ? Je me mis à sourire sous mon foulard sentant que finalement j'avais une occasion en or juste devant moi.

*Mhh.... devrais je m'amuser un peu avec lui ?*

Je me redressais doucement, montrant ainsi du mouvement dans l'ombre sans pour autant avancer dans la lumière des torches. Doucement mes mains avaient saisis les couteaux simples à ma ceinture, les sortant sans bruit. Un petit test pour ma crevette préférée ? Sans prévenir je lançais les couteaux vers lui, visant non pas ses points vitaux (il n'a pas d'armure après tout) mais ses bras et ses jambes. La distraction faite, je sortis de ma cachette pour bondir sur le côté et m'enfoncer dans la porte grande ouverte qui menait à l'intérieur du fort. Je disparaissais de nouveau dans l'ombre, non sans laisser passer un petit ricanement du fond de ma gorge.

"Fu fu fu fu fu ~...."

Je n'avais pas rit à gorge déployée, mais pour qui me connaissait ce son était autant signe de malheur que d'aventures. Allait il mordre à l'hameçon ? En tout cas je ne l'attendais pas pour lui demander, car je montais les escaliers et les descendais à la volée, aussi agile qu'une chat et silencieuse qu'une ombre. Je savais par où passer pour espérer rencontrer le moins de monde possible à cette heure de la nuit, tout en espérant qu'il ne sonne pas l'alarme. Et puis, il faut qu'il arrive à suivre aussi ~ .

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Il est toujours amusant  de constater qu'une vie peut changer en l'espace d'une fraction de seconde. Le monde est cruel, sans pitié et le moindre signe de faiblesse peut vous entraîner à votre perte. La loi de la nature est simple, les forts, les plus malins survivent tandis que les autres meurent. C'est un cycle, un tout, injuste pour certain, logique pour d'autres. Quoi qu'il en soit, il n'y a rien à faire, c'est comme ça, une fatalité, tel que la mort ou encore le levé du soleil. Alors qu'il était perdu dans ses pensées les plus sombres, notre héros fut perturbé par le comportement étrange de son jeune chiot mabari, il était devenu tout excité, il avait senti une présence et au vu de son jeune âge, il n'avait certainement aucune conscience du bien ou mal, du danger ou de la sécurité et c'est pour ça qu'Aedan lui avait ordonné de rester près de lui. Il avait la charge de ce noble animal et malgré la période difficile qu'il traversait, il s'était déjà beaucoup attaché à ce petit être et il était près à tout pour lui assurer sa protection. Grunt était sa mission, son objectif et à dire vrai, ce mabari était son seul soleil dans sa vie.

L'animal avait vu juste, il y avait bien quelqu'un et cette ombre avait pris un certain plaisir à ne pas s'identifier et à rester bien en retrait dans l'obscurité. Il ne faisait donc plus aucun doute qu'il y avait une menace, un danger, sinon cette personne se serait rapidement identifiée comme un garde ou une personne habilité à être à Bastel aussi tard la nuit. La vie ne tient qu'a un fil et pour survivre, il fallait toujours anticiper le pire et être prêt ! En une fraction de seconde, rien qu'un petit instant, de l'obscurité jaillit des lames. Notre jeune homme était attaqué et voyant ces armes arrivées vers lui, le temps sembla suspendre son cours, cette petite fraction de seconde sembla durer une éternité pour Aedan. C'était le moment rêvé, il n'avait jamais eu la force de suivre ses envies de grand départ, il n'avait jamais réussi à se servir de cette dague pour trancher ses veines et ainsi enfin pouvoir la revoir, mais là, s'était le moment rêvé, il suffisait de ne pas bouger. Ce laissé faire et accepter son destin, durant cet instant, un mélange de satisfaction et de délivrance envahis notre héros, il savait que s'était la fin et il n'avait pas peur, il était impatient ... Cependant, des petits aboiement paniqué du mabari lui fit reprendre la raison et il esquiva tant bien que mal ses lames. Une arriva cependant à trancher un morceau de chair au niveau de son bras gauche.

Aedan se retrouva au sol ce tenant son bras blesser tandis que Grunt tournait autour de son maître inquiet, il tentait de lécher la plaie cachée par la main de notre héros. Le regard dans le vide changea rapidement, petit à petit la respiration du garçon commença à s'accélérer, ses narines s'écartaient, sa poitrine se gonflait et se dégonflait, sa mâchoire se referma et son regard, encore vide il y a quelques secondes, se remplis de haine et de rage. Pure et simple, une montée d'adrénaline additionné avec le manque de sommeil et tous ses sentiments refoulé explosèrent dans la tête de notre héros qui se releva rapidement et parti en courant pour retrouver l'auteur de cette attaque. Il voulait jouer au chat et à la souris, très bien, mais il n'avait aucune chance de s'échapper, pas dans l'état seconds dans lesquels se trouvaient Aedan.

L'inconnue avait lâché un petit rire qui aurait du donner des indices plutôt évident au jeune Garde des Ombres, mais il n'en était rien, il n'avait rien entendu et il ne pensait plus qu'a la chasse. Aedan partit ainsi plus en colère que jamais vers les escaliers sans prendre le temps de s'armer, Grunt le suivait avec beaucoup d'entrain, l'animal ne devait certainement pas comprendre la situation, mais il avait envie de jouer et de suivre son maître. Les bruits de pas de notre héros s'accéléraient, il courrait comme un homme enragé dans tout Bastel sans même appeler du renfort. C'était une affaire personnelle et rien ni personne n'allait pouvoir le stopper, il n'était plus cet homme presque vie, il n'était plus que rage et colère.

Après de longues minutes à courir partout, défonçant porte après porte, Grunt commença à prendre de l'avance sur son maître, l'animal avait comprit qu'il devait tracer cette inconnue et il suivit une piste avec beaucoup d'attention, il n'hésita pas à aboyer pour indiquer la direction à notre héros jusqu'à finir par gratter devant une porte. Il était là-dedans, la confrontation allait enfin pouvoir avoir lieu. Sans se faire prier, Aedan donna un grand coup de pieds dans la porte qui s'ouvrit avec fracas dans la pièce. Le jeune garde rentra, les poings serrer, prêt à en découdre.

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“ Je sais pas qui t'es mais clairement tu vas morfler .... „

Le jeune homme n'était pas armé, il n'avait pas de torche, juste son mabari avec lui dans cette pièce sombre. Cette inconnue semblait avoir un avantage certain après tout le garçon s'était aventuré là sans renfort et sans équipement contrairement à lui ... La rage aveuglait complètement le jeune homme, il n'était plus le même et ce qui allait se passer dans cette pièce allait sans doute être marquant.

Il Y avait un grand silence, on entendait que le bruit de la respiration forte de notre héros qui ne pouvait se calmer, il s'avança lentement au milieu de la pièce quand soudain Grunt se mit à aboyer et directement Aedan balaya autour de lui avec son poing qui fut stopper par cette inconnue. Le combat commença et les coups de cette personne étaient précis, rapides et puissants. Aedan essayait de contrer tant bien que mal, mais cette ombre savait se battre. Les coups-de-poing pleuvaient ainsi que les coups de pieds, le Garde fut propulsés contre une table qu'il manqua de presque renverser. Il se releva avant de cracher un peu de sang sur le sol.

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“ T'as cru que ça allait me suffire ? La femme qui m'a entraîner cognait deux fois plus fort que toi pétasse ! „

Aedan s'avança poing relevé, prêt à en découdre et le combat repris de plus belle, l'état second de notre héros lui permit de donner quelques coups puissants et enchaîner des techniques au corps-àcorps que Tullia lui avait appris. Ce combat, il allait le mener à la façon de son ancienne professeure, frapper en premier, frapper fort et aucune pitié. Après un petit moment de combat intense, Aedan donna un gros coup de pieds dans le ventre de son adversaire qui recule, il fonça tête baissé sur lui, mais il fut mis à terre par une technique complètement folle qu'il n'avait vu utilisé que par une seule personne auparavant. Aedan était face contre terre, son adversaire était sur lui à lui tordre le bras. Le garçon serra les dents et tourna la tête pour lui parler.

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“ Putain t'es qui toi ? ... Où t'as appris ça ... „

Comme je m'y attendais, Aedan me suivit dans le dédale de couloir. J'avais de l'avance sur lui, mais je décidais de voir comment il allait se débrouiller. Cela faisait plusieurs mois que je n'étais plus là à surveiller son entrainement, et c'était une bonne façon de le tester. Saura t'il retrouver l'agent infiltrée que j'étais ? Je parcourais les couloirs, à la recherche d'un des bureaux des officiers. A cette heure de la nuit, à moins que cela soit le Sénéchal, il y avait peu de chance qu'ils soient occupés. Je jetais mon dévolu sur une porte qui n'était pas fermée à clé et rentrait dans la pièce. Il n'y avait pas de bougie d'allumée ni même personne. Chance. Alors que je refermais la porte, je pouvais entendre dans le couloir les échos des aboiements du chiot et les coups enragés donnés à des portes pour les ouvrir. Vraiment, niveau discrétion il va falloir refaire toute son éducation. Donner ainsi sa position à l'ennemi est des plus inquiétant. Une petite leçon.... s'impose. Il n'allait pas tarder à arriver à ma porte, aussi je me dissimulais dans l'ombre, sur le côté de la porte. Quelques instant à peine après, la porte fut enfoncée et un Aedan des plus furieux fit irruption. Il n'avait pas l'air... lui même. Déconcentré, il avait plus l'air d'un homme enragé que d'un soldat. Mhh...

Il me vit à peine, et ce fut le chien qui lui donna l'alerte de ma présence. Il se retourna pour me donner un coup de poing que j'interceptais sans grande difficulté. L'heure était à la leçon. Il n'était pas armé et je n'allais pas ici le mettre plus en désavantage que ce qu'il n'était. Car il était désavantagé. Non pas parce qu'il était sans armes, mais parce qu'il combattait avec une colère et une rage aveugle. Une rage qui n'était pas utilisée pour guider ses gestes avec précisions. Le combat au corps à corps commençait, et bien qu'au début il s'en sortait plutôt pas mal (heureusement pour lui) son manque de concentration venait petit à petit ouvrir sa garde. D'un coup de pied retourné je le balançais contre la table, mettant un léger temps de pause dans notre combat. Loin de s'avouer vaincu, il clama au contraire qu'il avait été bien entrainé. Je manquais de rire, me voyant dans une même phrase complimentée et insultée. Je le prenais plutôt bien, même si ce combat prenait trop de temps à mon goût. Avec tout ce boucan nous n'allions pas tarder à rameuter les Gardes en patrouille. Mettre fin à ce petit combat était prioritaire. Nos échanges de coups reprirent, Aedan réussissant parfois à m'atteindre, mais globalement je dominais nos échanges. Il se débrouillait pas mal, et je du même à un moment utiliser une de mes techniques pour me sortir d'une situation et le bloquer. A ma merci et sous ma botte, je le sentis tressaillir. Il faisait trop sombre pour que je puisse voir son visage, mais ses paroles et son ton en disaient long sur son trouble. Avait il enfin compris qui j'étais ? Je souriais sous mon écharpé, ne pouvant m'empêcher de lui donner quelques indices supplémentaires tout en le titillant. Je lui répondis, de ma façon nonchalante et chante habituelle.

"Mhh ? Je me le demande ha ha ha ha !"

Je riais, le relâchant non sans lui donner un bon coup de pied dans les cotes. Je profitais de cet instant pour m'échapper de la pièce. Il allait sans doute mordre à l'hameçon et me suivre, mais pour la suite je devais trouver un autre endroit plus éclairé. Les autres gardes n'allaient pas tarder de toute façon. Dans les couloirs je finissais pas trouver un bon endroit, et de toute façon je n'avais pas le luxe de trouver autre chose vu le son des pas précipités d'Aedan qui se rapprochaient. Le couloir était plus large et des caisses étaient entreposées là, illuminées par plusieurs torches murales. Je grimpais sur les caisses, m'asseyant confortablement dessus, les jambes croisées. Il n'était plus temps de fuir. J'avais donné sa petite leçon à Aedan, préparé la mise en scène pour l'effet final. Quand il arriva enfin, je pus voir son visage. Il avait l'air... perdu. C'était étrange, je ne l'avais pas vu ainsi depuis la mort de sa petite elfe. Ou alors depuis la dernière fois ou je lui avais mis une raclée, je ne sais plus... Quoi qu'il en soit, je n'allais pas lui laisser le temps de se reprendre. Mon regard malicieux était posé sur lui, profitant sans aucun regret de la situation.

"Allons allons, pourquoi faire cette tête ? On dirait que tu as vu un fantôme... crevette."

Je souriais, amusée de ce dernier morceau d'information que je venais de lui donner. Mais il n'eut pas vraiment le temps de répondre quoi que ce soit de très élaboré, car les renforts étaient venus. Ils étaient quatre, des gardes en armures qui avaient suivis les éclats de voix et les fracas de porte, sans doute. Je reconnaissais une partie des Gardes qui étaient là, donc celui qui s'était rendu compte assez rapidement de la situation. D'un seul coup d'oeil sur la tête d'Aedan et ma présence plus que suspecte il se mit en position d'attaque, épée tirée au clair et dirigée vers moi. Les autres l'imitèrent, m'encerclant.

"Halte ! Vous êtes encerclé, rendez-vous !"

Je ne bougeais pas pour autant, les regardant avec toujours autant d'amusement. Celui qui m'avait interpellé, le garde nain qui avait réagit au plus vite, me faisait bien rire. Je lâchais un rire exalté, ne cachant nullement que je n'étais pas impressionnée.

"Me rendre ? Ha ha ha ha !! Voyons Lassat, tu sais très bien que ce n'est pas mon genre. Ou alors c'est qu'il faut s'attendre à beauuuuucoup d'ennuis pour vous par la suite."

Ma voix savoureuse d'antivane résonnait en ces murs comme un chant sorti des Tréfonds. Ils se raidirent, me jetant des regards perplexes. Ma voix, ma façon de faire aussi nonchalante qu'insupportable... de plus je connaissais le nom d'un des gardes ici. Mais je me doutais que cela ne serait pas suffisant. Après tout, il leur faudrait une preuve plus tangible. Ce que je fis devant tous. D'un geste de la main j'abaissais l'écharpe qui cachait le bas de mon visage et enlevais la capuche qui cachaient mes cheveux blancs. J'affichais un grand sourire malicieux, les interpellant de nouveau avec toute la facétie dont j'étais capable.

"Alors.... Je vous ai manqué ? Ha ha ha ha ha !"

Je riais encore, leur tête étant tout ce que je pouvais espérer pour mon contentement. Surtout celle d'Aedan. Bon certes mes yeux étaient différents d'avant, mais tout le reste restait le même. Et puis, qui d'autre que moi pour s'infiltrer ainsi à Fort Bastel ? Pour une macchabée, je n'ai pas perdu de mon savoir faire.

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Le temps semblait suspendre son cours, dans quelle situation s'était encore fourré notre jeune héros ... Lui qui était si prometteur, si motiver à l'idée de progresser, de devenir le plus grand garde des ombres que Ferelden n'ait jamais connu. Il avait toujours eu l'ambition d'être le numéro un, il avait toujours désiré faire plus et c'est avec ce caractère-là qu'il avait surmonté les terribles entraînements de sa professeur cependant, la vie ne lui avait pas fait de cadeaux. En très peu de temps, il avait perdu les êtres qui comptait le plus pour lui. Ces disparitions tragiques et si proches avaient fait totalement disjoncté notre héros, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Avant, il était toujours le premier à vouloir apprendre, à se battre, maintenant, il traînait les pieds à l'entraînement, il ne faisait aucun effort pour se relever, c'était comme si une partie de lui avait abandonné et tout ce qu'il restait de notre jeune homme n'était plus que rage et solitude. Aujourd'hui, il se retrouvait dans cette situation, blessé, à terre contre un ennemi bien mieux entraîné que lui. En l'espace de quelques secondes, il venait de payer tout ce temps perdu à pleurer sur son sort, en l'espace de quelques secondes tout aurait pu se finir si son agresseur n'avait pas décidé de jouer avec.. Bloqué sur le sol glacé de cette petite pièce obscure, notre héros entendait cette inconnue s'amuser de la situation, elle en profita pour assener un grand coup de pieds dans les cotes puis elle partit en courant.

Aedan se releva rapidement tel une furie pour foncer une nouvelle fois vers cette inconnue, comme si la leçon précédente n'avait toujours pas été assimilée. Le jeune homme se retrouva dans une pièce, face à lui, perché sur des caisses, il y avait cette attaquante qui semblait trop bien connaître les lieux pour n'être jamais venu ici. La jeune femme fixait notre héros et soudain elle repris la parole en l'appellent "Crevette", lorsqu'il entendit ça, il eu comme un blocage, il n'y avait toujours eu qu'une seule personne pour l'appeler comme ça, mais s'était purement impossible ... Tullia était morte, cela avait été annoncé officiellement et personne n'aurait pu commettre cette erreur de l'annoncer sans en être sûr. C'était impossible, tout bonnement inimaginable, une coïncidence ? Non très peu probable aussi. Aedan devait en avoir le cœur net, cette inconnue l'avait battu, malmenée de long en large et elle ne l'avait pas tué. Elle se battait comme Tullia, avait la même voix et les mêmes mimiques, c'était elle ? Vraiment ? Non, impossible se disait notre héros, il était en pleine confusion, ne savant pas quoi faire.

Alors qu'il allait prendre la parole, des gardes arrivèrent, épées sortirent, ils étaient prêts à mettre un terme à toute cette agitation. Tout se passa tellement vite, en l'espace de quelques secondes le doute était levé, Tullia était belle et bien devant eux, elle semblait quelque peu différente, mais après tout ce qu'il venait de se passer, il ne faisait aucun doute. Ce n'était pas de la magie, ce n'était pas une imposteur, mais belle et bien Tullia .... Aedan ne bougeait pas d'un pouce, son regard était figé sur le visage de Tullia, cependant, contrairement aux autres gardes son visage n'affichait pas d'incompréhension mélangé à de la joie, c'était même tout l'inverse, le garçon la fixait, sa mâchoire se resserrait tout comme ses poings. Il bouillonnait au fond de lui, la situation était devenue du grand n'importe quoi. La respiration, tout comme ses battements de cœur s'accélérait tandis que Tullia continuait de rire joyeusement. C'était trop, trop pour Aedan, le jeune homme ne pouvait plus rester ici, il voulait quitter la pièce rapidement, mais un garde le stoppa en lui demandant où il comptait aller.

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“ ME TOUCHE PAS TOI ! „

La réaction ne se fit pas attendre, Aedan poussa de toute ses forces contre le mur ce garde qui n'avait pas eu l'intelligence de voir l'état psychologique désastreux dans lequel se trouvait notre héros. Les autres se retournèrent pour l'arrêter, mais Lassat levait le bras et ordonna de ne rien faire. Les laissant seuls dans cette pièce, Aedan, la rage au ventre, parti en courant comme un dératé, il descendait les escaliers rapidement pour se retrouver dans la cours d'entraînement. Il attrapa le premier objet qu'il trouva pour venir frapper de toutes ses forces un mannequin en bois, les secondes passèrent et notre héros libérait toute sa rage dessus. Rapidement, son épée d'entraînement se brisa, il la jeta sur le sol boueux avant de venir frapper aux poings un autre mannequin. Les coups pleuvaient et très vite ses mains furent couvert de sang. Rien ne semblait pouvoir le calmer, il était là, seul, frappant de toutes ses forces ce mannequin pour tenter de soulager sa rage, mais rien marchait. Il n'était plus le même que Tullia avait connu.

Je savourais la réaction globale des gardes devant moi, m'amusant de leurs expressions. Certains ouvraient grands les yeux, comme s'ils ne croyaient pas ce qu'il voyaient, d'autres avec l'air renfrogné et suspicieux, comme si cela ne pouvait être qu'une blague de mauvais goût. Et d'autres avec un léger sourire sur le visage et commençaient déjà à commérer sur mon retour. Que je ne sois finalement pas morte, est ce au final si surprenant que ça, venant de celle que l'on surnomme le 6e Enclin ? Seul Aedan, et cela je ne le remarquais que trop tard, me foudroyait du regard. Il avait l'air très en colère. Est ce que parce que je lui ai joué un mauvais tour ? Pourtant le connaissant je l'aurais plus cru se jeter sur moi comme un chiot retrouvant sa mère. Et pourtant, le voilà qui se détournait. Un garde eu le malheur de vouloir le retenir et la voix d'Aedan se répercuta avec violence dans le couloir. Tout le monde s'était retourné vers lui, surpris, alors qu'il s'échappait en courant du couloir. Je fronçais des sourcils, soupirant devant ce qu'il me semblait être un caprice.

"Et bien, ça promet...."

Je descendais de mon petit perchoir, souriante et ma foi heureuse de pouvoir saluer mes frères et soeurs d'arme. C'était presque comme si certains devaient me serrer la main ou m'observer de plus près pour s'assurer que c'était bien moi. Je savais que mes yeux étaient à présent trompeurs, mais pour l'attitude et la voix tout était pareil. Quand ce fut au tour du nain Lassat, à qui je faisais l'accolade, il fit part également de son doute.

"Contente de vous revoir, Garde Raijer. Mais... Vous avez l'air... un peu... différente ?"

Son regard était planté dans le mien, perçant comme il savait l'être. Je lui souriais, sachant parfaitement de quoi il parlait. De ma nonchalance toute naturelle je le rassurais, lui donnant une tape sur l'épaule.

"Et pourtant c'est bien moi, en chair, en charme et en os ! Bon, il y a eu quand même quelques petits changement, mais je vous expliquerais tout ça en temps et en heure. Autour d'un verre bien sûr, car ça promet d'être un récit épique !"

L'alerte n'ayant plus vraiment de raison d'être, les gardes rengainaient leurs épées et s'en retournaient soit à leur poste soit à leur lit. Personne n'allait sans doute dormir avant un moment, car il y avait trop à raconter sur le retour de la folle de service de Fort Bastel et de Térébinthe. Pour ma part j'accompagnais Lassat, regardant la direction vers laquelle Aedan avait fuit dans toute sa furie. son comportement était étrange, vraiment. Vu le nombre de fois pendant ses entrainements où j'avais essayé de le tuer, ça ne devrait pas le retourner comme ça. Mal à l'aise, et ne sachant pas vraiment pourquoi, j'essayais d'en savoir plus auprès du nain.

"Mais dit moi Lassat...Quelle mouche l'a piqué ? Il nous refait sa crise d'adolescence ou quoi ?"

A cette question le nain fronça des sourcils et se mit à soupirer. C'est pas bon signe.

"Ha, Aedan... Disons que depuis l'annonce de votre mort il a changé. Il n'est plus vraiment lui même, on dirait qu'il a le goût a rien. Oriana pourra vous en dire plus, mais votre retour a du lui faire un choc."

Il avait l'air d'en savoir plus que ces simples mots, mais son silence montrait que la situation était complexe. Je fronçais des sourcils à mon tour, hésitant. Devrais je le poursuivre ou le laisser pleurer, rager dans son coin ? La dernière fois, de ma pauvre mémoire, qu'il avait été dans cet état fut lors de son passage de l'Union et la mort de sa petite elfe. A me revoir vivante, il devrait être content non ? N'ayant pas l'intention de dormir, je me décidais à le retrouver pour au moins m'assurer qu'il n'allait pas faire de bêtise. Je n'eus pas à remonter sa piste de trop loin, car je pus entendre le bruit de fracas d'armes sur le terrain d'entrainement. Des coups furieux, qui rien qu'au son ne présageaient rien de bon. Quand j'arrivais sur place, Aedan se trouvait devant un mannequin d'entrainement, épée brisée au sol et lui affrontement à pleine main en coup désespéré le pauvre mannequin. Quoi que, Aedan n'était pas réputé pour s force brute, il risquait plus de se blesser qu'autre chose.

Je m'approchais doucement, restant silencieuse un moment et l'observant. Il ne m'avait pas encore remarqué, concentré sur ses coups. Son expression était pleine de colère, de rage, ses coups juste pour se défouler plutôt que de frapper de façon précise et décisive. Non, jamais je ne l'avais vu comme ça. Même pas quand Aerin est morte. Est ce que ma simple mort et mon retour pouvaient provoquer de tels effets ? J'en doutais fortement, ou du moins il n'y avait pas que cela. Aedan m'estimait en tant que professeur de combat, mais à part cela... Prenant appui contre un mur et l'observant les bras croisés, je finissais par signaler ma présence à ma façon. Des paroles légères et sarcastiques.

"Je ne savais pas qu'en mon absence tu avais décidé de devenir un Berserker. Je ne t'aurais jamais cru du genre bourrin, fu fu fu ~ ..."

Je souriais, mais mon regard planté sur lui n'exprimait aucune joie. Perçant, cherchant à comprendre ce qu'il se passait dans la tête d'un Aedan furieux, je n'avais aucun plaisir à le voir ainsi. Il était en colère, soit. Contre moi, sans aucun doute. Mais pourquoi précisément ? Prenant le druffle par les cornes, sans ménage je lui posais la question, allant droit au but.

"Es tu en colère parce que je t'ai mis une raclée là haut, ou parce que je n'ai pas envoyé de petite lettre pour dire que j'ai survécu ? A moins que tu ne sois pas content de me revoir vivante au final, ce que je peux comprendre en un sens..."

En tant que mon élève, il avait subit mes entrainements draconiens et dangereux encore plus que les autres. Sa vie étant souvent sur le fil à chaque séance et je ne lui épargnais rien. En général il laissait ça de côté avec sa légèreté habituelle, mais au fond est ce qu'il l'a vraiment bien supporté ? Impossible pour moi de le savoir ou de m'en rendre compte, vu qu'à l'époque savoir ce qu'il pouvait ressentir n'avait aucun intérêt pour moi. Maintenant, c'était différent. Je le voyais autrement, tout comme les autres. Je ne savais pas mettre de mots sur ce que je ressentais et sur cette envie d'en savoir plus sur lui, sur ce qu'il ressent. Cette empathie et cette compassion étaient aussi nouveaux qu'inhabituels, inconnus au bataillon et dérangeant. Pourtant j'y allais et posais des questions, même si je pouvais potentiellement y perdre au change. Mais ça, impossible de le savoir.

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La nuit  allait être longue pour notre jeune garde des ombres qui nageait en plein océan de rage, rien ne semblait pouvoir l'arrêter. C'est comme s'il cherchait des réponses à de trop nombreuses questions en frappants ses pauvres mannequins. La scène devait être particulièrement étrange à voir, surtout pour Tullia qui venait tout juste de rejoindre son ancien élève. Il était évident qu'elle ne l'avait jamais vu dans un état pareil, lui qui avait toujours été le comique du groupe, celui qui défiait l'autorité, mais sans jamais dépasser les limites. Tout avait changé, tout s'était bousculé en très peu de temps si bien que notre jeune garçon s'était perdu en chemin. Tandis que la revenante tentais de communiquer avec Aedan, ce dernier n'écoutait qu'à moitié, trop préoccuper à frapper toujours plus forts ses mannequins en bois, quitte à avoir les mains en sang.

Puis, après une première tentative d'humour rater, Tullia commis une erreur. Juste une seule petite erreur qui énerva encore plus notre héros. Elle lui parla comme à un enfant qui n'aurait pas reçu de cadeau pour son anniversaire. Elle se trompait, au fond, elle ne pouvait pas vraiment savoir ce qu'il se passait dans la tête de notre jeune garde et ce dernier, une fois que la belle femme eut fini de parler, se tourna vers elle, le visage remplis de colère. Ses yeux lançaient des regards assassins, il la fixait intensément avant de prendre la parole.

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“ Tu crois que c'est une blague ? Tu crois que tu peux revenir comme une fleur et faire comme si rien ne s'était passé ? Tu comprends rien Tullia ! Tu piges rien de ce qu'il se passe ! Ça a toujours été comme ça de toute façon, depuis le premier jour jusque maintenant ! C'est ça la vie de garde ? Hein ?! C'est à ça que va ressembler le reste de ma vie ? Perdre des gens que j'aimes, souffrir de leurs morts, faire le deuil, se relever de ce putain de chaos pour ensuite en voir certain revenir ? C'est quoi la suite ? Tu vas repartir en mission et un jour, on viendra de nouveau nous annoncer ta mort ? Combien de fois j'vais devoir dire adieu aux gens que j'aime ? Combien de fois, je vais devoir prononcer des sermons vantant l'honneur et la bravoure dont ont fait preuve mes proches que j'enterre ? ! „

Aedan commençait à faire les cent pas sur le terrain d'entraînement, il ne pouvait plus se contenir, ces propos n'étaient pas vraiment cohérent, mais il avait trop accumulé depuis et Tullia était l'élément déclencheur de cette explosion de mots. Le garçon ne laissait pas une seule seconde à son ancienne professeur pour lui répondre, dans le fond, il n'attendait pas vraiment de réponse il avait juste besoin de vider son sac et ce soir était l'occasion rêver pour lui d'en finir avec tout ça.

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“  Je sais, je sais, tu vas me dire que la vie des Gardes est dure, que j'avais été prévenu dès le début et qu'ont auraient pu partir quand on voulait. Depuis tout ce temps, cette foutue Garde des Ombres m'a tout prit ! Et elle continue de me prendre un peu plus chaque jour ! Cette putain de garnison s'amuse à m'humilier tous les jours ! Tu crois comprendre pourquoi je suis en colère de te voir ? Non, tu te trompes, tu n'en sais rien ! J'étais heureux, j'avais des rêves, je voulais devenir quelqu'un, mais putain ici personne ne devient quelqu'un ... On est juste des fonctions, des élément sacrifiable ... Je suis arrivé ici amoureux et la Garde m'a prit cet amour, ensuite Aerin est morte sans que je puisse lui dire des choses importantes, après toi t'es parti ! Tu m'as lâché, je me suis retrouvé avec celui que je hais le plus ! Ce putain de Dagnir, il m'a pris Aerin et je dois avoir confiance en lui quand je risque ma vie pour des gens qui ne montre aucun respect pour nos sacrifices ! Ensuite, on m'a annoncé ta mort, mon putain de monde s'effondre chaque jour un peu plus Tullia ! „

Toujours en continuant les cent pas, Aedan attrapa deux épées sauf quelles n'étaient pas faites pour les entraînements, elles étaient aiguisé et particulièrement tranchante. Le garçon fixait la jeune femme avec toujours ce même regard remplis de rage sans jamais lui laisser le temps de répondre.

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“   Mais je te connais Tullia ... Tout ce que je te dis là, tu dois te retenir de rire, tu dois te dire que j'en fais des caisses pour pas-grand-chose, que tu ne comprends pas pourquoi je suis si énervé alors que tu sois de retour. T'as envie de rire de moi ? Ce n'est pas un vrai garde qui se métrait dans ce genre d'état pas vrai ? Tu sais quoi ? J'en ai marre de tout ça, j'en ai marre de devoir faire semblant et j'en ai marre de me lever chaque matin pour honorer un blason qui m'a tout prit ! „

Puis le garçon jeta une épée au pied de Tullia.

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“   Ce soir, c'est toi contre moi ! On ne retient pas ses coups, on se bat pour tuer ! Si tu as la moindre affection pour moi ... Alors respecte ma demande, respecte ma décision .... Affronte-moi, d'égal à égal et surtout ne retient pas tes coups ... „

Aedan ne savait pas vraiment ce qu'il voulait tirer de ce combat, il ne savait pas pourquoi, mais il en avait besoin. Il la fixait tout en commençant à faire quelques moulinets avec son arme, il était prêt. Une partie de lui voulait en finir et laisser Tullia lui porter un coup fatal, au final, il y voyait là peut-être une délivrance, mais une autre partie de lui voulait faire payer à cette femme les nombreuses souffrances dont elle était la cause. Aedan était perdu, Tullia était cette lumière qui allait pouvoir le guider, reste maintenant à découvrir vers où tout ça va l'amener ...

Ce que je vis devant moi, criant et agonisant sur son sort, rageant contre son infortune, n'était pas l'Aedan que je connaissais. Je l'écoutais s'égosiller, faire sortir tout ce qu'il avait sur le coeur. Ce n'était pas l'Aedan que je connaissais. Il faisait pitié à se plaindre de quelque chose qui me paraissait évident, accusant tout le monde sauf lui-même. Et pourtant cela ne me faisait pas rire. Cela d'ailleurs ne faisait jamais rire personne chez les Gardes quand cela arrivait. Car si je ne reconnaissais pas l'Aedan habituel devant moi, je savais ce qui lui arrivait. Un syndrome relativement fréquent chez les Gardes qui se sont engagés volontairement, sans y avoir été obligé par les aléas de la vie. Ceux qui pensaient que la Garde n'était que devoir, honneur, héroïsme. Plus hautes étaient les attentes, plus dure la chute. Et ce qu'il nous faisait maintenant était une de ces chutes mentales que l'on appelait un contrecoup de l'Union. Parfois cela se passait juste après, et c'est ce qui lui était arrivé quand son amie elfe n'avait pas survécu. Et il arrivait également qu'une deuxième vague arrive, quand ils se rendent compte que le quotidien de la Garde était plus proche de la Mort que d'un parvis doré.

Je regardais l'épée qu'il venait de me jeter avec rage aux pieds, m'invectivant pour la prendre et lui faire face. De l'affronter sans retenir les coups. Je ne souriais pas, le regardant plutôt avec gravité et une certaine lassitude. Je n'avais pas envie de m'occuper de cela, pas dès que je reviens tout juste parmi les vivants chez les Gardes. Par le passé je n'avais vu que de loin les autres Gardes souffrir de ce genre de maux, qui m'étaient totalement inconnus. Après tout ma vie antérieure était aussi faite de mort et j'avais intégré la Garde pour survivre. Ainsi chaque jour vécu était une victoire, sans aucun regret. Je n'étais clairement pas la meilleure placée pour l'apaiser, mais en ce moment il n'y avait que moi. Et sa colère qu'il avait... Il devait sans doute m'en vouloir pour quelque chose. Mais pour quoi ? Juste être morte puis être revenue ? Je prenais l'épée au sol, non sans montrer une grande mauvaise volonté en poussant un long et profond soupire de lassitude.

"Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa... Sérieusement Aedan, là tout de suite ?!"

Affronter Aedan n'était pas forcément un problème dans le cadre d'un entrainement. Mais ici je sentais qu'il allait essayer de me pousser dans mes limites, qu'il allait être imprévisible dans ses mouvements. C'était dangereux, autant pour moi que pour lui. Mes instincts pour tuer n'ont jamais été facile à juguler pendant l'entrainement, et je sentais dans un coin de ma tête une certaine appréhension. Et si je finissais vraiment par le tuer ? Je n'étais pas à l'aise, mais il fallait tout de même que je fasse quelque chose, car de toute façon il n'allait pas m'écouter. Je pouvais l'affronter ou bien laisser tomber l'épée, mais à ce moment là il ira répercuter sa colère sur autre chose, ou sur lui même. Il avait besoin de se fatiguer, c'est certain. Et il fallait que je gagne du temps. J'hésitais encore à l'affronter, quand une voix plus haut sur l'escalier menant au terrain d'entrainement attira mon attention ?

"Qu'est ce qu'il se passe ?"

C'était un jeune garde qui avait l'air d'être de patrouille, et qui avait du être attiré par les éclats de vois. Il nous regardait d'ailleurs de façon alarmée, se demandant sans doute si c'était une attaque ou non. Parfait, là était ma chance. Même s'il ne me connaissait pas, je savais par habitude donner des ordres. D'une voix autoritaire je l'interpelais, et à sa façon de se redresser en se crispant je comprenais que j'avais visé juste.

"Toi, va réveiller un mage soigneur immédiatement et dit lui de venir ici, il va y avoir du dégât. Réveille également Oriana et fait la venir ici. Dis lui... qu'Aedan nous fait un Contrecoup de l'Union. C'est urgent."

Il fronça des sourcils, jetant un coup d'oeil à Aedan avant de se décider. Il semblait avoir compris l'enjeux du problème et le nom d'Oriana ne lui était pas inconnu. Il remonta les escalier en vitesse, disparaissant dans le fort. Parfait, je n'avais plus qu'à faire patienter la crevette et lui donner ce qu'elle voulait. Oriana comprendra sans doute ce qu'il se passe et viendra vite pour calmer Aedan. Je remettais tout mon attention sur lui, retirant ma cape pour la laisser tomber au sol et m'approcher doucement. Je le fixais de mon regard perçant, contrastant avec mes remarques qui redevenaient nonchalantes.

"Bien ~ ... C'est à nous maintenant. Tu veux te battre pour de vrai, hein ? Alors que je t'ai mis ta pâté là-haut tu en reveux encore ? Ma foi pourquoi pas, mais j'espère que tu as conscience des conséquences..."

Je fis un petit moulinet du poignet, pour m'échauffer un peu, marchant à distance en faisant un cercle autour de lui. Est ce que je le laisse venir ou pas ? J'hésitais, appréciant d'habitude de prendre l'initiative. Mais ici le laisser attaquer en premier me donnerait un certain avantage. Lui aussi se mit à faire les cents pas, me regardant avec férocité alors que nous nous tournions autour. Je me demandais ce qu'il pouvait bien penser... Pour ma part j'espérais que ça n'allait pas durer trop longtemps, car j'ai non seulement soif mais faim, et j'avais bien envie d'un lit chaud. Bon, évitons de faire trainer. Je me mis à sourire un peu plus, le narguant et le raillant un peu pour que la colère prenne le dessus et qu'il agisse.

"Est ce que tu as encore des choses contre lesquelles tu voudrais te plaindre, hein ? Après tout si tu as passé l'Union c'était ton choix, tu connaissais notre vie. qui vas tu accuser maintenant, mh ? Moi peut être ?"

J'écartais les bras, me montrant comme une cible facile. Après tout c'est pour cela qu'il veut m'affronter, non ?

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La nuit  se faisait de plus en plus froide, le terrain d'entraînement n'était éclairé que par quelques torches et par la lumière de la lune. Une ambiance lugubre avait pris place dans ce fort, une fine pluie glacée commençait même à tomber. Notre héros, qui venait de vider son sac, ne pouvait s'empêcher de continuer à faire les cent pas, comme s'il était enfermé dans une cellule. Il attendait avec impatience que Tullia ramasse l'épée et que le combat commence. Sa professeure l'avait peut-être battu plus tôt dans la soirée, mais la tout était différent, elle ne pouvait plus profiter de l'élément de surprise pour vaincre Aedan, et même s'il était dangereux de combattre avec ... La colère était un puissant allié et le moins que l'on puisse dire, c'est que le jeune garde n'en manquait pas ce soir.

De son côté, Tullia ne semblait guère ravi à l'idée de combattre ce soir, elle devait sans doute être fatigué après son infiltration du soir, mais il était trop tard pour elle. Qu'elle le veuille ou non, il allait avoir un affrontement. Malheureusement pour notre héros, un garde novice arriva pour demander des comptes, il avait bien de la chance que ce soit Tullia qui lui ordonne de partir. Cependant, lorsqu'elle demanda qu'il parte chercher un mage soigneur, se fit sourire notre héros. En disant ça, la jeune femme venait d'accepter le défi lancé et elle semblait prête à se donner à fond dans ce combat. Voilà qui rendait les choses nettement plus intéressantes. Elle demanda aussi d'aller chercher Oriana en prétextant que notre jeune garde faisait une crise de nerf, un contrecoup de l'union ... Cette remarque fit rapidement perdre le sourire d'Aedan, à dire vrai, ça l'énerva encore plus.

Le Garçon essayait de se contenir, marcher frénétiquement l'aidait beaucoup à ne pas foncer tête baissé sur Tullia, ce qui lui permit d'échanger quelques mots. Elle commença par se montrer arrogante, elle annonça tout fièrement qu'elle avait mis la pâté au garçon tout en lui faisant comprendre qu'en cas d'affrontement, il y aurait des conséquences. Puis elle continua de provoquer notre héros, lui rappelant que l'Union était son choix, elle insinua même qu'Aedan était le seul responsable de ce qui se passait. Dans un sens, elle n'avait pas tout à fait tort, devenir Garde des Ombres avait été le rêve du jeune homme, mais ce rêve s'est rapidement transformer en cauchemars et ça rien ni personne ne pouvait le préparer.

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“ T'es pas croyable, tu sais ça ? .... Après tout ce temps, tu continues de me traiter comme un gamin, comme un moins-que-rien incapable de réfléchir. Je ne fais pas de contrecoup de l'union, j'ai juste ouvert les yeux sur tout ce qui m'entoure ! Tu crois qu'Oriana va changer quoi que ce soit ? T'as tout faux, j'en ai juste marre de tout ça, marre de devoir me sacrifier pour rien. Rejoindre la Garde était mon choix, j'en assume les conséquences, mais pour le reste .... Cette faction en est responsable ! „

De la même manière que Tullia, Aedan commençait à faire de nouveau des moulinets avec son arme. D'un point de vue extérieur, il était amusant de voir le mimétisme dont faisait preuve ces deux gardes. Tullia et Aedan reproduisaient les mêmes mouvements, à la même vitesse, elle l'avait bien formé et lui avait bien appris.

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“ Concernant ce ... Combat ... Tout à l'heure ... Tu m'as battu uniquement parce que tu m'as attaqué par surprise. Si j'ai perdu alors pose toi les bonnes questions, n'es-tu pas responsable de ça ? Après tout, si j'ai perdu ou si mon état t'inquiète tant ... C'est sans doute ta faute, tu n'as pas été assez présente pour m'enseigner tout ton savoir ! Pourquoi je n'arriverais pas là ou toi, tu as réussi ? Tu sais ... J'vais t'avouer une chose ... Une chose que je ne t'ai jamais dite ... Il n'y avait que moi qui t'aimais, qui aimais tes entraînements, tous les autres détestais ça. Ils étaient tous persuadés que tu ne nous apprenais rien et que tu voulais juste assouvir tes penchants de psychopathe sur nous, mais moi ... Moi, je t'ai toujours défendu, j'ai toujours eu cette conviction que tu voulais faire les choses bien, mais à ta manière. Tu me correspondais, tu m'as appris la rigueur, la discipline, tu m'as construit en tant qu'homme. T'as pas idée à quel point tu m'as changé et je nous croyais proches ... Mais pourtant, avant que t'ai fini de m'apprendre tout ce que tu savais ... T'es parti, comme ça ... Au final, t'as fait comme mes parents, comme Aerin ... Tu m'as abandonné, pas une missive, rien ... Juste tu as disparu comme si je n'avais jamais compté .... „

Aedan s'approchait lentement tandis que le vent commençait à souffler de plus en plus fort, que la pluie commençait à s'intensifier.

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“  Tullia, quand j'ai appris ta disparition ... Une partie de moi était contente ... La vérité ? C'est que je t'aime autant que je te hais... Mais bon, je ne sais même pas pourquoi je te dis ça, dans le fonds t'es comme les autres, t'en a rien à foutre du moment que je suis le bon petit soldat prêt à mourir pour la cause de la Garde ! T'en fais pas va, j'ai hâte d'aller crever comme une merde que tout le monde oubliera dans les tréfonds ... Mais avant ça .... „

Puis sans finir sa phrase, Aedan fonça droit sur Tullia, finalement, la rage avait prit le dessus sur sa raison. Aedan avait toujours été comme ça, sans réellement en avoir conscience, il ne maîtrisait pas ses sentiments, il les vivaient pleinement.

Des choses, il en avait à dire le petit Aedan. Bavard comme il ne l'avait jamais été, il enchaina sur ses griefs en accusant tour à tour les Gardes, la chance ou encore moi même. En temps normal je lui aurais filé une bonne giffle, secoué comme jamais pour ensuite lui plonger la tête dans un seau d'eau glacée pour lui remettre les idées en place. Il partait en vrille, mais ici avec une épée à la main, il sera plus difficile de lui faire entendre raison "pacifiquement". Quand il se jeta sur moi, je reçu son attaque comme je le devais. Je pouvais sentir dans son coup toute la colère, toute l'énergie dévastatrice qu'il avait en lui. Le voir ainsi désespéré, à vouloir régler les choses comme moi je pouvais le faire par le passé... Cela me fit terriblement rire. Il me reprochait d'être ce que j'étais, mais ne l'était il pas devenue à présent ? Je ne pus m'empêcher de le railler encore plus, le poussant toujours plus au bout de sa colère.

"Ha ha ha ha ! Quelle bonne blague Aedan !"

Ses attaques étaient certes vives et pleine d'énergie, mais ils étaient également lourds et erratiques. Pour l'instant je restais sur la défensive, recevant et esquivant en essayant de conserver un maximum d'énergie. Comme si je jouais avec une bête féroce pour qu'elle se fatigue avant de pouvoir me montrer sérieuse. Ce n'était pas facile car le garçon avait du talent, mais tout comme moi j'en avais pour le faire sortir de ses gonds et le déstabiliser. Répondant à ses différentes remarques, ou plutôt accusations, je n'hésitais pas à lui rappeler un peu le contexte.

"C'est si facile de tout mettre sur le dos des Gardes, à t'entendre on pourrait presque croire que tu es la Grincheuse. Mais pour toi, ce n'est pas comme si on n'avait pas essayé de te prévenir, tu ne peux donc t'en prendre qu'à toi même."

C'était un fait, et bien qu'il dise prendre ses responsabilités par rapport à cela, il avait l'air de bien les limiter pour les mettre sur le dos des autres. C'est si facile... Et cela me mettait en colère contre lui. J'avais l'impression de me retrouver avec une Grincheuse bis, qui reniait ce qu'elle était et crachait sur ceux qu'elle était sensé guider. Aedan filait le même mauvais coton et je ne l'avais certainement pas entrainé dans ce sens. Sans vraiment le vouloir, ma défense se fit moins évasive et plus féroce, confrontant sa colère à ma propre impatience envers lui. Et je n'en avais pas terminé. Il osait me dire que j'étais détestée de tout le monde, comme pour me rappeler que je n'étais pas dans un monde tout beau où tout le monde me laissait faire ce que je voulais avec complaisance. Croyait il que je ne le savais pas ? Même avec le démon en moi j'en avais conscience, mais m'en fichait complètement. Au contraire, la rage des autres à mon encontre me faisait jubiler, me sentir plus vivante que jamais. A présent les choses étaient un peu différentes, mais mon indifférence à ce que les autres pouvaient penser de moi restait la même.

"Et penses tu vraiment que je ne sais pas que les autres détestent mes entrainements ? Qu'ils m'apprécient ou non, peu importe j'en ai rien à faire, car ce qui compte c'est le résultat. Je suis un monstre qui aime se battre et qui n'a que faire de ce que pensent les autres sur moi. Peut être qu'il y avait Wulf à l'époque. Mais tu sais quoi, il est mort maintenant, alors il n'y a plus personne."

Je souriais férocement, pensant qu'à présent je n'avais sans doute plus vraiment d'alliés au sein de la Garde de Férelden. Wulf était celui qui me faisait le plus confiance, qui acceptait mes défauts et capitalisait au contraire sur mes qualités pour aider la Garde. A présent il n'était plus là, et même mon élève doutait de moi, comme si je l'avais abandonné. La bonne blague... Subtilement, je devenais plus offensive, attaquant de plus en plus Aedan pour le faire reculer, le prenant à revers et utilisant les points faibles de son impétuosité.

"Je t'ai appris à survivre malgré les circonstances, à utiliser la moindre opportunité qui se présente devant toi, à changer une situation désespérée en avantage. Et peu importe si tu me détestes pour cela, ce qui compte c'est que tu survives. Que je sois là ou non. Je ne suis ni ta mère, ni ta garde-chiourne, je suis juste ton instructrice et soeur d'arme qui peut mourir à n'importe quel moment, comme tout le monde ici !"

Tout le monde ici est un mort-vivant, un condamné dont le sablier ne cesse de couler plus vite à chaque seconde. Tous les gardes se savaient condamné d'avance, les cauchemars nous le rappelant chaque nuit et ceux qui partent pour l'Appel nous mettant devant la terrible vérité. Il y a ceux qui font avec, qui vivent selon leur devoir ou bien leur envie, et il y a ceux qui comme Aedan lâchent prise et s'embourbe dans une peur sans nom. Mais Aedan n'était plus un enfant, et s'il se sentait peut être perdu, il devait comprendre qu'il devait apprendre aussi à se débrouiller tout seul. A savoir aller de l'avant sans avoir besoin d'être guidé. Et cela me mettait en colère que malgré mes enseignements il oublie aussi vite le fondement de mon idéologie.

"Tu dis ne plus être un gamin, mais tu te comportes tout comme à chougner et à te plaindre, à mettre la faute sur les autres car ça t'arrange. Tu veux que je te prenne au sérieux ? Que je vois que tu n'es pas qu'un soldat prêt à mourir ? Car certainement ce n'est pas ce pourquoi je t'ai formé..."

Je me perdais dans le combat, commençant à moins faire attention à mes coups. A présent j'étais totalement dans l'offensive, n'hésitant pas à employer des coups bas, à l'atteindre sur ses points faibles et sous sa garde. J'étais plus agile que lui, bien que niveau endurance j'étais sans doute un peu en dessous vu comment sa rage semblait lui donner de l'énergie. Mais si je voyais une faille, je m'y engouffrais. Je profitais d'ailleurs d'un de ces moments pour passer sous sa garde, me rapprocher de lui et enchainer sur Aedan plusieurs coups pour le déstabiliser, le frappant au visage, dans le ventre et sur la nuque. A chaque coup je listais tout ce qu'il devrait savoir et faire, s'il avait bien suivis mes enseignements.

"Survis....fait de cette merde ton atout...vit au lieu de te laisser crever en fonçant la tête baissée...prend tout ce que tu peux vu que tu n'a plus rien à perdre...Apprend... à... vivre !!"

Je bondissais alors en arrière, le laissant un peu respirer et se remettre. Et moi aussi. Je sentais que je n'en avais pas encore tout à fait terminé avec mes séquelles physiques suite à mon retour des Tréfonds, et que je manquais encore un peu de souffle et d'endurance. Je n'étais pas revenue à 100% de mes capacités, et dans ce combat cela commençait à se faire sentir. J'essayais pendant cette petite pause de raisonner de nouveau Aedan, de lui faire voir les choses autrements.

"Comment oses tu dire que tu es mon élève si tu te laisses mourir comme ça ? Si je suis revenue d'entre les morts, c'est pas pour te voir te plaindre et tout gâcher ! la Mort nous a toujours entouré, et alors ?! C'est comme ça que nous vivons et ça nous a jamais empêché d'avancer. On danse avec la Mort et on rit avec elle, et on n'est pas seuls à le vivre. Tous les Gardes le vivent, que ce soit toi, moi ou encore ceux qui ont entendu l'Appel. "

C'était notre vie, et nous le savions tous. Que n'importe qui peut disparaitre du jour au lendemain, sans prévenir et sans jamais revenir. J'étais sans aucun doute l'exception à la règle, mais mon existence même était ce genre de blague que le Créateur veut faire aux autres en mettant une étrangeté sur terre. Mon cas était loin d'être une généralité, et c'est peut être cela qui met autant en colère Aedan. Il aurait sans doute préféré que ce soit quelqu'un d'autre qui revienne à ma place. Mais dommage pour lui, je vais pas me sacrifier juste pour ça.

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