9:42, 24 Gardien | Le jeu de l'amour (ft : Cullen Rutherford)

Ft. Cullen Rutherford

Le jeu de l’amour
9:42, 24 Gardien

La caresse glaciale de l’hiver accueilli la mage dès qu’elle eut quitté la protection de la tente de commandement. Devant elle, une partie des agents conviés à la réunion partaient dans des directions différentes pour mener à bien les responsabilités qui leur avaient été confiées. Lynne se retourna brièvement pour observer l’entrée maintenant voilée de l’abri de toile, mais elle savait cet effort inutile. Dorian était resté discuter avec l’un des éclaireurs à propos de cartes, et Cullen avait dû s’attarder pour s’entretenir avec l’un de ses lieutenants et il ne sortirait la rejoindre qu’une fois son devoir fait. Elle n’attendit donc pas plus longtemps, s’enfonçant dans le camp.

La luminosité s’était grandement amoindrie, le soleil vaincu par la course du temps. Seuls quelques rares rayons marquaient la frontière entre la fin de la journée et le début de la nuit, mais fort heureusement on y voyait encore suffisamment pour naviguer au sein du village sans trop de problèmes. Cela dit, cela n’avait pas empêché ses occupants de commencer à allumer des torches et de produire ici et là des feux de camp où quelques poignées membres de l’Inquisition venaient se réchauffer. Quelques lueurs émanaient de l’intérieur des habitations où on apercevait parfois la silhouette réprobatrice d’une mégère, la curiosité d’un couple ou l’excitation d’un bambin collé contre une fenêtre.
Lynne aurait pu trouver l’atmosphère presque apaisante entre l’aspect pittoresque du village et l’animation des lieux. Mais la présence de l’Inquisition ne laissait aucune place à un quelconque quiproquo. Ils étaient en guerre, et pas n’importe où. Il s’agissait là de l’un des camps les plus importants de leurs ennemis, si l’on en croyait les informations qu’elle avait entendu à l’occasion de leur comité. Le charme des chaumières s’évapora un instant pour laisser place à leur fragilité évidente, et le mur de brique rouge qui leur servait de protection témoignait des préoccupations de ses habitants : la beauté l’emportait sur l’utile.

Se repérant à l’aide la position du soleil, Lynne se dirigea vers l’ouest du village selon les indications du commandant. La pensée du rendez-vous l’accompagnait joyeusement, faisant naître sur son visage un sourire qu’elle tentait de dissimuler lorsqu’elle croisait l’un ou l’autre individu.

Il ne lui fallu que peu de temps pour atteindre le mur en ruine décrit par le commandant. Haut et bien visible, ce vestige parsemé de neige semblait monter la garde telle une fidèle vigile qui surveillait les environs. La nature endormie rendait l’endroit particulièrement calme, ce qui n’était pas pour la déplaire.
La brune fit le tour du mur afin d’être à l’abri des regards puis, elle se posa dos contre lui, resserrant l’emprise de sa cape alors qu’autour d’elle les branches nues des arbres se balançaient sous une légère brise.

Dans le silence de son sanctuaire, Lynne réfléchissait. A la guerre, à l’amour. Aux combats qui allaient se profiler dans les semaines à venir. A ce qui c’était passé dans la tente, il y a à peine quelques heures de cela. A la peur de le perdre. Au désir de se retrouver dans ses bras à nouveau.

Et dans cette attente pour cet homme si cher à son cœur grandit sa résolution qui lui tordait l’estomac de peur tout comme elle la brûlait d'excitation.

Il devait savoir. Elle le lui dirait ce soir.

Ft. Lynne Lenhardt – Ma belle

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« …et ainsi, nos défenses devront être impénétrables. Si l’attaque est le secret de la défense, la défense est la planification d’une attaque. Nous ne pouvons laisser les Templiers Rouges nous chasser de cet endroit sans les noyer dans leur propre sang. »

Cullen hocha la tête. Cette réunion avait été productive. Le premier conseil de guerre de la bataille de Sahrnia venait de se terminer. La tente s’était vidée au fur et à mesure que l’intéressé commençait la tâche qui leur était assignée. Dorian était parti à la première mention de « travail », tandis que Lynne partit quelques minutes avant la fin de la réunion.

« Cela conclut le premier conseil de guerre de la bataille de Sahrnia. Gardez vos hommes sur le qui-vive, et commencez immédiatement les fortifications. Sur ce… Que le Créateur soit avec vous. »

Enfin ! Il lui avait été très dur de se concentrer tout le temps. A chaque fois qu’il croisait le regard de Lynne, une pulsion maladive de sourire déphasait tout son discours, et il dut se reprendre plusieurs fois pour ne pas partir dans tous les sens.

Mais le moment décisif arrivait enfin. D’un pas léger et rapide, presque euphorique, il se dirigea l’endroit du rendez-vous. Sa cape de fourrure flottait derrière lui de par sa vélocité, et il se surpris même à siffler un air joyeux.

D’un tour de pas, il arriva derrière le mur en ruine.

Elle était là. Belle. Magnifique. Son perpétuel sourire illuminant son visage. Mais comme toujours, ce que Cullen préférait était ses yeux. De profonds puit de ténèbres qui, si au début l’intimidaient, étaient maintenant devenu les refuges de ses sentiments.

« Tu es venue. Je suis très heureux de te voir ici, Lynne »

Sans se rendre compte, il s’était mis à sourire lui aussi.

« Je te rassure, nous n’allons pas parler ici. L’architecture orlésienne est jolie, mais… Je connais un endroit digne de toi. Viens, suis-moi. »


Il enchaîna en se dirigeant vers un sentier de terre bien marqué dans la neige. Il avait entendu parler de cet endroit de la bouche de Harding, un lieu isolé qui n'est accessible que par Sahrnia et qui selon elle, était magnifique.

Et après quelques minutes de marche, Cullen dut avouer qu'elle avait raison.

Ils venaient d'arriver vers une falaise rocailleuse qui donnait sur la forêt ouest. Une rivière entièrement gelée scindait le plateau en deux, et se jetait dans le vide dans un dédale de stalactites et stalagmites figées dans le temps et l'espace par le gel.

Ce qui attirait le plus l'oeil était la lumière : Les hautes longueurs d'ondes du crépuscule, couplé avec un certain angle de descente du soleil, offrait un magnifique spectacle de lumière dans la glace.

Les rayons incidents se réfractaient de manière successive, chacun atteignant une nuance de dorée différente selon le trajet de la lumière. La réflection formaient des patrons de couleur unique.

Tout simplement, on se croirait baigné dans la lumière d'un rêve. Cullen se tourna vers Lynne, et écarta les bras.

« Voilà. Je voulais t'emmener là. Nous serons tranquille ici. Je vais commencer : Comment vas-tu, Lynne ? Réellement. Pas ce que tu me dirais pour me rassurer, ou rassurer Dorian.»

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Il était là. Il était enfin là. Son visage s’éclaira d’un sourire franc et chaleureux lorsqu’elle aperçu l’homme qu’elle aimait. Elle se redressa immédiatement pour aller à sa rencontre tout en s’arrangeant inconsciemment ses cheveux tressés négligemment. Il disait être très heureux de la voir. Elle, elle n’arrivait pas à décider si elle était joyeuse ou stressée. Car le moment était arrivé, et cela lui nouait l’estomac malgré toute la logique et le pragmatisme qu’elle avait mit derrière sa réflexion qui n’amenait qu’une seule et même conclusion : lui avouer ses sentiments était la meilleure chose à faire, peu importait qu’elle se fasse rejeter.

La jeune femme décida donc de rester simple, cachant admirablement sa nervosité :

« Et moi de même. »

Le fait que Cullen lui paraissait toujours plus séduisant et adorable à chaque fois qu’elle le voyait n’aidait en rien ses émotions contradictoires. Et aujourd’hui, il semblait rayonner encore davantage. Aimait-il autant sa compagnie, ou était-il simplement de bonne humeur ?
Il lui proposa bientôt de se rendre ailleurs pour discuter, et non sans utiliser des termes qui invoquaient instantanément l’incapacité de Lynne à accepter des compliments qui exagéraient son importance.

« Digne de moi? Je ne savais pas que j’étais l’Impératrice. » rétorqua t’elle, amusée. « Allons-bon … Je te suis. Je me demande ce que tu as en tête. »

Les deux s’engagèrent sur ce petit sentier de terre bien visible malgré la couche de neige. Ils n’étaient visiblement pas les premiers à l’emprunter. Qu’importait, Lynne profita de leur petite marche silencieuse magnifiée par la présence du commandant qui progressait à ses cotés.

Et finalement, au bout d’un temps qui lui paru trop court, ils arrivèrent à destination.

C’était un spectacle comme elle n’en avait jamais vu auparavant. Il s’agissait d’une véritable peinture de mer et de glace, une œuvre parfaite de la nature dont ils étaient les seuls témoins. Elle resta plantée là, hypnotisée par la vue qui se présentait à elle. Émerveillée, elle articula finalement :

« Woah … c’est magnifique ! »

Ils profitèrent ainsi de la vue un instant avant que finalement, Cullen ne se tourne vers elle. La conversation s’engagea rapidement, et … elle en était le sujet. Il voulait connaître son état actuel. N’en avait-elle pas assez dit auparavant ? Et insinuait-il qu’elle cachait certaines émotions plus sombres pour ne pas inquiéter ses proches ?

« C’est vrai que ce serait mon genre. Bien, soit. Parlons en toute honnêteté.» lui répondit-elle, non sans un sourire amusé. « Je vais bien, même si je t’avoue que je suis fatiguée du voyage. Actuellement, mon rêve le plus cher est de prendre un bon bain chaud et de m’endormir pour deux jours. »

Lynne paraissait d’abord tout à fait confiante, décidée de prendre le sujet à la légère. Puis, sa mine s’assombrit un peu. Son regard devint plus grave, alors que la réalité la rattrapait. Elle soupira.

« Et puis … je … » hésita t’elle, avant de finalement laisser ses pensées s’exprimer librement. « … Je suis inquiète par rapport à la situation actuelle à Sahrnia. J’ai l’impression qu’on avance vers quelque chose de grand et que nous ne sommes pas totalement prêts. Si ces Templiers sont véritablement factices, ils auront beaucoup d’avantages contre nous à commencer par celui du terrain. Et puis … J’imagine que je ne m’habituerai jamais véritablement aux combats. »

En un souffle, sans réfléchir, elle lâcha finalement :

« Tout peut arriver et j’ai vraiment peur qu’il ne t’arrive quelque chose. Je ne sais pas ce que je ferai si … »

Ah.

Elle s’arrêta au beau milieu de sa phrase, pétrifiée.

Ft. Lynne Lenhardt – Ma belle

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Cullen était extrêmement heureux de l’endroit qu’il avait choisi. Après tout, c’était un militaire. Celui qui choisissait le terrain avait un avantage non négligeable tout au long de la bataille. Et si le Commandant voulait gagner, il aurait besoin de toute la force du monde derrière.

Car par le Créateur, qu’est ce que Lynne se défendait bien ! Elle était si mignonne, si… Ah ! Si belle. Le froid ambiant lui faisait monter le rose aux joues, tandis que la ligne de ses dents blanches qui se dessinaient derrière ses jolies lèvres se fondait dans l’horizon de neige.

Elle lui parla de son envie d’un bon bain chaud, et se nota qu’il lui fallait réquisitionner des sanitaires au village pour qu’elle puisse se reposer. Mais d’abord, il devait l’écouter. Elle était inquiète. Inquiète que la guerre allait mal se passer.

Cullen la comprenait, car il partageait les mêmes sentiments. C’était quelque chose qu’il fallait faire, la tragédie de leur temps. Elle ne finit même pas sa phrase.

Il s’approcha d’un pas, puis un autre. D’un geste de son bras, il fit valser sa cape de fourrure dans l’air pour y enserrer Lynne et lui-même dans sa chaleur. Levant sa main pour y repousser une mèche rebelle sur le front de la mage, il s’arrêta mi-chemin, n’osant pas terminer son geste par peur de la gêner.

« J’ai bien trop vécu de choses terribles pour mourir d’une mort aussi simple. Une partie de la Chantrie clame que le Destin n’existe pas, que si l’on essaye et que l’on croit suffisamment fort, notre volonté peut influencer le cours de nos vies. »

Il la serra fort dans ses bras, l’enserrant dans sa chaleur.

« Si cela est la vérité, alors je survivrai pour rester à tes côtés, Lynne. »

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Lynne ne comprit pas immédiatement ce qui lui arrivait. Elle sentit quelque chose de grand et fort se refermer autour d’elle, l’emprisonnant dans une chaleur réconfortante. Puis, une légère caresse, un simple doigt qui écartait l’une de ses mèches sombres de son visage étonné. Et enfin, un parfum familier qu’elle avait humé quelques heures auparavant.

C’est alors qu’elle réalisa qu’elle se retrouvait à nouveau dans ses bras, agréablement emmitouflée dans sa cape et son étreinte. Les yeux sombres de la mage rencontrèrent ceux du guerrier, au visage proche – oh, si proche du sien. Elle sentit le rose lui monter aux joues, mais elle était incapable de le quitter du regard.
Comme il l’avait toujours fait, il voulu la rassurer. Mais plus que cela, il lui promettait – non, il jurait, voulait, désirait être toujours à ses cotés. Un souhait qu’elle partageait profondément, mais qu’elle était incapable d’exprimer avec autant d’éloquence.

Elle s’abandonna à son étreinte un moment, adulant l’absence de son armure qui ne faisait que renforcer leur proximité. Jamais elle ne s’était sentie aussi intimement lié à lui qu’à ce moment même, et c’est pourquoi elle comptait bien chérir cet instant tant qu’elle le pouvait. Puis, elle décida finalement de s’exprimer, délaissant ses craintes inutiles.

Pas avec les mots, non. Car les mots pouvaient être trompeurs, ne retranscrivant pas la réalité avec la fidélité qui leur est due. Mais les actes, eux, ne mentaient jamais.
Et c’est pourquoi son visage se rapprocha du sien sans aucune marque d’hésitation. Ses paupières se fermaient alors que ses lèvres trouvaient les siennes, avec une douceur et une tendresse qui lui permettrait de s’écarter dès qu’il le souhaiterait.

Car elle l’aimait.

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Il avait bien fait d’enlever son armure pendant la réunion. C’était comme s’il ressentait à nouveau les sensations du monde. Et quelles sensations ! Pressé contre le corps de Lynne, il pouvait deviner les courbes de son corps derrière son manteau épais. Cullen s’abandonnait dans cette sensation d’une véritable étreinte, et essayait de s’arranger pour trouver l’angle qui marierait confort mais aussi un contact optimal du corps de Lynne avec le sien.

Il voulait partager le plus de choses possibles avec elle. Attendant patiemment sa réponse, il joua du doigt avec une bouclette qui s’était éloignée de la tresse. Mais très vite, le Commandant se rendit compte que Lynne n’était pas intéressée par une réponse orale.

Lentement, elle rapprocha son visage du sien. Et là, l’instinct pris le dessus. Il la rencontra à mi-chemin, attiré par ses douces lèvres d’une manière inexorable. Dans un coin de son esprit, il fut étonné par la force avec laquelle son esprit voulait l’embrasser. Même si il le voulait, Cullen ne pourrait arrêter ce mouvement qu’il attendait depuis des mois.

Depuis qu’il avait partagé cette tisane avec elle, en ce soir étoilé. Depuis qu’ils s’étaient battu ensemble contre ce démon, et que la seule pensée qu’il avait eu en la voyant inconsciente, maculée de sueur et de boue était que c’était une femme magnifique. Depuis que Lynne avait disparu de Fort Céleste sans le prévenir, et qu’il ressentit un trou dans son cœur que rien ne pouvait combler.

Dans l’Emprise du Lion, là où la lumière réfractée offrait un spectacle unique, une flamme venait de s’embraser au milieu des flocons.

Quand leur lèvres se rencontrèrent, son esprit se vida pour la première fois depuis des années. Il commença en répliquant la pression que Lynne lui offrait, mais lentement il appuya de plus en plus, poussé par une cupidité qu’il ne pensait même pas pouvoir ressentir. C’était comme si un barrage qui retenait ses émotions venait de se briser et que le surplus devait être évacué d’une manière ou d’une autre.

Il lui laissa le temps et la possibilité de se retirer du baiser, mais une partie de lui espérait que la mage retournerait sa ferveur et sa passion.

Car il l’aimait, plus que tout au monde.

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Son premier baiser avait la douceur et la timidité d’une question dont elle était incertaine de la réponse. Une question qu’elle se posait depuis longtemps, simple et évidente ; partageait-il les sentiments qu’elle éprouvait pour lui ? L’aimait-elle malgré leurs différences ? Malgré la magie qui coulait dans ses veines, cette magie qui avait causé tant de souffrances dans ce passé commun ?

Lynne sentit ses lèvres chercher les siennes, sa proximité se renforcer. Et là, toute forme de doute s’effaça, remplacé par un profond désir que la mage avait du mal à réprimer. Elle avait envie de se fondre en lui, de rester à jamais dans ses bras et dans ce baiser qui les unissait. Elle le voulait tout pour elle, pour toujours. Elle exigeait qu’il ne la quitta jamais, que le temps se fige en ce moment où la lumière et la glace s’épousaient.

Ses doigts fins vinrent caresser la joue rugueuse du commandant pour finalement l’accueillir dans sa paume. Répondant à ses exigences faisant écho aux siennes, elle accueilli davantage sa bouche dans une étreinte passionnée. Son autre main trouva le dos du blond pour une prise plus ferme, mais également lui prodiguer de longues et lentes caresses qui suivaient sa colonne vertébrale. Le moment, savoureux, l’emplissait d’un amour brûlant et d’extase qui la poussait à demander plus, toujours plus.

Mais même les cœurs les plus ardents avaient besoin de retrouver leur respiration. Gentiment, elle détacha son visage du sien, haletant doucement. Elle observa affectueusement son visage adorable qu’elle effleurait de son pouce, et elle sourit. Cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas ressenti autant de bonheur et d’amour.

« … Depuis combien de temps ? » lui demanda t'elle finalement, après quelques secondes de silence.

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Ce baiser était la chose la plus phénoménale que le Commandant de l’Inquisition n’ait jamais ressenti. Les lèvres de Lynne étaient devenues le kiln de sa passion brûlante, quelqu’un chose qu’il ne pouvait -et ne voulait- plus contenir. Il ressenti le plaisir intense d’un sentiment qu’il n’avait pas eu depuis trente ans : le fait d’être désiré, d’être aimé, de compter pour quelqu’un.

Quand Lynne répondit à la force de ses baisers, il fut le plus heureux des hommes. Tout doutes ne pouvait subsister à présent : ce bisou n’était pas une démonstration de pitié ni un accident. C’était une preuve d’amour. Un amour dont Cullen avait toujours été désespéré de ressentir. Poussé par l’action, elle posa une main étrangement chaude sur sa joue, caressant la barbe naissante. Comme un mabari, il se délecta de cette sensation et enfonça son visage dans le creux de sa main pour quémander plus d’attention.

La cerise sur le gâteau fut son autre main, qu’elle posa contre sa colonne vertébrale. Chaque caresse envoyait une vague d’électricité à son cerveau. Dans toutes ses années, Cullen n’aurait jamais pensé une seconde qu’il aurait pu être si sensible du dos. Mais maintenant qu’il le savait… Il ne voulait pas qu’elle arrête.

Il répondit à ses caresses de la seule façon que son esprit embrumé par le long baiser pouvait lui permettre : Par une riposte sans merci. De sa main libre, il lui caressa le visage, et descendit en passant par sa nuque pour finalement s’arrêter jusqu’à sa taille.

Cullen l’embrassa jusqu’à en manquer de souffle, et était tellement obnubilé par le fait qu’elle l’aimait qu’il ne fût pas celui qui brisa le baiser. Il haleta, respirant du nez l’air froid pour être prêt pour une seconde passe. Créateur, avait-il toujours été aussi cupide ?

Lynne lui posa une question, LA question. Et sans réfléchir, Cullen lui ouvrit son cœur.

« Depuis que, alors que nous combattions un démon et que la mort nous faisait face, je ne pouvais me retirer de l’esprit à quel point tu étais belle. Depuis que mon esprit n’annihile ses pensées noires qu’à la vue de ton magnifique sourire. Depuis que j’emploie mon talent en tactique à être sûr que je m’assieds à côté de toi le temps de midi au lieu de me concentrer sur Samson ou Corypheus. Depuis que j’ai ressenti plus de symptômes de manque par ta simple absence que par ma cure de Lyrium. »

Il lui sourit.

« Depuis que chaque pensée, la première fois que je te voyais chaque jour, était « Je t’aime, et je veux te le dire. » »

De sa main pleine de cals, il lui caressa le visage. Ce qu’il allait lui dire avait tellement d’importance qu’il sentit les larmes arriver à ses yeux, sans jamais qu’elles n’en sortent.

« Je t’aime, Lynne. Je t’aime plus que tout au monde. »

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La destin d’un mage de Cercle était une existence de repli et de privations. Telle était la volonté de la Chantrie, car la Chantrie savait mieux que nulle autre personne. La tutelle des confrères mages et l’amour du Créateur étaient amplement suffisants pour remplacer l’affection familiale et le bonheur de grandir aux cotés d’un père, d’une mère, de frères et de sœurs. L’étude et la discipline remplaçaient les joies d’une vie simple tournée vers le monde et l’extérieur. L’amour, quant à lui, n’avait nullement sa place dans cette vie bien réglée ; il ne faudrait surtout pas que la malédiction se propage. Une relation passionnelle entre deux mages était réprouvée ; celle entre un templier et un mage, condamnée.

Malgré tout, dans l’Emprise du Lion où une future bataille se préparait lentement, ils existaient, deux affranchis du Cercle et de l’Ordre réfugiés dans les bras de l’un de l’autre, corps contre corps, lèvres contre lèvres.
Ce qu’on lui avait refusé il y avait si longtemps, Lynne y avait maintenant droit … et elle parvenait à peine à y croire elle-même. Les mots de son bien-aimé semblaient sortir tout droit d’un rêve tellement la situation paraissait surnaturelle. Et pourtant, tout était bien réel. Sa main sur sa taille, qui la faisait rougir ; leurs souffles inégaux nés d’un long baiser ; la chaleur de son visage contre sa paume contre laquelle il s’était réfugié. Et ces mots d’amour qu’il répétait inlassablement, la transperçant de part en part d’une émotion immense.

« Moi aussi, Cullen.  » lui sourit-elle, émue, tandis que son pouce effleurait sa joue. « Énormément. »

Pour cacher ses propres larmes et apaiser celles de celui qu’elle aimait, elle se lova contre lui, reposant son front contre son cou alors que ses bras l’emprisonnaient dans une étreinte affectueuse. Lentement, doucement, ses caresses sur son dos reprirent, espérant ainsi le réconforter.  

«  … Si j’avais su, je te l’aurai dis plus tôt. » lui avoua t’elle finalement, après quelques instants de silence. « Je sais que tu es fort, tout comme je sais que je ferai tout pour qu’il ne t’arrive rien – et qu’il ne m’arrive rien. Mais on ne sait pas de quoi le futur est fait. »

Sur ces mots, elle cacha son visage dans son cou, fermant ses yeux un moment alors qu’elle gouttait pleinement à sa présence. Avec l’amour venait la peur de la perte, une peur impossible à tarir. Mais il fallait qu’elle l’accepte, qu’elle vive avec. Qu’elle garde espoir, comme elle l’avait toujours fait jusqu’à présent. Pour lui, et pour elle. Mais c’était plus difficile qu’elle ne le pensait.

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Les derniers instants étaient déjà une preuve irréfutable de ses sentiments pour lui, mais entendre et voir les lèvres de Lynne former ces deux mots était une tout autre chose. Elle l’aimait. Elle l’aimait… Elle l’aimait ! Le cœur de Cullen était prêt à déborder de joie, quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti auparavant.

Elle l’aimait. Plus jamais il ne vivra dans l’anxiété des fins de journées sans travail où, seul avec ses pensées, il imaginait des destins qui n’existerais jamais. Plus jamais le fait qu’il ait été un Templier, et elle une mage, n’instillerai le doute. Et si chaque seconde passé avec cette femme, son amour, était un délice, c’était cette certitude qui l’apportait au comble de la joie. Il n’avait plus à douter.

Savourant ces sensations, il ferma son esprit à tout ce qui n’était pas Lynne. Il était concentré sur son pouce qui traçait sa joue, sur son souffle chaud qui atteignait le bas de sa nuque, mais aussi sur sa propre main qui suivait la délicieuse courbe de sa taille. Stimulé par la douceur de son habit, ses doigts sensibles pouvaient quand même déceler la peau douillette sous l’habit.

Finissant ce qu’elle avait à dire, elle enfonça son visage dans son cou, se nichant au plus profond des bras de Cullen. Répondant à son appel, la main du Commandant quittèrent sa taille pour venir la poser sur le derrière de sa tête. Concluant l’étreinte, Cullen caressa la tête de sa belle Lynne.

« Le principal, Lynne… C’est que l’on soit ensemble, ici et maintenant. Je pourrais te dire à quel point j’ai peur de te perdre, ou de mourir au combat sans pouvoir jouir de ta présence mais… C’est inutile. Je veux passer cette soirée avec toi sans ces peurs et ces soucis. Je veux profiter de toi, revoir ton sourire et te réentendre rire. »

Il se recula pour voir la regarder dans les yeux. Puis, répondant à son instinct, il lui offrit le sourire le plus pur qu’il n’ait jamais fait.

« Car après tout, c’est pour cela que je me bats. »