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Sam 27 Avr 2019 - 23:53

Anonymous
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9:28 du Dragon, Minrathie





Rendez-vous à La porte de Jade pour l'échange, même heure.




Il froissa le papier entre ses doigts, figé devant la façade du bâtiment. Il était né dans cette ville, il avait passé dix-sept ans à y vagabonder, et pourtant il n'avait encore jamais mis les pieds dans ce quartier. Et pour cause : il avait employé tout ce temps à gravir l'échelle sociale, pas à la dégringoler. Le quartier des elfes, dans lequel ce rendez-vous l'avait mené, ne répondait pas totalement à son objectif. Crassius se dandina d'un pied sur l'autre, faisant cliqueter les ornements de sa tenue. Ce soir, il avait sorti le grand jeu et s'était vêtu de ses plus beaux atour. La pièce la plus spectaculaire était sa veste longue de velours noir et brodée de dragons d'or, d'où une multitude de petites chaînes de la même matière s'échappaient. Il s'était dit, et à bon escient, que plus il aurait l'air d'un Altus, moins on ne lui causerait d'ennuis. Et c'était sa tenue la plus flamboyante, celle qui pouvait de loin le faire passer pour tel. Celle qui lui avait coûté un bras. Les divers bijoux qu'il portait, eux, étaient empruntés à ses nombreux amis. Il jeta un dernier regard par-dessus son épaule et se concentrant pour rentrer dans son rôle. Il respira lentement, redressa le dos, se fit plus imposant et gravit les marches, déterminé.

La Porte de Jade était un bordel. Un bordel dans le quartier elfique. C'était une première. Une première dans le quartier elfique, et une première dans un bordel. Du haut de ses dix-sept ans, Crassius avait la vanité de croire qu'il n'avait aucune raison de payer pour obtenir les faveurs des filles. Des femmes non plus d'ailleurs. Et il ne se trompait pas, tant il était beau. Il fit glisser ses yeux bleus aciers sur les décors, repéra les hommes de main chargés de la sécurité, repéra les serveuses, et repéra le bar. Ce qui l’intéressait ne se trouvait pas là. Il passa avec assurance une main dans ses cheveux noir de jais, défaisant au passage une ou deux boucles qui lui retombèrent devant les yeux. Il serra sa main contre la poche interne et pectorale de son manteau, s'assurant que son trésor était toujours en place. Il repéra les escaliers et les gravit quatre à quatre, cherchant à éviter le regard des travailleurs d'ici, tous des elfes évidemment. Ce n'était pas vraiment son truc, les elfes. Il n'y avait pas assez de matières à son gout : lui préférait les femmes plus charpentées. Néanmoins il sentit la fièvre lui monter au front lorsque son regard dériva involontairement dans les profondeurs insondées d'un décolleté. Il devait se reprendre. Agir en professionnel. Il s'amuserait une fois sa mission remplie. Une fois au premier étage, il n'eut aucune peine pour reconnaître son interlocuteur. Un homme plutôt âgé, dans des vêtements usés mais d'apparence riche. Un parvenu, quelqu'un qui tentait de grimper le plus haut possible parmi les puissants. Comme lui. Crassius sourit de toutes ses dents et s'approcha, sûr de lui.
“ Bonsoir cher Monsieur. Je crois savoir que vous m'attendiez. „

Il exécuta ensuite une courbette toute théâtrale et ouvrit vivement les pans de son manteau pour en extirper son trésor. Une statuette représentant Razikale sous une forme primitive.
“ Razikale, Dragon du mystère. Cette petite merveille a été déterrée il y a peu, et pourtant elle est plus ancienne que toute autre. Une vraie merveille. Mais je m'oublie. Vous connaissez votre sujet !„

Crassius réprima difficilement un sourire. Quel arnaqueur il faisait là ! Flatter l'ego de l'acheteur pour l'endormir ? C'était une technique à peine digne de lui. Et cette statuette ? Une simple reproduction particulièrement grossière, utilisé de nombreuses fois au cours d'exercices de fouilles. Ils en avaient des centaines dans son cours. Personne n'allait remarquer la disparition de celle-là. Mais lui allait pouvoir se faire un beau petit bénéfice. En un geste précautionneux, il tendit la statuette en avant, avant de se raviser.
“ Je crois que vous devez avoir quelque chose pour moi. Quelque chose pour me dédouaner me mes précieux efforts ? „

Crassius posa finalement la statuette sur la table poisseuse devant l'homme lorsqu'il fit apparaître une petite bourse de cuire. Le jeune homme l'empocha immédiatement tout en  résistant à la tentation de l'ouvrir pour en vérifier le contenu. En bon professionnel, il devait avoir l'air confiant. Il devait démontrer son honnêteté, son assurance, et ce quel que soit le décors de la transaction. D'ailleurs pourquoi douterait-il de l'honnêteté de son client ? Lui ne voulait qu'obtenir un objet inestimable à faible coup, pour l'exposer aux yeux de ses amis les plus influençables. Sans plus de cérémonie, le jeune homme se retourna et lança d'une voix claire par dessus son épaule :
“N'hésitez pas à parler de moi à vos amis ! „

Il dévala de nouveau les escaliers, jouant avec la bourse, la jetant en l'air et sentant le poids des lourdes pièces atterrissant dans sa main. En bas des marches, son regard dévia de la porte de sortie pour se poser de nouveau sur le bar, puis sur le seul siège laissé vide devant la tenancière. Bien, il avait bien mérité un verre après tout ! Il s'installa, et fit résonner le bruit de ses pièces sur le comptoir. Il était jeune. Il était victorieux. La soirée ne faisait que commencer.
“Excusez-moi ? Un verre de votre meilleur vin je vous prie, et pour ce gentleman également ! „

Il posa alors une main assuré sur le bras de l'homme à sa gauche,  d'apparence tout aussi jeune que lui.

Dim 28 Avr 2019 - 14:28

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

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Un an que Wulf était parti sans un reste. A peu près un an aussi que je n’étais pas revenu vraiment ici, chez Ingridd. Après quelques mois mornes à noyer dans le renfermement et l’alcool – en tant qu’adolescent, c’était tout de même un sacrément triste événement –, j’avais tout de même décidé finalement de me jeter corps et âme dans les études. Alexius m’avait donné une chance, un des rares dans cet empire, et je n’allais tout simplement pas la gâcher. Et puis, tout cela occuperait mon esprit.

Malgré tout, je m’étais dit qu’un peu de répit me ferait du bien. J’avais grandi, j’avais mûri un peu (enfin, j’étais encore jeune), et peut-être, je disais bien peut-être, j’avais passé à autre chose. Et puis, je ne lui avais plus donné de signe de vie depuis longtemps : soit elle m’avait complètement oublié, soit elle allait me passer un savon. Ingridd, quoi.

Rien que d’arriver dans ce quartier me retourna un peu le coeur. J’allais avoir cette impression encore longtemps .. Mais bon ; j’en fis fi et me dirigeai vers le bordel, en un début de soirée qui semblait déjà promettre.

En entrant, je constatai que les affaires tournaient encore mieux qu’avant : le bordel semblait plus rempli, sans cocasse jeu de mots. Mon clair regard parcourut l’ensemble de la salle : je reconnus des habitués, dont je m’étais battu avec la plupart, qui me saluèrent malgré tout. Et à peine aperçus-je le comptoir du bar qu’une massive silhouette sauta par dessus en poussant un cri tout aussi massif, d’une voix que je connaissais bien.

Nooooooon !!!!!!


En deux temps, trois mouvements, me voilà à quelques centimètres de la tenancière, qui engloba mon visage dans ses larges mains, son regard minutieux posé sur moi.

Si c’est pas .. PETIT DODO !!!


Dans un élan amical qui souvent me faisait rouler des yeux de dépit qu’Ingridd me serra dans ses bras, avec sa poigne habituelle, celle qui vous rompait les côtes. Elle était grande, et en plus costaude, c’était assez particulier, en y réfléchissant. A elle seule, elle avait complètement démonté pièce par pièce chaque cliché éventuel que j’avais au sujet des elfes. C’était plaisant, quelque part.

Quand elle me reposa au sol, je pus respirer à nouveau, et je sentis une espèce de rire général, comme si je n’étais pas revenu ici depuis des lustres. Mon regard se posa autour de moi, un rictus à la fois amusé et gêné émergeant sur mon visage. Ils étaient peu, mais je les avais entendus.

M’interrompant totalement dans mes observations, Ingridd m’attrapa par le menton pour centrer mon attention dans son regard soudainement inquisiteur.

Je vais t’apprendre à pas donner de nouvelles, moi.


Elle marqua une pause, me lâchant complètement, avant de revenir vers son précieux bar.

Mais allez, faut fêter ça ! Je t’offre quoi ?


Je réfléchis un instant, me dirigeant vers le comptoir par la même occasion, avant de lui demander un cidre ; soyons léger. Elle me servit assez rapidement, avant de se poser contre son bar, penchée vers moi.

Mais sinon, ça va ? Enfin .. ça va mieux ?


Je haussai des épaules en sirotant mon breuvage, le regard porté également sur cet élément. Je n’avais pas envie d’en parler, ni même d’y penser. Je soupirai, avant de redresser la tête, le verre posé contre le bar : Ingridd m’observait, songeuse, mais étrangement sérieuse. Une espèce de rire sans saveur me secoua.

Non mais ça va, hein ! Je vais mieux depuis, merci.

Si tu le dis .. du coup, tes études ?

Comme toujours, je m’ennuie à l’académie.


Et c’était incroyable à quel point c’était un fait : j’avais pris la branche de magie la plus complexe, et en plus de cette haine profonde que je partageais avec mon enseignant, j’arrivais encore à trouver la nécromancie trop simple ! Heureusement, j’avais la thaumaturgie pour me réconforter, et plus j’y goûtais, plus j’en voulais : à ce niveau-là, j’avais une soif de connaissance assez incroyable.

Ingridd émit un rire, se reculant un peu et détendant l’atmosphère entre nous au passage. Et puis, nous parlâmes un assez long moment, de mes changements de routine, de ses changements de routine, de ses nouvelles recrues, de certaines anecdotes – très drôles, il fallait le dire – à leur sujet, et la discussion comme les verres commençaient à s’enchaîner, mais pas trop dangereusement. Le but était de me détendre, pas de me mettre une minée. Et c’est à cet instant que quelqu’un s’installa à côté de moi.

Je n’y prêtais pas attention directement, riant aux éclats d’une des nombreuses histoires que me racontait Ingridd, avant qu’il ne prit la parole de façon faussement hautaine.

Excusez-moi ? Un verre de votre meilleur vin je vous prie, et pour ce gentleman également !


Je sentis une main sur moi, et à ce seul geste, j’étais dans l’inconfort le plus insoupçonné.

Je tournai la tête pour apercevoir un jeune homme de mon âge, qui était assez mignon. Dorian, non. Non, Dorian, t’en as déjà eu pour ta pomme d’essayer. Non.

Je restai soudainement très sérieux et hostile, un sourcil arqué. Je n’osais même pas regarder Ingridd, qui allait me coller ce même sourire que la dernière fois. Mais je n’allais pas m’empêtrer là-dedans une deuxième fois. La tenancière acquiesça, ce sourire aux lèvres – je n’avais pas besoin de le voir pour le savoir.

Mais bien sûr, mon petit, je vous sers ça !


Finalement, autant de confiance en lui me tira un rictus.

Quelle galanterie, on vous a bien éduqué, à ce que je vois !


Règle numéro 1 pour avoir quelqu’un dans la poche : faire bonne impression en offrant des trucs aux gens bien placés. Je ne savais pas ce qu’il cherchait là-dedans, compte tenu du fait que nous ne nous connaissions pas. Quoique, sa frimousse me disait vaguement quelque chose ..

A en juger sa tenue, il en faisait beaucoup pour marquer sa première impression. Plus nouveau que lui dans le coin, il ne fallait pas chercher. Une tenue bien clinquante, bien riche, cela ne faisait aucun doute : il prenait des risques qu’il ne connaissait pas, au nom de cette bonne impression. Et généralement, les Altus qui mettaient bien trop le paquet n’avaient que deux explications possibles : ils n’étaient vraiment pas en confiance, ou ils n’étaient pas Altus. Certes, la tenue était très importante, mais risquer de se faire plumer dans un tel quartier se multipliait davantage. Mais serais-je assez aimable pour le lui dire ?

Peut-être.

Les verres de vins furent servis, et évidemment, ce n’était pas le meilleur vin qu’elle avait en stock : il était cher, mais ce n’était pas le meilleur, et elle le savait. Je m’en fichais, ce n’étais pas moi qui payais. J’attrapai mon verre avec précaution, mon clair regard plongeant dans le sien.

J’imagine que je ne vais refuser ce verre, maintenant qu’il est servi.


Il était autant mignon que suspect, le nouvel arrivant. Peut-être qu’il cherchait à se faire une place là où il n’y avait pas besoin de tant se tortiller. Je haussai mon verre vers lui pour trinquer.

A votre santé, mon brave.


Mais je ne bus point tout de suite. Mon sourire aux lèvres, je continuais de l’analyser physiquement, autant dans ses gestes que dans ses postures. Etait-il vraiment à son aise, dans un endroit pareil ?

Mais enfin, pour cela il faudrait quitter ce quartier en un seul morceau.


Faisant mine d’être sur le point de boire, je m’étais arrêté en cours de route, faussement choqué de ce que je venais de dire.

Mince alors, l’ai-je dit à voix haute ?


Ingridd s’était déplacée – sauvée, la sorcière – vers un client à l’autre bout du bar. Alors que je contemplais la couleur du vin, seule vraie caractéristique qui le rendait cher, je me tournai vers ce nouvel arrivant. J’allais devoir me retenir de rire si en plus j’allais réussir à lui faire peur, avec cependant quelque chose hélas vrai ; bon nombre de petits aisés se faisaient agresser dans les rues à cause de leur imprudence.

J’avalai enfin une gorgée d’un vin qui se révéla fade en saveur, évidemment. A viser le plus cher, on en oubliait le meilleur ; et souvent, les gens se permettaient le « meilleur » car il était forcément le plus cher. Je lui adressai un sourire plus amical, même si je n’avais pas la tête à ce qu’on me dérange en ce moment, surtout pour se dorer les plumes.

Enfin, cela étant, il ne me semble pas vous connaître. Nous sommes-nous déjà vus ?


Dim 28 Avr 2019 - 16:37

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Il avait lancé sa commande trop vite peut-être, tout comme sa main. Alors que la tenancière, une elfe parfaitement corpulente, comme pour invalider ses préjugés, se retournait pour servir les verres, il lança un rapide regard en direction de l'homme à sa gauche. Mince ! Mais il le connaissait en fait ! Quel idiot il était ! Dorian Pavus. Un mage incroyablement doué. Bien plus doué que lui, il n'avait aucune honte à le reconnaître. Mais il y avait pire : Dorian Pavus était un Altus. Un véritable Altus. Crassius effleura distraitement sa propre veste, laissant ses doigts courir en douceur sur le velours. Il n'y avait pas de honte à avoir, son stratagème n'était pas à l'origine destiné à Pavus. Crassius n'avait plus rien à se reprocher. Il n'était que là pour prendre du bon temps. Et c'était, Justement, le but de ce genre d'établissements, non ? Deux verres furent posés devant eux. Posé trop rapidement même pour être honnête. Ainsi la meilleure bouteille était facilement accessible par la tenancière . Comme si on la réclamait souvent ? À en juger par les lieux, Crassius en doutait. Enfin, la présence au bar d'un Altus semblait pourtant le confirmer. Pavus ne sembla pas le reconnaître. Ils avaient pourtant partagé quelques classes ensemble. Quelques démonstrations également. Mais Crassius n'avait pas l'ego suffisamment développé pour lui en tenir rigueur. Il écouta son camarade minauder avec assurance, et finit par porter son verre à ses lèvres. Le vin était... Intéressant ? Non, pas intéressant... Insipide. Oui, proprement insipide. On lui en avait déjà servi de meilleur à table lors de repas de famille. Mais à quoi pouvait-il s'attendre, dans un endroit comme celui-ci ? Pavus voulut trinquer, alors il écarta son verre de ses lèvres, redoutant de nouveau l'instant où il faudrait en prendre une nouvelle gorgée. Les yeux de l'Altus s'attardèrent sur lui, l'analysèrent... Peut-être finalement qu'il l'avait reconnu. Il eut alors une parole bien énigmatique.

Crassius avala une nouvelle gorgée difficile de son vin. Quitter le quartier en un seul morceau . Ah oui, il le vaudrait mieux. Mais enfin, il ne lui avait pas semblé que ce quartier soit si dangereux que cela... Ou bien alors il ne se serait pas déplacé sans son bâton. Car il n'était après tout capable de lancer que quelques sorts sans amplificateur, et aucun d'entre eux ne lui seraient d'un grand intérêt en cas de situation dangereuse. De plus il ne portait pas de lame sur lui. Il ne saurait pas qu'en faire de toute manière. Non, il avait espéré que sa tenue serve de bouclier. Qui, dans ces quartiers populaires, aurait les tripes de s'en prendre à vue à un mage potentiellement d'une puissance mystique ? Mais Crassius était un romantique. La vision qu'il s'était faite du quartier et des Altus était possiblement inexacte. Très bien. Soit. Ce soir était le soir des premières. S'il devait se faire détrousser à la sortie, il l'accepterait. Il leva son verre et le termina cul sec, dans un frisson.
“Je me présente : Crassius Servis. Il nous est arrivé de partager quelques classes à l'Académie. „

Il étala alors le contenu de sa bourse devant lui, et laissa la tenancière aux doigts boudinés lui réclamer son tribut. Bien, à défaut d'être bon, ce vin était véritablement exorbitant. Il n'allait rien lui rester de son profit initial. Juste une expérience formidable, et la soif d'en accomplir de nouvelles.
“C'est la première fois que je mets les pieds ici. Je ne sais pas à quoi j'aurais dû m'attendre. „

Il se retourna alors franchement en direction de Pavus et plaça une nouvelle fois sa main sur son bras, cherchant un contact amical.
“Vous semblez, vous, plus à votre aise. Peut-être serait-il plus sage pour moi de suivre vos précieux conseils. S'il vous sied de m'en dispenser ! „

Ce après quoi il rit franchement, entendant le son de sa propre voix comme pour la première fois. Le vin tapait fort, il fallait au moins le reconnaître. Il tourna sur son assise et cela son dos contre le rebord du comptoir, embrassant du regard toute la salle et mesurant son activité, digne d'une fourmilière. Les petites ouvrières besognaient, pendant quand les gardes gardaient et que la reine, cachée quelque part, profiterait de l'issue de la nuit. Cette idée l'enchantait. Et pas une seconde il ne se demanda quelle place cela lui laissait dans la métaphore. Une sauterelle regardant la colonie d'un air extérieur ? Ou bien alors une proie, trop enjouée pour s'en rendre même compte ? Il était décidément de bien trop bonne humeur pour son propre bien.
“Dois-je à présent inviter une de ces filles à vous rejoindre, pour m'assurer d'obtenir définitivement votre amitié ? „

Il planta son regard dans celui de Dorian Pavus, un sourire à demi plaqué sur ses lèvres.

Dim 28 Avr 2019 - 17:13

Dorian Pavus
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C’était amusant de le voir galérer, mais au moins, il semblait apprendre vite. C’était tant mieux pour lui, quelque part. De le voir finir son vin avec cette espèce de scepticisme était le sommet ; j’allais définitivement lâcher un rire moqueur, à son grand damne. Mais je suis une personne forte mentalement, alors je parvins à le dissimuler au mieux : mon sourire en disait long, du coup.

Je me présente : Crassius Servis. Il nous est arrivé de partager quelques classes à l'Académie.

Servis, Servis .. ça me dit quelque chose.


Je ne bluffais pas, ce nom m’était familier. Et puis, comme une sorte d’éclair qui traversa ma mémoire, ça me revint : il n’était pas très doué, dans mon souvenir. Tiens donc.

Ah !! Oui, ça me dit quelque chose.


Je finis mon verre à mon tour, tandis qu’Ingridd ramassait les pièces sur le comptoir. Tant d’argent pour quelque chose de si misérable. Mais Ingridd était une bonne blagueuse, avec son vin : comme si elle essayait de nous apprendre à tous une leçon. Mais depuis le temps que je traînais ici, je connaissais ses vins.

Oh allons Ingridd, tu as mieux que ça, pour ce pauvre gaillard à côté de moi ! Il te reste ce rouge d’Antiva ? Le corsé, tu sais ..

Je vois parfaitement duquel tu parles, « cher client » : deux verres ?

Bien évidemment ! Boire seul c’est d’une calamité.


Ingridd pouffa d’un rire à la hauteur de sa carrure, et partit chercher dans les fins fonds de ses réserves. Et puis émergea à nouveau le petit Crassius, qui était confiant, mais au moins conscient de sa situation.

C'est la première fois que je mets les pieds ici. Je ne sais pas à quoi j'aurais dû m'attendre.

On ne sait jamais à quoi s’attendre dans ce quartier, et c’est ce qui fait tout son charme.


Encore sa main sur mon bras. Décidément, il avait le don de me tendre.

Vous semblez, vous, plus à votre aise. Peut-être serait-il plus sage pour moi de suivre vos précieux conseils. S'il vous sied de m'en dispenser !


Et par chance, il me lâcha pour se tourner vers le bordel dans son ensemble, contemplatif. C’était effectivement sa première fois. Ingridd revint alors, la bouteille en main, très sceptique sur la survie de ce gamin-là. Elle me souffla à voix basse.

Hehe, t’as réussi à le gérer ?

Attendons de voir ..


Finalement, le moulin à parole en quête d’affection amicale reprit la parole, et je crus entendre l’âme d’Ingridd hurler de rire.

Dois-je à présent inviter une de ces filles à vous rejoindre, pour m'assurer d'obtenir définitivement votre amitié ?


Et bien sûr, il me fixait, ce à quoi je ne pouvais pas répondre simplement : écoute, t’es mignon, t’es gentil, mais ça va pas le faire ; ou alors, je n’étais absolument pas en mesure de rire de toute mon âme et conscience de cette situation très, très étrange.

J’entendis cependant Ingridd retenir un rire et partir plus loin. Et à mon avis, la seule chose que pouvait lire Crassius dans mon regard, c’était cruellement de l’inconfort. J’attrapai mon verre à nouveau – et mieux – rempli, avant d’en boire une gorgée.

Entre nous Crassius, l’amitié ne s’achète pas, et encore moins de cette façon. Sauf si vous ne chercher que la surface. Ce que je puis comprendre, car c’est une règle subconsciente de notre société : sauf qu’à chaque règle s’impose ses exceptions. Pas de chance.


Après un large sourire, je repris ma boisson, cherchant Ingridd du regard, attelée à discuter avec une ribaude ; elle n’avait pas l’air très bien.

Au lieu de vous permettre le monde, goûtez-moi plutôt ce vin. Il est la moitié du prix du précédent, mais vous saurez que sa qualité est doublement meilleure.


Suite à quoi, je repris ma boisson dans le plus grand des calmes. Moi qui voulais passer un peu de temps à revoir Ingridd ou d’autres connaissances, et me voilà avec ce mariole qui m’offrait toutes les possibilités scénaristiques pour fondre de rire. Décidément, cette soirée était prometteuse.

Mais c’est curieux : qu’est-ce qu’un Laetan vient fourrer dans un lieu pareil ? J’ai le sentiment, aux vues de vos apparats, que ce n’est pas une des filles de cet établissement. Ou alors je me trompe, mais dans ce cas présent, vous devriez vraiment vous inquiéter des conseils que l’on vous donne.


Dim 28 Avr 2019 - 17:37

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Crassius éclata de rire. Il n'était pas parvenu à se retenir. Il n'en avait d'ailleurs pas eu la moindre intention. Il sentit même une larme couler du coin de son œil, rouler le long de sa joue.
“Oh que non, je ne suis pas venu fourrer la moindre de ces filles ! En fait et pour dire la vérité, je ne suis pas l'instigateur du choix de ce lieu ! Là-haut se trouve un homme présentement heureux de son achat. Tout comme je l'étais en commandant plus tôt ce verre de vin. Seulement, lui ne se rendra pas compte de l'arnaque. Ou tout du moins, moins douloureusement que moi.„

Il joua un moment avec son verre, heureux de son expérience. Jusqu'à présent, il avait trompé la crédulité d'un pauvre homme, puis c'était lui-même fait avoir. Sur la qualité du vin, sur le remplissage du verre et sur le prix de celui-ci. Mais Crassius acceptait ce revers de fortune avec philosophie : il s'essayait là à un nouveau jeu, dont il ne connaissait pas encore toutes la subtilité. Après ce tour de chauffe en revanche, il s'emploierait à ne plus se laisser avoir.
Dorian Pavus, lui, ne semblait jouer à aucun jeu lui. Il était fermé, lugubre même derrière quelques sourires provoqués par les nombreuses maladresses de Crassius. Pas une seule de ses techniques ne semblait opérer sur lui. Et c'était bien mieux; Peut-être pouvait-il enfin baisser le masque ?
“Bien. Il se trouve que je suis tout aussi bon menteur que bon mage. Et si nous reprenions depuis le début ? Je me présente : Crassius, enchanté de faire enfin réellement ta connaissance. Et merci pour le verre.„

Il avala une gorgée précautionneuse, sur ses gardes. Le liquide, plus doux, glissa sur son palais. Oui, c'était bien mieux. Mais cela n'allait pas arranger son mal de tête naissant.

Dim 28 Avr 2019 - 20:07

Dorian Pavus
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Ce bon vieux jeune Crassius éclata d’un rire qui me surprit autant qu’il m’amusa. Au moins, il avait le sens de l’humour. Je continuais de boire mon vin.

Oh que non, je ne suis pas venu fourrer la moindre de ces filles ! En fait et pour dire la vérité, je ne suis pas l'instigateur du choix de ce lieu ! Là-haut se trouve un homme présentement heureux de son achat. Tout comme je l'étais en commandant plus tôt ce verre de vin. Seulement, lui ne se rendra pas compte de l'arnaque. Ou tout du moins, moins douloureusement que moi.


Un arnaqueur, en plus ? Mon regard était porté là où il l’indiquait, et j’avais honnêtement hâte de voir quelqu’un d’agacé descendre les escaliers et râler. Mais c’était intéressant, chacun sa façon d’être dans le monde, après tout. Je reportai mon attention sur lui.

Il vous faudrait préparer une porte de sortie à chaque fois, ne sait-on jamais.


Car je le sentais : si son client descendait furieux, il aurait du mal à s’en sortir. Telle une mouche au coeur de la jungle, il lui faudrait user de ses ailes pour filer entre les gouttes à chaque fois. Mais avant, il fallait savoir s’en servir. Cela serait pas mal.

Il semblait mieux savourer son vin. Evidemment, puisque c’était moi qui l’avais choisi. Mais par après, Crassius adopta une attitude curieuse.

Bien. Il se trouve que je suis tout aussi bon menteur que bon mage. Et si nous reprenions depuis le début ? Je me présente : Crassius, enchanté de faire enfin réellement ta connaissance. Et merci pour le verre.


Il adopta cette fois-ci une attitude plus familière, comme s’il comprenait que la politesse ne me faisait ni chaud ni froid. Il avait du toupet, j’aimais bien. Quelque chose me disait encore de rester sur mes gardes, car avec la franchise qu’il possédait, il avait tout de même avoué qu’il était un charlatan. Il aurait pu me rouler dans la farine pour je ne savais quoi, sans parler qu’il se rappelait très bien de moi. Peut-être était-ce à venir ? Il allait falloir rester prudent malgré tout. Je finis alors mon verre, avant d’accorder cette attention qu’il recherchait tant.

Eh bien, enchanté Crassius, et de rien. Inutile que je fasse les présentations, je suppose ?


Je m’appuyai contre le bar, le regard braqué sur lui, avant de finalement me tourner vers le reste du bordel.

Un truc que j’adore en venant ici, ce sont les ragots. Si tu cherches à couler quelqu’un, ou à avoir des infos compromettantes pour combattre au chantage des gens qui veulent ta peau, c’est l’endroit rêvé. Tu vois, tous les échanges douteux, ou autre divers complots ont lieu ici. Tout le monde le sait, mais étonnamment, personne ne dit jamais rien : ce qui se passe dans ce quartier reste dans ce quartier. Généralement.


Accoudé toujours au bar, mon regard perdu sur la foule qui dansait sur ce rythme typique dans ce genre d’endroit, je réalisais enfin que cela faisait longtemps que je n’y étais pas retourné. Et je devais avouer que tout cela m’avait manqué. Mais finalement, je posai à nouveau mes pupilles sur les épaules du jeune charlatan en devenir qu’il était.

Tu veux boire quelque chose d’autre ?


Dim 28 Avr 2019 - 22:06

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Il suivit le regard de Pavus, cherchant à appréhender différemment l'agitation autour de lui. Ce n'était pas sur les fourmis qu'il fallait se concentrer, malgré leurs atours plutôt attrayants et bigarrés, mais sur les branches légères et discrètes qui s'agitaient tout autour comme soulevées par le vent. Sur la communication de ces gens, verbale et non verbale d'ailleurs. Il se déroulait sous ses yeux un bon nombre de conversations parallèles, comme autant de petites pièces de théâtre qu'il pouvait s'amuser à épier. Il voyait tout le gain potentiel que l'on pouvait retirer de telles pièces de théâtre... Mais sa curiosité s'arrêta là. Il n'aimait pas la politique. Il n'en avait pas la patience. Se faire des amis? Ok. Se rendre utile voire irremplaçable à leurs yeux pour ensuite jouir de leur position ? Ok, mais fastidieux. Non, il n'avait définitivement pas la patiente de jouer sur les ragots, et de se défendre lorsqu'il était attaqué. Après tout, il n'était pas Altus. Qu'avait-il à perdre ? Rien. Il n'avait rien à perdre. Mais Pavus lui... Il évoluait dans un monde de requins.
“Cette bouteille là.„

Dit-il en pointant du doigt une bouteille fine et longue recouverte d'une épaisse couche de poussière, dans laquelle un liquide sombre presque noir attendait patiemment d'être cueilli.
“C'est peut-être mon intérêt pour l'histoire et la science mais... Depuis que je me suis installé à cette place je me demande pourquoi elle semble être intouchée depuis des lustres. Est-elle passée de mode ? Abjecte ? Ou alors a-t-elle été oubliée de tous ?„

Il fit rouler un instant les quelques pièces qu'il lui restait sur le comptoir abîmé avant de poursuivre, d'une voix calme, presque un souffle.
“Je me charge de cette tournée. Si tu es aventureux toi aussi, choisis la prochaine. Choisis-en une qui en dit long sur toi.„

Et voilà qu'il jouait de nouveau. Ou peut-être sa curiosité avait-elle dépassé le stade du jeu? La tristesse presque palpable de son acolyte improvisé le troublait. Il semblait regarder le monde avec un fantôme devant les yeux. Un fantôme encore bien trop matériel, pas assez éthéré. Crassius visualisait cette situation en imaginant Pavus cherchant à observer le monde, les yeux glissés entre les côtes d'un squelette. Il sourit une nouvelle fois, secoua ses cheveux pour dégager son regard et s'étira de toute sa longueur.
“Ou peut-être ne devrais-je pas boire. Peut-être des hommes m'attendent déjà au coin de la rue, matraque en main.„

Il aperçut du coin de l’œil son client descendre l'escalier, cacher sous les pans de son manteau son inestimable acquisition, fuyant les regards. Vite, il disparut dans son dos. Il n'y eut pas d’effusion de violence, pas d'agitation et pas de cri. Il était parti, emportant son bonheur avec lui. Oui. Crassius lui avait offert un peu de bonheur : la joie de se croire propriétaire d'un bien inestimable. Peut-être allait-il faire ajouter cette nouvelle possession sur son testament ? Peut-être la léguera-t-il à ses enfants ? C'était un mensonge pieux en quelque sorte. Un mensonge qui lui avait rapporté pas mal d'argent. Crassius sourit, découvrant une nouvelle fois ses dents blanches.
“Ou peut-être qu'au contraire je ferais mieux de boire plus que de raison, jusqu'à en endormir mes sens. Oui, voilà comment cela doit finir. Accompagne-moi !„


Dim 26 Mai 2019 - 17:10

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

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On devrait être légèrement imbrobable

"Les gens compliquent tout pour avoir l'impression de vivre." --P. Rambaud


Cette bouteille là.


Mon regard suivit son doigt pour tomber sur une bouteille poussiéreuse, mais qui étrangement attisait la curiosité. En repensant à son premier verre commandé seul comme un grand, je craignis pour l’état de ses tripes après une telle bouteille ; mais d’un autre côté, j’en riais d’avance. Il était particulier, Crassius.

C'est peut-être mon intérêt pour l'histoire et la science mais... Depuis que je me suis installé à cette place je me demande pourquoi elle semble être intouchée depuis des lustres. Est-elle passée de mode ? Abjecte ? Ou alors a-t-elle été oubliée de tous ?


Il venait soudainement de toucher une corde sensible et obtint une bonne partie de l’attention qu’il ne possédait pas encore de ma part. Il aimait l’Histoire ? Intéressant. Il commençait enfin à me plaire davantage.

Je me charge de cette tournée. Si tu es aventureux toi aussi, choisis la prochaine. Choisis-en une qui en dit long sur toi.


Silencieux, j’analysais alors la bouteille : on ne savait pas ce qu’il y avait dedans tellement c’était ancien, à tel point que la poussière l’avait recouverte dans son entièreté ; il fallait être preneur de risques, pour ne pas dire curieux. Il aimait les choses anciennes, oubliées de tous. Je lui adressai finalement un haussement de sourcil et un rictus, alors que je vis Ingridd souffler sur ladite bouteille.

Quelqu’un passionné par des choses oubliées de tous et qui croulent sous la poussière depuis des lustres. En effet elle en dit long sur toi.


Cette très chère Ingridd revint vers nous avec la bouteille en main et ouverte ; le vin se bonifiant avec le temps, il n’était pas impossible qu’il ait un meilleur goût qu’une meilleure allure. C’était un rouge si sombre que l’on crut que nous allions boire de l’encre. Pourtant, ce reflet rougeâtre, voire violacé, était bel et bien présent, alors que j’en fis tourner le breuvage en secouant légèrement mon verre.

Pendant ce temps, Crass – mon esprit avait la flemme de prononcer son nom en entier alors il l’appela simplement « Crass » – continuait de parler à n’en plus finir. Ne me dites pas qu’il était beau parleur.

Ou peut-être ne devrais-je pas boire. Peut-être des hommes m'attendent déjà au coin de la rue, matraque en main.


Sortant d’une de mes mille réflexions hétéroclites du moment, j’émis un ricanement spontané. Avait-il si peur que cela ? Le pauvre petit Crass.

Oh allez, qui se promène avec une matraque en ville ?


Avec une légère autre réflexion, mon sourire s’élargit.

Les gens ont plutôt tendance à attaquer avec des dagues bien aiguisées, tu sais ?


Mais mon air de fausse menace lui passa complètement au-dessus, complètement perdu dans ses propres tirades lui aussi.

Ou peut-être qu'au contraire je ferais mieux de boire plus que de raison, jusqu'à en endormir mes sens. Oui, voilà comment cela doit finir.


Finalement, il s’était décidé. Je roulai des épaules pour lentement les craquer, avant de me bloquer dans mon geste à la fin de sa conclusion.

Accompagne-moi !


Je posai un regard mitigé sur sa personne : voulait-il vraiment mal finir en ma compagnie, alors qu’on se connaissait à peine ? Il était bien trop spontané à mon goût, mais soit, il allait le regretter ; levant mon verre vers lui, j’attendis qu’il fît de même pour pouvoir décemment trinquer.

Avec plaisir. Et je te laisse l’honneur de goûter en premier.


Mes yeux posés sur lui, j’attendis de voir la grimace qu’il allait faire pour voir si c’était judicieux ou suicidaire d’essayer.

Lun 27 Mai 2019 - 9:19

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On devrait toujours être légèrement improbable.


Poussé plus en avant par la réaction de Dorian, Servis s'accapara de son verre et fit tourner son liquide sombre un instant distraitement. Il avait conscience de monopoliser la conversation, mais Pavus ne semblait pas vouloir à son tour prendre la main. Et pour dire l'absolue vérité, plus Servis parlait, plus il se sentait glisser. Rares étaient les occasions de s’épandre de ses pensées les plus intimes dans l'entourage qu'il s'était forgé. Une nouvelle rencontre valait toujours pour lui l'occasion de vider ses doutes, de livrer ses impressions sur le monde dans lequel tous évoluaient. Si la relation devait se poursuivre, le jeune homme se montrait alors dans une retenue sans failles, laissant bien plus d'espace à l'autre protagoniste. Pour lui, en se montrant tel qu'il était dès les premiers instants d'une rencontre, il s'évitait des amitiés fondées sur la méprise. Quiconque capable de supporter son bavardage incessant et honnête valait son temps. Mais une autre raison bien plus précise poussait Servis à se montrer si bavard en cette belle soirée. Une raison qu'il n'allait pas tarder de livrer à Pavus.

Ignorant le regard inquisiteur que l'Altus portait sur lui, Servis reposa son verre un instant sur le comptoir, se retournant une nouvelle fois vers la salle du bordel.
“Tu vois, j'ai encore bien du mal à comprendre ce qui peut bien pousser quiconque à venir ici. Pendant des mois mes camarades ont essayé de m'entraîner dans leur sillage lorsqu'ils se rendaient au bordel. Mais moi je crois en l'égalité entre les hommes et les femmes, et notamment en ce qui concerne l'accession aux plaisirs. Alors, pendant qu'ils étaient ici, moi j'allais rendre visite à leurs fiancées.„

Il eut un rire triste, et se détourna de nouveau, saisissant son verre.
“Mon frère se marie demain, à une fille de bonne famille. Tu sais quel a été son conseil ce soir ? Il m'a dit : "Amuse toi tant que tu le peux, mais surtout, fait en sorte de ne jamais créer le moindre bâtard". Il m'a dit ça le plus sérieusement du monde, comme si rien d'autre n'avait d'importance en ce bas monde. Et pourtant, des gens courent le risque. Ils viennent ici.„

Son attention s'en retourna vers son verre. Il voulut en respirer le contenu mais se reteint : si l'odeur lui déplaisait, il n'aurait alors plus eu le courage d'en absorber le contenu. Ce ne devait pas être un vin. Un vin si vieux aurait mérité d'être décanté avant d'être servi. Mais la grosse elfe avait simplement fait couler le liquide dans son verre, sans autre préparation. San s plus se questionner, il fit basculer une grande quantité de son verre dans sa bouche. Les épices lui firent immédiatement chanter le palais, tout comme le relent, plus aigre, qui vint ensuite lui chatouiller la langue. Il devait bien admettre n'avoir aucune idée de ce qu'il était en train de boire. Mais ce n'était pas si déplaisant. En fait, cette bouteille était comme un oracle. Elle distillait une petite dose de son avenir. En persévérant dans la voie qu'il s'était lui-même tracé, il vivrait une vie d'aventures. Et c'était précisément le genre de vie qui devait s'accompagner de concessions amères. Il finit son verre sans plus de cérémonie, et se retourna vers Pavus, un vague sourire triste aux lèvres.

Lun 27 Mai 2019 - 10:41

Dorian Pavus
Dorian Pavus

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On devrait être légèrement imbrobable

"Les gens compliquent tout pour avoir l'impression de vivre." --P. Rambaud


Crass avait l’air complètement à l’ouest : mon regard se plissa légèrement quand il reposa le verre, comme soudainement absorbé par autre chose.

Tu vois, j'ai encore bien du mal à comprendre ce qui peut bien pousser quiconque à venir ici. Pendant des mois mes camarades ont essayé de m'entraîner dans leur sillage lorsqu'ils se rendaient au bordel. Mais moi je crois en l'égalité entre les hommes et les femmes, et notamment en ce qui concerne l'accession aux plaisirs. Alors, pendant qu'ils étaient ici, moi j'allais rendre visite à leurs fiancées.


Qu’il parle pour deux ne me dérangeait pas ; je n’avais pas la tête à raconter ma vie, ces temps, donc cela m’arrangeait. Je roulai cependant des yeux, comprenant qu’il faisait partie de ces gens qui méprisaient des lieux alors de leur méconnaissance. Il avait un bon fondement, mais il n’avait pas saisi le concept des bordels.

J’aperçus au loin un employé de cette bâtisse qui me salua ; je le lui rendis d’un hochement de tête.

Tu sais, tout le monde y trouve son compte ici. Ce ne sont pas que des hommes faussement conquérants qui cherchent à s’affirmer, ou à prouver leur supériorité, qui fricotent avec une pauvre petite jouvencelle du samedi matin. Des fois c’est l’inverse.


Je vis passer à nouveau mon compagnon de nuit avec une jeune femme, sur le point de monter les escaliers pour aller leur trouver une chambre. Et dire qu’il se forçait pour gagner son pain, c’était navrant.

Mon attention revint sur Crass, que j’avais quelque peu délaissé entre temps, alors que sa remarque sur les fiancées me revint en mémoire.

Je ne sais pas si c’est louable comme action de s’occuper de ces délaissées, ou si tu en es une toi-même.


Sourire aux lèvres, mais pas l’amusé, ni même le sarcastique, j’avais malgré moi touché à une propre corde sensible. Mais je ne semblais pas être le seul en détresse ce soir.

Mon frère se marie demain, à une fille de bonne famille. Tu sais quel a été son conseil ce soir ? Il m'a dit : "Amuse-toi tant que tu le peux, mais surtout, fait en sorte de ne jamais créer le moindre bâtard". Il m'a dit ça le plus sérieusement du monde, comme si rien d'autre n'avait d'importance en ce bas monde. Et pourtant, des gens courent le risque. Ils viennent ici.

Je ne dirais pas qu’ils courent un risque, les filles savent ce qu’elles doivent faire pour éviter des mois de galère, voire même des années.


Décidément, il n’était jamais venu en ces lieux, mais même à des kilomètres. J’espérais sincèrement qu’un jour, sa façon de considérer les bordels allait évoluer. Je soufflai du nez, tandis que je le regardais boire comme s’il acceptait une sentence divine. C’était comme s’il se forçait sans vraiment se forcer, c’était bizarre. Lui, il avait toujours obéi à tout au doigt et à l’œil à tout le monde pour s’éviter des ennuis inutiles.

Son sourire en revanche me faisait soudainement mal, comme s’il cherchait du réconfort immatériel dans mes prunelles. Mes sourcils étaient froncés, alors que ma main portait le verre à mes lèvres. Ce n’était pas du vin, ou pas exactement : on aurait dit un vieux fond de whisky saupoudré de rouge, c’était bizarre. Cela ne voulait pas dire que c’était affreux, mais j’avais connu meilleur. Mon verre à moitié vide se posa sur le comptoir, alors que je sentis de plus en plus cette espèce d’émotion négative se poser sur moi. Je m’étais donc interrompu pour regarder Crass, qui semblait de plus en plus mal au fil de la soirée qui venait de commencer.

Je connais aussi les galères de famille, je m’y confronte tous les jours. On essaie de ne pas me faire choisir mon destin, mais tu sais quoi ? J’en ai rien à faire, donc je fais ce que je veux.


Je finis alors mon verre, avant de reprendre. A croire que c’était à moi de meubler la conversation, maintenant.

Tu sais combien d’écoles j’ai connu avant d’atterrir ici ? Pleins. Et à chaque fois je faisais en sorte de partir parce que leur endoctrinement et leurs principes de merde, ça me les brisait. Et je m’en cogne si on me laisse dans mon coin, si on a peur de moi, ou si on me déteste, vraiment.


J’appelai alors Ingridd en lui faisant un signe, et elle vint vers nous à nouveau, sourire aux lèvres : c’était qu’elle avait sous les yeux deux malheureux qui allaient oublier leurs misères à deux.

Qu’est-ce qu’il te faut, petit ?

Il te reste ce cognac du sud ?


Elle m’adressa un regard surpris, puis ce froncement de sourcil signifiant « t’es sûr Dorian ? Non parce que le sud, tout ça .. », ce à quoi je répondis en haussant des épaules. Elle partit alors chercher la bouteille demandée, après avoir ramassé les deux verres et les pièces sur la table. Je glissai un autre regard vers Crass, avant de porter ma main sur son épaule.

Honnêtement Crassius, qu’est-ce que tu veux faire de ta vie ? Il n’y a que toi pour poser cette question, les autres, on s’en fout mais avec tellement de force.


Et quand la tenancière revint vers nous avec la bouteille et deux verres, une pensée que j’avais se posa sur le comptoir.

J’espère que tu n’as pas l’alcool trop triste.


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