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On devrait toujours être légèrement improbable.
9:28 du Dragon, Minrathie
Rendez-vous à La porte de Jade pour l'échange, même heure.
Rendez-vous à La porte de Jade pour l'échange, même heure.
Il froissa le papier entre ses doigts, figé devant la façade du bâtiment. Il était né dans cette ville, il avait passé dix-sept ans à y vagabonder, et pourtant il n'avait encore jamais mis les pieds dans ce quartier. Et pour cause : il avait employé tout ce temps à gravir l'échelle sociale, pas à la dégringoler. Le quartier des elfes, dans lequel ce rendez-vous l'avait mené, ne répondait pas totalement à son objectif. Crassius se dandina d'un pied sur l'autre, faisant cliqueter les ornements de sa tenue. Ce soir, il avait sorti le grand jeu et s'était vêtu de ses plus beaux atour. La pièce la plus spectaculaire était sa veste longue de velours noir et brodée de dragons d'or, d'où une multitude de petites chaînes de la même matière s'échappaient. Il s'était dit, et à bon escient, que plus il aurait l'air d'un Altus, moins on ne lui causerait d'ennuis. Et c'était sa tenue la plus flamboyante, celle qui pouvait de loin le faire passer pour tel. Celle qui lui avait coûté un bras. Les divers bijoux qu'il portait, eux, étaient empruntés à ses nombreux amis. Il jeta un dernier regard par-dessus son épaule et se concentrant pour rentrer dans son rôle. Il respira lentement, redressa le dos, se fit plus imposant et gravit les marches, déterminé.
La Porte de Jade était un bordel. Un bordel dans le quartier elfique. C'était une première. Une première dans le quartier elfique, et une première dans un bordel. Du haut de ses dix-sept ans, Crassius avait la vanité de croire qu'il n'avait aucune raison de payer pour obtenir les faveurs des filles. Des femmes non plus d'ailleurs. Et il ne se trompait pas, tant il était beau. Il fit glisser ses yeux bleus aciers sur les décors, repéra les hommes de main chargés de la sécurité, repéra les serveuses, et repéra le bar. Ce qui l’intéressait ne se trouvait pas là. Il passa avec assurance une main dans ses cheveux noir de jais, défaisant au passage une ou deux boucles qui lui retombèrent devant les yeux. Il serra sa main contre la poche interne et pectorale de son manteau, s'assurant que son trésor était toujours en place. Il repéra les escaliers et les gravit quatre à quatre, cherchant à éviter le regard des travailleurs d'ici, tous des elfes évidemment. Ce n'était pas vraiment son truc, les elfes. Il n'y avait pas assez de matières à son gout : lui préférait les femmes plus charpentées. Néanmoins il sentit la fièvre lui monter au front lorsque son regard dériva involontairement dans les profondeurs insondées d'un décolleté. Il devait se reprendre. Agir en professionnel. Il s'amuserait une fois sa mission remplie. Une fois au premier étage, il n'eut aucune peine pour reconnaître son interlocuteur. Un homme plutôt âgé, dans des vêtements usés mais d'apparence riche. Un parvenu, quelqu'un qui tentait de grimper le plus haut possible parmi les puissants. Comme lui. Crassius sourit de toutes ses dents et s'approcha, sûr de lui.
Il exécuta ensuite une courbette toute théâtrale et ouvrit vivement les pans de son manteau pour en extirper son trésor. Une statuette représentant Razikale sous une forme primitive.
Crassius réprima difficilement un sourire. Quel arnaqueur il faisait là ! Flatter l'ego de l'acheteur pour l'endormir ? C'était une technique à peine digne de lui. Et cette statuette ? Une simple reproduction particulièrement grossière, utilisé de nombreuses fois au cours d'exercices de fouilles. Ils en avaient des centaines dans son cours. Personne n'allait remarquer la disparition de celle-là. Mais lui allait pouvoir se faire un beau petit bénéfice. En un geste précautionneux, il tendit la statuette en avant, avant de se raviser.
Crassius posa finalement la statuette sur la table poisseuse devant l'homme lorsqu'il fit apparaître une petite bourse de cuire. Le jeune homme l'empocha immédiatement tout en résistant à la tentation de l'ouvrir pour en vérifier le contenu. En bon professionnel, il devait avoir l'air confiant. Il devait démontrer son honnêteté, son assurance, et ce quel que soit le décors de la transaction. D'ailleurs pourquoi douterait-il de l'honnêteté de son client ? Lui ne voulait qu'obtenir un objet inestimable à faible coup, pour l'exposer aux yeux de ses amis les plus influençables. Sans plus de cérémonie, le jeune homme se retourna et lança d'une voix claire par dessus son épaule :
Il dévala de nouveau les escaliers, jouant avec la bourse, la jetant en l'air et sentant le poids des lourdes pièces atterrissant dans sa main. En bas des marches, son regard dévia de la porte de sortie pour se poser de nouveau sur le bar, puis sur le seul siège laissé vide devant la tenancière. Bien, il avait bien mérité un verre après tout ! Il s'installa, et fit résonner le bruit de ses pièces sur le comptoir. Il était jeune. Il était victorieux. La soirée ne faisait que commencer.
Il posa alors une main assuré sur le bras de l'homme à sa gauche, d'apparence tout aussi jeune que lui.
La Porte de Jade était un bordel. Un bordel dans le quartier elfique. C'était une première. Une première dans le quartier elfique, et une première dans un bordel. Du haut de ses dix-sept ans, Crassius avait la vanité de croire qu'il n'avait aucune raison de payer pour obtenir les faveurs des filles. Des femmes non plus d'ailleurs. Et il ne se trompait pas, tant il était beau. Il fit glisser ses yeux bleus aciers sur les décors, repéra les hommes de main chargés de la sécurité, repéra les serveuses, et repéra le bar. Ce qui l’intéressait ne se trouvait pas là. Il passa avec assurance une main dans ses cheveux noir de jais, défaisant au passage une ou deux boucles qui lui retombèrent devant les yeux. Il serra sa main contre la poche interne et pectorale de son manteau, s'assurant que son trésor était toujours en place. Il repéra les escaliers et les gravit quatre à quatre, cherchant à éviter le regard des travailleurs d'ici, tous des elfes évidemment. Ce n'était pas vraiment son truc, les elfes. Il n'y avait pas assez de matières à son gout : lui préférait les femmes plus charpentées. Néanmoins il sentit la fièvre lui monter au front lorsque son regard dériva involontairement dans les profondeurs insondées d'un décolleté. Il devait se reprendre. Agir en professionnel. Il s'amuserait une fois sa mission remplie. Une fois au premier étage, il n'eut aucune peine pour reconnaître son interlocuteur. Un homme plutôt âgé, dans des vêtements usés mais d'apparence riche. Un parvenu, quelqu'un qui tentait de grimper le plus haut possible parmi les puissants. Comme lui. Crassius sourit de toutes ses dents et s'approcha, sûr de lui.
“ Bonsoir cher Monsieur. Je crois savoir que vous m'attendiez. „
Il exécuta ensuite une courbette toute théâtrale et ouvrit vivement les pans de son manteau pour en extirper son trésor. Une statuette représentant Razikale sous une forme primitive.
“ Razikale, Dragon du mystère. Cette petite merveille a été déterrée il y a peu, et pourtant elle est plus ancienne que toute autre. Une vraie merveille. Mais je m'oublie. Vous connaissez votre sujet !„
Crassius réprima difficilement un sourire. Quel arnaqueur il faisait là ! Flatter l'ego de l'acheteur pour l'endormir ? C'était une technique à peine digne de lui. Et cette statuette ? Une simple reproduction particulièrement grossière, utilisé de nombreuses fois au cours d'exercices de fouilles. Ils en avaient des centaines dans son cours. Personne n'allait remarquer la disparition de celle-là. Mais lui allait pouvoir se faire un beau petit bénéfice. En un geste précautionneux, il tendit la statuette en avant, avant de se raviser.
“ Je crois que vous devez avoir quelque chose pour moi. Quelque chose pour me dédouaner me mes précieux efforts ? „
Crassius posa finalement la statuette sur la table poisseuse devant l'homme lorsqu'il fit apparaître une petite bourse de cuire. Le jeune homme l'empocha immédiatement tout en résistant à la tentation de l'ouvrir pour en vérifier le contenu. En bon professionnel, il devait avoir l'air confiant. Il devait démontrer son honnêteté, son assurance, et ce quel que soit le décors de la transaction. D'ailleurs pourquoi douterait-il de l'honnêteté de son client ? Lui ne voulait qu'obtenir un objet inestimable à faible coup, pour l'exposer aux yeux de ses amis les plus influençables. Sans plus de cérémonie, le jeune homme se retourna et lança d'une voix claire par dessus son épaule :
“N'hésitez pas à parler de moi à vos amis ! „
Il dévala de nouveau les escaliers, jouant avec la bourse, la jetant en l'air et sentant le poids des lourdes pièces atterrissant dans sa main. En bas des marches, son regard dévia de la porte de sortie pour se poser de nouveau sur le bar, puis sur le seul siège laissé vide devant la tenancière. Bien, il avait bien mérité un verre après tout ! Il s'installa, et fit résonner le bruit de ses pièces sur le comptoir. Il était jeune. Il était victorieux. La soirée ne faisait que commencer.
“Excusez-moi ? Un verre de votre meilleur vin je vous prie, et pour ce gentleman également ! „
Il posa alors une main assuré sur le bras de l'homme à sa gauche, d'apparence tout aussi jeune que lui.
Dorian Pavus
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On devrait toujours être légèrement improbable.
Il avait lancé sa commande trop vite peut-être, tout comme sa main. Alors que la tenancière, une elfe parfaitement corpulente, comme pour invalider ses préjugés, se retournait pour servir les verres, il lança un rapide regard en direction de l'homme à sa gauche. Mince ! Mais il le connaissait en fait ! Quel idiot il était ! Dorian Pavus. Un mage incroyablement doué. Bien plus doué que lui, il n'avait aucune honte à le reconnaître. Mais il y avait pire : Dorian Pavus était un Altus. Un véritable Altus. Crassius effleura distraitement sa propre veste, laissant ses doigts courir en douceur sur le velours. Il n'y avait pas de honte à avoir, son stratagème n'était pas à l'origine destiné à Pavus. Crassius n'avait plus rien à se reprocher. Il n'était que là pour prendre du bon temps. Et c'était, Justement, le but de ce genre d'établissements, non ? Deux verres furent posés devant eux. Posé trop rapidement même pour être honnête. Ainsi la meilleure bouteille était facilement accessible par la tenancière . Comme si on la réclamait souvent ? À en juger par les lieux, Crassius en doutait. Enfin, la présence au bar d'un Altus semblait pourtant le confirmer. Pavus ne sembla pas le reconnaître. Ils avaient pourtant partagé quelques classes ensemble. Quelques démonstrations également. Mais Crassius n'avait pas l'ego suffisamment développé pour lui en tenir rigueur. Il écouta son camarade minauder avec assurance, et finit par porter son verre à ses lèvres. Le vin était... Intéressant ? Non, pas intéressant... Insipide. Oui, proprement insipide. On lui en avait déjà servi de meilleur à table lors de repas de famille. Mais à quoi pouvait-il s'attendre, dans un endroit comme celui-ci ? Pavus voulut trinquer, alors il écarta son verre de ses lèvres, redoutant de nouveau l'instant où il faudrait en prendre une nouvelle gorgée. Les yeux de l'Altus s'attardèrent sur lui, l'analysèrent... Peut-être finalement qu'il l'avait reconnu. Il eut alors une parole bien énigmatique.
Crassius avala une nouvelle gorgée difficile de son vin. Quitter le quartier en un seul morceau . Ah oui, il le vaudrait mieux. Mais enfin, il ne lui avait pas semblé que ce quartier soit si dangereux que cela... Ou bien alors il ne se serait pas déplacé sans son bâton. Car il n'était après tout capable de lancer que quelques sorts sans amplificateur, et aucun d'entre eux ne lui seraient d'un grand intérêt en cas de situation dangereuse. De plus il ne portait pas de lame sur lui. Il ne saurait pas qu'en faire de toute manière. Non, il avait espéré que sa tenue serve de bouclier. Qui, dans ces quartiers populaires, aurait les tripes de s'en prendre à vue à un mage potentiellement d'une puissance mystique ? Mais Crassius était un romantique. La vision qu'il s'était faite du quartier et des Altus était possiblement inexacte. Très bien. Soit. Ce soir était le soir des premières. S'il devait se faire détrousser à la sortie, il l'accepterait. Il leva son verre et le termina cul sec, dans un frisson.
Il étala alors le contenu de sa bourse devant lui, et laissa la tenancière aux doigts boudinés lui réclamer son tribut. Bien, à défaut d'être bon, ce vin était véritablement exorbitant. Il n'allait rien lui rester de son profit initial. Juste une expérience formidable, et la soif d'en accomplir de nouvelles.
Il se retourna alors franchement en direction de Pavus et plaça une nouvelle fois sa main sur son bras, cherchant un contact amical.
Ce après quoi il rit franchement, entendant le son de sa propre voix comme pour la première fois. Le vin tapait fort, il fallait au moins le reconnaître. Il tourna sur son assise et cela son dos contre le rebord du comptoir, embrassant du regard toute la salle et mesurant son activité, digne d'une fourmilière. Les petites ouvrières besognaient, pendant quand les gardes gardaient et que la reine, cachée quelque part, profiterait de l'issue de la nuit. Cette idée l'enchantait. Et pas une seconde il ne se demanda quelle place cela lui laissait dans la métaphore. Une sauterelle regardant la colonie d'un air extérieur ? Ou bien alors une proie, trop enjouée pour s'en rendre même compte ? Il était décidément de bien trop bonne humeur pour son propre bien.
Il planta son regard dans celui de Dorian Pavus, un sourire à demi plaqué sur ses lèvres.
Crassius avala une nouvelle gorgée difficile de son vin. Quitter le quartier en un seul morceau . Ah oui, il le vaudrait mieux. Mais enfin, il ne lui avait pas semblé que ce quartier soit si dangereux que cela... Ou bien alors il ne se serait pas déplacé sans son bâton. Car il n'était après tout capable de lancer que quelques sorts sans amplificateur, et aucun d'entre eux ne lui seraient d'un grand intérêt en cas de situation dangereuse. De plus il ne portait pas de lame sur lui. Il ne saurait pas qu'en faire de toute manière. Non, il avait espéré que sa tenue serve de bouclier. Qui, dans ces quartiers populaires, aurait les tripes de s'en prendre à vue à un mage potentiellement d'une puissance mystique ? Mais Crassius était un romantique. La vision qu'il s'était faite du quartier et des Altus était possiblement inexacte. Très bien. Soit. Ce soir était le soir des premières. S'il devait se faire détrousser à la sortie, il l'accepterait. Il leva son verre et le termina cul sec, dans un frisson.
“Je me présente : Crassius Servis. Il nous est arrivé de partager quelques classes à l'Académie. „
Il étala alors le contenu de sa bourse devant lui, et laissa la tenancière aux doigts boudinés lui réclamer son tribut. Bien, à défaut d'être bon, ce vin était véritablement exorbitant. Il n'allait rien lui rester de son profit initial. Juste une expérience formidable, et la soif d'en accomplir de nouvelles.
“C'est la première fois que je mets les pieds ici. Je ne sais pas à quoi j'aurais dû m'attendre. „
Il se retourna alors franchement en direction de Pavus et plaça une nouvelle fois sa main sur son bras, cherchant un contact amical.
“Vous semblez, vous, plus à votre aise. Peut-être serait-il plus sage pour moi de suivre vos précieux conseils. S'il vous sied de m'en dispenser ! „
Ce après quoi il rit franchement, entendant le son de sa propre voix comme pour la première fois. Le vin tapait fort, il fallait au moins le reconnaître. Il tourna sur son assise et cela son dos contre le rebord du comptoir, embrassant du regard toute la salle et mesurant son activité, digne d'une fourmilière. Les petites ouvrières besognaient, pendant quand les gardes gardaient et que la reine, cachée quelque part, profiterait de l'issue de la nuit. Cette idée l'enchantait. Et pas une seconde il ne se demanda quelle place cela lui laissait dans la métaphore. Une sauterelle regardant la colonie d'un air extérieur ? Ou bien alors une proie, trop enjouée pour s'en rendre même compte ? Il était décidément de bien trop bonne humeur pour son propre bien.
“Dois-je à présent inviter une de ces filles à vous rejoindre, pour m'assurer d'obtenir définitivement votre amitié ? „
Il planta son regard dans celui de Dorian Pavus, un sourire à demi plaqué sur ses lèvres.
Dorian Pavus
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Crassius éclata de rire. Il n'était pas parvenu à se retenir. Il n'en avait d'ailleurs pas eu la moindre intention. Il sentit même une larme couler du coin de son œil, rouler le long de sa joue.
Il joua un moment avec son verre, heureux de son expérience. Jusqu'à présent, il avait trompé la crédulité d'un pauvre homme, puis c'était lui-même fait avoir. Sur la qualité du vin, sur le remplissage du verre et sur le prix de celui-ci. Mais Crassius acceptait ce revers de fortune avec philosophie : il s'essayait là à un nouveau jeu, dont il ne connaissait pas encore toutes la subtilité. Après ce tour de chauffe en revanche, il s'emploierait à ne plus se laisser avoir.
Dorian Pavus, lui, ne semblait jouer à aucun jeu lui. Il était fermé, lugubre même derrière quelques sourires provoqués par les nombreuses maladresses de Crassius. Pas une seule de ses techniques ne semblait opérer sur lui. Et c'était bien mieux; Peut-être pouvait-il enfin baisser le masque ?
Il avala une gorgée précautionneuse, sur ses gardes. Le liquide, plus doux, glissa sur son palais. Oui, c'était bien mieux. Mais cela n'allait pas arranger son mal de tête naissant.
“Oh que non, je ne suis pas venu fourrer la moindre de ces filles ! En fait et pour dire la vérité, je ne suis pas l'instigateur du choix de ce lieu ! Là-haut se trouve un homme présentement heureux de son achat. Tout comme je l'étais en commandant plus tôt ce verre de vin. Seulement, lui ne se rendra pas compte de l'arnaque. Ou tout du moins, moins douloureusement que moi.„
Il joua un moment avec son verre, heureux de son expérience. Jusqu'à présent, il avait trompé la crédulité d'un pauvre homme, puis c'était lui-même fait avoir. Sur la qualité du vin, sur le remplissage du verre et sur le prix de celui-ci. Mais Crassius acceptait ce revers de fortune avec philosophie : il s'essayait là à un nouveau jeu, dont il ne connaissait pas encore toutes la subtilité. Après ce tour de chauffe en revanche, il s'emploierait à ne plus se laisser avoir.
Dorian Pavus, lui, ne semblait jouer à aucun jeu lui. Il était fermé, lugubre même derrière quelques sourires provoqués par les nombreuses maladresses de Crassius. Pas une seule de ses techniques ne semblait opérer sur lui. Et c'était bien mieux; Peut-être pouvait-il enfin baisser le masque ?
“Bien. Il se trouve que je suis tout aussi bon menteur que bon mage. Et si nous reprenions depuis le début ? Je me présente : Crassius, enchanté de faire enfin réellement ta connaissance. Et merci pour le verre.„
Il avala une gorgée précautionneuse, sur ses gardes. Le liquide, plus doux, glissa sur son palais. Oui, c'était bien mieux. Mais cela n'allait pas arranger son mal de tête naissant.
Dorian Pavus
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On devrait toujours être légèrement improbable.
Il suivit le regard de Pavus, cherchant à appréhender différemment l'agitation autour de lui. Ce n'était pas sur les fourmis qu'il fallait se concentrer, malgré leurs atours plutôt attrayants et bigarrés, mais sur les branches légères et discrètes qui s'agitaient tout autour comme soulevées par le vent. Sur la communication de ces gens, verbale et non verbale d'ailleurs. Il se déroulait sous ses yeux un bon nombre de conversations parallèles, comme autant de petites pièces de théâtre qu'il pouvait s'amuser à épier. Il voyait tout le gain potentiel que l'on pouvait retirer de telles pièces de théâtre... Mais sa curiosité s'arrêta là. Il n'aimait pas la politique. Il n'en avait pas la patience. Se faire des amis? Ok. Se rendre utile voire irremplaçable à leurs yeux pour ensuite jouir de leur position ? Ok, mais fastidieux. Non, il n'avait définitivement pas la patiente de jouer sur les ragots, et de se défendre lorsqu'il était attaqué. Après tout, il n'était pas Altus. Qu'avait-il à perdre ? Rien. Il n'avait rien à perdre. Mais Pavus lui... Il évoluait dans un monde de requins.
Dit-il en pointant du doigt une bouteille fine et longue recouverte d'une épaisse couche de poussière, dans laquelle un liquide sombre presque noir attendait patiemment d'être cueilli.
Il fit rouler un instant les quelques pièces qu'il lui restait sur le comptoir abîmé avant de poursuivre, d'une voix calme, presque un souffle.
Et voilà qu'il jouait de nouveau. Ou peut-être sa curiosité avait-elle dépassé le stade du jeu? La tristesse presque palpable de son acolyte improvisé le troublait. Il semblait regarder le monde avec un fantôme devant les yeux. Un fantôme encore bien trop matériel, pas assez éthéré. Crassius visualisait cette situation en imaginant Pavus cherchant à observer le monde, les yeux glissés entre les côtes d'un squelette. Il sourit une nouvelle fois, secoua ses cheveux pour dégager son regard et s'étira de toute sa longueur.
Il aperçut du coin de l’œil son client descendre l'escalier, cacher sous les pans de son manteau son inestimable acquisition, fuyant les regards. Vite, il disparut dans son dos. Il n'y eut pas d’effusion de violence, pas d'agitation et pas de cri. Il était parti, emportant son bonheur avec lui. Oui. Crassius lui avait offert un peu de bonheur : la joie de se croire propriétaire d'un bien inestimable. Peut-être allait-il faire ajouter cette nouvelle possession sur son testament ? Peut-être la léguera-t-il à ses enfants ? C'était un mensonge pieux en quelque sorte. Un mensonge qui lui avait rapporté pas mal d'argent. Crassius sourit, découvrant une nouvelle fois ses dents blanches.
“Cette bouteille là.„
Dit-il en pointant du doigt une bouteille fine et longue recouverte d'une épaisse couche de poussière, dans laquelle un liquide sombre presque noir attendait patiemment d'être cueilli.
“C'est peut-être mon intérêt pour l'histoire et la science mais... Depuis que je me suis installé à cette place je me demande pourquoi elle semble être intouchée depuis des lustres. Est-elle passée de mode ? Abjecte ? Ou alors a-t-elle été oubliée de tous ?„
Il fit rouler un instant les quelques pièces qu'il lui restait sur le comptoir abîmé avant de poursuivre, d'une voix calme, presque un souffle.
“Je me charge de cette tournée. Si tu es aventureux toi aussi, choisis la prochaine. Choisis-en une qui en dit long sur toi.„
Et voilà qu'il jouait de nouveau. Ou peut-être sa curiosité avait-elle dépassé le stade du jeu? La tristesse presque palpable de son acolyte improvisé le troublait. Il semblait regarder le monde avec un fantôme devant les yeux. Un fantôme encore bien trop matériel, pas assez éthéré. Crassius visualisait cette situation en imaginant Pavus cherchant à observer le monde, les yeux glissés entre les côtes d'un squelette. Il sourit une nouvelle fois, secoua ses cheveux pour dégager son regard et s'étira de toute sa longueur.
“Ou peut-être ne devrais-je pas boire. Peut-être des hommes m'attendent déjà au coin de la rue, matraque en main.„
Il aperçut du coin de l’œil son client descendre l'escalier, cacher sous les pans de son manteau son inestimable acquisition, fuyant les regards. Vite, il disparut dans son dos. Il n'y eut pas d’effusion de violence, pas d'agitation et pas de cri. Il était parti, emportant son bonheur avec lui. Oui. Crassius lui avait offert un peu de bonheur : la joie de se croire propriétaire d'un bien inestimable. Peut-être allait-il faire ajouter cette nouvelle possession sur son testament ? Peut-être la léguera-t-il à ses enfants ? C'était un mensonge pieux en quelque sorte. Un mensonge qui lui avait rapporté pas mal d'argent. Crassius sourit, découvrant une nouvelle fois ses dents blanches.
“Ou peut-être qu'au contraire je ferais mieux de boire plus que de raison, jusqu'à en endormir mes sens. Oui, voilà comment cela doit finir. Accompagne-moi !„
Dorian Pavus
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On devrait toujours être légèrement improbable.
Poussé plus en avant par la réaction de Dorian, Servis s'accapara de son verre et fit tourner son liquide sombre un instant distraitement. Il avait conscience de monopoliser la conversation, mais Pavus ne semblait pas vouloir à son tour prendre la main. Et pour dire l'absolue vérité, plus Servis parlait, plus il se sentait glisser. Rares étaient les occasions de s’épandre de ses pensées les plus intimes dans l'entourage qu'il s'était forgé. Une nouvelle rencontre valait toujours pour lui l'occasion de vider ses doutes, de livrer ses impressions sur le monde dans lequel tous évoluaient. Si la relation devait se poursuivre, le jeune homme se montrait alors dans une retenue sans failles, laissant bien plus d'espace à l'autre protagoniste. Pour lui, en se montrant tel qu'il était dès les premiers instants d'une rencontre, il s'évitait des amitiés fondées sur la méprise. Quiconque capable de supporter son bavardage incessant et honnête valait son temps. Mais une autre raison bien plus précise poussait Servis à se montrer si bavard en cette belle soirée. Une raison qu'il n'allait pas tarder de livrer à Pavus.
Ignorant le regard inquisiteur que l'Altus portait sur lui, Servis reposa son verre un instant sur le comptoir, se retournant une nouvelle fois vers la salle du bordel.
Il eut un rire triste, et se détourna de nouveau, saisissant son verre.
Son attention s'en retourna vers son verre. Il voulut en respirer le contenu mais se reteint : si l'odeur lui déplaisait, il n'aurait alors plus eu le courage d'en absorber le contenu. Ce ne devait pas être un vin. Un vin si vieux aurait mérité d'être décanté avant d'être servi. Mais la grosse elfe avait simplement fait couler le liquide dans son verre, sans autre préparation. San s plus se questionner, il fit basculer une grande quantité de son verre dans sa bouche. Les épices lui firent immédiatement chanter le palais, tout comme le relent, plus aigre, qui vint ensuite lui chatouiller la langue. Il devait bien admettre n'avoir aucune idée de ce qu'il était en train de boire. Mais ce n'était pas si déplaisant. En fait, cette bouteille était comme un oracle. Elle distillait une petite dose de son avenir. En persévérant dans la voie qu'il s'était lui-même tracé, il vivrait une vie d'aventures. Et c'était précisément le genre de vie qui devait s'accompagner de concessions amères. Il finit son verre sans plus de cérémonie, et se retourna vers Pavus, un vague sourire triste aux lèvres.
Ignorant le regard inquisiteur que l'Altus portait sur lui, Servis reposa son verre un instant sur le comptoir, se retournant une nouvelle fois vers la salle du bordel.
“Tu vois, j'ai encore bien du mal à comprendre ce qui peut bien pousser quiconque à venir ici. Pendant des mois mes camarades ont essayé de m'entraîner dans leur sillage lorsqu'ils se rendaient au bordel. Mais moi je crois en l'égalité entre les hommes et les femmes, et notamment en ce qui concerne l'accession aux plaisirs. Alors, pendant qu'ils étaient ici, moi j'allais rendre visite à leurs fiancées.„
Il eut un rire triste, et se détourna de nouveau, saisissant son verre.
“Mon frère se marie demain, à une fille de bonne famille. Tu sais quel a été son conseil ce soir ? Il m'a dit : "Amuse toi tant que tu le peux, mais surtout, fait en sorte de ne jamais créer le moindre bâtard". Il m'a dit ça le plus sérieusement du monde, comme si rien d'autre n'avait d'importance en ce bas monde. Et pourtant, des gens courent le risque. Ils viennent ici.„
Son attention s'en retourna vers son verre. Il voulut en respirer le contenu mais se reteint : si l'odeur lui déplaisait, il n'aurait alors plus eu le courage d'en absorber le contenu. Ce ne devait pas être un vin. Un vin si vieux aurait mérité d'être décanté avant d'être servi. Mais la grosse elfe avait simplement fait couler le liquide dans son verre, sans autre préparation. San s plus se questionner, il fit basculer une grande quantité de son verre dans sa bouche. Les épices lui firent immédiatement chanter le palais, tout comme le relent, plus aigre, qui vint ensuite lui chatouiller la langue. Il devait bien admettre n'avoir aucune idée de ce qu'il était en train de boire. Mais ce n'était pas si déplaisant. En fait, cette bouteille était comme un oracle. Elle distillait une petite dose de son avenir. En persévérant dans la voie qu'il s'était lui-même tracé, il vivrait une vie d'aventures. Et c'était précisément le genre de vie qui devait s'accompagner de concessions amères. Il finit son verre sans plus de cérémonie, et se retourna vers Pavus, un vague sourire triste aux lèvres.