Chasing the Red Hiding Stuff (Pv Servis)

L'incident des chattemites fut vite clos. Ce n'était après tout que de petites créatures aux bas instincts, pas très difficiles à écarter. Ou en l’occurrence à brûler. Au milieu des restes encore fumants de la bataille, Aesthia proposa de monter le campement, et d'arrêter là leur progression pour cette première journée. Servis s'étira, fixant un coin interchangeable du plafond de pierre. Jour ou nuit ? Il était à présent impossible de le savoir, et la troupe d'aventuriers devait à présent écouter leurs corps, plutôt que leur tête. Alors ils acceptèrent. Après ce combat peu glorieux, et le décès de ce faux aventurier nain, dont le corps avait disparu, un peu de repos leur serait à tous profitables.

Deux tentes furent alors montées. Elles devaient initialement servir à Aesthia, Halda, et Wallace et Servis. Mais ce dernier trouvait la manœuvre maladroite. Certes, puisqu'ils avaient de nombreux porteurs, le poids des tentes n'était pas un problème. Mais s'isoler ainsi du reste de l'expédition, qui pour la plupart dormirait à même le sol, n'était à ses yeux pas une bonne initiative. Lui-même ne s'était octroyé aucun privilège à la Porte du Ponant. Il dormait avec ces hommes, mangeait comme eux. Ainsi, il pensait gagner un peu leur estime, et comprendre au mieux leurs attentes. Mais Aesthia était différente. Elle n'était pas une Laethan comme lui. Et Servis respectait son point de vue. Ce point de vue allait même lui être profitable.

Ainsi, après un repas frugal, Servis alla se terrer dans l'ombre de sa tente, sans demander son reste. Délesté de son armure de mage, ne portant plus que sa tunique, il parcourait avec avidité les pages du journal nain, sentant ses yeux se fermer petit à petit, et sa magie se reconstituer dans ses veines. Mais alors que les bruits au-dehors s'étaient tues, quelqu'un pénétra dans son espace vitale. Puisqu'il s'était attendu à Wallace, avec qui il devait partager l'espace, Servis ne réagit pas. Mais une étrange odeur florale emplit la tente, et attira son attention. Halda rampa jusqu'à lui, un doigt pressé contre ses lèvres. Servis se redressa, ferma son journal et le posa près de lui. Sa tunique largement fendue dévoila son torse aux yeux de la mage, mais il n'était pas pudique, et ne le remarqua même pas.

L'informa Servis en se grattant la clavicule gauche, apparente sous sa peau fine. Un instant il chercha à saisir les contours du visage de la jeune femme, rendus flous par la lueur vacillante produite par l'orbe du bâton du mage. Alors qu'il s'était attendue à ce qu'elle rebrousse chemin en s'excusant, elle s'enfonça davantage dans la tente, piétinant les affaires du templier. Lorsqu'elle fut arrivée à sa hauteur, Servis s'immobilisa, doutant sensiblement de ses intentions. Il lui rendit néanmoins son sourire, ne pouvant s'empêcher de plaisanter :

Elle ne répondit pas, se penchant de plus belle vers lui, jusqu'à ce qu'il sente son souffle sur ses lèvres. Elle sourit de plus belle, et quelque chose dans son attitude électrisa le mage, qui ne put s'empêcher de noter, peut-être pour la première fois, qu'Halda était une femme séduisante. Mais alors qu'il reculait, surpris, il y eut au-dehors de la tente un cri terrifiant. Un cri d'homme, qui réveilla tout le campement. Un cri qui résonna étrangement contre les parois du tunnel. Halda se précipita à l'extérieur, suivi de près par Servis. Mais personne ne semblait comprendre d'où provienne ce cri. Les tours de guet furent renforcés, et chacun rejoint sa couche. La nuit passa sans autre incident.


Le lendemain, alors qu'on défaisait le campement, cinq esclaves errèrent sans but : leur maître avait disparu. Évaporé.

Le cri dans la nuit avait réveillé tout le mond,e moi y comprit. Je me levais et sortait de la tente, voyant qu'Halda et Servis étaient sortis ensemble de celle des hommes. Mh... à me noter la prochaine fois, mettre la tente encore plus loin pour ne pas entendre leurs ébats ou bien Wallace assassiner Servis. Mais la situation n'était pas pour les plaisanteries. Le cri avait réveillé tout le monde, mais personne ne semblait voir d'ennemis. Tout le monde fut sur le garde à vous pendant un moment, les tours de gardes furent renforcés et nous retournions nous coucher.

Le lendemain, j'avais Halda avec moi ce qui était surprenant, nous nous levions tous dans cette cave sombre qui semblait comme la nuit. C'était tellement étrange comme sensation. au levé nous remarquions qu'une partie des esclaves étaient là sans but, à attendre qu'on leur donne des ordres. Où était leur maitre esclave ? Je regardais partout, finissant par soupirer.

"Mh... voilà qui est fâcheux... "

C'était donc lui qui avait disparu. Je me rapprochais du maitre esclave restant, qui semblait discuter avec Wallace. Parfait. J'arrivais à côté d'eux les interpellant pour leurs donner de nouveaux ordres.

"Spurius, vous vous occuperez également des autres esclaves. Wallace, cherchez des traces... "

Il acquiescèrent, et pendant que les autres rangeaient le campement l'enquête fut menée. Wallace revint vers moi, mais il avait l'air... tendu. Il me fit son rapport, mais d'une voix basse en regardant discrètement autour de lui.

"Je n'ai rien trouvé, pas de corps non plus. Il est sûrement tombé dans la fosse par accident. "

Je lui jetais un regard en coin, comprenant ce qu'il voulait dire. Un accident... Le lyrium au plafond éclairait suffisamment les lieux pour que l'on puisse distinguer le bord du précipice. C'était trop simple et trop bête comme faute pour être vrai. Qu'il soit tombé soit une chose, qu'on l'y ait aidé en était une autre. Je répondis à Wallace à voix basse, lui préconisant de rester vigilant.

"Mh... Mettons nous en route. Dit à Halda de garder un oeil sur les nains, et toi sur les esclaves..."

Il hocha de la tête et rejoignit Halda tout en exhortant les autres à se bouger. De mon côté j'allais voir Servis pour le mettre en garde discrètement.

"Servis, il y a des chances pour que ce mort ne soit pas un accident, et peut être par une personne de notre groupe. Soit vigilant."

Je lui donnais une tape sur l'épaule et reprenais les devant du groupe. tout le monde repris sa place et avança, franchissant les multiples ponts. Il n'y avait au final rien de bien extraordinaire, et sans difficultés nous arrivions à l'autre bout. Là nous retrouvions les bonnes vieilles galeries habituelles, et en quelques heures à peine nous arrivions dans une de ces grandes galeries éclairées par la lave et sculptées par les nains. Enfin nous approchions du but, et de ses véritables dangers.

L'incident ne perturba pas le départ outre mesure. Le matériel fut rangé, les toiles de tentes pliées et les esclaves chargés. Pendant toute la durée de cette manœuvre, Servis avait prit place sur une grosse roche désolidarisée de la paroi, et nettoyait avec soin son bâton. Il gardait distraitement un œil sur le nain qui s'était prétendu en légionnaire des morts. Si Servis avait l'habitude, comme beaucoup de ses concitoyens Tevintides, des nains, ils ne s'étaient en revanche jamais retrouvé face à un membre de cette fameuse légion. Ils vivaient bien trop enfoncés dans les tréfonds, bien trop occupé à nettoyer les ruines de leur empire. Pourtant, se pouvait-il que ce nain-là dise la vérité ? Il semblait encore plus rustre que ses deux camarades... Notamment lorsqu'il essayait, comme présentement, d'enfoncer une carcasse entière de chattemite brûlée dans la doublure de son armure.

Demanda-t-il, en passant une nouvelle fois son chiffon doux sur l'orbe de verre. Le nain, sous sa barbe, sembla rougir avant de tirer une langue épaisse. Le mage sentit son affection grandir pour ce nain. D'un geste du pouce, il désigna le plafond, où la veine de lyrium pur s'étendait mollement.

Le nain leva la tête, la chattemite à moitié coincé dans son plastron. Ses petits yeux noirs détaillèrent le plafond.

Servis acquiesça un moment silencieusement, avant de finalement faire disparaître son mouchoir dans son sac. Il se mit debout, dépliant sa haute silhouette, faisant craquer ses vertèbres.

Répondit Servis, avant de s'éloigner à grandes enjambées pour rejoindre le début de convois, qui déjà traversait le premier pont.

Tout en marchant, Servis rumina ses idées. Il ne s'émouvait que très peu de la disparition du second-maître esclave, d'autant plus que son absence ne semblait porter préjudice à personnes. Ses esclaves s'étaient naturellement soumis à l'autorité de l'autre, et Aesthia faisait toujours progresser le groupe d'une main de fer. Il n'était pas rare de subir des pertes lors d'une telle expédition. Souvent, elles survenaient au cours de bêtes accidents, ou de rencontre infortunées avec la faune locale. Pourtant, comme l'avait SI justement souligné Aesthia, il était assez probable pour que l'homme ait été précipité dans le vide par l'un des leurs. Mais dans quel but ? Que pouvait posséder cet homme, qui puisse attiser les convoitises ?
Et pourquoi avait-il la désagréable impression d'un désastre imminent ? Était-ce ce satané Lyrium, au-dessus de sa tête ?

Les premières traces de civilisation naine permirent à Servis de s'éloigner de ses sombres pensées. Puisqu'Aesthia dirigeait, et qu'Halda et Wallace surveillaient les différents protagonistes de cette expédition, il ne lui restait plus qu'à profiter au maximum de ce voyage, jusqu'à ce qu'ils trouvent cette maudite idole. Alors il ouvrit de grands yeux, suivant avec admiration chaque courbe des édifices. Sa démarche s'était faite plus légère, son bâton frappait le sol en cadence. Derrière lui, le nain légionnaire fermait la marche. Il chantait à tue-tête :

Oui, Servis se sentait léger. Si léger qu'il lui venait la soudaine envie de partager ses remarques avec son amie du cercle. Il se fit alors une promesse : à leur prochaine pause, il irait éveiller Aesthia aux merveilles de l'architecture naine !

Notre groupe marchait d’un bon pas, plus à l’aise car étant sur le bon chemin mais en même temps plus fébrile et plus tendu. Il faut dire qu’avec un maitre esclave en moins certains étaient plus dissipés et apeurés, tandis que les nains ne cessaient de ronchonner dans leurs barbes la crainte de croiser des engeances. J’étais en tête de troupe, et suivant les indications laissées par notre informateur nous passions par différents croisements, tunnel, cavités et ponts. Sur le chemin je pouvais entendre l’un des nains chanter, tout à l’arrière. Etrangement je pouvais sentir tout le monde se détendre un peu plus. Moi j’étais plus sceptique, n’appréciant pas forcément que l’on soit signalé à tout ennemi aux alentours. D’ailleurs nous croisions sur l’une des grandes croisées une petite troupe d’engeance, cinq Hurlocks qui au final furent relativement faciles à éliminer. Avec trois mages dans la troupe, cela donne un certain avantage pour les foudroyer ou bien les brûler sur places. Les esclaves furent plus hésitants, mais la charge de Wallace et du nain chanteur leur redonnèrent de l’aplomb. La journée se termina quand nous fûmes trop fatigués pour continuer, avisant une petite grotte facile à défendre pour monter notre campement. Etant donné la situation de la dernière fois, les tours de gardes furent renforcés et cette fois-ci les tentes ne furent pas montées. Nous dormions sur nos capes et couchettes de fortunes, prêts à entendre la moindre arrivée ou à la voir venir. La répartition des groupes fut assez similaire à celle de la nuit précédente, bien que j’entendis une certaine tension naitre entre Servis et Wallace. J’avais entendu le templier souffler quelques mots secs et amers au mage, le mettant en garde sur sa conduite.

" Ne pensez pas que je ne vous ais pas vu hier soir… Je vous tiens à l’œil… "

Même si je ne disais rien, j’avais conscience du problème qui était en train de s’installer. Halda semait le trouble et s’en amusait beaucoup on dirait. Il faudra que je lui en touche quelques mots à l’occasion, voir le groupe qui a un peu de cervelle éclater pour une histoire de fesses serait vraiment pénible et humiliant. Surtout que nous avions en plus le risque d’un assassin et fauteur de troupe dans le reste de l’équipe. Mais notre nuit de repos se passa sans encombre, à part au « petit matin » le cri d’un esclave effrayé par la débandade d’un petit groupe de cochards.


Nous reprenions tous la route, continuant notre chemin entre les galeries décorées de sculptures de hauts nains et les boyaux plus sordides. Quelques heures après notre départ nous croisions dans une grotte de taille moyenne une petite cascade d’eau qui semblait s’être frayée un chemin, déversant dans la salle une eau fraiche qui humidifiait l’atmosphère et coupait la pièce en deux avec son cours d’eau. Le courant était puissant, mais un petit pont permettait de traverser. Je regardais la chute d’eau, avisant que ce serait une occasion utile de refaire le plein.

" Faisons une pause et profitons-en pour refaire nos provisions d’eau. "

Je leur fis signe, les esclaves sortants les gourdes de tout le monde et un seau pour aller puiser avec une corde l’eau de la rivière. Nous autres nous en profitions pour prendre du repos, observant la salle et faisant attention pour ne pas nous faire surprendre. J’étais non loin du pont, accompagnée par Halda. Nous avions traversé avec quelques hommes pour reconnaitre le terrain quand soudainement la salle résonna d’un grondement semblable à un choc de pierre. Je levais la tête, ayant une sueur froide alors que le sol se mit à trembler. Je vis alors une grande fissure dans le plafond, puis des blocs s’effondrer sur nous.

" Attention !!! "

(Jet de dé – séparation de l’équipe : échec)

• Réussite Critique : le traitre mutin est écrasé par un ébouli avec ses acolytes. L’équipe est séparée en deux avec Aesthia-Servis-des esclaves d’un côté et Halda-Wallace-des esclaves de l’autre.
  
• Réussite: personne n’est écrasé. L’équipe est séparée en deux avec Aesthia-Servis-des esclaves d’un côté et Halda-Wallace-des esclaves de l’autre.
  
• Echec : personne n’est écrasé. L’équipe est séparée en deux avec Aesthia-Halda-des esclaves d’un côté et Servis-Wallace-des esclaves de l’autre.
  
• Echec Critique : 3 esclaves et 1 nain sont écrasés par les éboulis. L’équipe est séparée en deux avec Aesthia-Halda-des esclaves d’un côté et Servis-Wallace-des esclaves de l’autre.

Je m’étais jetée sur le côté, emportant avec moi Halda qui s’était trouvé juste à côté. Il y eu des cris, je sentais des pierres me heurter et le griffer le visage. J’étais à terre avec la mage quand les secousses cessèrent. Je me mis à tousser, me relevant en titubant un peu. Il y avait de la poussière partout, la pièce étant remplie d’un nuage épais qui brouillait a vue. J’essayais de repérer les autres, les appelant.

" Vous m’entendez ? Servis ! Wallace ! "

J’entendais de l’autre côté de la salle des bruits de mouvement, des toussements et quelques gémissements. Bon, certains étaient en vie. La poussière tomba peu à peu, montrant les différents dégâts. Des éboulis étaient tombés dans la rivière, en bloquant en partie le court d’eau et faisant tourbillonner les eaux. Heureusement les blocs ne bloquaient pas assez pour que la rivière déborde, en revanche le pont était complètement brisé. De l’autre côté je vis des esclaves, mais surtout la stature imposante de Wallace et celle plus frêle de Servis. Je pouvais entendre à côté de moi le soupire de soulagement d’Halda. Pour qui était ce ? Bonne question. Quoi qu’il en soit, il fallait analyser nos options. Nous étions du bon côté du pont, là où le chemin poursuivait la route. Eux en revanche étaient restés coincés de l’autre côté. Je jetais un coup d’œil au point, regardant si nous pouvions le réparer avec la magie. Mais tout était complètement en miette, et il n’y avait pas assez d’élément pour en reconstruire un nouveau. Traverser la rivière en furie était également hors de question. Je soupirais.

" Je crois qu’il va falloir que vous trouviez une autre issue. Il y a peut être une autre galerie qui rejoint la nôtre. Il vaut mieux ne pas rester ici."

Il fallait espérer que la chance soit avec eux. Le nain n’avait rien mentionné sur un autre passage. Mais vu qu’il y avait plusieurs entrées de galeries de leur côté, peut être qu’il y aurait un chemin plus sûr ? Quoi qu’il en soit, il fallait continuer.

Aesthia n'avait pas exactement bien reçu les bavardages mondains et enthousiastes prodigués par Servis. Elle semblait tendue, soucieuse même de l'agitation fébrile qui s'était emparée du groupe. Mais Servis quant à lui ne s'inquiétait pas des ronchonnements des nains, ou des craintes des esclaves privés de maître : il savait que toute expédition devait traverser une phase de doute, une phase de flou, où la détermination de tous les membres pouvait être testée. Généralement ces phases ne duraient que le temps des heures creuses : dès que surviendrait le prochain événement inattendu ou tragique, tous les membres se souderaient de nouveau. Il en allait de leur survie après tout. Et puisque Servis ne s'inquiétait pour le moment de rien, il papillonnait de groupe en groupe, cherchant à se créer des distractions, à éloigner son ennui. L'apparition d'un petit groupe d'engeance fut le point culminant de cette seconde journée. Il lança paresseusement ses boules de feu, laissant aux combattants le plaisir de lancer plusieurs assauts, et laissant le soin à Aesthia de décharger son irritation sous la forme d'éclair ravageurs. Puis, dans une petite grotte, la troupe s'installa pour passer la nuit. Alors qu'il prenait place sur sa couchette à même le sol, Servis réalisa pour la première fois à quel point sa journée à papillonner avait pu l'épuiser. Il s'endormit profondément, et ne fut pas même réveillé par l'esclave apeuré par la troupe de cochards.

Jour deux. Un mort mystérieux. Engeances.

Comme il en avait déjà été le cas la veille, leur expédition emprunta de nombreux passages stabilisés et décorés par les nains. Ces voies gigantesques, aussi larges que hautes de plafonds, semblaient être éternellement mises en lumière par des torches aux flammes perpétuelles. Et dire que fut un temps, ces galeries rejoignaient toutes les villes importantes de Thédas... Ce devait être magnifique. Pensa Servis, en quittant à regret l'une de ces belles voies pour s'enfoncer à la suite du convoi dans un boyau de terre beaucoup moins engageant.
En suivant les indications fournies par le nain torturé, la troupe progressa rapidement de boyaux en routes, franchissant les gouffres et contournant les effondrements. Ils arrivèrent finalement dans une salle impressionnante, traversée par un cours d'eau puissant. Aesthia ordonna une pose, et chacun se dispersa de part et d'autre du pont solide traversant le torrent souterrain. Initialement, Servis avait pensé rejoindre Aesthia et Halda afin de jeter un nouveau coup d’oeil à leur carte. Mais alors qu'il contournait à grandes enjambées le groupe d'esclave entassant les provisions et le matériel en une pile exagérément haute, Wallace se planta devant lui, le regard sombre.

Mais avant que le templier ne puisse répondre, Aesthia cria depuis l'autre côté du cours d'eau. Presque au même instant, il y eut un craquement sinistre, signalant l'ouverture d'une brèche dans le plafond. Le templier sauta vers l'arrière, fauchant le mage au passage, lui évitant ainsi d'être écrasé par l'un des énormes blocs de roche brute se décrochant du plafond. Une partie des torches allumées, tenues pour la plupart par les esclaves, furent soufflées ou éteintes par les projections d'eau, si bien qu'il était très difficile pour Servis de comprendre ce qui venait de se passer. Il se releva difficilement, tendit une main charitable vers Wallace, et épousseta ses vêtements, constatant un trou disgracieux apparu au niveau de son genou droit. Il râla, et alla récupérer son bâton-lance, partit rouler plus loin.
La voix d'Aesthia retentit depuis l'autre bout de la salle. Était-ce de l’inquiétude que Servis sentait poindre au delà de ses mots ?

Répondit Servis tout en jonglant distraitement avec une boule de feu. Il fit rapidement le tour des survivants coincés avec lui de ce côté-ci de la salle : Wallace, cinq esclaves blancs comme la mort, tassés les uns contre les autres, un nain du carta se relevant avec un manque de souplesse flagrant et ....

S'exclama brusquement Servis en Tévène en voyant les cinq esclaves tenter d'emporter tout le matériel avec eux. Il leur fit abandonner les tentes, devenues de toute manière obsolète, ainsi qu'une partie du matériel de confort. Il voulait garder les esclaves en forme, aptes à se battre, s'il le fallait. De plus il n'était pas certain qu'ils pourraient rejoindre rapidement l'autre côté par l'une de ses autres ouvertures... Les tréfonds pouvaient vite s'apparenter à des labyrinthes, et Servis avait déjà l'habitude de se perdre dans les dédales de Minrathie alors qu'il y avait vu le jour... Il tapota avec affection l'épaule du membre de Carta et claqua avec affection la nuque du membre de la Légion. En faisant tournoyer son bâton en suivant un rythme connu de lui seul, il guida son expédition réduite vers l'ouverture la plus proche du courant.

En faisant toujours tournoyer des flammes inoffensives autour de lui, Servis s'était laissé distancer par une partie du peloton. Les deux nains ouvraient la marche dans l'étroit, trop étroit, boyau de terre humide qu'ils empruntaient alors, certainement guidé par l'appel de La Pierre. Puis suivaient Wallace, que suivait le mage. Les esclaves, laissés livrés à eux-mêmes, fermaient la marche traînant avec eux les rations de nourriture, d'eau et le matériel nécessaire à la poursuite de l'expédition. Servis ne les surveillait que très peu, plaçant peut-être trop de confiance entre leurs mains. À la place, Servis préféra s'attaquer à un problème nettement plus épineux :

Le mage, distrait, se brûla légèrement la paume et faillit perdre le contrôle de sa boule de feu. D'un mouvement fluide il la fit disparaître et usa ses cendres encore chaudes pour en former une nouvelle. Mais ce court moment sans lumière permit aux nains de têtes de déceler quelque chose :

Ne put s'empêcher de lâcher Servis tout en raffermissement la prise de son bâton de mage.

Servis, qui a la grande surprise des esclaves avait déjà fait volte-face, s'immobilisa. Quelle explication rationnelle pouvait-il apporter à cette question ? Il sentit le regard étonné que lui portait Wallace et, bien que n'ayant habituellement pas honte d'assumer ses craintes, il se surprit à trembler légèrement. Il ne pouvait pas se permettre de perdre ainsi la face devant le templier. Agacé, et pour gagner un peu de temps, Servis s’aplatit contre le mur pour permettre aux esclaves de le dépasser.

Le mage adressa alors un sourire forcé à Wallace, lui signalant qu'il pouvait reprendre son avancé. Laissé en arrière du groupe, Servis sentit son cœur battre plus fort contre sa cage d'os. Il fit filer sa boule de feu vers l'avant, prenant gare à l'envoyer au-dessus des têtes des membres du groupe, et demeura un moment dans l'obscurité quasi totale du boyau. * Tu savais que tu en croiserais. Reprends-toi Stupide. Respire un grand coup pendant que tu le peux encore, et rejoint les autres.* Puis, alerté par un bruit suspect en provenance de l'autre bout du tunnel, Servis se décolla du mur et rejoint le reste de son équipe au pas de course.

C'est un mage blême, agité et migraineux qui émergea de nouveau de la portion de coursive humide infestée de lyrium rouge. Le petit nain Légionnaire, qui l'instant d'avant s'était amusé à détruire un cristal de lyrium à l'aide de sa hache courte s'approcha de lui lourdement.

Servis, la respiration encore haletante après son coup de colère, se prit la tête entre les mains. Son regard croisa un instant celui de Wallace, et il laissa retomber ces bras. Il mit un coup hargneux, en utilisant la lame de sa lance, dans la paroi même du tunnel et cria :

Ils marchaient depuis des heures sans avoir aucune idée quant à leur réelle progression : allaient-ils au moins dans la bonne direction ? Servis avait totalement laissé la main aux deux nains, et n'avait pas remis en doute leurs paroles alors qu'ils lui avaient assuré avoir entendu le cours d'eau au-dessus de leur tête, à un moment donné de leur progression. Alors, lorsqu'ils entendirent les voix familières se réverbérer dans leur tunnel, même les esclaves firent éclater leur joie.
Ils ne s'étaient pas perdus, les autres les attendaient !