Chasing the Red Hiding Stuff (Pv Servis)

Les membres de l'expédition s'amassaient autour de lui, prêt à en découdre. Servis grimaça : il aurait préféré ne pas attirer l'attention sur l’échauffourée. En un sens il parvenait à comprendre la volonté de ces esclaves, leur désespoir aussi. Mais ils s'étaient montrés stupides : comment croire qu'ils pouvaient réussir à se débarrasser des deux maîtres sans éveiller les soupçons ? Leur premier meurtre avait dû leur donner des ailes. Peut-être s'étaient-ils imaginés capable de supprimer tous les autres membres de cette expédition, pour ensuite s'enfuir dans le vaste monde, anonymes et enfin libres. Le mage lança un regard amusé au nain ivre, comprenant qu'il avait été mis dans la confidence, comme très certainement les deux autres mercenaires. Débarrassés de la partie Venatori de l'équipe, les mercenaires et les esclaves pouvaient s'emparer des nombreux trésors croisés sur leur route, et remonter à la surface par les boyaux nettoyés les jours précédents. Le plan était plausible, il aurait très bien pu marcher, si le légionnaire n'avait pas tant bu et trahis sa propre organisation.

Servis était un Laethan. Ses ancêtres ne devaient pas être très différents de ces esclaves. À ses yeux, les esclaves étaient des travailleurs, et non des outils. Mais les choses devaient être très différentes à l'esprit d'Aesthia. Elle descendait des premiers rêveurs. Elle n'était pas prête à pardonner cette trahison compréhensible. Dans un déchaînement de violence particulièrement spectaculaire, elle fit appel au pouvoir du sang et de son démon pour punir les traîtres. Dans le tumulte qui s'empara des mutins, une abomination apparu, semant la mort autour d'elle. Vite, il ne resta presque plus personne debout, si ce n'était ce stupide démon.

Désireux de mettre un terme rapide à cette situation grotesque, Servis déchaîna les flammes les plus terribles qu'il put invoquer, et carbonisa l'abomination qui s'effondra, encore plus noire et desséchée. Une terrible odeur de cochon s'éleva dans le couloir, emportée par les courants d'airs des tunnels.

Cria le légionnaire, jetant son outre encore pleine d'alcool par-dessus son épaule. Servis lui offrit son regard le plus noir.

Déclara-t-il en approchant son pouce et son index de manière à presque les faire entrer en contact. Il attrapa ensuite le nain par le col de sa tunique, et le tira dans l'autre sens, l'éloignant de l'attroupement. Ils avaient perdu beaucoup d'hommes. Trop d'hommes. Stupidement.

Jour quatre. Mutinerie. Abomination. Nombreuses pertes.

Une boule de feu vint réduire en cendre l'apparition démoniaque, et je jetais un semblant de regard noir à Servis qui s'en allait en trainant un nain avec lui. Je comprenais qu'il avait agit pour pacifier les autres, prenant le rôle du "gentil" dans l'histoire. Mais moi, je me plaisais parfaitement dans le mien, légitime et juste dans ma colère. D'une voix acerbe et sèche, j'ordonnais à tout le monde de se disperser.

"Retournez vous coucher."

Dans le silence chacun revint à sa tente, bercé pour les échos des cris et l'odeur âcre de brûlé.


Le lendemain tout le monde se remit en route sans un mot. L'ambiance était glaciale, mais les choses étaient claires. Nous traversions le fossé, reprenant une autre galerie naine ornementée mais plus sombre. après plusieurs heures de marches, nous pouvions voir de grandes galeries naines aux plafonds recouvert par endroit de lyrium rouge. L'atmosphère était étrange, et je pouvais sentir le démon dans le médaillon s'agiter. A regarder les inscriptions et sculptures sur les parois, il y avait quelque chose de différent par rapport aux habituelles croisées naines.

"Nous devons y être... Cela ressemble à ce qu'il recherchait. Fouillez les lieux, faites attention aux pistes."

Maintenant, il fallait explorer les lieux. Nous montions le camps à l'entrée, une première équipe partant en éclaireur. Je restais en arrière pour faire quelques prélèvements de lyrium rouge, faisant bien attention à leur contact. Il était.. différent de celui de la surface. Il vibrait d'une autre manière, de façon plus sauvage... J'étais assise sur un rocher à prendre des notes quand Wallace vint me faire son rapport.

"Dame Aesthia, il y a des traces d'une expédition, mais elle est ancienne. Sans doute celle de l'Adepte. Je crois qu'ils ont du atteindre les lieux mais... Aucune trace de l'idole."

Je fronçais des sourcils, fermant mon carnet sèchement. Je m'y attendais un peu, mais le fait qu'il n'y avait aucune idole et qu'aucune nouvelle à la surface de sa vente rendait les choses moins aisées. Où pouvait elle bien être ? Avait elle seulement existé ou... n'avait elle juste jamais atteint la surface ? Je me levais, pestant contre ce retard et la déception presque assurée de l'Ancien. Mais il ne fallait pas abandonner pour autant.

"Tch... Il doit y avoir une piste sans doute. Continuez de chercher et essayer de trouver un passage par lequel ils ont pu partir."

Wallace s'inclina légèrement, repartant de son côté pour lancer un nouveau groupe d'éclaireur. De mon côté je cherchais du regard Servis, et dû marcher jusqu'à un endroit où le lyrium rouge ne se trouvait pas pour le trouver lui. Je m'avançais vers lui, lui faisant un retour sur la situation.

"Servis, rien n'a été trouvé mais nous continuons les recherches. Je pense qu'ils ont du trouver ici quelque chose, sinon ils n'auraient pas laissé les choses inutiles ici. "

J'espérais qu'il était du même avis, ou que de son côté il ait trouvé autre chose d'utile. Nous ne pouvions rentrer bredouilles, pas après tout ce que cela nous avait coûté.

Le Thaïg se révéla être très exactement ce à quoi c'était attendu Servis : une colonie fortifiée sombre, désolée et infestée de lyrium rouge. Le groupe, à présent plus que réduit, que formait leur expédition se dispersa rapidement, et chacun se mit à fouiller une zone différente de l'immense structure naine. Servis suivit un moment les deux nains envoyés en éclaireur, sentant son sillage les pas apeurés des derniers esclaves en vie, qui avaient depuis l'incident de la veille tendance à le suivre comme des poussins suivent leur mère oie. Il se retourna et les renvoya d'un geste de la main, se détachant lui-même des nains alors qu'il avait parcouru les trois quarts de la longueur de la structure. Une zone, plus sombre que les autres, avaient attiré son regard.

Le Thaïg entier vrombissait sous l'action subtile du lyrium. Une chaleur insupportable, bien différente de celle du sable au soleil, irradiait des colonies de ces maudits minéraux, et le mage sentait déjà une méchante migraine poindre dans son crâne. Alors qu'il se massait les tempes, il s'approcha de cette zone plus sombre, épargné pour le moment de toute colonisation. Dans la pénombre, il remarqua la carcasse d'une petite maison, à peine une cabane, vraiment, aux murs de pierre épais et à la toiture d'or. Il l'examina, circonspect, avant d'aller de nouveau observer, à contre cœur, les formations de lyrium rouge la jouxtant. C'était étrange : quelque chose semblait avoir arrêté leur avancée en direction de cette petite cabane. En haussant les épaules, toujours attentifs aux bruits de recherche qui s'élevaient du reste du Thaïg, le mage s'engouffra dans la bâtisse.

En s'éclairant d'une simple flamme dansant au bout de ses doigts, Servis examina l'intérieur avec attention. Comme seul mobilier on pouvait trouver une large table de pierre et un coffre éventré dont s'élevait encore une légère odeur de fer oxydé. Mais ce n'était pas tout : Servis pouvait sentir tout autour de lui le chant du lyrium vicié, et pourtant aucun n'était visible. Il se mit alors à tâtonner les parois, à la recherche d'un quelconque mécanisme. Son index s'enfonça dans une fente invisible, et buta contre un petit levier. D'une légère impulsion, il le souleva, et un déclic se produisit, aux abords du coffre. Du pied, et en usant d'une bonne partie de sa force, Servis repoussa le coffre, l'éloignant du mur. Alors dans le mur de la cabane de pierre, une porte secrète se dévoila, et l'infâme lueur rouge du lyrium éclaira la pièce, poussant le mage hors de la cabane. Il avait néanmoins eu le temps d'apercevoir les trois coffres entassés dans cette pièce dissimulée.

Répondit-il à Aesthia, alors qu'elle l'avait rejoint, pensant certainement le trouver dans une zone épargner de lyrium. Il s'éloigna ensuite, rejoignant le centre du Thaïg et observant avec attention son architecture globale. Il chercha à reconstituer la vie des habitants de cette colonie, avant qu'ils ne soient obligés de la quitter. Il chercha à comprendre où ils auraient bien pu exposer une idole impie. Mais la tâche n'était pas aisée.

Finalement ils ne trouvèrent rien d'autre que les trésors oubliés par les raids précédents. Quatre caisses au total d'or et d'argent sous forme diverse. Mais de l'idole il ne restait aucune trace. De par son expérience, le mage ne s'en étonna pas : il était rare de pouvoir retrouver un artefact précis, une fois celui-ci déplacé. Surtout quand ce dernier possédait de grands pouvoirs. Finalement, il n'était pas mécontent de ne pas pouvoir l'examiner, et de savoir qu'Aesthia ne mettrait pas la main dessus.

Jour cinq. Thaïg. Échec.

Sans grandes convictions à présent, ils suivirent les traces laissées par les précédentes expositions. Elles les conduire aux premiers cadavres, disséminés dans une portion sombre des Tréfonds. Puis ils passèrent dans un boyau, plus organique qui en serpentant leur fit perdre toute notion de position. Ils se reposèrent une fois avant d'entendre le bruit familier de la grande salle traversée par un cours d'eau souterrain. Le mage retrouva les affaires qu'il avait faite abandonner à son équipe alors que l'effondrement s'était produit, et se chargea d'une partie du matériel abandonné. Les traces de la précédente expédition s'arrêtaient là, noyées par les propres restes de leur passage. Ils n'avaient plus aucun espoir de retrouver l'idole. L'expédition avait été un désastre.

C'est en silence qu'ils rejoignirent la surface, sans rencontrer la moindre difficulté. Là Servis abandonna Aesthia, désireux de rentrer au plus vite à la Porte du Ponant, où de très nombreuses responsabilités l'attendaient sans aucun doute. Il ne souhaitait pas repasser par Kirkwall, et assister à la mise à mort quasi certaine des mercenaires de leur expédition. Après des adieux brefs, il rejoint le village le plus proche d'où il se fit embarquer sur un bateau en direction d'Orlais. Sur le ponton il rédigea avec soin deux rapports d'expédition : un honnête retraçant avec exactitude toutes leurs péripéties, et un second où il imputait leurs pertes aux échauffourées les opposants aux engeances. Il fit ensuite une copie de ces deux rapports, qu'il adressa à Aesthia. Libre à elle de transmettre officiellement la version qui lui plaira.

Puis il s'endormit, heureux de s'éloigner vivant de ce désastre. D'autres n'avaient pas eu sa chance.