Les 1001 Recettes de Mère Flamel (PV Fab)

Un chat qui pouvait parler. Ma seule pensée était désormais sur cette étrangeté des moins rassurantes. Si l’Ordre m’avait appris une seule chose bien, c’était de ne pas plaisanter avec les démons, de ne JAMAIS faire le moindre accord avec eux.

Ainsi, ne cherchant pas les emmerdes, je réalisai que c’était totalement l’intention de ma patronne de faire un accord avec. Je me contentais de juger en silence, car l’heure n’était pas au débat.

Ainsi, je les laissai converser comme si parler avec un chat qui parlait n’était qu’une simple banalité, le regard parcourant les étagères emplies de bouquins.

◊ Mh... Je le sens oui. Mais qu'en est il de votre compagnon ? Sa peur me semble des plus délectables, car il se croit à l'abri derrière son masque mais tout se révèle à moi... Laissez le moi, et je pourrais vous laisser obtenir ce que vous souhaitez.

Pardon ? Me laisser à un démon ?? Elle n’y pensait tout de même pas.

◊ Malheureusement il m'est encore utile, je ne peux m'en séparer pour l'instant. Mais nous pouvons sans doute trouver un compromis intéressant. Vous semblez... enfermé ici contre votre gré. Sinon pourquoi un démon tel que vous serait à croupir ici, alors qu'il y a tant d'âme à faire crier d'horreur tout autour ?

Elle y pensait. Et elle était réellement en train de passer un accord avec un démon. Je croyais que nous étions là pour un bouquin, il faudrait savoir. Et qu’on ne vienne pas me faire le coup du « oui mais c’est là, autant profiter ». UN DEMON. Ces choses qui maintenant passaient des portails et transformaient les mages en abominations. Je me retins avec force de me masser la tempe tant je trouvais la situation dérisoire et stupide. Mais je conservai mon stoïcisme, profitant du masque pour ne rien révéler visuellement.

Ils échangèrent encore, le démon étant plus à la merci des propositions de ma Dame. Cela ne changeait rien à mon avis sur le sujet : c’était une terrible idée. Ça, sans parler du fracas de la porte précédemment, ça a dû attirer l’attention. Mon regard glissa alors vers notre seule issue, désormais close, priant pour qu’aucun garde ne nous attende à la sortie. Ce dont je doutais fortement. Super.

◊ Vous m'offrez votre compagnon alors ?

Je retins un râle, agacé que toute l’attention d’un foutu démon soit posée sur moi. J’avais déjà ma malédiction, merci mais non merci. Allez posséder quelqu’un d’autre, si possible très TRES loin de moi.

◊ Non pas celui là, il ne vous plairait sans doute pas il sens l'elfidée et se trouve tout moisi à l'intérieur. Non, ce qu'il vous faut c'est un corps solide qui puisse vous aider à vous fondre parmi les humains. Laissez nous prendre le livre et partir, en échange de quoi je vous libère et vous aide à posséder un autre corps.

Notant la description très élogieuse de ma personne – ressembler à un animal mort avait toujours ses avantages, dans toutes les circonstances –, j’écoutais la proposition de dame Amladaris d’une oreille attentive. Nous étions sur le point d’aider un démon à posséder quelqu’un. Créateur, ce blasphème.

◊ Mhh... Je ne peux pas vous faire confiance. Si je vous laisse partir, qui me dit que vous remplirez la part de votre contrat ? Vous semblez beaucoup tenir à ce Cide et à ce précieux livre, mais je tiens tout autant à ma liberté. Et j'ai cruellement faim...

Le démon pondérait l’idée, même si bordel pourquoi nous étions en train de faire un accord avec un démon qui en plus voulait me bouffer ?! Uh, du calme, du calme. Déjà, il voulait moins me bouffer. Pas que je lui en veuille, j’avais mon charme et tout, mais je préférerais une réelle compagnie à un DEMON.

Mais dans le plus grand des calmes, la patronne se tourna vers moi pour me donner des instructions.

◊ Je suppose que vous ne voudrez pas rester en tête à tête avec le démon, et que de toute façon vous êtes le mieux placé pour aller capturer discrètement quelqu'un. Le mieux est de ne pas tuer la personne et de juste l'assommer. Prenez ce qui vous tombe sur la main, de préférence sans attirer du monde. En attendant, je vais essayer de faire parler le démon pour en savoir plus sur ce mage et où se trouve le livre. Cela vous va ? 
◊ Donc je sors, je ramasse un garde au pif et je reviens.

Cela me semblait être un bon plan. Me tenir loin du démon l’espace d’un instant, pour faire un truc pour lequel j’étais payé. Je haussai des épaules, tout en pointant la porte du pouce.

◊ A mon avis, vu le fracas qu’a causé la porte précédemment, ils doivent être proches d’ici. J’en aurai pas pour long, faudra juste m’ouvrir là, quoi.

Le chat possédé roucoula un petit rire, tandis que j’avais déjà tourné les talons pour QUITTER CETTE PIECE. Le sceau sur la porte disparut de nouveau, et je m’empressai de sortir, sans faire le moindre bruit.

CREATEUR J’ETAIS DEHORS. Oh wow. Plus jamais. Foutus démons. J’entendis alors le sceau se reformer sur la porte, mais ce n’était plus mon affaire, pour le moment. En vrai, je pourrais partir comme j’étais entré et la laisser là avec ses accords dangereux et ses foutus démons. Mais bon. Ce n’était jamais bon pour les affaires, ça.

Je partis alors sur la pointe des pieds vers les escaliers et observai au mieux. Certains gardes faisaient la ronde en bas, personne à ma hauteur. Curieux.

Maintenant, la grande question : comment attirer l’attention d’un seul garde, le tout pour le remonter jusqu’ici sans se faire repérer. J’analysai la salle depuis mon perchoir, essayant de mémoriser leur mouvement de ronde.