Poussière, tu n'y retourneras pas.
9:42 du Dragon
Feat. Lukan Rancelion
Ancien élève - ■ ■ ■ ■
Poussière. Humidité. Froid digne de la mort elle-même.
Pas de soleil. Pas de chaleur non plus, mais je ne sentais plus la différence. Le pain était telle une merde durcie par le temps et la négligence. L’eau était tel du sable. Au moins ici, l’on me donnait quelque chose pour survivre un minimum, même que ce n’étaient pas les besoins les plus urgents pour mon âme, loin de là même.
Fumer.
Le mur était froid contre mon dos, découvert et encore en relatif mauvais état. Les chaînes que je portais aux mains et aux pieds étaient si glacés que je ne les sentais même plus. L’habitude, il fallait croire.
Depuis combien de temps n’avais-je pas consommé d’elfidée ?
Mes mains tremblaient. Mon regard fixait le vague, tandis que mon esprit était constamment assailli de mille et un cris, de mille et une demandes irrationnelles et désespérées. Je ne me souciais plus de l’heure, du jour exact, de la dernière fois que j’avais pu fermer l’œil.
J’avais besoin de fumer putain.
Parfois, il m’arrivait d’halluciner, tant la fatigue et le manque martelaient mon cerveau. Une fois, c’était Roland qui m’avait payé une visite. Malgré sa droiture de posture, il daigna s’asseoir à côté de moi dans la poussière de cette cage, me signalant simplement que si je craquais, il en rirait. Que j’aurais dû être égoïste. Les laisser dans la merde avec ce trou à démons. Après tout, protéger la cité était leur devoir, et pas le mien. Parfois, je me demandais si je devrais réellement l’écouter pour une fois.
Et puis, ce fut au tour d’Emmett de me tenir compagnie. Etrangement, il était revenu à plusieurs reprises, probablement par pitié. La première fois, j’avais laissé la rage prendre le dessus, et j’avais hurlé à pleins poumons. Je lui demandais de partir, de me foutre la paix. Je me souvenais l’avoir insulté également, mais pas de tous les détails non plus. On m’avait frappé au point de me faire perdre connaissance pour me faire taire.
Mais Emmett était patient avec moi, comme il l’avait toujours été, finalement. Il s’asseyait en face de moi avec la dignité d’un héritier Trevelyan. Au début, il ne disait rien. Il m’observait. Puis, les fois suivantes, il me demandait pourquoi je faisais ces actions. Qui j’étais. Quel était mon but, à présent.
Et comme lors de notre réelle dernière rencontre, il me disait que quoi que furent mes actions passées, il me pardonnerait. Que nous étions frères. Qu’il était toujours plus facile de se laisser tenter dans la vengeance et le meurtre que d’accorder le pardon, que ce soit son pardon, ou mon propre pardon. Pardon. Etait-ce quelque chose que je pouvais encore atteindre, avec autant de sang noir sur les mains ?
Le pardon.
Je commençai à rire, un rire maladif, un rire étouffé. Ma voix déformée résonnait dans le donjon.
Mes oreilles entendirent cependant des bruits de pas, une porte qui grinçait. Ils revenaient déjà. Etait-ce important ? Peut-être. Je ne savais plus trop. Mes oreilles entendirent une voix vomir des mots, qui ensemble étaient censé faire un minimum de sens.
◊ C’est la deuxième semaine de captivité, et la folie le gagne déjà. Parfois il parle tout seul, parfois il hurle ou éclate de rire sans raison. Je ne sais pas si vous obtiendrez quoi que ce soit de lui, à mon avis c’est déjà une loque. On devrait l’abattre.
M’abattre. Atteindre la mort. Déjà. Enfin. Mon rire s’envola encore une fois, amer, aiguisé.
◊ Parce que vous pensez que le Créateur en a fini avec moi, comme c’est adorable.
Evidemment qu’il avait besoin de se foutre de notre stupidité, en plus de nous tourner le dos. On lui servait d’amuse-gueule, et j’étais au premier rang sur cette drôle de scène qu’on appelait Thédas. Un roi ne tue jamais le bouffon qui le fait le plus rire.
Mon regard était quelque peu flou, mais bel et bien planté sur le templier qui venait d’entrer dans cette partie du fort. Quelqu’un se trouvait avec lui, un visage que je ne connaissais pas ; du moins, pas que j’aie vu dernièrement dans cet étrange purgatoire.
Invité
Heureusement que j’avais réussi à faire pression sur les templiers pour qu’il me laisse parler au prisonnier. Mon seul regret fut de devoir invoquer le nom de Sébastien. J’espérais que cela ne remontrait pas aux oreilles du Prince. Si j’étais un peu près sûr de trouver le mensonge plausible à ma présence en ces lieux, je n’aimais vraiment pas lui mentir. Mais là, il ne s’agissait pas de moi… pas seulement de moi, mais aussi d’Aelan. Si j’avais un certain affect pour celui qui fut, il y a longtemps, mon tuteur, je ne pouvais qu’espérer que ce Déicide ne soit rien de plus qu’une idée farfelue et fantaisiste de ce cher rival… ou une plaisanterie étrangement bien élaborée.
Lorsque les rumeurs de sa capture par Léah me parvinrent, je pensais que le Créateur me souriait… je n’aimais pas ça. Trop facile… la lettre et arrivait à peine moins d’un mois après la nouvelle de sa capture ? Reece… cet homme avait su passer entre les mailles du filet pendant plus de 20 ans, alors pourquoi maintenant ?
J’eu accès à ses affaires… rien de surprenant… du matériel d’aventurier, ou d’assassins, classique. La quantité d’eflidée, voilà ce qui me surprit le plus… pourquoi en avoir autant ? Je profitais pour me servir. J’ignore si le garde n’osa pas commenter ou s’il n’en avait rien à faire, mais je pus me servir.
Le templier développa la… déplorable attitude de son invité. Arguant qu’il vaudrait peut-être mieux se débarrasser de lui. Mais cela ne serait que miséricorde pour les vies qu’il avait spoliée. Innocente ou non, j'en avais cure. Il n’avait aucune légitimité à faire ça.
« Il est bien plus utile vivant que mort… »
Enfin, là… il était bien plus mort que vif. Les templiers voulaient ils le tuer ? Ou peut-être ce laissait-il mourir. Merde. S’il était fanatique à ce point, la méthode douce ne suffirait sûrement pas… peut-être même la méthode moins douce.
Je m’avançais à la hauteur du prisonnier. Son visage… je n’arrivais pas à savoir si cette impression de déjà-vu me venait des théories d’Aelan ou si je l’avais vraiment… bref…
Je me tournais vers le templier.
« Bien… laissez-moi à présent. »
« Mais, messere… »
« C’est un ordre, Templier. »
Je jetais un regard inquisiteur à l’infortuné templier. Un mercenaire des Anderfels m’avait appris à faire ce genre de regard contre un peu de pain… L’homme s’exécuta. Il recula et sortie de la cellule. Il se mit hors de ma vue, mais je n’entendis pas ses pas s’éloigné. Je jaugeais rapidement. J’étais suffisamment loin pour qu’il ne m’entende pas si je ne faisais que parler.
« J’ai entendu dire que tu te faisais appeler le Déicide. C’est un surnom peu commun… »
Je m’approchais de nouveau pour voir de plus près son visage, je marquais chaque trait, chaque détail, mais impossible de me convaincre qu’il ne s’agissait pas de Reece.
« Oh… je ne suis pas un templier, si c’est ce que tu te demandes. Je suis juste un guerrier qui travaille parfois pour l’Ordre… »
Je m’éloignais de quelques pas.
« Tu ne voudrais pas me dire ton vrai nom ? je dois avouer que voir un prétendu ‘‘déicide’’ dans cet état me fait doucement sourire… »
Poussière, tu n'y retourneras pas.
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Un jeune homme se tenait devant moi à présent. Le templier s’était fait chasser. Quelque chose dans son visage me semblait familier. Ou sa voix, comme un souvenir que le temps avait déformé pour la rendre plus grave. Mais où ..
◊ J’ai entendu dire que tu te faisais appeler le Déicide. C’est un surnom peu commun…
Je relevai le regard vitreux vers lui, le sourire prêt à bondir. Les interrogatoires reprenaient, cette fois-ci avec un autre volontaire ? Il ne semblait pas être un templier, pourtant. Le jeune homme s’approchait de moi, m’observait avec soin.
◊ Oh… je ne suis pas un templier, si c’est ce que tu te demandes. Je suis juste un guerrier qui travaille parfois pour l’Ordre…
Intéressant. Un mal perça mon crâne progressivement, tel le ver creusant la pomme. Je serrai des dents, ne le quittant pas des yeux.
◊ Tu ne voudrais pas me dire ton vrai non ? je dois avouer que voir un prétendu ‘‘déicide’’ dans cet état me fait doucement sourire…
Insolent et faussement modeste, intéressant, en effet. Je redressai quelque peu ma posture, avant de sourire comme je pouvais.
◊ Navré si mon nom te dérange, « juste un guerrier qui travaille parfois pour l’Ordre ».
Après tout, lui non plus n’avait pas donné de nom. Ah, la jeunesse, prenant toujours de haut plus vieux que soi en pensant tout savoir du monde. Comme c’était adorable.
Je sentis cependant une espèce de malaise grandir en moi. Mais je poursuivis, l’air de rien. Quelque chose allait m’arriver.
◊ Pour être honnête, je trouve le tien un peu long, mais ne le prends pas mal. « Juste » suffira ? ou alors « guerrier », peut-être .. qu’en dis-tu de « parfois » ? C’est pas mal, « parfois ».
J’avais envie de l’emmerder un peu. De toute façon, rester muet ne m’arrangerait pas. Mais quelque chose d’autre demeurait : il avait expédié le templier, et lui comme moi savions fort bien que ses pas n’avaient pas résonné en signe de départ. Se savait-il écouté ? Je gardai cette carte dans ma manche, ne savait-on jamais.
◊ Qui suis-je, Ser Parfois ? Je ne connais de moi que ce que j’ai perdu, je suppose.
Une phrase sans doute aléatoire, mais qui signifiait beaucoup pour mon existence, finalement. Les seuls buts, ou vengeances, étaient liées à des pertes, et ne faisaient que me définir, au final. Quel triste constat, à l’article possible de la mort. Mais à déblatérer des insanités, j’avais un vain espoir de le rendre quelque peu confus : c’était si malléable, un jeune idéaliste dans son genre.
Invité
Bon… cela commençait mal. Il refusait déjà de répondre à mes questions. Je pris la chaise, un des rares meubles dont les prisonniers peuvent profiter, et je m’assieds à quelques pas du prisonnier.
Il tenta, pitoyablement, de faire un trait d’humour… sans doute pour m’énerver. Qu’espérait-il ? que je l’achève ? Mmh… Peut-être plus tard, s’il ne me sert à rien… je lui offrirais une mort digne.
« Le ‘‘Ser’’ est de trop… ‘‘Parfois’’ suffira. »
Bon, inutile d’aller dans les extrêmes justes pour une stupide boutade. Qui me rappelait, malheureusement, celle de Reece… enfin… c’était il y a bien longtemps… et encore une fois mon cerveau faisait peut-être une étrange association.
« Très bien… puisque tu refuses de me donner ton nom… que dis-tu d’Eliott ? Tu as une tête à t’appeler Eliott. »
Eliott… si mes souvenirs étaient corrects (et ils l’étaient, j’en suis sûr) c’était le second prénom de Reece Trevelyan.
« Bon… Eliott. Je me demandais si tu voulais bien collaborer simplement… Réponds seulement aux questions, je te prie. »
Je lançais un petit sourire à celui qui pouvait être Reece. Pour le moment, j’étais calme et uniquement là pour discuter… lorsque l’interrogatoire commencera vraiment, je ne laisserais pas le templier à la porte l’entendre… surtout que certains pourraient être au service de la Maison Trevelyan. Si je ne voulais pas qu’on retrouve le prisonnier mort avant la fin de l’interrogatoire, ou qu’Aelan ait des problèmes, je devais me la jouer discrète.
« D’où viens-tu ? »
J’avais toute la journée, et de nombreuses méthodes pour le faire parler.
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Si mon interlocuteur était déjà quelque peu agacé par mes boutades, je le sentais fort bien. Sourire aux lèvres, je le regardais s’asseoir non loin de moi.
◊ Le ‘‘Ser’’ est de trop… ‘‘Parfois’’ suffira.
◊ Oh, mille excuses, Parfois.
Quelque chose dans le timbre de sa voix m’était familier .. Je chassai cette pensée, particulièrement quand je sentis une légère odeur d’elfidée, qui devait sans doute émaner d’une de ses poches. … Il m’avait dérobé de l’elfidée ??? Mon regard se plissa, tandis que les fortes tirades réclamant une latte se bousculaient dans mon cerveau. Quel mal de chien.
◊ Très bien… puisque tu refuses de me donner ton nom… que dis-tu d’Eliott ? Tu as une tête à t’appeler Eliott.
Ce seul mot me sortit de mon espèce de transe. Eliott. Mes yeux s’ouvrirent pour se poser sur lui. Cela ne pouvait pas être une coïncidence. J’avalai ma rare salive, avec ce drôle de frisson peu rassurant qui descendait le long de ma colonne vertébrale. Eliott. Il savait.
Mais qui diable était-il ? Le connaissais-je ?
J’émis malgré tout un rire, autant nerveux et désarticulé. Evidemment qu’il allait chasser le templier. Evidemment qu’il fallait que nous soyons seuls entre ces quatre murs. Mes mains tremblaient encore plus qu’avant, alors que certaines images me revenaient en mémoire.
◊ Bon… Eliott. Je me demandais si tu voulais bien collaborer simplement… Réponds seulement aux questions, je te prie.
Ainsi donc, l’interrogatoire allait commencer.
Je haussai donc des épaules, vu qu’il me demandait de ne répondre qu’aux questions. Ma foi, quitte à l’emmerder pour le faire patience .. Les jeunes craquaient rapidement, en général. Roland étant une des rares exceptions. Mais ce petiot m’avait déjà montré qu’il céderait rapidement à la colère et à l’impatience.
◊ D’où viens-tu ?
Je fis mine de réfléchir. Que pouvais-je bien répondre ..
Je me raclai la gorge, sèche à cause de mon manque d’hydratation, avant de tousser. Décidément. Je fixai le plafond, en quête d’une réponse, avant de rire.
◊ Je peux venir de partout et de nulle part à la fois, Parfois .. en quoi est-ce important pour les templiers de savoir ça ?
Pourquoi répondre aussi facilement ? Mais aussi .. pourquoi lui faire comprendre qu’avec l’utilisation de ce prénom, j’avais compris son tour de manège ? Des moyens de déstabiliser, il y en avait des millions, alors pourquoi ne pas envisager que ce soit un bluff ? Mais cette coïncidence n’en était clairement pas une .. Qui était-il ? Ou alors .. il ne faisait que travailler pour eux. Tout était possible, ce qui était véritablement agaçant.
Invité
Il répondit à ma question par une autre question. Bref, quelque chose d’aussi stupide avait sans doute pour but de m’énerver.
Je haussais les épaules. En réalité, je savais très bien que je devrais arriver un moment où un autre à la torture plus conventionnelle. Heureusement que j’avais apporté Ser Reece. Les rats avaient toujours une place privilégiée dans mon matériel de torture. Il donnait un coté plus vivant et imprévisible à la chose !
« Les templiers, je ne sais pas… je ne suis pas vraiment ici sous leurs ordres… du coup, je suis là pour faire la discussion, tu sais… par exemple, de mon côté je viens de Tévinter… tu connais Neromenian ? Je viens de ce coin-là. »
Bon, en réalité, je suis né à Starkhaven. Mais normalement, si ma mère n’avait pas perdu les eaux aussi tôt, mes parents auraient dû se trouver à une petite fête à Neromenian au moment de ma naissance. Donc j’aime me dire que j’aurais pu naître dans l’Empire Tévintide… Enfin, c'était une annectode que Reece connaissait. Mon père lui avait déjà dit. Alors je regardais ses réaction, sans vraiment attendre grand chose... il avait sans doute oublié.
« Bon, tu me dis si je me trompe… mais tu ne serais pas né à Férelden ? ou dans les Marches ? Hum… peut-être viens-tu de Tantervale ? Je trouverais ça ironique que ‘‘la ville où l’on entend le Cantique à toutes heures’’ est fait naître un dégénéré comme toi… »
Bon. Le « dégénéré » était un peu gratuit. Mais en même temps, il le méritait un peu, non ? Quoi d’autre qu’un dégénéré peut penser que ses crimes peuvent être pardonner uniquement parce qu’il a aidé la garde civile à contenir une faille ?
« Enfin bref… on va jouer à un jeu… je vais poser une question et tu vas répondre honnêtement, puis tu vas me poser et une question et je répondrais aussi honnêtement. Ça te convient ? »
Je me fichais pas mal de sa réponse. Je continuais.
« Tu aimes l’elfidée ? »
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Feat. Lukan Rancelion
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Le jeune Parfois ne semblait pas apprécier mes détours, ni même mes contre-interrogations. Mince alors. Et là, une migraine crispa les traits de mon visage. Super. J’avais besoin de ça.
◊ Les templiers, je ne sais pas… je ne suis pas vraiment ici sous leurs ordres… du coup, je suis là pour faire la discussion, tu sais… par exemple, de mon côté je viens de Tévinter… tu connais Neromenian ? Je viens de ce coin-là.
Il s’agissait donc bel et bien d’un parasite de l’Ordre, et il ne travaillait présentement pas pour eux. Il venait de Tevinter, il pouvait s’agir de n’importe quelle menace. Merde. Mes dents étaient serrées. Mon regard ne le quittait pas des yeux, scrutant les diverses expressions de son visage. Ne savait-on jamais. Parfois reprit la parole.
◊ Bon, tu me dis si je me trompe… mais tu ne serais pas né à Férelden ? ou dans les Marches ? Hum… peut-être viens-tu de Tantervale ? Je trouverais ça ironique que ‘‘la ville où l’on entend le Cantique à toutes heures’’ est fait naître un dégénéré comme toi…
Je lui souris sans plus, un simple sourire forcé pour montrer à quel point il pouvait se mettre le doigt au cul pour que je réponde quoi que ce soit. Ou alors, quoique.
◊ « Si je me trompe .. mais tu ne serais pas né à Férelden ? »
Il ne semblait pas vouloir pour autant s’attarder sur ma réponse, tant pis. Il enchaîna sur une réaction qui arqua un de mes sourcils. Comme s’il allait se tenir à mon avis, ou même me laisser poser mes questions.
◊ Enfin bref… on va jouer à un jeu… je vais poser une question et tu vas répondre honnêtement, puis tu vas me poser et une question et je répondrais aussi honnêtement. Ça te convient ?
Je haussai des épaules en guise de réponse. Il enchaîna.
◊ Tu aimes l’elfidée ?
◊ Et toi, tu aimes ta mère ?
Je ne le quittai nullement du regard, un sourire satisfait sur mes lèvres. Oui, j’allais sûrement morfler. Non, je ne regrettais pas. Pourquoi regretter, quand on connaissait de toute façon l’issue de cette séquestration ?
Invité
Aucune réponse. Encore.
Lukan lui cola un coup violent au niveau du ventre, le forçant à se cabrer. Une fois cela fait, il attrapa la tête du prisonnier pour lui donner un coup de genou dans la mâchoire.
Le bruit des chaînes et des coups attira l’attention du templier qui commença à entré. Il fut stoppé dans son élan par la voix du héraut qui lui donna un ordre.
« Vous ! Allez immédiatement faire brûler la totalité de l’elfidée de cet homme. »
Le templier ne semblait pas comprendre. Lukan reprit, le ton n’était plus le même. Si le ton légèrement joyeux et diplomate du Héraut avait disparu, laissant place à une voix empli de colère et presque terrifiante.
« Immédiatement, chevalier. »
Intimidé, le jeune templier obtempéra. Il prit les sacoches d’elfidée du prisonnier, et les firent brûler avec une torche.
« Maintenant, laissez-nous. »
Le templier ne bougea pas. Son honneur pitoyable et son devoir le forçait à rester. Enfin, c’est ce qu’il pensait. Le bourreau regarda en direction de jeune templier et dit d’une voix autoritaire et menaçante.
« Ne me faites pas répéter. »
Le templier était parti. Lukan comme le prisonnier pouvait entendre le bruit des pas s’éloigner.
« C’était ce que tu attendais, hein ? Finalement, tu me fais bien plus penser à Léonhardt qu’à Eliott. »
Prononça le Héraut avec un rit méchant. Léonhardt… Léonhart était quelqu’un de méprisable. Ça, même Lukan l’avait compris quand il était enfant. Ce n’était pas en la mémoire du fanatique grand-père de son meilleur ami qu’il faisait ça… Oh non… Il se sentait trahi. Trahi par cet homme… cette loque humaine qu’il avait devant lui. Intérieurement, il riait de lui-même. Et plus il riait, plus il bouillonnait. Il ne voulait pas de justice… non, c’était trop personnelle. Il ne s’agissait que de vengeance et uniquement de vengeance.
Ce monstre, ce Déicide, qu’était devenu son mentor, allait bientôt se confronter à quelque chose de son niveau. Un monstre pour combattre un monstre… Si c’est ce qu’il fallait…
« Dis-moi, Léonhardt. Qui penses-tu fuir ? Tes crimes ? Tes erreurs ? Ton passé ? »
Un nouveau coup de poing au niveau du ventre.
« Pathétique. » dit le héraut avant de cracher sur celui qui avait été mentor.
Il s’éloigna de quelques pas, posa une sacoche de cuir qu’il déballa sur la table. Dedans du matériel de torture était visible. Il avait laissé à ‘‘Léonhardt’’ une jolie vue sur ce qu’il attendait.
Le héraut prit une petite pique et s’approcha du prisonnier. Beaucoup, aujourd’hui l’ignore, mais sa famille avait servi jadis les Roi-Tyran de Starkhaven. La torture était donc, s’ils ont peu le dire, une sorte de tradition familiale.
Visant le nerf de son bras droit, il planta la pique d’acier. Un sourire plein de sadisme au visage, il la fit bougé, juste assez légèrement pour ne pas déchirer le nerf.
« Qui es-tu ? »
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Feat. Lukan Rancelion
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Malgré mon arrogance évidente et insupportable, je n’avais pas su anticiper à quel point les choses allaient s’accélérer. Un coup dans le ventre. Mon corps se plia douloureusement, tandis que ma bouche recracha quoi que fut ce qu’elle recracha. Pas le temps d’y réfléchir. Je sentis sa main attraper ma tignasse, puis son genou contre mon visage. Je poussai un grognement de douleur. Le monde semblait tourner quelque peu autour de moi. Mon corps pendait mollement durant un certain temps, le temps de reprendre un peu mes esprits.
Parfois hurla des sons, mais un seul parvint à atteindre mon cerveau : « elfidée ». Il y en avait dans les parages ? C’était une BLAGUE ?? Je redressai la tête lentement, observant avec toute l’attention que je possédais dans ma situation. Un templier se trouvait là. Mon regard maladif se plissa au mieux, confus. Que faisait-il là ? Il ne bougeait pas, il regardait Parfois, puis finit par se déplacer .. prendre une torche .. une torche ?
J’aperçus enfin mes feuilles séchées avec soin, ces feuilles qui m’appelaient depuis si longtmeps .. des jours ? des semaines ? des mois ? Oh non. Oh nononononononon. Un cri désespéré et douloureux franchit mes lèvres, alors que je pouvais voir les feuilles prendre feu, alors que je pouvais sentir sa farouche odeur se répandre dans toute la pièce. Ma gorge sèche, en demande de cette sensation de picotement causée par la fumée, s’enflamma, me forçant à tousser. Mon cerveau profitait de la douce odeur, comme un enfant devait se contenter de sentir sa sucrerie, sans être en mesure de la manger.
C’était le début de la descente en enfer. Je ne pouvais que constater à quel point mes pensées étaient inondées par l’elfidée, au point de me rendre furieux, désespéré, hors de moi.
Mais autre chose m’interpela, cette fois me coupant le souffle. Arrêtant mon cœur. Accentuant mes migraines et mes vertiges.
◊ C’était ce que tu attendais, hein ? Finalement, tu me fais bien plus penser à Léonhardt qu’à Eliott.
Léonhardt. Mon visage se crispa.
Une part de moi continuait de lutter. Non. Je ne devais pas craquer maintenant. Pas face à ce morveux. Pas face aux Trevelyan. Je leur avais survécu, et j’allais encore leur survivre. Un cri tentait de franchir mes dents serrées, tant par l’odeur que par les mots employés. Prétendre que c’était à cause de l’elfidée. Prétendre.
Mais il était loin de me laisser m’en tirer.
◊ Dis-moi, Léonhardt. Qui penses-tu fuir ? Tes crimes ? Tes erreurs ? Ton passé ?
Crimes. Erreurs. Passé. Fuir. Etait-ce vraiment ce que j’étais devenu ? Non. Je n’avais pas fui. J’avais survécu. C’était différent. Sans vraiment pouvoir le contrôler, mon corps se mit à rire. Un rire amer, dégoûté, mais fort. Mon regard baignait dans le vague, alors qu’un autre coup arriva dans mes côtes, me faisant crier à nouveau.
◊ Pathétique.
Il me cracha dessus. Mais mon rire ne s’arrêtait pas pour autant, déformé par la douleur. Etait-ce donc la fin ? Allais-je devoir les laisser gagner ? Allais-je mourir de leur main ? Je ne pouvais pas laisser ça arriver. Oh non.
Mon bourreau lentissime s’éloigna de moi. Je toussai encore, un goût amer remontant ma gorge. Un mélange de bile et de sang, cela ne me surprendrait pas si c’était le cas. Même en mangeant peu, j’étais toujours capable de vomir.
J’entendis ses pas revenir vers moi. Je reprenais mon souffle bruyamment. Créateur, cette odeur .. Après tant de temps, et me voilà seulement avec l’odeur pour me hanter davantage.
Quelque chose se planta dans mon bras, à un endroit bien précis, ce qui m’arracha un hurlement. Cette chose bougeait, ce qui augmentait la douleur déjà insoutenable à la base.
◊ Qui es-tu ?
Sa seule question. Il y tenait.
La douleur. L’odeur qui emplissait toute la pièce. Les migraines. Les vertiges. Je cherchais à focaliser sur ne pas répondre, poursuivre ce cri de douleur, volontairement ou non, ignorer sa question, sa fatale question. Mais une drôle de voix intérieur se mit à germer, comme pour me dire de répondre pour que tout s’arrête. Je n’étais pas un sot. Je n’étais pas un gosse. Un fragile. Quelqu’un qui s’avouait vaincu autant facilement.
Comme toujours, je survivrai. Que je le veuille ou non.
Invité
Plus l’interrogatoire avançait, plus Lukan considérait cette… chose en dessous d’un être humain. Il avait déjà rencontré de nombreux esclaves lorsqu’il se rendait à Tévinter et ce qu’il avait devant lui semblait bien plus pathétique, baignant dans son sang.
Il n’avait rien d’humain, même pas au niveau d’un esclave, non. Ce n’était qu’une carcasse vide dont la colère et la fierté était les seuls moteurs, peut-être la peur… la peur de se voir tel qu’il est été aussi déterminante. Ironiquement, le héraut était exactement dans la même situation. La différence était cependant simple, l’un était le monstre, l’autre, la victime. Si ce… Déicide a longtemps été un monstre, il n’était plus qu’une bête enchaînée aujourd’hui. Une bête qui, dans sa propre honte, se refusait d’expier.
Lukan arracha d’un trait la tige de métal, la laissant tomber sur le sol, il cogna de nouveau la tête du prisonnier. Un coup, puis un autre… Après s’être de nouveau défoulé, il s’arracha un faux sourire satisfait. En réalité, il ne ressentait aucune joie dans la souffrance de son prisonnier. Non, il n’avait pas non plus de pitié. C’était… un sentiment qu’il n’arrivait pas à qualifier. Comme s’il ne ressentait rien à part une colère profonde pour cet homme. Cet homme qui ne lui avait pourtant rien fait personnellement. C’était un état de semi-transe, mais ce n’était pas la première fois qu’il agissait ainsi. Cet état lui avait permis de survivre à de nombreuses occasions tant lors du 5ème Enclin que lors des nombreuses tentatives de meurtres de la part des Corbeaux. Mais aujourd’hui se « lui » n’était pas là pour sauver sa vie, mais pour tout autre chose.
Il n’avait pas eu le temps, ni la patience d’attendre que ce Déicide perde sa fausse fierté, il n’avait pas le temps d’attendre que cette carcasse cesse d’être vivant. S’il fallait qu’il le brise pour avoir ce qu’il voulait, il le briserait…
« Je ne suis pas là pour te servir de compagnie, dit moi immédiatement ton nom ou je ferais passer ta vie de souffrance pour un simple purgatoire devant l’enfer qui t’attend. »
Le bourreau plaça alors une lame sur le feu. Attendant quelques secondes, il se redirigea vers Reece. La lame ainsi chauffée, il n’y avait que peu de chance que sa victime meurt de ces blessures. Après avoir placé quelques instants le fer chaud sur le dos de la main du prisonnier, il s’approcha méthodiquement de son doigt. D’un geste précis, il coupa la phalange distale de l'annulaire gauche avant de s’éloigner doucement.
Il ne poserait plus de questions. Mais il aurait ses réponses.
