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Sam 28 Mar 2020 - 9:39

Anonymous
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La Parole des Vieilles Pierres

Comme suspecté, Staska ne tarda pas à sortir à son tour de la tente. Il ne se retourna pas en l'entendant remuer dans son dos, des brumes de leur nuit étrange encore devant les yeux. Mais lorsqu'elle passa devant lui, se dirigeant pieds nus en direction de la végétation particulièrement humide des bois, il ne put s'empêcher de la suivre du regard. Elle avait des jambes maigres, mais longues, qui la portait avec aisance. Ses cheveux roux vif rappelaient l'automne. D'ailleurs, n'étaient-ils pas plus en désordre encore que la veille ? Il n'aurait jamais cru cela possible. Comme lui, leur cherchait-elle à manger ? Lorsqu'elle s'abaissa, fixant le sol, il comprit qu'elle fouillait du regard la petite mare qu'il avait lui-même copieusement ignoré. Rapidement, elle se releva, et vint s'en retourner auprès de lui, de petites silhouettes blotties dans ses mains.
Lorsqu'elle disposa les petits corps sans vie à même le sol, Servis remarqua qu'il s'agissait de grenouilles. Elle lui demanda alors s'il en avait déjà mangé.
“De la... Grenouille ? Non, l’occasion ne s’est jamais présentée.„

Il évita son regard, soucieux de dissimuler son mensonge. Peut-être son premier depuis leur rencontre. Des grenouilles ? Il en avait vu à la carte des Tavernes Orlésienne qu'il avait fréquenté peu de temps auparavant. Elles figuraient sur le menu, toujours nappées de sauce au nom extravaguant. Mais il ne s'était jamais laissé tenter. Le mot même de "grenouille" avait le pouvoir de le mettre relativement mal à l'aise : en l'entendant prononcé, il s'imaginait ces affreuses petites bêtes à la bouche béante et sans lèvres, au corps gonflé par l'eau et aux yeux plus noirs que le néant. Ce n'était pas réellement le plus appétissant. Surtout au réveil.
Il l'observa avec attention préparer ses prises. Fendre les peaux, couper les membres. Ne conserver que la partie inférieure des grenouilles pour la consommer lui semblait une perte de matières premières trop important, surtout au vu des grognements toujours lancés par son estomac. Néanmoins, il ne dit rien. Alors qu'elle enfouissait les cuisses dans les braises de son feu, il continua, se laissant basculer sur ses mains, vers l'arrière, ses yeux bleus fixant un ciel à présent de même couleur :
“Au risque de te surprendre, je dois bien avouer ne presque jamais participer à la préparation d'un repas. Vois-tu, que ça soit chez moi ou même sur mon camp, il y avait toujours une personne dédiée aux affaires de cuisine. Généralement je n'avais qu'à prendre place à une table, où à même le sol, un bol chaud entre les mains.„

Un léger sourire lui échappa. Là non plus, il n'avait eu à s'occuper de rien. Pourtant il serait parfaitement incorrect de réduire la jeune rousse à un tel rôle, tant elle était nécessaire à Servis. Elle lui faisait également office de garde du corps, et de guide. Il soupira.
“J'aimerais me rendre plus utile. Peut-être que l'occasion m'en sera donnée, lorsque nous atteindrons les premières villes... Villages.„

Se corrigea-t-il, se souvenant brusquement du lieu dans lequel le duo évoluait : Férelden était loin d'être autant peuplé que l'Empire.
Dans les braises, la petite viande allait cuire doucement. Patient, et en même temps affamé et légèrement dégoûté, Crassius laissa son esprit vagabonder.
“Staska... Ces grenouilles... Tu les as attrapé en usant de ta télékinésie ?„

Tout agile que Staska lui paraisse, il ne l'avait pas vu s'agiter au bord de l'étang. C'était comme si les grenouilles s'étaient livrée à elle. Il repensa alors aux sortilèges qu'elle avait essayé de lancer contre les démons dans les ruines. Il revit ces arabesques sombres d'énergie pure, et la fascination qu'elles avaient provoquée sur lui. Il imagina les mêmes effets être lancé contre ces pauvres, pauvres et immondes batraciens. Ils avaient étés arrachés à l'eau, tout comme lui avait senti le sol se dérober sous ses pieds. Mais eux en avaient perdu la vie, et lui, seulement l'équilibre. La puissance et la délicatesse de cette magie l'étonnèrent. Il regarda la Chasind :
Il pesa ses prochains mots avec une attention toute particulière. Une attitude qui, là encore, ne lui ressemblait que peu.
“J'aimerais connaître les effets d'une telle magie. Vois-tu tu es la première que je rencontre qui verse dans cet art. Alors je dois me reconnaître terriblement curieux.„

Il bondit alors sur ses pieds, redressant son haut corps jusqu'alors resté plié. L'herbe froide lui chatouilla la plante des pieds alors qu'il sentit l'air lui manquer, et son cœur battre plus fort en réponse à une nouvelle panique salutaire et contenue. Un immense sourire se dessina sur ses lèvres.
“Lance-moi une de tes malédiction, dame Chasind !„

Il fit trois longs par vers l'arrière, s'éloignant respectueusement de Staska. Puis, satisfait, il écarta légèrement les bras, paumes vers l'avant, résistant à l'envie naturelle de clore ses paupières. Il se livrait lui-même, volontairement, à la Mercie de la magie antédiluvienne de la Chasind. Puisque l'appréhension d'une douleur était parfois plus tétanisante que la douleur réelle elle-même, Servis préférait être au courant de ces choses-là. Il s'était déjà fait poignarder un certain de nombre de fois, c'était déjà brisé une grande partie de ses os. Il avait été brûlé, électrocuté, et même gelé. Il avait souffert de bon nombre de maladies, comme pouvaient bien souvent l'expérimenter les voyageurs comme lui. Son corps, résistant, lui avait permis de se relever à chaque fois de ces traumatismes.
Il ne pouvait qu’espérer que les choses ne soient pas différentes dans le cas présent. Ces bois sauvages ne devaient pas abriter un grand nombre de guérisseurs...

Ven 10 Avr 2020 - 12:25

Anonymous
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La Parole des Vieilles Pierres


Les yeux bleux de la Chasind   qu’ils avaient connus laissait place à d’autres paysages, lesquels tranchaient radicalemens’en vinrent trouver ceux du tévène, mais ils ne purent se rencontrer. Comme une sorte de honte indescriptible qui venait alors l’envahir, sans qu’il n’y en ai raison. Honte de ne jamais avoir mangé de grenouille ? Elle ne comprenait guère pourquoi il y en aurait. Les marais étaient un environnement moins légion qu’en ces terres du sud, et après tout, ils avaient de grandes proies à chasser, des créatures qu’ils élevaient, outre ce qu’ils faisaient pousser. Tout était bien différent dans le nord, plus riche… Plus mort à ses yeux, qui avaient le sentiment de ne voir qu’une nature sous cage, aux prises avec les humeurs des hommes, quand Staska ne se sentait que vouloir être partie d’un tout, animal parmi les autres, obligée de se grimer, hélas, pour échapper à sa nature…

Elle s’installa en tailleur près du feu, ses mains se posant sur ses pieds comme pour les ramener contre elle, ses bras s’étendant dans le mouvement pour lui servir d’appui. Servis prit autant ses aises, venant se confier à elle. De ce qu’il lui disait, alors, il devait être quelqu’un de haut rang, certainement, si on le servait.  Et tout ça semblait peiner le citadin.

La chasind eu un haussement d’épaule, venant se servir d’un simple baton pour retourner les cuisses de grenouilles qui s’incrustaient de cendres.
“Tu as vécu dans ta grande cité aux murailles imposantes et aux géants de métal. Là-bas, tu avais une utilité, car on t’a élevé pour en trouver une. Là-bas, je n’en aurais pas plus que toi en ces lieux. Et c’est normal, l’on considère les choses comme bien rangées. Chacun son rôle, surtout pour les citadins. Mais on sait toi comme moi que les choses seraient trop simples. Les voyageurs comme nous aiment le chaos. Mais personne n’aime en subir les conséquences. On n’a pas d’autre choix que d’apprendre, s’adapter. Il faut juste être patient. „

Les mots lui venaient plus facilement qu’elle ne l’aurait cru. Peut-être était-ce le fait qu’il insiste pour la suivre, l’intérêt qu’il avait pour sa conversation, l’ensemble de sa personne.. ?  Ou son regard perdu, le sentiment qu’elle pouvait lui apporter son aide, son conseil, comme elle le faisait jadis ? Elle s’avançait peut-être trop, comme un vieux réflexe rouillé qui cherchait absolument à revenir, quitte à crachoter de la poussière et de la boue.

La faisant émerger de ses réflexions, la question subite de Servis ne manqua pas de la surprendre. Elle lui adressa un regard d’interrogation, avant un haussement d’épaules.
“Oui. „

Elle ne savait trop comment le prendre, surtout au vu de son attitude, qui lui semblait bien plus prudente qu’à l’habituel. Comparé à leur étrange rencontre de la veille, le mage n’avait plus du tout la même assurance de sa supériorité, mais sa curiosité, laquelle semblait lui donner un démesuré goût du risque, était toujours aussi vive. La chasind ne pu que voir l’homme se redresser, lui ordonnant de devenir sa malheureuse victime, les bras s’écartant. Le visage de Staska se déformait alors en voyant la grotesque scène, un sourire venant poindre avant qu’elle n’éclate de rire. Elle ne s’y attendait pas, et le monde lui-même ne devait s’attendre à entendre tel son poindre du fond de ses entrailles, venant éclater dans l’air comme des bulles de savon, aiguës et éthérés à la fois. Elle ne réussit à se calmer qu’en voyant que la viande menaçait de bruler, s’empressant de retirer du feu les cuisses pour les disposer dans un bol gravé qu’elle extirpa de ses affaires. Elle reprenait difficilement son souffle et sa voix, quand elle émergea, grondait, bien que fort peu méchamment.
“Imbécile de Tévintide ! „

Ses cheveux volèrent à nouveau quand elle secoua la tête, mordant dans une cuisse, alors qu’elle lui faisait signe de s’approcher.
“Ça refroidit vite. Viens. „

Lui laissant le temps de s’installer près d’elle et oublier son idée, elle finit par revenir sur le sujet tout en curant la surface des os fins.
“  Je n’ai pas utilisé que la télékynésie pour chasser. Je n’ai pas la finesse pour arrêter le cœur par ce moyen, c’est trop complexe… J’ai utilisé l’entropie, pour les tuer.  „

Elle portait les doigts à sa bouche, suçotant avant de poursuivre.
“« L’entropie nécrose, détruit. Je ne me permettrai pas de te lancer une vraie malédiction, car ce ne serait jamais pour « rire » ou « essayer ». Si je t’en lance une, ce sera pour te tuer. Pas plus, pas moins…  Je n’ai pas plus l’envie d’utiliser la télékynésie contre toi, ou tout autre magie. J’en croirai presque que tu aimes te faire du mal, à me demander cela... „

Ven 10 Avr 2020 - 14:19

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La Parole des Vieilles Pierres

Les bras légèrement écartés, les paupières toujours closes, Servis attendit, un certain sourire déformant ses larges lèvres. Le rire de Staska lui arracha un sursaut. Alarmé, il ouvrit les yeux. La mage Chasind ne s'était même pas redressée. Elle ne s'était pas non plus emparée de son étrange bâton court. Les bras de Servis retombèrent. Ses épaules s'arrondirent et son sourire s'évanouit. Qu'avait-il bien pu dire de si drôle ?
“Imbécile de Tévintide !„

Le sourire précédemment évanouit vint de nouveau occuper les lèvres de Servis. L'insulte de Staska lui glissa largement au-dessus de la tête, et pour cause : cette fois-ci, elle ne l'avait pas traité d'Orlésien ! Bien qu'un peu déçu, il vint prendre place à côté d'elle, répondant à sa demande. Il fouilla dans les braises pour sortir, presque à regret, une cuisse de grenouilles des cendres. Il souffla dessus un moment, et après un regard en direction de son acolyte, il mordit dans la viande sans aucun entrain.
Le gout n'était pas si mauvais... Enfin, si l'on pouvait parler de gout : la viande n'avait finalement que peu de caractère. Mais du point de vue de la praticité, il allait falloir repasser : ces minuscules cuisses comportaient un nombre d'os surprenant. Trop concentré sur son repas, le Tévintide en oublia presque d'animer la conversation. C'était inédit.

Alors qu'il tentait de déloger, en usant sa langue, un morceau de nerf coincé entre ses dents, la jeune rousse prit de nouveau la parole. À présent elle s'exprimait avec aisance. Ses longues phrases empreintes de sagesses étaient loin des grognements de leurs premiers échanges. Suspendu à ses lèvres, Servis l'écouta expliquer sa technique de chasse. L'entropie était la seconde école de la matière. L'école de la négation. Ceux qui appartenaient à cette école étaient des guerriers redoutables. Ces pauvres grenouilles n'avaient pas eu la moindre chance. Lui-même trouva relativement soulagé à l'idée d'avoir échappé à une démonstration de tels pouvoirs. L'entropie, il connaissait. C'était ... Déplaisant. Et il ne savait pas ce qu'il détestait le plus : le cauchemar éveillé, le drain de vie ou la paralysie... L'école de l'entropie était à ses yeux une magie traîtresse, visant à priver son adversaire de tout contrôle. Oui, l'école de l'instinct était bien plus loyale, avec ces attaques frontales dénuées de la moindre finesse....

Près de lui, Staska continua, non sans s'être léché les doigts au préalable. Servis baissa les yeux sur ses propres mains tâchées de suie et poisseuse de... De grenouille ? Alors qu'il frottait ses doigts dans l'herbe, il entendit les mots de Staska :
“Quoi ? Je...„

Cette fois-ci, se fut à son tour d'exploser de rire. Il ne s'y était pas attendu. Il faillit basculer en arrière, et se reprit brusquement. Lorsqu'il s'expliqua, les réminiscences de son rire occupaient encore sa voix :
“Crois-moi Staska, pour avoir déjà pratiqué ce genre de choses, je peux t'assurer que ce n'est pas réellement mon délire. Enfin, on ne peut pas savoir avant d'avoir essayé, non ?„

Brusquement, il se frotta nerveusement la nuque, avant de reprendre définitivement son sérieux. Minrathie et toutes ses expérimentations de jeunesses lui semblaient si lointaines. Il ne s'était plus amusé comme à cette époque depuis de nombreuses années. Pour autant, il se voyait assez mal recommencer. Comme s'il n'était plus le même à présent. Le jeune Crassius lui adressa un signe amical depuis les limbes de ses souvenirs, et Servis l'y enfouit, chérissant cette image comme l'un de ses trésors les plus précieux. Le passé, en général, revêtait pour lui un certain caractère sacré.
“Comme je te l'ai déjà dit, mon pays est en guerre. Nous devons être préparés au cas où... Et bien au cas où nous serions amenés à nous battre. Alors lorsque j'étais étudient, j'ai participé à de nombreux duels de mages. Expérimenter ces sorts, expérimenter toutes sortes de blessures, c'était aussi un moyen d'apprendre.„

Il laissa retomber le silence, et en profita pour croquer dans une nouvelle cuisse de grenouille. Sa faim se calmait petit à petit.
“Moi non plus, je ne compte pas retourner ma magie contre toi. Ni même mes couteaux. Ou mes points. Sauf si tu me le demande évidemment.„

Il tapota amicalement l'épaule de la jeune femme, un air de contentement flottant sur son visage.

Lun 27 Avr 2020 - 16:29

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La Parole des Vieilles Pierres


La jeune femme fut à son tour déstabilisée en voyant le mage s’étrangler de rire. Elle fronçait alors les traits, adoptant cet air farouche qui lui était si familier. Elle ne voyait vraiment ce qui était amusant dans ce qu’elle avait dit. La barrière de la langue, peut-être..?

Sans pour autant se départir de son air bougon, elle l’écoutait simplement, ses yeux allant ci et là, alors qu’elle commençait un peu plus à comprendre où voulait en venir le tévintide. Si en parler de façon franche et crue lui avait été aisé quand elle était en sa tribu, elle ne se sentait guère avec les gens du dehors. Ce n’était pas la même chose, pas la même confiance… Et pour ainsi dire, l’évoquer même en pensée lui était désagréable, lui laissait comme un goût de cendre en bouche. Aussi, s’abstint-elle de tout commentaire.

Elle poursuivit son écoute, penchant un peu la tête pour montrer visage un plus doux, plus conciliant, alors qu’il lui évoquait les raisons de sa demande. Elle pouvait un peu mieux le comprendre, d’une certaine manière, mais elle devait admettre que ce n’était pas sa méthode. Les chasinds n’avaient pas les armures bruyantes et étincelantes des citadins, ils préféraient s’habiller de cuir et de fourrures, lesquels n'offraient qu’une faible protection. C’était en cela que l’art de l’embuscade était privilégié au milieu des marais, et tout autant que Staska avait appris à éviter de s’exposer. Elle se cachait, esquivait, utilisait sa magie pour dévier ce qui risquait de la trancher ou placer quelques obstacles… Autant de manières de lui laisser le temps d’invoquer l’Entropie au bon moment, si il y avait besoin. Prendre un coup, c’était risquer de perdre un précieux temps qui coûterait la vie.

Elle eu un léger roulement des yeux, soupirant, alors qu’elle portait une dernière cuisse vers ses dents, arrachant un morceau pour le macher distinctement avant de parler :
“Ce n’est pas quelque chose que je risque de d... „

Elle eu comme un spasme, lequel lui dressa les cheveux sur la tête, toute son échine semblant claquer sous l’impulsion de sa tension. La main du mage se reposait sur son épaule. Et c’était comme si ce simple geste aspirait tout l’air, toute la lumière autour d’elle, pour ne la laisser qu’au milieu de ténèbres, à suffoquer. Cela lui fut insupportable.
“ Ne me touchez pas ! „

Comme mut d’un instinct, sa main partie vers l’avant, son pouvoir agissant de lui même. La force télékinésique vint cueillir le pauvre mage au creux de l’estomac, l’envoyant rouler bouler au milieu de l’herbe, alors qu’elle même se reculait aussitôt sur ses jambes repliées telles des les pattes d’une sauterelle, ses mains pour se servir d’appui, un sifflement de chat sauvage lui venant, alors que ses traits se fronçaient. Elle restait ainsi un moment, silencieuse, haletante. Le coeur lui battait contre les tempes et elle ne sut combien de temps il fut nécessaire, tant pour qu’elle se calme que pour laisser le temps au pauvre homme d’émerger de la furie dont il avait été hélas victime.

Aussitôt que cela fut fait qu’elle n’exprimait aucun commentaire, comme pour mettre un définitif trait sur sa réaction disproportionnée, l’invitant d’un ton cassant à ranger leurs affaires et se mettre en route. Il y avait peut-être aussi, au fond, la gêne de son attitude, une sorte de vague peur, laquelle ne l’énervait que davantage : celle qu’il se montre davantage réservé, ou bien irrité par cette attitude, au point que leur route ne se sépare. L’esprit plus raisonnable n’en aurait pas mené large et cherché à recevoir des excuses. Mais elle, c’était bien le contraire. Elle avait bien trop de fierté pour cela. Elle préférait gronder, grogner, aboyer, après avoir mordu, plutôt que de faire le beau et chercher à lécher les plaies.

Dès que prête, aussi prête que lui permettaient ses bottes quelque peu spongieuses encore, elle se mettait en route. Son chemin continuaient à travers un dédale de collines dont la rase végétation était désormais remplacée par des bosquets, de plus en plus nombreux. Les animaux y étaient davantage présents, tant et si bien qu’un malheureux lapin eu la malchance de tomber entre les griffes de la chasind. Un véritable chemin, et non plus une piste, fut bientôt découverte, mais pas encore un véritable retour à la civilisation, leur halte de la soirée se réduisant à camper en bordure de route. Staska s’empressa ainsi d’allumer le feu tandis que son comparse montait son logis nocturne, venant placer le lapin à cuire. Pour une fois, le temps était clair, le ciel dégagé, laissant tout le loisir à la rousse de placer son couchage au milieu de l’herbe, les pieds  orientés vers le feu, les bottes mises à sécher à l’envers, sans craindre que la pluie ne vienne la déranger. Le ton loquace qu’elle avait pu adopter se faisait peut-être plus rare, plaçant d’elle-même la distance sans pour autant qu’elle ne se montre agressive. Elle répondait aisément aux questions, sans pour autant insister pour maintenir la conversation.

Lun 27 Avr 2020 - 21:44

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La Parole des Vieilles Pierres

Il s'était ensuite imaginé la toute fin de leur repas. Puis il se serait relevé avec grâce et aurait offert galamment sa main à la chasind. Ils auraient ensuite réservé leurs souffles le temps d'empaqueter toutes leurs affaires, le temps de lever le camp. Puis, côte à côte, ils auraient repris la route, gaiement, et une amitié surprenante se serait tissée entre eux deux.

Mais évidemment, rien de tout cela ne se produisit ailleurs que dans les rêves naïfs du mage. Les doigts se Servis avaient à peine effleuré l'épaule de Staska, et déjà elle répondait à ce geste pas un spasme. Les mots qu'elle cracha ensuite avaient beau lui être adressés, il ne les comprit pas : la chasind, par réflexe, n'employait déjà plus la langue commune. Pourtant, le message ne pouvait pas s'avérer plus limpide. Une nouvelle fois, les élans affectueux de ce mage habitué aux contacts avaient brusqué une âme sensible. Il voulut retirer sa main, mais n'en eut pas le temps.

Un coup violent vint le cueillir au creux de l'estomac, si puissant qu'il l'envoya vers l'arrière. Plié en deux, Servis en perdit l'équilibre, ses jambes plièrent, et son dos heurta le sol. Son corps, toujours plié et toujours mû d'un mouvement rapide, ne s'arrêta pas là : il roula. Servis sentit sa nuque se plier, puis l'herbe humide lui chatouiller le visage. Il s’immobilisa finalement de côté, recroquevillé dans une position fœtale. Il mit deux secondes avant de reprendre ses esprits, avant de réaliser qu'il n'avait depuis l'impact plus prit la moindre respiration. Il se bascula alors sur le dos, le visage vers le ciel, et toussa, en proie dans le même temps à des hauts le cœur tout naturels. Apaisé, ses idées se remirent lentement en ordre. Le coup qui l'avait cueilli si délicatement n'était pas né du poing de Staska. Du moins pas totalement. Elle ne l'avait pas touché. En se redressant, il sentit un rire monter dans sa gorge : les promesses de la Chasind de ne pas retourner sa magie contre lui n'avait pas tenu une simple minute. Mais aucun rire ne franchit ses lèvres. À la place, le mage rendit son petit déjeuner dans l'herbe humide.

Les mains sur ses cuisses, le buste penché en direction de l'herbe et de son échec, Servis songea ironiquement à son estomac, condamné à rester vide.

Il tenta un regard inquiet en direction de sa compagne de voyage, mais elle ne semblait plus vouloir en découdre, quoi qu'en dise la position dans laquelle son corps s'était replié. Le souffle toujours court, un brin d'herbe encore collé à la joue et la gorge irritée, Servis pensa amèrement qu'il n'était peut-être pas la véritable victime de cette confrontation. Elle semblait bien plus blessée que lui.

Mettant son égo de côté, il obéit à l'invitation un peu cassante de Staska, et empaqueta ses affaires calmement sans produire le moindre geste superflu, ni le moindre commentaire. Il lui sembla sentir sa voix mourir un peu, dans cette gorge irritée, et chaque nouvel instant de silence soufflait sur la flamme pourtant vivace de sa personnalité, au point de la faire légèrement vaciller. Par nature, Servis était un être liant, tactile, fraternisant. A Minrathie, ils étaient nombreux à être comme lui, à naviguer avec aisance parmi la foule grouillante des artères étroites, sans éprouver la moindre retenue, ni le moindre filtre. Il n'avait rien à perdre, jamais. Mais cette fois-ci, les choses étaient différentes. S'il ne se contrôlait pas, il risquait de se retrouver seul. Livré à lui-même et sans ressources dans cette nature foisonnante, mais surtout seul. Et Servis, bien que fortement indépendant, était loin d'être solitaire.

Ils progressèrent ensuite comme aux premiers instants de leur collaboration : Staska ouvrant la voie et Servis suivant quelques pas plus en arrière, soucieux de voir sa présence toujours plébiscitée. Les minutes se changèrent en heures, la journée passa doucement, sans que la moindre parole ne soit échangée. Le mage se surprit même à avancer sans la moindre plainte, faisant taire la faim qui de nouveau agitait son ventre. Ils parcoururent des collines, traversèrent des bosquets habités par une faune peu habituée à se voir dérangée. Un lapin se laissa surprendre, et finit mort entre les griffes de la Chasind. Servis, lui, ne tenta pas de chasser. Il reconnut en revanche parmi les arbres de ces bosquets les branches alourdies de fruits de plusieurs noisetiers et châtaigniers. En silence, il récolta ces précieux fruits, qu'il entassait dans son sac de voyage, reconstituant lentement un semblant de réserves.

Leur chemin finit par recouper celui d'une véritable route de campagne qu'ils suivirent un moment, avant de finalement monter un nouveau campement au moment où la lumière dans le ciel commençait à décliner. Comme la première fois, Servis monta sa tente, y entreposa ses affaires (ainsi que ses bottes) et y déroula son modeste matelas de voyage. Il se retourna juste à temps pour voir Staska installer sa couverture au milieu de l'herbe. Ils partagèrent lapin et fruits à coques, s'échangeant à présent quelques maigres paroles courtoises. L'un comme l'autre semblaient s'enfermer dans une retenue de façade, qui construisait comme un mur entre eux. Chauffant ses paumes tendues devant l'âtre, Servis observa Staska prendre place pour la nuit sur sa couche. Il se leva doucement pour aller se saisir de son matelas, qu'il traîna hors de la tente pour l'installer lui aussi près du feu, près de Staska, tout en respectant une certaine distance de sécurité. Cette nuit au grand air ne fut en rien agréable : le mage grelotta malgré les flammes. Mais il tint bon.

Réveillé par les premières lueurs de l'aube, il s'assit sur sa couche. D'une main il caressa son crâne, où déjà ses cheveux épais repoussaient rapidement. Les premières boucles n'allaient pas tarder à s'y former. Ses yeux encore embués par le sommeil cherchèrent naturellement à repérer la route. Elle allait les conduire à un village, où le risque de voir leur chemin se séparer serait plus que jamais important. Il ne le souhaitait pas. Lorsque les premiers signes de réveil firent remuer le corps de la Chasind, il s'adressa à elle, sa voix enrouée par cette nuit à l'air libre, et quelque part alourdie par sa crainte :
“Staska, je suis désolé. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis désolé : j'ai fait quelque chose qui visiblement t'as fait de la peine.„

Il repensa brusquement à Dorian, qu'il avait vu réagir souvent de la même manière sous ses doigts. Dorian qu'il espérait d'ailleurs revoir d'ici peu s'il parvenait à lui envoyer une lettre avant qu'il n'arrive à Denerim. Il poursuivit.
“Staska... Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal ? Est-ce pour cela que tu as réagi si fortement lorsque je t'ai touché ?„

Conscient de pénétrer trop loin dans l'intimité de Staska, Servis eut au moins la décence de ne pas chercher à croiser son regard. Il lui laissait une échappatoire, si elle ne souhaitait pas lui répondre. Pourtant, il souhaitait comprendre. Comment la protéger de lui-même s'il ne comprenait pas sa logique ?

Ven 1 Mai 2020 - 22:54

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La Parole des Vieilles Pierres


Allongée sur sa couche, Staska pouvait distinguer le ciel se faire dévorer par la cime des arbres. Il n’y avait pas ici toutes les lueurs qui finissaient par donner un halo jaunâtre à la voûte céleste. Le feu seul n’avait pas ce pouvoir. Ici, les cieux étaient sombres, d’un noir absolu, seulement piqués par la multitude des astres. Elle connaissait ces lumières par coeur, Grazyna lui ayant enseigné comment les observer, les discerner, suivre leur cours au rythme des saisons. Elle avait souvent essayé de dessiner ce ciel selon les indications de l’ancienne, comprendre le mécanisme de ce mouvement si subtile… Bien des rites s’exécutaient seulement lors d'événements astronomiques bien précis, aussi cela faisait-il partie de son long apprentissage.

Machinalement, elle tentait alors de repérer à quelles constellations appartenaient telles étoiles, si elle pouvait distinguer des objets singuliers, utilisés comme points de repères, ou bien, où se plaçait simplement la lune dans le ciel. Elle notait chaque information dans un coin de sa tête, se remémorait quelques rites qu’elle aurait pu exécuter dans telle configuration… Et alors que les minutes passaient, elle sentit comme une sorte de vague à l’âme qui lui venait, un sentiment de lassitude. A quoi bon, après tout… Elle s'accrochait au passé, encore et toujours, mais elle était sans but, perdue, sans tribu... A quoi bon une chamane, si elle n’avait les siens à guider ? Enfin peu importe.

Un bruit retint son attention, ou plutôt un enchaînement de bruits, provoqués par, elle le découvrit bien vite, Crassius. Le mage avait beau avoir monté la tente pour la nuit, elle le voyait traîner son couchage pour s’installer proche d’elle. La chasind en soupira, mû tant par une sorte d’agacement que d’incompréhension. Elle n’en dit rien, se contentant de le regarder faire tout en venant jeter une autre branche dans le feu. Elle en avait fait un petit tas, du moins humide qu’elle ai pu trouver. Avec la pluie de la nuit, ce n’était pas une sinécure, mais le soleil avait tapé une bonne partie de la journée aussi, était-ce moins terrible que prévu.

Elle eu un petit mouvement pour se mettre de côté, s’enroulant un peu plus dans sa couverture de laine grossièrement tricotée de fils très disparates. Elle eu un mouvement machinal, cherchant son couteau rituel sous son paquetage qui lui servait d’oreiller, mais n’y trouvait rien, se souvenant un peu amèrement qu’il était toujours resté auprès des ombres. Si quelqu’un mettait la main dessus… Elle préférait ne pas trop y songer. Ou essayer de songer à des choses plus agréables. Comme leur arrivée en des contrées plus civilisées, où elle pourrait boire et manger des choses plus agréables, avant de mettre cap sur Fortcéleste.. Ce n’était qu’une question d’à peine quelques jours, tout au plus.. Même si voir de fereldiens ne lui serait guère agréable.. Elle eu encore une pensée piquante, nostalgique, pour la manière dont Grazyna préparait la viande de chasse, avec des herbes parfumées qu’elle ramassait, parfois même du miel qu’elle tirait des ruches… Elle savait utiliser la télékinésie avec une finesse qui lui semblait inégalable…

Ces dernières pensées furent celles qui l'enveloppèrent, pour une fois, dans un véritable rêve, où certes, elle percevait toujours les murmures des esprits à ses oreilles, mais si lointains qu’ils lui semblaient à peine réel. Ce songe là était doux, chaud, sucré, avec ces bonnes odeurs du bois de l’âtre, la viande qui cuisait, le feuillage parfumé mit à sécher… Elle était dans ses bottes d’enfant, le son de la pluie lui parvenait, martelant l’abri. L’orage la fit sursauter, tant et si bien qu’elle se réfugiait contre les jambes de Grazyna, installée près du feu, à lire un de ses vieux ouvrages écrit en langue commune. Elle l’accueillait avec un rire, un des rares qu’elle pouvait avoir, erraillé dans sa gorge trop rèche, avant qu’elle ne la berce sur ses genoux, lui montrant les pages de l’ouvrage…

L’éveil lui sembla alors d’autant plus pénible, lui arrachant un ronchonnement. Elle vint se gratouiller la tête d’une distraite main, venant se redresser un peu. L’air était empli par l’odeur des cendres qui refroidissaient, le chant des oiseaux qui agitaient le feuillage des arbres… Encore ensommeillée, elle ne remarqua pas tout de suite le mage tévintide qui s’était approché d’elle pour lui parler. Elle eu un froncement des traits davantage renforcé par sa mauvaise humeur du matin, lui donnant un air buté, ses mèches torsadées lui tombant devant les yeux. Elle eu un bon moment de silence, seulement troublé par les bruits de la nature, avant enfin de s’exprimer, coupant l’attente du pauvre homme :
“J’accepte tes excuses. On se met en route, on a du chemin.„

Il y avait encore quelque chose de cassant clairement dans sa voix, et elle s’en rendit compte assez rapidement, tout en se redressant sur ses guiboles. Au fond, il n’avait pas vraiment mérité cela, il n’était aucunement responsable de tout ce qui arrivait ou lui était arrivé… Elle eu un souffle assez brusque.
“ Mes excuses aussi. Pour le coup de poing. „

Elle ne voulait pas dire “sortilège”. C’en était plus vraiment un, en son esprit. Plus un instinctif prolongement de son corps. Elle vint rouler son couchage, l’aide pour ranger ses propres affaires avant qu’ils ne reprennent la route. Pas de petit déjeuner cette fois, mais elle convint d’une pause un peu plus tardivement dans la journée, histoire de trouver quelques petites choses à déguster avant de reprendre le chemin. Baies, fruits secs… Tout demeurait frugale, mais elle savait que cela ne durerait guère longtemps.

Les premières traces de l’humanité commencèrent à se faire voir dans l’après midi. Les sentiers bordaient, enfin, des fermes, bien que la plupart soient abandonnées. Un moulin à eau fut même bientôt distingué le long d'un torrent, le claquement paisible de la roue à l'oeuvre montrant parfaitement la présence humaine, de même que les quelques sons de cloches de bétail, ainsi que les étendues vertes et dorées des prés et champs. Tout cela,  c’était bien là signe qu’ils arrivaient enfin en Ferelden. Les terres sauvages, c’était terminé, et la jeune femme avait bon espoir de retrouver Golefalois rapidement. Peut-être le lendemain, s’ils avançaient vite… Enfin, c'était sans doute un peu présomptueux de sa part, surtout qu'elle n'était pas non plus la plus à l'aise possible sur ces chemins là...
“ Il y a peut-être une auberge au prochain village… On pourra s’y arrêter, au moins pour manger… Même si on se rapproche, on ne va pas non plus tirer trop... „

Elle eu un moment de silence, s'arrêtant au milieu du chemin pour tourner la tête vers Crassius, comme pour l'interroger.
“ Si ça te va ou si tu as une suggestion... Je t'écoute. Cela devient plus ton domaine, ici.Même si ce n'est pas ta cité de pierre avec ses géants de métal. „


Sam 2 Mai 2020 - 22:29

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Lui qui, pas plus tard que la veille, rêvait encore de ce retour à la civilisation, il devait bien s'avouer déçu. Il s'était imaginé frappant doucement à la porte des premières fermes, implorant pour un peu d'eau claire et quelques fruits frais. Mais les fermes que longea leur route étaient toutes en ruine. Servis aimait les ruines et la poussière. Mais il aimait surtout les fruits frais. Penaud, lorsque l'occasion se présentait, il quittait la route, s'éloignant de Staska pour aller fureter dans les restes de champs. Mais les vermines et la faune sauvage le devançaient toujours. Les branches restaient nues, les jardins désespérément dévastés. En rejoignant la route, il observa Staska.

La jeune Chasind restée déterminée. Ses yeux bleus semblaient constamment fixés leur objectif : Golefalois, puis Fort Céleste. Chercher de l'aide, fermer la faille, sauver le sanctuaire. Elle marchait rapidement, balançant ses bras un peu longs. Il nota son rez retroussé que le soleil semblait éternellement rougir. Pourtant le reste de sa peau restait si pâle. Il contempla sa propre carnation, tournant et retournant la main. Les semaines qu'il avait passées loin du désert de la porte du Ponant, loin de son uniforme, avaient permis à sa peau de bronzer quelque peu. Le climat à Val Royeaux n'était pas déplaisant, et celui de Férelden... Vivifiant quoiqu'un peu humide. Sa couleur de peau n'était pas la seule chose qui le différenciait de la Chasind. Il admirait sa volonté. Lui n'avait aucun but. Du moins... Il connaissait cent moyens de s'y soustraire en tout temps. Si Staska se battait pour son héritage, l'héritage Tévintide permettait à Servis de vivre.

Il gratta sa barbe naissante de l'ongle de son pouce mais pour une fois resta muet. La chasind était parvenue à le rendre légèrement mal à l'aise. Jusqu'à présent, seule Hécate possédait ce pouvoir. Non, il repoussa cette idée. Il ne voulait pas penser à Hécate. Lorsque ce genre d'idées s'imposait à lui, il se sentait étrangement déraciné. Alors Servis garda le silence, sentant ces paroles avortées grandir dans sa gorge. Ils continuèrent leur route, et vite de petites fermes animées replacèrent les ruines. Staska se stoppa, proposant de poursuivre jusqu'à la prochaine ville, afin d'y trouver une auberge. Golefalois n'était plus loin. Tout au plus a un jour de marche. Il ne leur restait théoriquement plus qu'un jour ensemble. Pourquoi cette pensée lui serrait le cœur ? Était-ce l'idée de se séparer en mauvais terme ?

“Si c'est un bon repas chaud que tu convoites, pas la peine d'aller jusqu'à l'auberge. Nous pouvons certainement demander de le couvert aux occupants de cette ferme, là-bas. „

Il désigna du doigt une petite bâtisse au toit recouvert d'une herbe épaisse. Une courte cheminée crachait une fumée grisâtre, témoin d'une activité récente. Un simple potager s'étendant devant la porte principale, délimitée par une petite clôture de planche. Accolés à cette clôture, deux enfants avaient cessé leurs jeux pour les observer.
“Qu'en dis-tu ? Nous pourrions partager ma tente, à l'arrière de cette clôture. Ton chemin est encore long jusqu'à fort Céleste, tu devrais réserver tes pièces. „


Son regard suivit la route. Au bout de cette route se trouvait Golefalois. Ensuite, Staska irait en direction de fort Céleste. Là-bas, elle demanderait de l'aide. À l'Inquisition. Sans le savoir, Staska pousserait l'inquisition à marcher dans les traces de Servis. Combien de temps mettraient-ils à s'intéresser au cas de l'archéologue Tévintide ? Lorsqu'ils entendraient parler de lui, il aurait à peine atteint Dénérim. Il n'aurait alors plus le temps de disparaître. Non. Staska ne pouvait pas rejoindre Golefalois. Elle ne devait pas aller chercher de l'aide auprès de l'inquisition. Il devait gagner du temps.
“Demain, je pourrais te guider comme tu l'as fait pour moi dans les terres sauvages. Je crois que je te dois bien ça.„


Mar 19 Mai 2020 - 14:07

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Encore une fois, , il y avait eu comme un silence de gêne entre eux, une distance certaine, que l’un et l’autre plaçait soigneusement.. Ou était-ce seulement elle ? Elle ne savait plus réellement, seulement qu’étrangement, sa compagnie lui manquerait. Elle ne savait comment ni pourquoi, mais ce serait le cas, elle le savait. Il la distrayait, à sa manière étrange, maladroite… Et il ne la fuyait pas. C’était peut-être ça qu’elle retenait, alors même qu’elle avait bougonné qu’il la suive. Certes, c’était par intérêt, après tout, il avait semblé avoir besoin d’un guide, mais… Il la suivait encore, jusque là, jusqu’à ces fermes, et il la suivrait jusqu’à Golefaloi..

Encore. Jusqu’à ce qu’ils se séparent finalement.

Elle hochait la tête à sa remarque. Après tout, pourquoi pas s’arrêter, si les gens de la demeure le voulaient bien. Elle n’était pas le plus à l’aise pour ce qui était d’aller quémander le repas, pour ainsi dire, même, elle n’était pas du tout à l’aise pour cela, mais elle n’était pas seule pour cette fois..
“Je te laisse faire.„

Son ton ne demandait aucune discussion, mais cela lui paraissait le plus logique. Suivant la direction qu’il lui pointait, elle remarquait alors les deux enfants, qui les observaient drôlement. Elle eu un bref froncement du nez, songeant qu’elle avait été ainsi elle aussi, innocente et morveuse au bord d’une quelconque cloture. Les deux momes avaient les yeux ronds, devant leurs atours, leur air négligé, et certainement l’odeur qu’ils devaient refouler. Elle n’avait pas prit de bain depuis beaucoup trop longtemps, et commençait à en ressentir la gêne, surtout à l’approche des villages et villes.
“ Cela me va, pour la tente… Après.. Je ne comptais pas particulièrement profiter des auberges, je dors beaucoup à la belle étoile... „

Il n’y avait qu’en approchant de Fort Céleste qu’un toit se révélait absolument nécessaire. Si elle avait l’habitude des climats rudes, les terres sauvages n’étant pas réputées pour leur douceur de vivre, elle n’était pas une montagnarde, loin de là, et savait que le chemin lui serait particulièrement difficile. Ca ne lui faisait pas particulièrement peur, elle s’adaptait à tout. Cela ne serait qu’une expérience de plus pour elle.

Elle n’eu aucune protestation concernant la proposition de Servis, puisqu’après tout, elle l’avait, d’une certaine manière, mené à celle-ci. Elle n’avait pas encore une totale habitude de ces chemins, voguant beaucoup au hasard de ses pérégrinations, demandant fréquemment son chemin, comme si elle voulait s’assurer être déracinée, encore et toujours, en ces lieux de villes. Il devait y avoir beaucoup de ça, en tout cas.. Enfin..

Elle le laissait aller jusqu’à la ferme, alors que ses yeux se plaçaient sur la route. Elle le sentait toujours, ce poids qui lui manquait, son couteau qui aurait dû être à sa ceinture.

Promis, elle ne tarderait pas… Le sanctuaire serait à nouveau libre de ces néfastes influences Et son couteau, à nouveau avec elle, pour officier.
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