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Ven 6 Déc 2019 - 16:21

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La Parole des Vieilles Pierres


L’aube était L’aube était encore prégnante, sa brume blanchâtre s’étendant comme des filaments argentés de part et d’autre de la lande. Les arbres, torturés, s’élançaient comme des pics solitaires vers le ciel, le reste de l’espace seulement peuplé par une végétation rase, qui peinait à s’accrocher à la rocaille. Des mottes davantage pourvus de terre constituaient quelques bosquets où l’on pouvait, en été, s’abriter du soleil. On distinguait nettement, plus loin, la lisière de marécages, lesquels étaient courants dans cette région des terres sauvages de Korcari, du fait de cette absence de grands arbres pour en drainer l’eau.

Evoluant en ce milieu, Staska s’y sentait à l’aise. Elle ne l’était jamais totalement, il y avait toujours une part d’elle qui se tendait à chaque mouvement, chaque bruit. Pour autant, comparé à l’agitation du monde « civilisé », elle aimait ces lieux, où le calme lui semblait éternel. L’humain en était absent, il ne restait de lui que quelques vieilles pierres, de quelques civilisations anciennes qui étaient passées là. Les Chasind n’y vivaient plus, les Fereldiens n’y habitaient pas encore, trop occupés à ces guerres intestines qui dépeuplaient leur royaume… Quant aux autres tribus, ceux qui n’étaient pas Chasind, ils ne passaient que peu souvent par là. A dire vrai, en ce lieu précis, il se racontait que c’était terre de sorcière.

Staska s’arrêta un instant dans ce qui semblait être le milieu du rien, mais qui pour elle, ne l’était aucunement.  Elle l’avait repéré de loin, un petit monticule de cailloux disparates, au pied du quel elle s’accroupit, cherchant à son pied. Ce genre d’indicateur avec des pierres était une chose bien chasind, mais celui-là cachait autre chose. Elle écarta quelques herbes, déplaça des galets, jusqu’à tomber sur des signes creusés à même la roche. Un marquage, qui avait servi de point de repères à des générations de détenteurs du « Savoir ». Grazyna lui en avaient montré, dans différents lieux, lui demandant de toujours les garder en mémoire. Elle suivit du doigt les glyphes, les déchiffrant facilement, pour finalement remettre ce qu’elle avait déplacé. Elle poursuivit son chemin, plus assurée. Pour autant, elle déchanta vite.

Elle se stoppa net, tiquant sur ce qu’elle distinguait au-dessus du bosquet vers lequel elle se dirigeait. Une fumée… Quelqu’un, ici.. ? Elle eu un grondement en sa langue, une de ses malédictions qu’elle proférait en invoquant ses dieux, sa main se resserrant sur son couteau à tête de corbeau. Son impétuosité s’exprima encore alors qu’elle s’engouffrait entre les arbres. Elle marchait désormais doucement, l’humidité empêchant les feuilles de craquer sous ses pas. Pour autant, elle le savait, son mouvement pouvait se sentir, aussi, elle essayait, le plus possible, de passer sur les quelques tapis de mousse qu’elle repérait ci et là. Bien vite, elle sentit le sol se faire moins doux sous la semelle, prenant la forme de vieux pavés qui laissaient deviner une ruine, qu’elle avait déjà visité, lorsqu’elle était bien plus jeune. Un sanctuaire, désormais, un ancien lieu de haute magie, connu des chamans qui y puisaient la force avant de voyager dans le monde des Esprits…

Était-ce là un d’eux, ou… Autre chose.. ?


Ven 6 Déc 2019 - 21:07

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La Parole des Vieilles Pierres

Assit en tailleur sur la couche de son campement solitaire et sommaire, Crassius regarda les dernières braises de son feu mourir. Ce n'était pas la clarté blanchâtre de l'aube qui l'avait éveillé si tôt, ni même une quelconque angoisse de se retrouver ainsi esseulé au milieu d'une terre sauvage et inconnue, mais son exact opposé. Comme un enfant un jour de fête, le mage tévintide avait bien eu du mal à trouver le sommeil, et à y succomber. En tailleur sur sa couche, l'attention de Crassius se détacha du feu. En s'aidant d'une main apposée au sol, Crassius déplia son grand corps et s'étira dans les brumes du matin. Ses os craquèrent, témoins à la fois de sa mauvaise nuit et de la fatigue musculaire qu'il avait accumulé la veille, en fouillant les ruines de cet ancien sanctuaire jusqu'aux dernières lueurs du jour.

Voilà plusieurs jours qu'il explorait Férelden à la recherche de sites sacrés, de lieux où une magie ancienne et exotique (à ses yeux) s'était accumulée. La dague trouvée lors de la Soirée des Savoirs de Val Royeaux avait fait naître en lui un intérêt croissant pour les legs Alamarri, cette ancienne tribu humaine dont avaient ensuite découlé les Chasind et les Avaar. Officiellement en vacances, le mage archéologue en profitait pour diriger sa curiosité vers des sujets qu'il n'avait que peu l'habitude de traiter. Tévinter était obsédé par son propre passé, sur les reliques de son ancien empire, et par extension sur les merveilles des anciens elfes, et notamment sur leur magie. Libéré de tout commanditaire, Crassius s'était enfoncé dans le sud de Férelden, jusqu'aux limites des terres sauvages de Korcari dont il avait tant entendu parler sans jamais pouvoir en approcher, trop occupé ailleurs. Là-bas, après s'être allégé de plusieurs pièces d'or, il n'avait eu aucun mal à se faire indiquer l'existence de cet ancien lieu de culte, aujourd'hui pratiqué uniquement par quelques chamans ou autres acharnés. On lui montra la première stèle, il fit seul le reste du chemin, son bâton en main et son matériel sur l'épaule.

Consciencieusement, le mage emballa ses affaires. Il roula sa couche, plia ses couvertures et les rangea dans son sac. Il jeta de l'eau marécageuse, qu'il avait stockée dans un pot de terre solide, sur les braises de son feu. Une épaisse fumée blanche s'en échappa alors qu'une odeur âcre vint lui chatouiller les narines. Du bout du pied, il brisa ensuite le glyphe de détection qu'il avait appliqué la veille, et fixa ensuite son bâton dans les attaches des sangles qui lui passaient sur le torse. Il s'étira de nouveau, et s'approcha du petit bâtiment en ruine, grimpant aisément les quelques marches émoussées qui menaient au plateau supérieur. Il lui faudrait être encore patient avant de pouvoir explorer plus en détails les inscriptions creusées dans la roche : la lumière du jour était encore trop faible, trop basse, pour lui permettre une observation attentive. En attendant, le mage prit une profonde inspiration. L'air humide emplit ses poumons, chassant petit à petit le sable qui s'y était accumulée au cours de ses nombreux mois passés à la Porte du Ponant. Au-delà des arbres, Crassius devinait les marécages acides et grouillant de vie. Il aimait ces paysages atypiques, et le profond sentiment de solitude qu'il se permettait de ressentir.

Mais ce que le mage aimait plus que tout, c'était sentir la magie bouillonner sous ses doigts. De nombreux rituels avaient eu lieu ici, au fil des âges. Une magie puissante, qui avait fini par laisser une trace palpable pour quiconque savait écouter, ou ressentir. Le voile... Le voile semblait si fin en ce lieu. Il devait être aisé de traverser, de pénétrer le monde des esprits... Mais Crassius Servis n'était pas ce genre de mage. Non, lui pratiquait la magie élémentaire, et s'adonnait plus spécifiquement à l'impétuosité des flammes. Il n'était définitivement pas un Somniari. De telles habilités réclamaient un usage récurrent de lyrium... Ou un apport conséquent de sang. En laissant courir sa main le long de vieilles pierres, Crassius se demanda quelle technique était la plus courante dans cette région. Il se demanda si les fameuses sorcières de ces terres avaient elles aussi était formaté par les cantiques de la lumière, et si elles aussi croyaient la magie du sang responsable de tous les mots de Thédas... En retirant brusquement sa main des pierres, le mage se décida à rejoindre ses affaires pour finir ses préparatifs. Il tira sur l'étoffe légère et bleu clair de sa tenue de voyage, qui s'était prise dans l'une des sangles maintenant son bâton de mage dans son dos et passa ses mains sur ses cheveux bruns et coupés court, presque rasés. Avec entrain, il se mit à descendre les marches de l'ancien lieu de culte tout en fredonnant doucement un air Féreldien stupide, apprit dans une taverne sordide quelques jours plus tôt. Il cherchait à imiter l'accent féreldien, mais ses intonations restaient incontestablement tévintides.
“Oh !
Face à la menace du cuirassé, les plus valeureux prennent leurs jambes à leur cou !
Groin-Groin, Groin-Groin ! Du danger, il fait fi !
Il fait tomber neuf Qunari et devient chevalier, le croyez-vous ?
Groin-Groin, Groin-Groin ! Ne recule devant aucun défi !„

Alors qu'il s'apprêtait à se lancer approximativement dans un second couplet, le mage se figea : il avait à présent la désagréable impression d'être observé...

Dim 8 Déc 2019 - 12:17

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La Parole des Vieilles Pierres


Tout en montant une volée de marches glissantes et affaissées, et Staska agrippa un pilier de pierre abattu, lequel se faisait peu à peu recouvrir par la végétation. A ses yeux, c’était comme si une lumière vive irradiait tout autour, alors même que les lieux étaient désespérément sombres. L’air était vibrant d’énergie, sa peau lui picotait tout en progressant. Cela lui donnait la sensation d’un lieu vivant, des veines gorgées de magie se promenant sur les pierres jusqu’à rejoindre les arbres qui agrippaient les ruines de leurs racines. Un vent léger soufflait sur les cimes, faisant bruisser le reste des feuilles automnales, lesquels se mêlaient aux murmures provenant du monde des Esprits.

Grazyna le lui avait toujours dit, les sanctuaires avaient cette faculté de faciliter les transes qui permettaient aux chamans le contact avec ceux de « l’Autre côté ».  Son premier contact avait été dans un de ces lieux, après avoir bu la mixture de viveracine. Pour autant, son mentor lui avait expliqué qu’elle voyait les esprits depuis longtemps, dans ses rêves, et dans les mouvements qu’elle pouvait percevoir dans ces mêmes endroits où l’énergie était aussi palpable. Elle en avait toujours eu une certaine appréhension, lorsque la lumière semblait se tordre dans l’espace, qu’elle entendait qu’on lui soufflait des mots à l’oreille. Tant et si bien, qu’enfant, elle aurait pu fuir si l’ancienne ne lui avait pas broyé le bras en la tirant vers le bol qu’elle devait avaler.

Enfin parvenu au sommet de l’escalier, elle se plaça derrière un autre pilier effondré, s’accroupissant pour ne pas se faire voir. Elle entendit distinctement une voix, masculine, s’exprimer en langue commune, cristallisant ses craintes. D’une main, elle attrapa un peu de terre qu’elle jeta par-dessus son épaule, marmonnant en sa langue une parole sensée la protéger du courroux des dieux. L’homme semblait… Chanter. Une de ces chansons que lancent à tue-tête les fereldiens une fois l’ivresse arrivée. Mais la manière d’en prononcer les mots était étrange, comme s’il ne savait pas tout à fait le faire. Elle releva alors légèrement sa tête engoncée dans la capuche, ne laissant passer que quelques mèches feu en queue de cochon. L’inconnu avait une drôle d’allure, engoncé dans une tenue de voyage qui ne lui allait guère, comme s’il voulait se faire passer pour un autre. Mais ce qui attira le plus son regard, ce fut le bâton qu’il portait sur le dos. Il ne servait pas à la marche celui-là, elle le percevait aisément.

A force ainsi de le fixer, elle le vit soudainement cesser de chanter, une tension palpable se manifestant alors. La Chasind s’accroupit un peu plus, venant prélever un petit pot dans son escarcelle pour y prélever un peu de peinture, dessinant d’un geste vif une simple ligne joignant les pommettes jusqu’au nez. En telle situation, cela semblait cocasse, mais autant qu’elle ne se voyait tuer homme, même pour se défendre, sans son couteau et ses breloques, elle ne pouvait le faire sans avoir de couleur sur le visage. Replaçant le pot dans son paquetage, elle eu une inspiration avant de se hisser vivement sur le pilier couché, se dévoilant.

Elle portait sa tenue de voyage simple, bottes, braies et tunique de tissu, pour autant, les breloques en os, crocs et plumes venaient décorer l’ensemble de sa vêture. Ses cheveux roux perçaient follement sa capuche, ne les ayant pas attachés, lui donnant une allure certainement atypique. Elle tira tant son couteau que son sceptre tout aussi décoré, venant toiser l’inconnu avec un air farouche, comme s’apprêtant à riposter.
“ Tu n’as pas à être ici. „

Son accent s’exprimait largement en langue commune, elle ne s’en cachait guère, bien qu’on ne l’apprécie généralement pas pour cela. Cela participait à la piètre image qu’elle avait des « civilisés », enfin, ceux qui se considéraient comme tels. A bien y penser, pour elle, c’était eux, les sauvages.
“ Qu’est-ce que tu veux ? „

Au-delà de ce sentiment désagréable de la souillure, celui de ce sanctuaire par l’étranger, elle ne pouvait l’empêcher, elle voulait comprendre. Comprendre avant de le chasser.

Dim 8 Déc 2019 - 21:54

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La Parole des Vieilles Pierres

Rapidement, Servis examina avec attention les ruines dans lesquels il se trouvait. Les nombreuses colonnades qui la composaient, dont certaines étaient écroulées au sol, faisaient de bonnes caches, tout comme les nombreux troncs qui leur faisaient écho plus loin. Partout autour de lui, les ombres s'étiraient, épaisses et insondables. Calmement, il respira profondément, sa main gauche glissant doucement dans les airs en direction du manche de son arme, son bâton personnel composé majoritairement de pyrophyte, vieux d'une décennie. Du pouce, il en effleura la poignée scripturale, et ce simple contact froid lui assura qu'il était en sécurité. En réponse, le large cristal de verre teinté de bleu se mit à luire doucement, réveillé par toute la magie qui transitait en ce lieu.

Les ruines entières semblèrent murmurer, à moins que ça ne soit les esprits... Sans pour autant se sentir inquiet, Servis se mis à préférer voire surgir une menace tout humaine jaillir de ces ombres, plutôt qu'un esprit, ou un démon. Ses pratiques magiques l'avaient rendu plus enclin à la possession, et perdre ainsi le contrôle de son propre corps le terrifiait, lui qui avait toujours refusé la moindre contrainte. Il écarta alors sa main gauche de son bâton, conscient que tout exercice magique risquait de fragiliser le voile, et donc de permettre aux esprits de rejoindre leur monde plus facilement. À la place, il se fit plus imposant, redressant le dos, gonflant en quelque sorte la poitrine et relevant les épaules. Il était grand, et possédait une carrure relativement impressionnante bien qu'elle restât globalement fine. Il fronça ses épais sourcils à présent certain de ne plus être seul.

Une silhouette jaillit non loin de lui, depuis l'arrière d'une colonnade écroulée. Servis mis plusieurs secondes avant de réaliser que l'être qui lui faisait face était simplement une femme. Une femme seule, une capuche serrée autour du visage, dont quelques mèches de cheveux roux s'échappaient tels des serpents la gueule béante. Sa tenue grossière était ornée de nombreuses breloques en os, et le sceptre et le couteau qu'elle brandissait devant elle dans sa direction lui confirmèrent son origine : elle était une authentique Chasind. Oubliant presque son air menaçant et la précarité de sa propre situation, Servis se permis de la contempler avec curiosité, comme il l'aurait fait devant un bas-relief élaboré, fiché dans le mur d'un temple de Minrathie. Ce n'est que lorsqu'elle s'adressa à lui qu'il s'arracha à ses observations. Il esquissa une rapide révérence, une main étendue devant lui et l'autre pliée dans son dos.
“Avec tous le respect que je vous dois, qu'est-ce qui vous fait croire que je n'ai pas à être ici ?„

Il s'avança d'un pas, avant de se stopper de nouveau, avisant une nouvelle fois l'arme que l'inconnue avait en main, ainsi que son étrange peinture de guerre barrant horizontalement son visage. Il sourit humblement, sentant le lourd poids rassurant de son bâton dans son dos.
“C'est un endroit magnifique, débordant de magie. Pourquoi n'aurais-je alors pas le droit de me trouver ici ?„

Il sourit encore, calmement. Le mage se tenait droit, mais sa posture s'était à présent relâchée quelque peu. Peut-être était-ce une forme d'arrogance mais... Il ne parvenait pas à se sentir menacé par la présence de cette femme. Tout étrange qu'elle soit, cette chasind était fondamentalement humaine, et fascinante. En se penchant légèrement, il observa par-dessus la rambarde la partie de la cour où il avait entreposé ses affaires. Elles s'y trouvaient toujours. S'il voulait fuir, il n'aurait qu'à enjamber le parapet et à se réceptionner au sol, en contrebas. Mais Servis n'avait aucunement l'intention de fuir. Pas s'il pouvait en apprendre plus sur la magie Chasind. Après tout, il était là pour ça, non ?

Mar 10 Déc 2019 - 20:12

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La Parole des Vieilles Pierres


L’inconnu n’avait pas l’air plus effrayé que cela. Pire, elle sentait son regard la parcourir, lui donnant la désagréable sensation d’être une bête de foire. Pour autant, elle avait les mêmes yeux, le même sentiment peut-être, celui de vouloir savoir, vouloir comprendre. Et peut-être la même attitude face à l’inconnu. Elle fronça le nez en l’entendant lui répondre, ses bras se baissant d’une sorte de lassitude, alors qu’elle redressait davantage sa silhouette. Sa capuche la gênant, elle la rabattit vers l’arrière, libérant la masse de ses cheveux vifs et frisés, qui s’étendaient aussi lourdement sur ses épaules qu’en corolle autour de sa tête. Avec l’arrivée proche du sanctuaire, elle n’avait pris le temps de s’en occuper, préférant le faire une fois à destination. Mais le nouveau venu gâchait tout, et elle ne tardait guère à réitérer l’expression de cette mauvaise humeur.

“ Les gens comme vous ont leurs chanteries, leurs cercles, ou que sais-je. On ne vient pas y mettre nos pattes crottées. „


Elle promena un regard autour d’elle, son attention se portant sur l’air qui semblait se tordre, se scindre, comme si la poussière en suspension était soudainement attirée par plusieurs autres points que le sol. Les murmures étaient particulièrement audibles ici, elle les percevait sans pour autant en saisir tout à fait le sens. Après ce temps, à peine quelques secondes, elle revint à son interlocuteur étranger, le toisant, toujours avec une sorte d’arrogance dans le maintien ou l’expression.

“ Toi, l’étranger, comment as-tu trouvé les lieux ? Les gens comme toi évitent la région. Enfin… Les fereldiens. Toi, tu viens d’où ? Orlaïs ? „


De quelques gestes, elle finit par remettre les pieds au sol, approchant le mage avec une moue toujours aussi peu avenante. Si elle était bien plus petite que l’homme, elle ne se laissait pas démonter pour autant, approchant la tête en plissant les yeux, n’hésitant pas, même, à outrepasser les limites de l’intimité, se plaçant bien trop proche de lui, comme si elle voulait lire dans les rides de son visage. Comme s’ébrouant, elle finit par reculer d’un bon pas, venant amorcer les cent pas autour de lui, comme si elle souhaitait l’observer sous toutes les coutures, avant, peut-être lui sauter dessus…? La curiosité prenait le dessus, bien entendu, elle n’aurait pas attendu autant, elle n’aurait pas parlé autant...

Mer 11 Déc 2019 - 9:54

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La Parole des Vieilles Pierres

L'étrangère baissa ses armes en entendant sa réponse. Elle se redressa et abaissa sa capuche, libérant une masse de cheveux sauvages tels que Servis n'en avait jamais vu de toute sa vie : des boucles rebondies et déterminées flottaient même presque à la verticale au-dessus de la tête de la chasind, formant une sorte de halo. Automatiquement le mage passa la paume de sa main contre son crâne quasiment rasé de près. En passant ses doigts contre ses tempes il déplora un instant la perte de ses propres boucles, lourdes, noires et soyeuses, qui avaient fait sa fierté à Minrathie, avant qu'il ne doive les couper pour plus de praticité sur le terrain. Mais il n'eut pas l'occasion de terminer le deuil de ses cheveux chéris car l'étrangère s'en prit à lui d'une manière assez agressive.
“Je ne suis pas chantriste.„

Se contenta d'affirmer Servis, les yeux plissés par une moue rieuse involontaire. Ainsi donc cette femme avait conscience d'avoir les "pieds crottés" en comparaison du reste de la population ? C'était inespéré pour un peuple si... tribal ? Mais cela pouvait simplement vouloir dire que cet individu-là était une voyageuse, qu'elle avait confronté son regard limité aux étrangetés du monde qui l'entourait. La bonne humeur de Servis s'envola en entendant la suite de la déclaration de cette femme, qui n'avait visiblement pas encore voyagé assez loin.
“Il va falloir quelque peu revoir votre géographie.„

Lâcha sombrement Servis, avant de baisser les yeux sur sa tenue de voyage cyan, qu'il avait achetée dans une petite boutique dissimulée du grand marché de Val Royeaux. Un peu honteux, il lissa du plat de la main la fabrique simple mais assez noble de sa veste, avant de poursuivre, plus humblement, son accent Tévène éclatant à chaque mot :
“Je ne suis pas Orlésien, mais Tévène. Et j'ai simplement demandé ma direction dans un petit village en bordure de ces terres sauvages. J'ai payé un homme qui m'a mené jusqu'à une première stèle. J'ai simplement suivi les autres.„

Calmement, il la regarda quitter sa cache pour venir se planter devant lui. Ou plus précisément, presque contre lui. Il dut baisser les yeux pour observer sa mine déterminée, et sentit malgré lui son odeur : elle avait les senteurs de ses marais : quelque chose d'humide, de vert et d'aromatique. Son parfum était naturel, pas travaillé comme ceux des dames Orlésiennes que Servis avait majoritairement fréquentées ses dernières semaines... Il détourna la tête, voulant s'empêcher de la sentir plus, d'en apprendre plus sur elle de cette manière. Heureusement elle fit un pas vers l'arrière, se décollant de lui, et se mit même à effectuer une sorte de ronde tout autour. Servis était détendu, mais pas téméraire au point de laisser une inconnue armée lui passer dans le dos. Il se retourna alors en même temps qu'elle, pivotant rapidement pour ne jamais la laisser passer dans un angle mort. Vite, il ajouta :
“Ne vous inquiétez pas ! Je ne vais rien déranger ici, ni rien perturber. Je suis un archéologue, c'est-à-dire que je voyage pour découvrir des lieux comme celui-ci, je les admire, noircit de mes notes les pages d'un cahier de recherche, puis me couche satisfait. Rien de plus. Je suis simplement expert en vieilles choses.„

Bien sûr, Servis avait omis de préciser que dans certains cas, pour certains sites, des pillages avaient lieu. Ici, ce n'était pas son intention : le marché des connaisseurs de l'art ancien Chasind était très restreint. Lui-même n'avait que trop peu de contacts dans ce milieu pour permettre de faire grimper suffisamment les enchères. Ainsi allait-il s’épargner cette peine. Il finit par se lasser du manège de l'étrangère, qui finissait par lui donner le tournis. D'une manière bien cavalière, peut-être inconsciente même, le grand mage finit par se saisir des épaules de la jeune femme, l'immobilisant doucement avant de bien vite la relâcher.
“M'autoriseriez-vous à examiner encore certaines zones de ce magnifique bâtiment ? Je vous le promets, je sais me faire tout petit !„



Dim 15 Déc 2019 - 10:06

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La Parole des Vieilles Pierres


La Chasind étonnement, n’était pas si facilement vexable, sur certains points, du moins. Elle avait le caractère qu’elle avait, direct, impétueux, ombrageux, mais peut-être dû à ses années d’étude sous une houlette aussi autoritaire que celle de Grazyna, ou sa modestie face aux dieux et à leurs créations, elle reconnaissait rapidement ses méconnaissances. Elle ne démentit pas quand Servis la corrigea, le scrutant avec davantage d’insistance, cherchant même, avidement, ce savoir qui lui échappait. Curieuse chose qu’elle était, tant d’apparence que de pensée.
“ Tévène ? Connais pas. Où est-ce par rapport à Ferelden et Orlaïs ? C’est une cité libre ?  „

Son expression, qui s’était légèrement ouverte, se referma aussitôt à l’explication qu’il lui fournit, comment il avait pu trouver le lieu. En soit, ce n’était pas étonnant, une ruine mène à une ruine, mais elle n’aimait pas cet état de fait, que les sanctuaires qui étaient les leurs depuis des siècles soient violés par les citadins. Pour autant, c’était ainsi, elle devait s’y faire…

Alors qu’elle venait davantage l’observer, elle l’entendait s’exprimer à nouveau, lui parler pour écarter ses inquiétudes. Elle ouvrait davantage les yeux, de cet air qui ne voulait preter davantage à l’ouverture, mais qui l’était pour autant. Ses yeux perçants comme des lames s’étonnaient soudainement, prêts à entendre la connaissance qui se présentait à elle. Elle ouvrit la bouche, plus lentement qu’auparavant, on pouvait facilement y distinguer l’irrégularité de la dentition, l’écartement de ses principales incisives supérieures, ce qui avait un rendu presque charmant. Elle vint alors prononcer un des mots qu’elle venait d’entendre, prenant soin de découper les syllabes au couteau, comme si cela allait plus facilement rentrer.
“ Ar-ché-o-logue ? Qu’est-ce ? Et qu’est-ce que tu veux savoir exactement ? Il n’y a rien qu’un citadin puisse trouver, ici.  „

Elle continuait sa ronde autour de lui, promenant sa silhouette de sauterelle, la lumière venant jouer sur le feu de son cheveu. Autour d’eux, l’air continuait ses lentes digressions, la poussière tournoyant avec autant d’entrain que la Chasind. Du moins, elle le fit jusqu’à sentir les mains de l’homme sur ses épaules, la stoppant net. Cela lui fit l’effet d’un électrochoc, une seconde d’infini glacé dont son interlocuteur n’eu nulle conscience, la relâchant pour continuer à deviser poliment, dans l’espoir qu’elle accède à sa requête. Son expression changea du tout au tout, de l’ouverture précédente, il fit face à un visage tempétueux, qui s’écarta en relevant son couteau, crachant violemment.
“ Touche pas !   „

Elle maintint une distance plus respectueuse avec lui, de nouveau sur la défensive. En elle, son cœur allait vite, trop vite, tant et si bien que la magie s’était apprêtée à se déchainer sans qu’elle ne le demande. Elle avait la sensation, si désagréable, que les mains qui l’avaient tenu, l’espace d’un instant, étaient toujours là, qu’elle les sentait la parcourir comme des vers à la surface de sa peau… Elle en trembla, sa bouche se tordant désagréablement.
“ Me touche pas… „

Elle maintenait le regard, comme de peur de le lacher des yeux. Elle sentait davantage l’énergie s’agglutiner autour d’eux, pour autant, elle ne voulait pas regarder. Elle eu une inspiration, reprit la parole, plus sèche dans la voix.
“ Regarde, puis vas t-en. Je te suis. „


Dim 15 Déc 2019 - 12:07

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La Parole des Vieilles Pierres

Une nouvelle fois, son manque de retenue avait électrisé l'air. Servis, habitué à ses bourdes répétitives en matière de respect de l'espace vitae de tout à chacun ne s'étonna pas de voir la sauvageonne bondir pour s'écarter de lui et le menacer de nouveau de sa lame sommaire. Elle aboya, le sommant à deux reprises de ne pas la toucher, mais lui n'écoutait déjà plus. Ses doigts s'étaient refermés sur le manche de son bâton, dans son dos alors qu'un sourire mauvais s'était installé sur ses lèvres charnues. *C'est ça, blesse-moi ! Et j'utiliserais chaque goûte de mon propre sang pour mettre un terme à ta misérable vie !*

Mais la Chasind n'avança pas. Elle le toisa d'une manière assez agressive, mais ne semblait pas décidée à s'en prendre physiquement à lui. Servis lâcha lentement le manche de son bâton, toujours attaché dans son dos. Il venait de comprendre : elle avait peur. Peur de lui. Il l'avait effrayé par son geste, par la facilité avec laquelle sa main s'était posé sur elle. Il secoua la tête et fronça ses épais sourcils. Un instant il songea à s'excuser, mais à quoi bon ? Il n'avait été mu d'aucune mauvaise intention.

Comme il s'était tenu parfaitement immobile, elle sembla s'apaiser, lui accordant même sa requête. Servis sourit de nouveau, grandement, au point d'en plisser ses petits yeux bleu clair. Elle n'aurait pas pu lui faire de plus beaux cadeaux. Sans plus attendre, il s'en retourna vers le mur le plus proche, y apposant sa grande main fine. Puis il se retourna vivement, saisissant enfin toute la portée de l'offre faite par la jeune femme.

“Vous savez, j'ai l'habitude qu'on me suive pendant que j'exerce mon travail, vraiment. La plupart du temps il s'agissait de jeunes qu'il fallait former, ou simplement des curieux qu'il me fallait séduire. Mais jamais aucun d'entre eux n'était armé. Je ne saurais être à l'aise si vous continuez de me pointer avec cette chose, là !„


Du menton, il désigna la lame de la jeune sauvageonne, mais ses yeux s'attardèrent également un moment sur le sceptre qu'elle portait, puis sur la peinture de guerre lui barrant le visage. Pas un instant il ne lui était venu à l'idée qu'elle puisse être mage, comme lui. Avec précaution, il formula la proposition suivante :

“Voilà ce que je vous propose : vous comme moi allons nous alléger de nos armes. De toutes nos armes : j'ai moi-même un couteau dissimulé dans les profondeurs de ma botte. Nous allons les déposer au loin, près des restes de mon feu de camp par exemple, et nous allons convenir d'une trêve. Ainsi, nous serons l'un comme l'autre rassurés, non ?„


D'un coup sec, il arracha son bâton des attaches qui le retenaient en place, et il le fit tournoyer et passer devant lui. Il l'immobilisa, parallèle au sol, présenté humblement. Il se força alors à afficher un sourire engageant....


Jeu 19 Déc 2019 - 15:50

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La Parole des Vieilles Pierres


Entre les deux, l’air était devenu considérablement plus lourd. On aurait pu croire qu’ils se seraient jetés l’un sur l’autre, prêts à en découdre, mais non. Cela s’était calmé aussi vite qu’apparu. Pour autant, Staska était toujours sur le qui-vive, ses membres frémissant de tout leur long. Tous deux étaient quasi immobiles, pour finalement qu’elle accède à sa curiosité. L’homme avait aussitôt affiché un air bien plus débonnaire, prêt à se mettre au travail, laissant son interlocutrice décontenancée. Elle eut un nouveau soupir, sec et bref, avant d’avancer d’un pas vers le tévintide. Mal lui en prit, il se retourna vers elle, et la chasind eu un brusque mouvement de recul, encore sur ses gardes face à l’étranger, qui pourtant, parlait avec une certaine emphase. Un sifflement d’agacement lui échappa, alors qu’elle se plantait un peu de côté face à son interlocuteur, son regard allant se placer furtivement sur lui, juste de quoi prouver qu’elle l’écoutait encore.

Quand bien même l’érudit lui faisait part de ses craintes, de cette manière grandiloquente qui était la sienne, elle gardait pour autant toujours son couteau à la main, de même que le bâton de bois qui ne faisait pas plus long que son bras. Avec ses motifs de peintures colorées et ses gris-gris, on n’aurait guère pu le confondre avec les bâtons des mages citadins, d’autant plus qu’il était particulièrement court. Mais elle le tenait de cette manière insistante qui, en l’état, laissait présumer qu’il était de même nature que son couteau, quant à l’usage.

Quand la proposition fut émise, celle de se débarrasser de leurs armes, elle émit un autre souffle agacé du bout des lèvres. Un peu de vent s’était levé, et vint placer quelques boucles vives devant son nez. Les écartant d’un geste vif, elle se tourna pour faire face à lui, alors qu’il détachait son bâton. Elle eu un temps de prudente observation, toujours sur la défensive, avant qu’il ne lui présente simplement son objet, qu’elle scruta avec un air sceptique. Elle laissa planer le silence avant de commenter.
“ Je crois, toi comme moi, que nous n’avons pas besoin de ce genre de choses pour être dangereux. Mais si ça te rassure…   „

Joignant le geste à la parole, la Chasind déposa ce qu’elle tenait à la main sur le sol, pour ensuite se redresser, croisant les bras sous le peu de poitrine qu’elle possédait, lâchant d’un air agacé à l’encontre du mage.
“ C’est mieux ? Tu peux faire ce que tu as à faire ?   „

Jeu 19 Déc 2019 - 18:33

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La Parole des Vieilles Pierres

C'était comme de se retrouver sur le territoire d'un dangereux chat sauvage. Un chat sauvage courroucé. La Chasind gonflait le dos, crachait, et puis semblait se calmer en un claquement de doigt. En un battement de cils. Et si au premier abord elle ne semblait pas bien dangereuse, à l'image là encore d'un petit chat sauvage, Servis ne doutait pas un seul instant qu'elle puisse en réalité lui causer de sérieux dommages. Après tout, elle était plus habituée que lui a l'étrange magie qui flottait autour de l'autel, à la présence angoissante des esprits et des démons. Elle était également bien plus rapide que lui, et avait bien la tête de l'utilisatrice classique des lames empoisonnées.

Alors, lorsqu'elle sembla accéder à sa demande, il ne put s'empêcher de sourire, soulagé.
“Je vous assure que sans mon bâton, je suis plus dangereux pour moi-même que pour vous. Telles sont les limitations de la magie qui est enseignée dans les Cercles !  Un excès de paresse ou de prudence, et l'on perd tout contrôle sur nos réelles capacités.„

Son bâton canalisait les sorts du mage tévintide. Sans lui, il était bien capable de se montrer offensif, mais prenait le risque de se brûler dans l'entreprise, littéralement. Et quant à la magie du sang... Encore une fois il préférait l'exclure totalement alors que le voile était si fin. En souriant toujours, Servis fit tournoyer son bâton dans ses mains, voyant la jeune sauvage déposer ses armes à même le sol, entre eux. La magie était si exacerbée dans ces ruines que le cristal du bâton du mage se mit à luire de lui-même. Craignant d'effaroucher d'autant plus la sauvage désarmée, il le lâcha tout bonnement, ne l'empêchant de se briser au sol que par l'entremise de son pied. Son bâton au sol, Servis se pencha en avant, et plongea les doigts dans sa haute botte gauche. Il effleura le manche d'un premier couteau, et l'ignora, préférant se saisir de son jumeau, enfoncé quelques centimètres plus à gauche. Il déposa alors cette arme au sol, contre son bâton, et se redressa.

Il invita ensuite la chasind à marcher avec lui, évitant au maximum de lui tourner le dos. Il passa sous une arche intacte, témoin solide de l'architecture tout entière du bâtiment, et l'explora lentement du regard. La présence angoissante à ces côtés de l'étrangère le perturbait, et ses yeux glissaient sur les vieilles pierres sans réellement les voir. En soupirant, il jeta un coup d’œil en direction de leurs armes, hors de portée pour le moment.
“Dites-moi, qu'est-ce qui vous a amené jusqu'ici ? Aviez-vous une sorte de rituel à accomplir ? Des dieux païens à consulter peut-être ?„

Il fit mine d'éprouver la solidité de l'arche en y apposant sa longue main tout en attendant la réponse de la jeune femme. Sa question poursuivait un but double : irriter suffisamment la chasnid pour obtenir un brin d'intimité, ou au mieux la pousser à dévoiler ses propres intentions. Si rituel il devait y avoir, Crassius espérait pouvoir y assister. Le mage était de nature optimiste. Bien trop optimiste.

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