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Spirited Away
En demandant le nom du petit animal qui l’accompagnait, Lynne avait secrètement espéré qu’il lui révélerait sa nature. Esprit, ou bien Démon ? Et de quel concept ? Autant de questions qu’elle se posait, mais auxquelles elle ne trouva malheureusement de réponse, car la loutre avait comme nom fort inventif celui de … Loutre.
Lynne n’afficha pas son dépit bien qu’elle en ressentit au fond d’elle. Cela ne la renseignait pas beaucoup sur l’identité de Loutre, chose qui l’embêtait. Elle secoua légèrement sa tête. Peu importait ; en temps et en heure, elle finirait par en avoir le cœur net.
Elle poursuivit son chemin avec sa compagne, essayant de ne pas marcher trop vite afin de toujours rester à ses côtés. Bientôt, ils finirent par accéder à un jardin où jouait une petite fille solitaire. Cette dernière, en les remarquant, vint bientôt à leur rencontre. Lynne sourit en anticipation, pensant à un Esprit d’Innocence ; mais son sourire se glaça en même temps que ses veines quand elle fut accueillie d’une bien vilaine manière.
Loutre houspilla la petite blonde qui, non contente d’insulter davantage la mage, décida qu’elle n’allait pas leur donner la perle. Une véritable petite fille mal élevée, en sommes. D’autres l’auraient sans doute punis de son insolence, et peut-être auraient-ils eu raison ; mais de part ses principes, Lynne n’avait jamais punis l’enfant d’un autre. Et encore moins que cet enfant était probablement un démon ou un esprit qui pourrait éventuellement décider de lui faire payer son geste.
La brune soupira doucement, se rapprochant de la fillette en s’arrêtant à seulement quelques pas d’elle.
« Allons, ne te fâche pas.»
Lynne observa la petite, une main tenant la lanière de son sac. Elle marqua une légère pause avant de reprendre avec un peu moins de douceur, tentant de la raisonner.
« C’est bien dommage que tu ne veuilles pas nous donner ta perle. Nous pourrions repartir sans elle, mais que va-t-il se passer, finalement ? » lui demanda t-elle, avant de finir de répondre à sa question rhétorique. « Tu ne pourras pas jouer avec tes amis, et tu ne seras pas plus heureuse qu’à notre arrivée. »
Une vérité difficile à avaler et que l’enfant ne prendrait sans doute pas bien, mais qu’il était nécessaire de pointer du doigt. La mage poursuivit sur cette lancée, tentant d’adoucir la jeune fille.
« Ca ne sert à rien de bouder. Ce qui importe, c’est que tu prennes une décision. Veux-tu nous donner ta perle et avoir à nouveau de la compagnie ? Ou veux-tu apprendre à garder tes amis sans avoir besoin de nous la donner ? »
Peut-être était-elle simplement un démon, mais elle avait besoin d’autrui pour être heureuse. Lynne émit l’hypothèse qu’elle était peut être un Esprit de Vérité, car la vérité pouvait ne pas être plaisante à entendre. Les enfants n'ont-ils d'ailleurs pas tendance à parler avec une honnêteté parfois blessante car ils ne réalisent justement pas la portée de leur parole ? Elle espérait que ses propos toucheraient la petite ; mais, par bonne mesure, elle conclut cependant :
« A moins que tu préfères que nous partions, mais j’ai bien l’impression que tu te retrouveras alors dans une impasse. »
Lynne n’afficha pas son dépit bien qu’elle en ressentit au fond d’elle. Cela ne la renseignait pas beaucoup sur l’identité de Loutre, chose qui l’embêtait. Elle secoua légèrement sa tête. Peu importait ; en temps et en heure, elle finirait par en avoir le cœur net.
Elle poursuivit son chemin avec sa compagne, essayant de ne pas marcher trop vite afin de toujours rester à ses côtés. Bientôt, ils finirent par accéder à un jardin où jouait une petite fille solitaire. Cette dernière, en les remarquant, vint bientôt à leur rencontre. Lynne sourit en anticipation, pensant à un Esprit d’Innocence ; mais son sourire se glaça en même temps que ses veines quand elle fut accueillie d’une bien vilaine manière.
Loutre houspilla la petite blonde qui, non contente d’insulter davantage la mage, décida qu’elle n’allait pas leur donner la perle. Une véritable petite fille mal élevée, en sommes. D’autres l’auraient sans doute punis de son insolence, et peut-être auraient-ils eu raison ; mais de part ses principes, Lynne n’avait jamais punis l’enfant d’un autre. Et encore moins que cet enfant était probablement un démon ou un esprit qui pourrait éventuellement décider de lui faire payer son geste.
La brune soupira doucement, se rapprochant de la fillette en s’arrêtant à seulement quelques pas d’elle.
« Allons, ne te fâche pas.»
Lynne observa la petite, une main tenant la lanière de son sac. Elle marqua une légère pause avant de reprendre avec un peu moins de douceur, tentant de la raisonner.
« C’est bien dommage que tu ne veuilles pas nous donner ta perle. Nous pourrions repartir sans elle, mais que va-t-il se passer, finalement ? » lui demanda t-elle, avant de finir de répondre à sa question rhétorique. « Tu ne pourras pas jouer avec tes amis, et tu ne seras pas plus heureuse qu’à notre arrivée. »
Une vérité difficile à avaler et que l’enfant ne prendrait sans doute pas bien, mais qu’il était nécessaire de pointer du doigt. La mage poursuivit sur cette lancée, tentant d’adoucir la jeune fille.
« Ca ne sert à rien de bouder. Ce qui importe, c’est que tu prennes une décision. Veux-tu nous donner ta perle et avoir à nouveau de la compagnie ? Ou veux-tu apprendre à garder tes amis sans avoir besoin de nous la donner ? »
Peut-être était-elle simplement un démon, mais elle avait besoin d’autrui pour être heureuse. Lynne émit l’hypothèse qu’elle était peut être un Esprit de Vérité, car la vérité pouvait ne pas être plaisante à entendre. Les enfants n'ont-ils d'ailleurs pas tendance à parler avec une honnêteté parfois blessante car ils ne réalisent justement pas la portée de leur parole ? Elle espérait que ses propos toucheraient la petite ; mais, par bonne mesure, elle conclut cependant :
« A moins que tu préfères que nous partions, mais j’ai bien l’impression que tu te retrouveras alors dans une impasse. »
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Sénéchal
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La petite fille fronça les sourcils en voyant Lynne s’approcher, se balançant d’un pied sur l’autre d’un air boudeur, mais elle écouta sans l’interrompre… Elle regarda autour d’elle en reflechissant puis gonfla les joues comme pour cracher, mais au lieu de salive, une perle violette passa la barrière de ses lèvres d’enfant. Elle tomba dans les mains de sa propriétaire, qui la regarda tristement.
La fillette s’avança vers Lynne et déposa l’objet dans la main de la guérisseuse. L’enfant la tenant facilement entre deux doigts, il avait semblé lécher. Mais Lynne manqua de la lâcher tant elle était lourde en tombant au creux de sa paume. Il lui sembla qu’on lui avait donné une brique.
L’esprit, ou le démon, laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres et tourna le dos à la mage lorsqu’elle entendit des enfants jouer derrière elle. Avec des yeux pétillants, elle fit un signe de main à l’humaine et à son compagnon à quatre patte et, silencieusement, s’en alla les rejoindre.
- « C’était bien joué. » commenta la loutre. « Allons y, le suivant c’est l’homme aux coquillages. »
De sa démarche sautillante, la loutre repris son chemin dans le lit de la rivière, elle avança longtemps, si longtemps que le paysage changea. Les pairies devinrent des plages qu’aucun océan ne bordait. C’était comme si le monde fonctionnait à l’envers et que les étendues de sables naissaient de cette toute petite rivière vide. Dans le lit du cours d’eau se trouvait un adolescent jovial, la peau halée, les pantalons et les manches retroussés et étrangement humides malgré la sécheresse du ruisseau.
- « Bonjour Loutre, tu viens chercher mes soucis ? Qui est ton amie ? » sourit-il avec douceur.
- « Elle s’appelle Lynne. Elle va voir Tempérance. »
Le jeune homme eut un rire clair et doux.
- « Et tu lui fais porter ton fardeau, quel paresseux tu fais ! » Il se tourna vers Lynne. « Et bien Lynne, je suis désolé mais je ne peux pas te donner la perle sans rien en échange. Voilà ce que je te propose : cherche des coquillages avec moi un moment. Je dois les rassembler avant que l’eau revienne sinon ils vont se noyer. Si tu en trouves beaucoup je te confierai un conseil précieux pour la suite de ton voyage en plus de ma perle. Est ce que cela te convient ? »
Sur le bord de la berge, les coquillages semblaient presque prendre le soleil et aimer cela. Ce fait étrange ne semblait pas étonner la Loutre cependant.
- « Ah oui ? Tu as des conseils à donner c’est nouveau ! »
- « Loutre, elle fait ton travail, la moindre des chose c’est que ton fardeau ne pèse pas trop lourd sur ses épaules. »
La loutre roula des yeux et haussa les épaules avant de renfler le sol pour trouver des coquillages.
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Lance 3 dés "jeu de dé" pour determiner combien de coquillages tu trouves si tu décides d'en chercher.
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A chaque nouvelle rencontre, le sac devenait toujours plus pesant à porter. L’ajout de la perle de la petite fille était sans nul doute l’un des plus considérables ; Lynne devait à présent tenir la sangle de son sac à deux mains afin que le cuir ne marque pas la peau de son épaule.
Au fond d’elle, elle espérait que ce pèlerinage toucherait bientôt à sa fin. Pour l’instant, le poids qu’elle devait porter était tolérable ; mais combien d’esprits devraient-ils encore visiter avant de pouvoir rencontrer Tempérance ? Et surtout, à quel point leurs perles seraient-elles lourdes ? Telles étaient les questions qu’elle se posait, et dont elle n’avait pas les réponses.
Cette fois, Loutre l’emmena voir quelqu’un qu'elle appelait « l’homme aux coquillages ». Une appellation qui était bel et bien digne de lui, si l'on considérait la requête qu’il lui soumit en échange de sa perle. Mais bien plus que celle-ci, il lui proposait un conseil si sa récolte se révélait fructueuse.
Lynne jaugea le jeune homme du regard. Sa jeunesse, sa beauté et sa joyeuseté lui conféraient une forme d’insouciance qui lui rappelait toute la fraicheur associée à l’adolescence. Il était charmant. Un peu trop, même ; elle espérait que rien ne se cachait derrière cette proposition apparemment anodine.
« Est-ce que les coquillages ne sont pas censés vivre dans l’eau, justement ? Vous n’avez pas peur de provoquer l’effet inverse ? »
On lui affirma bientôt le contraire, ce qui la fit regarder l’homme aux coquillages avec un brin de scepticisme. Elle n’insista pas cependant : l’Immatériel avait des règles étranges et, bien souvent, la logique n’avait pas sa place comme l’avait prouvé son expérience.
Loutre s’était déjà mise au travail, aussi, elle n’objecta pas plus longtemps. Elle s’avouait par ailleurs intriguée par le conseil qu’on lui proposait en récompense, bien qu’elle se doutait qu’il ne serait pas nécessairement digne d’être suivis.
« Bon. Très bien, je vous aiderai si cela peut vous soulager un peu. »
Elle se mit à la tâche sans plus attendre, récupérant chaque palourde sur laquelle elle pouvait mettre la main. Bientôt, elle se retrouva avec sept d’entre elles plein les bras. Loutre semblait s’être chargé du reste, car elle n’apercu aucun autre de ces fruits de mer dans les alentours.
« Voilà. Est-ce que cela suffira ? » demanda t-elle à l’adolescent, montrant d’un léger signe de tête les coquillages qu’elle déposa non loin de lui.
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L'Intendant
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Sénéchal
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L’homme aux coquillage les regarda se mettre au travail et remit lui même les mains dans le sable, qui était meuble, comme récemment gorgé d’eau. La loutre eut l’air de lui sourire lorsqu’elle posa la question pour les coquillages. Après tout ils avaient bien croisé un pêcheur qui pêchait sans eau et sans poisson, alors des coquillages qui se noyaient n’était pas si loin de la logique de cette bulle de l’immatériel.
La loutre sortit trois coquillages et les posa sur le rivage, l’homme en sortit six autres. Il les compta soigneusement et sourit avec douceur, mettant la main dans sa poche pour en sortir un autre coquillage, l’ouvrir et en sortir une perle, qu’il garda dans la main encore un instant.
- « Vous m’avez bien aidé. Voilà mon conseil : ‘’Il est aisé de confondre ce que l'on donne et ce que l'on reçoit, parfois il faut savoir rendre les offrandes que l'on nous fait pour rétablir la balance .’’ »
Il eut un nouveau sourire et tendit une main pour prendre celle de Lynne, il tourna cette dernière vers le ciel, la paume faisant face aux nuages et y déposa une perle. Cette perle là ne pesait rien du tout, si c’était possible, elle était si légère qu’elle donnait l’impression qu’elle allait s’envoler. L’homme aux coquillages replia les doigts de la guérisseuse par dessus la perle.
- « Faîtes bon voyage Lynne, il y a de la sagesse et de la compassion en vous. Je suis certain que Tempérance a hâte de vous voir parvenir au bout de votre chemin. »
La loutre l’attendait déjà quelques pas plus loin, une fois que Lynne la rejoint dans le lit de la rivière elle trottina à ses côtés.
- « Quel drôle de bonhomme, tu ne trouves pas ? Mais au moins il est toujours gentil, ce n’est pas comme le bourreau. »
Alors qu’ils avançaient encore, à l’horizon se dessina un village, coupé en deux par la rivière en ce qui semblait constituer sa place centrale. Il y avait sur cette place de pavés, entourée de chaumières comme on en voyait dans les campagnes fereldienne, une estrade sur laquelle était montée un genre de guillotine, flanquée d’un bourreau musculeux qui portait un genre de capuchon noir masquant son visage. La loutre grimpa agilement hors du lit de la rivière et traversa la place en s’assurant que Lynne la suivait, et se mit dans la file d’attente pour monter sur l’estrade. La guillotine était placée de telle façon qu’on voyait une perle posée derrière la lame, sur un petit tabouret.
- « Que celui qui ne nie aucun de ses crimes vienne chercher la perle ! Elle a le pouvoir d’effacer la culpabilité ! » criait le bourreau.
- « Si tu as fait des choses répréhensibles, avoue les sans sourciller et tout ira bien. » Lui dit la loutre.
Une dizaine de personnes devant eux, un homme s’avançait fièrement. Le bourreau annonça qu’il avait battu sa femme, l’homme nia farouchement avoir jamais levé la main sur sa femme, mis la main dans la guillotine… La lame tomba et lui coupa la main, il se dissipa presque aussi tôt, poussière d’immatériel dans un monde sans substance réelle. La femme suivante fut accusée d’avoir tromper son mari, elle nia et la lame s’abattit encore. La troisième personne fut un vieillard qui fût accusé d’avoir assassiné son meilleur ami. La lame s’abattit encore sur sa main.
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« Merci beaucoup … C’est très aimable de votre part. »
C’est le remerciement que Lynne formula à l’égard de ce jeune homme qui n’avait pas été avare en cadeaux. D’abord sa perle, puis ses mots aimables … et enfin, son étrange conseil qu’elle se répétait doucement en pensée alors qu’elle reprenait la route avec Loutre. Bien qu’elle en comprenait le sens, il lui était encore difficile d’y appliquer un contexte autre que celui des perles qu’elle allait devoir tôt ou tard abandonner à Tempérance. Mais c’était une finalité à laquelle elle s’était déjà habituée. Quoi qu’il en soit, il était encore trop tôt pour elle de déterminer si elle pouvait l’appliquer sans risques.
Pendant qu’elle était plongée dans ses pensées, Loutre commenta l’attitude particulière de l’homme au coquillage, ce qui fit sourire la mage. Ce dernier, cependant, flétrit bientôt lorsque sa compagne de voyage mentionna le prochain esprit qu’ils allaient devoir rencontrer.
« Le bourreau ? »
Sa question ne cacha pas le mélange de surprise et d’inquiétude qu’elle ressentait à l’évocation de ce personnage. Là où il y avait un bourreau, il y avait des coupables et des criminels. Et qui disait criminels, disait châtiments.
Le duo dû traverser le lit de la rivière, puis un village aux allures fereldienne avant de pouvoir arriver sur une place publique. C’était là où se trouvait l’homme qui gardait la prochaine perle. Mais c’est la guillotine qui occupa principalement les pensées de Lynne. Elle avait du mal à détacher son regard de sa lame aiguisée, prête à trancher et prendre la vie de ceux qui se croyaient au-dessus de la loi.
Lynne ne prit conscience de l’existence de la perle seulement lorsque le bourreau en fit mention. C’est là qu’elle l’aperçu, trônant sur un tabouret. La récompense de ceux qui admettraient leurs crimes. Si elle voulait l’avoir, il lui faudrait passer par le bourreau.
Loutre dû remarquer la nervosité de Lynne, car elle se tourna vers elle pour lui expliquer la marche à suivre.
« D’accord … »
Cela allait être de prime abord simple, et Lynne voulait bien croire qu’elle garderait sa main si elle se montrait honnête. Mais c’était une autre paire de manches de s’en convaincre, surtout lorsque devant elle, elle pouvait assister au spectacle de diverses gens victimes de la guillotine.
A chaque fois que la guillotine s’abattait, Lynne avait l’impression de se ratatiner un peu plus sur elle-même. A chaque fois que quelqu’un perdait sa main, c’était comme si elle perdait la sienne. Ses doigts se refermèrent sur son poignet droit alors que, inéluctablement, son tour approchait.
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Sénéchal
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La loutre avançait doucement à ses côtés, suivant la file des esprits qui se dirigeaient vers la guillotine. Le petit animal ne semblait pas particulièrement concerné par le fait que des « gens » repartaient sans leur main et disparaissait, et pas tellement non plus par le fait que Lynne subirait peut-être le même sort bientôt. Évidemment si Lynne se faisait condamner, elle se réveillerait et pourrait revenir le lendemain, mais tout de même.
- « Par contre si tu n’es pas coupable tu peux tout à fait te défendre. Les affirmations du bourreau ne sont pas toujours vraies, et le jugement dépend de ton honnêteté plutôt que de ta culpabilité. » Dis la Loutre. « Donc si tu n’est pas coupable mais que ta défense n’est pas juste alors il se peut qu’il te condamne malgré tout. »
La file avança, un esprit fut condamné pour avoir volé des carotte, un autre pour avoir mis le feu à une ferme, un troisième pour avoir saboté une charrette…. Puis ce fut le tour de Lynne. Le bourreau était un homme imposant, presque autant qu’un Qunari. Son visage était recouvert d’une capuche noire. Sa voix était grave et sombre et appuyait l’impression écrasante que donnait son physique. Lorsque ce fut le tour de Lynne, il garda le silence un instant puis déclara :
- « C’est de ta faute si Edwin a été apaisé, tu n’as pas su le protéger de lui-même. »
Ses bras musculeux se croisèrent sur sa poitrine. La loutre leva les yeux vers l’humaine, attendant la réponse. Son museau expressif semblait calme, composé, mais l’intensité de son regard était presque aussi oppressante que celle du bourreau.
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Leur tour approchant à grands pas et se rendant sans doute compte de l’agitation grandissante de la mage, Loutre décida de prendre la parole afin de lui dispenser quelques conseils avisés.
Lynne l’écouta sans l’interrompre, assimilant les informations qui venaient légèrement bouleverser ses propres suppositions. Elle ne pouvait pas dire qu’elle était plus rassurée après ces précisions, alors que les mains coupées s’enchaînaient devant elle sans discontinuer. Ce serait son sort, si elle s’avérait maladroite dans ses propos. Même si elle savait qu’elle garderait sa main dans le monde réel, la perspective de la perdre même pour de faux ne lui était guère plaisante. Mais après tout, qui serait ravi à l'idée de perdre un membre ?
Après un moment qui lui sembla bien trop court, l’homme devant elle disparu en fumée devant après avoir subi son jugement. C’est alors que Lynne s’avança accompagnée de l’Esprit, les mains jointes, l’estomac noué, la gorge serrée et le cœur comme tendus par des milliers de fils. Devant elle, l’imposant bourreau la toisait de toute sa hauteur. Intimée par son regard pesant, la jeune femme plaça délicatement sa main sous l’acier de la guillotine, prête à recevoir sa sentence.
Elle n’eut pas à attendre pour que son accusation vienne, aussi abrupte et aiguisée que la lame qui lui trancherait la main.
« C’est de ta faute si Edwin a été apaisé, tu n’as pas su le protéger de lui-même. »
Sa respiration s’interrompit. Elle eut l’impression que son cœur tombait dans sa poitrine, la laissant sans voix alors qu’elle fixait le bourreau. Derrière elle, la mage avait l’impression de ressentir le poids d’une centaine de regards sur son dos.
Par honte, peur et culpabilité, Lynne baissa les yeux. Elle demeura silencieuse quelques secondes, sans doute pour se donner le temps de se reprendre. Puis, sans quitter le bois de la machine du regard, elle finit par prendre la parole.
« C’est vrai. J’aurai dû faire plus attention en soignant cette Apaisée à l’époque, sinon il ne se serait pas précipité à ma défense. De la même manière, j'aurai dû le décourager de prendre autant de risques pour sauver notre Cercle. Son attitude et ses idées … Oui, Edwin était son propre danger. Alors, n’était-ce pas mon rôle d’y faire quelque chose ? De le sauver de lui-même ? »
Un petit sourire triste naquit sur ses lèvres alors qu’elle repensait à l’Edwin qu’elle avait toujours connu avant ce jour fatidique.
« Son insolence, sa défiance face au système ... C’était tout lui. Il aurait été incapable de me laisser en pâture aux Templiers après mon propre acte de rébellion. Nous sommes amis, après tout. J’aurai dû pouvoir anticiper cela. J’aurai dû tempérer ses idéaux de justice et d’égalité pour les mages. Il n’aurait jamais fini Apaisé, sans cela. »
Lynne releva son regard vers le bourreau, qui semblait l’écouter avec autant d’attention que Loutre.
« Non, je ne nie pas ma responsabilité dans cette histoire. » finit-elle par déclarer sans détours.
Sa voix était teintée de regrets. Il lui était impossible de ne pas en avoir, pour la simple et bonne raison que ses paroles reflétaient la vérité : elle se considérait comme coupable de ce que les Templiers avaient fait à son meilleur ami.
Les choses auraient été différentes si par le passé, elle avait eu plus de force d’esprit pour lui faire écouter la voix de la raison. Elle ne l’aurait jamais laissé rejoindre les autres rebelles. Elle n’aurait pas cédé comme elle l’avait fait il y a des années de cela, alors que les rêves d’escapades de son ami fleurissaient comme autant de fleurs au printemps.
Mais aujourd’hui, il n’y avait plus de « si ». Lynne avait changé. Après des années passées à vagabonder, à voir le monde, rencontrer des personnes aux histoires si différentes de la sienne, à faire face aux obstacles qu’on n’avait jamais cessé de lui mettre sur sa route, Lynne était devenue une femme bien plus pugnace que la jeune mage craintive qui passait ses journées enfermée au Cercle, à obéir en taisant ses pensées.
C’est pourquoi elle n’arrêta pas son argumentaire ici.
« Cependant, je ne suis pas la main qui lui a dispensé ce châtiment. Accusez moi si vous le souhaitez, et vous auriez raison. Mais si mon raisonnement vous semble acceptable, et si vous voulez une véritable justice … et bien blâmez également la chevalier capitaine Meredith. » se défendit-elle, rencontrant le regard du bourreau, « Car selon la logique que je viens de vous exposer, elle-aussi aurait sa part de responsabilité. Sans elle et sa paranoïa des mages, Edwin n’aurait jamais eu besoin de se révolter face à la répression que nous subissions et ainsi, il serait resté l’ami que j’ai toujours connu. »
Elle se tu alors, attendant le verdict du bourreau. Le poids qui pesait sur sa poitrine s’était envolé. Au fond d’elle, elle était sûre d’une chose : elle ne regrettait aucune de ses paroles, peu importait ce qui allait lui arriver.
Lynne l’écouta sans l’interrompre, assimilant les informations qui venaient légèrement bouleverser ses propres suppositions. Elle ne pouvait pas dire qu’elle était plus rassurée après ces précisions, alors que les mains coupées s’enchaînaient devant elle sans discontinuer. Ce serait son sort, si elle s’avérait maladroite dans ses propos. Même si elle savait qu’elle garderait sa main dans le monde réel, la perspective de la perdre même pour de faux ne lui était guère plaisante. Mais après tout, qui serait ravi à l'idée de perdre un membre ?
Après un moment qui lui sembla bien trop court, l’homme devant elle disparu en fumée devant après avoir subi son jugement. C’est alors que Lynne s’avança accompagnée de l’Esprit, les mains jointes, l’estomac noué, la gorge serrée et le cœur comme tendus par des milliers de fils. Devant elle, l’imposant bourreau la toisait de toute sa hauteur. Intimée par son regard pesant, la jeune femme plaça délicatement sa main sous l’acier de la guillotine, prête à recevoir sa sentence.
Elle n’eut pas à attendre pour que son accusation vienne, aussi abrupte et aiguisée que la lame qui lui trancherait la main.
« C’est de ta faute si Edwin a été apaisé, tu n’as pas su le protéger de lui-même. »
Sa respiration s’interrompit. Elle eut l’impression que son cœur tombait dans sa poitrine, la laissant sans voix alors qu’elle fixait le bourreau. Derrière elle, la mage avait l’impression de ressentir le poids d’une centaine de regards sur son dos.
Par honte, peur et culpabilité, Lynne baissa les yeux. Elle demeura silencieuse quelques secondes, sans doute pour se donner le temps de se reprendre. Puis, sans quitter le bois de la machine du regard, elle finit par prendre la parole.
« C’est vrai. J’aurai dû faire plus attention en soignant cette Apaisée à l’époque, sinon il ne se serait pas précipité à ma défense. De la même manière, j'aurai dû le décourager de prendre autant de risques pour sauver notre Cercle. Son attitude et ses idées … Oui, Edwin était son propre danger. Alors, n’était-ce pas mon rôle d’y faire quelque chose ? De le sauver de lui-même ? »
Un petit sourire triste naquit sur ses lèvres alors qu’elle repensait à l’Edwin qu’elle avait toujours connu avant ce jour fatidique.
« Son insolence, sa défiance face au système ... C’était tout lui. Il aurait été incapable de me laisser en pâture aux Templiers après mon propre acte de rébellion. Nous sommes amis, après tout. J’aurai dû pouvoir anticiper cela. J’aurai dû tempérer ses idéaux de justice et d’égalité pour les mages. Il n’aurait jamais fini Apaisé, sans cela. »
Lynne releva son regard vers le bourreau, qui semblait l’écouter avec autant d’attention que Loutre.
« Non, je ne nie pas ma responsabilité dans cette histoire. » finit-elle par déclarer sans détours.
Sa voix était teintée de regrets. Il lui était impossible de ne pas en avoir, pour la simple et bonne raison que ses paroles reflétaient la vérité : elle se considérait comme coupable de ce que les Templiers avaient fait à son meilleur ami.
Les choses auraient été différentes si par le passé, elle avait eu plus de force d’esprit pour lui faire écouter la voix de la raison. Elle ne l’aurait jamais laissé rejoindre les autres rebelles. Elle n’aurait pas cédé comme elle l’avait fait il y a des années de cela, alors que les rêves d’escapades de son ami fleurissaient comme autant de fleurs au printemps.
Mais aujourd’hui, il n’y avait plus de « si ». Lynne avait changé. Après des années passées à vagabonder, à voir le monde, rencontrer des personnes aux histoires si différentes de la sienne, à faire face aux obstacles qu’on n’avait jamais cessé de lui mettre sur sa route, Lynne était devenue une femme bien plus pugnace que la jeune mage craintive qui passait ses journées enfermée au Cercle, à obéir en taisant ses pensées.
C’est pourquoi elle n’arrêta pas son argumentaire ici.
« Cependant, je ne suis pas la main qui lui a dispensé ce châtiment. Accusez moi si vous le souhaitez, et vous auriez raison. Mais si mon raisonnement vous semble acceptable, et si vous voulez une véritable justice … et bien blâmez également la chevalier capitaine Meredith. » se défendit-elle, rencontrant le regard du bourreau, « Car selon la logique que je viens de vous exposer, elle-aussi aurait sa part de responsabilité. Sans elle et sa paranoïa des mages, Edwin n’aurait jamais eu besoin de se révolter face à la répression que nous subissions et ainsi, il serait resté l’ami que j’ai toujours connu. »
Elle se tu alors, attendant le verdict du bourreau. Le poids qui pesait sur sa poitrine s’était envolé. Au fond d’elle, elle était sûre d’une chose : elle ne regrettait aucune de ses paroles, peu importait ce qui allait lui arriver.
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Le bourreau regardait Lynne sous sa capuche noir, ses yeux fantomatiques semblant presque flotter sous le tissu à l’aspect rugueux, ses bras musculeux toujours croisés sur son torse large. Il était difficile de dire s’il écoutait vraiment la réponse de la mage, mais la loutre eut un sourire satisfait au fur et à mesure que l’analyse de la situation s’échappait de l’humaine.
Lorsqu’elle eut terminé, le bourreau fit un signe de tête vers la guillotine sans dire un mot, comme il l’avait fait pour les autres. Lorsque Lynne décida de passer la main sous la lame pour récupérer la perle, rien ne se produit. La trancheuse resta à sa place, les doigts de Lynne se refermèrent sur la perle et se retirèrent par là où ils étaient venus sans subir aucun dommage.
Lorsque la perle sortit de sous la guillotine, les esprits qui se trouvaient dans la queue disparurent dans un souffle, ne laissant que la loutre, la mage et le bourreau sur les bords de la rivière. Un instant de distraction éloignèrent les yeux de Lynne du bourreau et lorsqu’elle se tourna à nouveau vers lui, ce n’était pas un homme musclé qui se tenait devant elle. Portant toujours les habits de l’exécuteur et la capuche noire, c’était une femme. Elle leva sa main et tira sur le bonnet pour révéler un visage parfaitement identique à celui de la mage qui se tenait devant elle. Elle esquissa un sourire, et disparut à son tour avec la guillotine, dans un souffle de vent.
La loutre esquissa un petit tour sur elle-même, un genre de danse de la joie à son échelle. Elles restèrent toutes les deux sur la place vide près de la rivière.
- « Bien joué ! C’est rare que les gens qui se présentent devant le bourreau et qui s’en sortent du premier coup. »
Le petit animal se laissa glisser dans le lit de la rivière et l’attendit en sautillant.
- « Tu viens ? On va voir le berger ! »
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Spirited Away
Ses muscles se raidirent sous l’effet de l’anticipation pendant que ses doigts se tendaient vers la perle. Le mouvement de tête caractéristique du bourreau ne lui avait pas échappé, et ne pouvait signifier qu’une chose : le tranchoir allait s’abattre sur elle, et elle allait se réveiller. Ses yeux se refermèrent instinctivement dans l’attente de la douleur qui accompagnerait la perte de sa main, alors que cette dernière se mit légèrement à trembler.
Quelques secondes passèrent, et rien ne vint. A la place de la souffrance lancinante à laquelle elle s’était attendue, elle ressentit le contact caractéristique de la perle capturée dans ses doigts. Ses paupières s’ouvrirent juste à temps pour voir les esprits disparaître autour d’elle, à l’exception du bourreau et de Loutre.
Quand elle reporta son attention sur le bourreau, elle se rendit compte que son apparence avait changé. Il n’avait plus rien du grand homme bien bâti qu’elle avait rencontré. Ses formes étaient à présent féminines, et surtout, étrangement familières.
Le « bourreau » enleva sa capuche. Quelques longs cheveux bruns s’en échappèrent, contrastant avec la peau pâle qu’elle révélait. Puis, des lèvres roses, et un visage qui ne lui était que trop familier.
C’était comme si elle se regardait dans un miroir. Cette femme masquée, c’était elle. Sa culpabilité. Cette voix qui la jugeait à chaque fois qu’elle repensait aux évènement fatidiques qui avaient changé Edwin pour toujours.
Son double lui sourit avant de disparaître, laissant derrière elle une Lynne confuse qui peinait à réaliser ce qui venait de se passer.
A coté d’elle, Loutre exprimait sa joie face à la réussite de la mage. Le spectacle la dérida, lui rappelant que malgré tout, elle avait réussi l’épreuve. Il était temps de passer à la suivante : le berger.
« Allons-y ! » s’exclama t’elle, glissant à la suite de Loutre pour rejoindre le lit de la rivière.
Marchant aux cotés de Loutre, Lynne constata que le poids de la perle qu’elle tenait était négligeable. Etait-ce la sienne ? Elle se sentait elle-même plus légère.
Un petit sourire naquit sur son visage. Finalement, après toutes ces années, elle avait vraiment changé.
Sans dire mot, elle rangea la perle avec les autres.
Quelques secondes passèrent, et rien ne vint. A la place de la souffrance lancinante à laquelle elle s’était attendue, elle ressentit le contact caractéristique de la perle capturée dans ses doigts. Ses paupières s’ouvrirent juste à temps pour voir les esprits disparaître autour d’elle, à l’exception du bourreau et de Loutre.
Quand elle reporta son attention sur le bourreau, elle se rendit compte que son apparence avait changé. Il n’avait plus rien du grand homme bien bâti qu’elle avait rencontré. Ses formes étaient à présent féminines, et surtout, étrangement familières.
Le « bourreau » enleva sa capuche. Quelques longs cheveux bruns s’en échappèrent, contrastant avec la peau pâle qu’elle révélait. Puis, des lèvres roses, et un visage qui ne lui était que trop familier.
C’était comme si elle se regardait dans un miroir. Cette femme masquée, c’était elle. Sa culpabilité. Cette voix qui la jugeait à chaque fois qu’elle repensait aux évènement fatidiques qui avaient changé Edwin pour toujours.
Son double lui sourit avant de disparaître, laissant derrière elle une Lynne confuse qui peinait à réaliser ce qui venait de se passer.
A coté d’elle, Loutre exprimait sa joie face à la réussite de la mage. Le spectacle la dérida, lui rappelant que malgré tout, elle avait réussi l’épreuve. Il était temps de passer à la suivante : le berger.
« Allons-y ! » s’exclama t’elle, glissant à la suite de Loutre pour rejoindre le lit de la rivière.
Marchant aux cotés de Loutre, Lynne constata que le poids de la perle qu’elle tenait était négligeable. Etait-ce la sienne ? Elle se sentait elle-même plus légère.
Un petit sourire naquit sur son visage. Finalement, après toutes ces années, elle avait vraiment changé.
Sans dire mot, elle rangea la perle avec les autres.
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